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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 16:00

Florence Cassez a pu quitter le Mexique car, par rapport à la décision précédente, un juge a basculé. Son retour en France aurait pu être l’occasion de revenir sur la situation du crime organisé au Mexique. Il n’en fut rien et le silence général sur l’évolution du monde, que traduit le drame de ce pays, reste entier. Innocente ou pas, je ne sais, ça va de soi, mais coupable elle l'est, de ne pas avoir dénoncé le crime organisé qui ravage le Mexique. René Merle offre sur son blog des commentaires de lecteurs de la Jornadapour inciter à la réflexion, et en rappelant la nature de ce journal progressiste.

Pour appuyer son effort voici la traduction d’un article publié le même jour dans le même journal. Le nom des trois bandes criminelles peut faire sourire. Il exprime en fait ce retour au Moyen-âge caractéristique de leur projet social. Des « relativistes » puissants dans nos sociétés, me diront que payer un impôt au gouvernement ou à la mafia c’est presque du pareil au même ! Se faire protéger par la police ou par des mafieux, c’est du pareil au même, et qu’entre l’esclavage et le salariat la différence est mince. D’ailleurs, et j’en conviens il serait fâcheux de laisser croire que le Moyen-âge ne fut qu’une période noire !

Le combat politique, et c’est l’héritage des deux révolutions celle des USA et celle de France, permet de concevoir le progrès : le paiement et l’usage de l’impôt, le fonctionnement de la police et de la justice sont dans cette construction de l’histoire, un mouvement vers le progrès possible (incluant de fait les régressions). Le crime organisé tue le politique or ce n’est pas parce que le politique est bien malade qu’il faut l’achever ! Toute position faible sur ce point, signe pour le peuple, son arrêt de mort, car il ainsi renvoyé au servage.

Dans des contextes différents et avec des objectifs variés, le crime organisé au Mexique, le FN en France et tant d’autres phénomènes ailleurs, deviennent les symptômes d’un mal dont la classe politique actuelle porte, chacune à sa façon, la responsabilité. La réception glorieuse d’une femme qui est peut-être une criminelle (rien à voir avec Ingrid Betancourt) va totalement dans le mauvais sens. J-P Damaggio

 Famille Michoacana, Chevaliers Templiers et Guerriers Unies

Du fait de la lutte entre groupes criminels, des patrouilles de l'armée sont à Edomex. La lutte a commencé en septembre de 2012 à Neza soulignent des sources militaires.

Gustavo Castillo Garcia, Samedi 26 janvier 2013, p. 15

Les différends qui opposent les groupes criminels de La Famille Michoacana, les Chevaliers Templiers et les Guerriers unis imposèrent à l’armée l’organisation d’opérations contre le crime organisé dans l'état de Mexico, selon des sources militaires de l'armée. Répondants aux journalistes, les militaires ont fait remarquer que de telles actions de dissuasion et de prévention, correspondent à ce qui est arrivé dans Ciudad Nezahualcóyotl en septembre 2012.

Les affrontements entre ces organisations criminelles qui ont commencé à iudad Nezahualcóyotl en septembre de 2012 puis en décembre, se sont étendues aux municipalités de Tejupilco, Teloloapan y Coyuca de Catalán, Guerrero, Michoacan et l'état de Mexico. Leurs confrontations ont laissé plus de 50 personnes tuées dans le dernier trimestre de cette année, ont déclaré les mêmes sources. Ce qui avait commencé comme un conflit pour le contrôle des drogues de synthèse dans les régions de la production des produits chimiques nécessaires, inclut désormais la distribution de ces drogues au public dans les zones de forte densité de population, où déjà avaient été identifiées et même arrêtées certaines cellules nées d’abord dans le Michoacan, ont indiqué les sources consultées.

 La Familia Michoacana fut à l'origine des Chevaliers Templiers après la mort présumée de Nazario El Chayo Moreno González, en décembre 2010, lors d'un affrontement avec des éléments de la Police fédérale. Le groupe s’est divisé et la plupart des opérateurs se sont joints aux Templiers, dirigé par Enrique Plancarte Solís et Servando Martínez. Les Guerriers unis ont émergé comme un groupe qui a réuni des gestionnaires régionaux de La Familia Michoacana agissant dans l'état de Mexico et des membres de la Beltrán Leyva [un autre groupe mafieux puissant] qui avaient leurs zones d'opérations dans le Guerrero. Parmi eux, Raúl Díaz Román, Commandant El Hierro arrêté le 7 juin 2012 par les autorités de l'état de Mexico.

 Selon les sources militaires consultées, le leader des Guerriers Unis est Mario Casarrubias Salgado, surnommé le Beau crapaud. Ils agissent dans des domaines tels que Luvianos, El Oro, San Felipe de el Progreso, Temascaltepec, Tenancingo, Tejupilco, Zacualpan et Ixtapan de la Sal, Naucalpan, Tlalnepantla, Atizapán de Zaragoza et Ecatepec. Le groupe identifié comme Guerriers Unis est aussi présent à Cuernavaca, Morelos, et le 22 octobre 2012 le Secrétariat de la Défense nationale a arrêté Erasmo Israël Sotelo Hernández, Le Froid, la chef dans la ville du Printemps Eternel.

 

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 17:49

J’ai déjà écrit sur le sujet : élie cayla assassiné à Moissac

Je découvre ce document qui complète la question. JPD

 

Midi socialiste 17 juin 1935, L’agression fasciste de Moissac

Jeudi dernier les Croix de Feu avaient organisé à Moissac dans la salle de « l’étoile-Palace » une réunion en vue de constituer une section dans cette ville. Soixante personnes environ y assistaient dont trente Moissagais. Les autres étaient des jeunes gens venus en automobile de Toulouse. Le bureau constitué un pick-up entonna la Marseillaise. Un des assistants se leva et gagna la sortie. A ce moment un citoyen de Moissac connu pour ses opinions rétrogrades, M. Valès architecte et Croix de Feu, gifla le spectateur qui voulait partir. Le président de la réunion fit un signe et tous les Croix de Feu se levèrent et sortirent de leur poches leurs matraques et assommèrent trois Moissagais qui se trouvaient dans la salle et qui n’avaient point manifesté : M. Marty, Maury et Holcher. Ceux-ci étaient coupables à leurs yeux d’avoir des opinions républicaines très marqués. Le commissaire de police, M. Labartié, voulu intervenir. Mal lui en prit, car il reçut à son tour un coup de matraque sur la tête que lui donna un étudiant toulousain dont on ne connaît pas encore l’identité. On craint que l’un des blessés, M. Marty, n’ait eu le crâne fracturé. La population de Moissac a été profondément émue de cette agression.

L. Cassé

 

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 12:33

benjamin-es.jpg  benjamin-it.jpg

Une émission d’Arte vient de nous permettre de croiser les amitiés de Walter Benjamin. J’ai donc repris mon vieux dossier pour en retirer ici trois choses.

Deux dessins de Loredano, un pour El Païs (sans date) et l’autre de la Stampa (février 1994).

J’ajoute deux textes à propos de Port bou.

Le Monde (1994, pour l’inauguration du monument qui vient d’être nettoyé presque 20 ans après) :

Un monument dédié à là mémoire du philosophe allemand Walter Benjamin (1892-1940) a été inauguré le dimanche15 mai dans la petite ville de Port-Bou.

PORT-BOU (Espagne) de notre envoyée spéciale

 Erigé à l'instigation du président de la République fédérale d'Allemagne, Richard von Weizsäcker, grâce au financement de la majorité des Länder allemands et du gouvernement catalan, ce lieu de mémoire, intitulé « Passages », rappelle 1e souvenir de Benjamin ainsi que celui des innombrables fugitifs dans les années 1933-1945, ont franchi cette frontière dans les deux sens en espérant rester en vie et conserver la liberté. Le projet commencé il y a cinq ans, a été supervisé par un organisme de Bonn, le groupe de travail des instituts culturels indépendants (Arbeitskreis Kultur institute, AsKI) en collaboration avec l’artiste israélien Dani Karavan.

 Plasticien de paysages, auteur notamment de l'Axe majeur de Cergy-Pontoise, d la place Blanche « Kikar Levana » de Tel-Aviv et du chemin des Droits de l'homme à Nuremberg, Dani Karavan a conçu là un lieu qu'il ne veut surtout pas appeler un monument et qui constitue une remarquable réussite. Une forme qui se confond avec le paysage. Un parallélépipède de fer rouillé qui s'enfonce dans le sol à flanc de colline, formant un tunnel étroit de quelque quatre-vingt-cinq marches, descend droit vers la mer. Ou plutôt vers un tourbillon d'écume se brisant sur des rochers invisibles. En face, la montagne, les derniers contreforts des Pyrénées, d'où était arrivé Walter Benjamin la France, la frontière, le poste de douane où il fut conduit...

«Je cherchais d'abord le lieu, explique Karavan. J'ai circulé partout. Il était évident que ce devait être près du cimetière. Un jour j‘ai eu la chance de voir le tourbillon, et je me suis dit que la mer disait toute la tragédie de cet homme. C'était cela que je devais faire voir... Pour cet hommage, j'ai voulu utiliser toutes les choses qui existent autour du cimetière. J'ai cherché à amener le visiteur à passer, à s'asseoir, à méditer. A faire quelques expériences de passage ». Surtout, il n’a voulu ne rien changer à l'environnement, lier la nature, la végétation, le vent, le soleil à son œuvre. Un olivier luttant contre la tramontane qui se penche vers le mur du cimetière. Plus haut, une plate-forme d'où l'on ne découvre que l'horizon lumineux, mais à travers un grillage quadrillé infranchissable. Plus haut encore, l'œil bute contre le muret rond du cimetière.

 Un cimetière en terrasses à flanc de coteau, fait de plusieurs étages de murs percés d'alvéoles superposées. Au numéro 563, dans la partie catholique du cimetière, les restes, de Benjamin avaient été déposés, emmurés, jusqu'en 1945 puis jetés à la fosse commune puisque personne ne se préoccupait de cet étrange inconnu. « Il n’a pas de tombe. On ne sait pas où il est enterré dit encore l'artiste. Ce lieu, c'est un voyage, un itinéraire autour d'un point inconnu. Puis une traversée éblouie vers la lumière.» Exilé d’Allemagne depuis 1933, fuyant le nazisme, Walter Benjamin se suicida le 26 septembr1940 à Port-Bou alors qu'il avait tenté d’entrer en Espagne pour gagner les Etats- Unis. Les douaniers espagnols avaient refusé le passage au groupe de fugitifs, apatrides comme1ui, qui avaient franchi clandestinement les Pyrénées. On les autorisa à passer la nuit dans un hôtel — Hôtel de Francia, avenue du Généra1 Mola — avant de les transférer le lendemain dans un camp français. Au matin, Benjamin avala des comprimés de morphine qu'il portait sur lui.

Une Fondation Walter Benjamin sera créée à Port-Bou dans l'ancienne maison de la Douane, avec une bibliothèque et un centre de recherche qui pourrait accueillir des universitaires.

NICOLE ZAND

 P.S. de JPD : C’est en lisant en 1990 de Daniel Bensaid, Walter Benjamin sentinelle messianique que je me suis un peu familiarisé avec l’auteur allemand dont j’ai eu dix fois l’occasion de découvrir le monument de Port Bou dont une fois avec l’ami Jacques Desmarais. Voici le site du monument : http://walterbenjaminportbou.cat/

 

Dans une lettre à El Païs du 6 juillet 1995, Hans Haacke de Barcelone indique qu’il était à Port Bou au monument de Walter Benjamin au moment où Ernst Jünger recevait de l’Université de Madrid un hommage et le doctorat honoris causa à cause de son livre La conscience du siècle. Etrange coïncidence pointe ce lecteur car au moment où Benjalin est poussé au suicide par les nazis Jünger sert les mêmes nazis à Paris, nazis dont il avait préparé le chemin dès 1930 en écrivant Zur juden frage. Voici  un extrait : « A mesure que la volonté allemande progresse en clarté et en forme, les derniers vestiges de l’illusion juive disparaîtront du pays ; et en Allemagne il n’y aura plus qu’une option : être juif ou ne pas être. »

Le film d’Arte sur Benjamin montre parfaitement comment l’antisémitisme se développe en Allemagne dès 1925 ; comment la solution finale est clairement étudiée dès 1936. Comment peut-on nous dire alors que des juifs de 1942 n’en connaissaient pas la nature en France ? La désinformation a été à ce point ?

Le lecteur du journal termine ainsi le face à face Benjamin/Jünger :

« Sur la pierre honorant Benjamin nous lisons cet extrait de l’écrivain : « Il n’existe aucun document culturel qui ne soit simultanément un document de barbarie. » Je crois que quelques documents sur plus barbares que culturels. Le doctorat honoris causa pour la conscience du siècle en est un. » JPD

 

 

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 12:26

Cet article remplace un article précédent suite à une première rencontre avec Madame Vignoboul. Le projet à présent c'est de pouvoir publier des écrits de Jean dit Jeannot.

 

Jean Vignoboul (1921-2012)

 Né le 2 décembre 1921 à Gaillac (Tarn), fils d’un cheminot, syndiqué, admirateur de Jaurès, sympathisant socialiste après la Première Guerre mondiale, c’est suite à une mutation de son père à Montauban que le petit Jean Vignoboul va devenir élève de l’ancien collège de Montauban.

Bon élève, comme beaucoup de directeur d’école, Monsieur Bousquet le propose au concours d’entrée à l’Ecole normale de Montauban. A la surprise du directeur, il est collé. Monsieur Bousquet ne s’en tient pas là et va à l’inspection académique pour vérifier les copies. Là il découvre qu’en calcul, cause de l 'échec, même si le raisonnement suivi n’a pas été celui attendu, le petit Jean est bel et bien arrivé au résultat ! Après une négociation, il est entendu qu’il entrera l’année suivante à l’École normale d’instituteurs de Montauban directement en deuxième année et nous sommes en 1939. En attendant il prépare son brevet supérieur.

Dès cette époque, pour l’année 1937-1938 (il a donc 16 ans), fidèle à la tradition familiale, il adhère aux Jeunesses socialistes SFIO.

De la formation à l’Ecole normale dans les conditions nouvelles de l’occupation, il se souvient d’un stage à l’école d’agriculture d’Ondes où les jeunes normaliens souffraient de la faim.

En 1941 il devient instituteur à Maubec. Situation difficile car il devait aller manger à Solomiac, petite ville du Gers à quelques kilomètres. Même quand on est jeune, la montée vers Maubec n’avait rien de facile surtout avec les vélos de l’époque. Jean Vignoboul décide alors de devancer son entrée aux chantiers de Jeunesse qu’il rejoint en octobre 1941au Vigan dans le Gard. Il y reste jusqu’en mai 1942, ce qui lui permet de reprendre un poste, sans doute à Monclar, et de bénéficier ainsi du salaire pendant les vacances.

 L’épreuve suivant, pour tous les jeunes de l’époque c’est le STO. Une épreuve d’autant qu’elle donne lieu à une vive explication entre le père et le fils. Avec la guerre 14 le père avait été contraint de passer sept longues années sous le drapeau. Entré au service militaire en 1912, il ferra la guerre en Asie d’où il ne reviendra qu’en 1919 trainant avec lui des traces de paludisme. Le père considérait qu’il était du devoir de son fils de partir STO. Le fils ne l’entendait pas de cette oreille. D’autant qu’il s’est marié civilement en aout 1942 à Montauban, avec une employée future contrôleur divisionnaire des contributions indirectes, active pendant la Résistance, membre du Parti communiste français dès le mois d’octobre 1943.

 Dès avant la guerre, Madame Vignoboul est engagé dans le combat social d’abord pour aider à l’accueil des Italiens. Elle se souvient que déjà à l’école elle affrontait les propos racistes d’enfants usant du terme bien connu de Macaroni[2]. Puis avec sa mère divorcée depuis longtemps et ses grands-parents maternels ils aident les nombreux Espagnols réfugiés à Montauban. Ils en font évader plusieurs du camp de Septfonds. C’est donc naturellement qu’elle participera à la Résistance en particulier en produisant de fausses pièces d’identité.

 De son côté Jean devient donc réfractaire au STO en janvier 1943 en obtenant d’abord une phase sursitaire en raison des études supérieures, le 4 août 1943. Il ne put intégrer le maquis FTPF par manque de place que le 7 juin 1944. Là; avec le Portugais Emile Guerreiro il entre dans le maquis FTPF de Saint-Antonin (maquis Vidal puis Louis Sabatié) sur le Causse de Servanac dont il devint le chef du groupe du 7 août 1944 au 30 novembre 1944.

 A la libération Jean Vignoboul devient, pour la jeunesse, le secrétaire départemental du Front national. Puis il effectue son service militaire dans un régiment d’infanterie et le termine comme sous-lieutenant.

Ensuite il devient permanent du PCF pour la Fédération du Tarn et Garonne, parti auquel il a adhéré le 16 juillet 1944. Dès le 30 octobre 1945 il est le secrétaire politique de la fédération dirigée par Pierre Juge, jusqu’en 1947.

Pierre Juge est député et Paulette Vignoboul en plus de son travail accepte de lui servir de secrétaire. A un moment, le maigre salaire de permanent de son mari n’est plus versé pendant trois mois. Il s’en suit des frictions avec Pierre Juge, Paulette cesse d’assurer le secrétariat bénévole. Jean Vignoboul redevint donc instit en février 1947 tout en restant le deuxième secrétaire de la fédération communiste et en s’occupant du journal fédéral. En 1953 il suit les cours de l’école centrale des instituteurs communistes.

 Premier désaccord

 «Ebranlé» par le XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique, Jena le fait savoir et il est alors maintenu en 1956 au seul bureau fédéral. Le prétexte, indiqué par Fernand Grenier dans son rapport sur la conférence fédérale de juin 1956, fut son désir de préparer une licence de mathématiques. Il inverse les réalités : ayant moins de responsabilités Jean Vignoboul qui avait obtenu, pendant la guerre, le certificat de mathématiques à la Faculté de sciences de Toulouse (avec l’aide de l’ami portugais Emile Guerreiro) va reprendre ses études et il en obtient deux autres ce qui lui permet de devenir professeur d’enseignement général des collèges (sciences) à Montauban en 1957. L’année 1956 ayant été « digérée » il est réélu au secrétariat fédéral du PCF en 1959 et il devient responsable de la propagande et de l’éducation, puis des intellectuels à partir de 1964 jusqu’en 1965.

 Deuxième désaccord

Le rapport de Balmigère sur la réunion du comité fédéral, le 2 décembre 1961, indiquait que, dans la discussion sur le mouvement communiste international, « tout en se déclarant d'accord avec la ligne du 22e congrès, Vignoboul considère que les dirigeants du Parti communiste chinois ont certainement des raisons de défendre leurs thèses et qu'en définitive c'est l'expérience qui tranchera ». Le 19 septembre 1964, il écrivait au secrétariat du comité central, une longue lettre à propos des «activités scissionnistes du PCC». Il évoquait le risque de guerre entre pays socialistes et concluait «alors l'élimination de la guerre pour l'humanité ne serait pas résolue par le passage de tous les peuples du globe au régime socialiste […] ainsi s'effondrerait la perspective radieuse d'un monde débarrassé de la hantise de la guerre et de l'énorme fardeau des armements».

Après l’appel de Stockholm qui avait mis en pointe le mouvement communiste sur le terrain de la paix cet affrontement militaire entre Chine et URSS posait en effet de nombreux problèmes.

Et dans cette discussion sur la Chine, un ami de Vignoboul, lui aussi professeur de mathématiques, Monsieur Lachaud, est fortement incité à rendre sa carte. Le secrétaire fédéral demandera même à Jean Vignoboul de rompre toute relation amicale avec ce couple de militants sincères et dévoués à la cause communiste.

Troisième désaccord

Redevenu seulement membre du bureau fédéral de 1965 à 1971, lors de la conférence fédérale du 18 janvier 1970, selon le rapport de Lespiau, tout en condamnant l’intervention soviétique à Prague, il ne votait pas la motion condamnant le livre de Garaudy «tout en montrant son désaccord avec les écarts philosophiques de Garaudy.» Il resta cependant au comité fédéral de 1971 à 1979. Il quittera le PCF après les événements de Pologne en 1981.

 L’adjoint au maire

Bien que ce membre du PCF ait manifesté souvent des positions critiques il est proposé comme candidat aux municipales de 1965. Avec la liste de Louis Delmas il est élu conseiller municipal de Montauban puis adjoint au maire en charge de l’éducation et réélu adjoint en 1971. Le travail accompli dans son secteur est exemplaire et souvent cité en exemple par le maire auprès des autres adjoints. Sa notoriété fait de lui un suppléant au candidat communiste Pierre Juge (devenu adjoint comme lui à la mairie de Montauban) lors des élections législatives de 1967 dans la première circonscription de Montauban.

 Après le PCF

Avec 1981, il devint secrétaire du Comité de défense des libertés en Tchécoslovaquie et fut responsable de la Ligue des droits de l’Homme de 1981 à 2002. L’une des plus réalisations fut la venue à Montauban de Lise et Arthur London en conformité avec ses idées de toujours. En 1988 il soutient la candidature de Pierre Juquin. Je me retrouverai à ses côtés à une tribune. En 1994 il est en première ligne pour soutenir la venue à Montauban de Pascale Froment qui, à l’initiative du journal Point Gauche a présenté sn livre sur René Bousquet. Au moment de son décès, dans Les Nouvelles du TetG, Michel Veyres qui a rédigé quelques mots à la mémoire de Jean Vignoboul pointe ceci : « Membre de la direction fédérale, il quitte, incompris, notamment en ce qui concerne les pays de l’Est, le Parti après l’affaire de la Pologne en 1981.» D’autant plus incompris que les membres du PCF n’ont pas pu connaître les raisons de ce départ et le cheminement de sa pensée.

Jean-Paul Damaggio

Bien des éléments de ce texte viennent d’une rencontre avec Madame Vignoboul le 22 janvier de 10 h à 11h 15. Il est prévu que je puisse compléter ce propos en particulier en publiant des écrits de Jean.

Nous avons parlé du cas de l’ébéniste Bruno Gherbi, un Italien que j’ai croisé une seule fois et qui a été au cœur de la Résistance, un homme qui mériterait quelques pages.

Ce jour là, je m’en souviens très bien, j’étais dans la salle le seul membre du PCF et quand j’ai posé la question, Jean a pensé que j’étais en service commandé aussi il en a profité pour rappeler vertement le comportement du PCF, ce qui n’avait aucun lien avec la question dont je ne me souviens pas du contenu.

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 12:20

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Diverses questions récentes sur l’histoire du PCF en Tarn et Garonne, viennent de me renvoyer vers cet article de 1995 que j’avais promis de compéter ce que je n’ai pas fait ou très peu dans le cadre du livre sur les élections municipales à Montauban. Le voici sur la toile avec quelques remarques en attendant mieux. Je salue par cette occasion l’ami Jean Couchet. JPD

 

Point Gauche ! n°18 Mai-Juin 1995

Pierre Couchet (1911-1965) Un dentiste militant

 Nous sommes le 21 Mars 1965 à Montauban et Pierre Couchet saute de joie : une gauche plurielle et unie s'installe à la mairie. Sous l'étiquette du PSU ils sont deux élus avec Raymond Récoché[1]. Naturellement, les autorités sachant s'encenser, il devine que la journée qu'il vient de vivre sera tout bénéfice pour la stratégie courageuse de Louis Delmas, stratégie qui a permis la victoire en unissant les protagonistes de ... quatre listes de 1959. Se doute-t-il que la maladie qui le mine depuis des années ne lui laissera assumer sa nouvelle fonction que quelques jours ? Plus qu'au futur, il songe surtout aux précédentes élections municipales, celles de 1959 où il dirigea avec Daniel Ligou une liste de la gauche critique qui réalisa le beau score de 7% (union du PSA et l'UGS). Et à se tourner vers le passé, il a envie de faire le bilan de trente ans d'action dans sa ville, puis il ne retient que son action en faveur de la piscine[2].

Laissons-lui la parole à partir de ce qu'il écrivit en novembre 1957 dans le journal Combat :

« Au moment où les impérialiste exploitent le sentiment national, le détournent vers des fins chauvines ou poujadistes et factieuses de toutes obédiences et s’apprêtent à la suite d'une perte possible de l’Algérie, à exploiter ce sentiment contre la République, allons-nous les laisser s'approprier les titres de nationaux et patriotes qu’ils ont en réalité usurpées ? »

Il dénonce ainsi la réduction de toute défense de la nation au nationalisme. Avec la plus grande énergie, il invitera les jeunes à ne pas confondre chauvinisme et patriotisme. Il refusait aussi bien l'internationalisme verbeux (c'est le plus fréquent encore aujourd'hui) que le chauvinisme concret (se formant actuellement sur nos terrains de sport). Son combat était toujours double et la citation me semble symbolique. En 56, tout en refusant de crier avec les loups comme le lui demandait le socialiste Sol, Couchet dénonça le PCF qui crut utile de nier le rapport Khrouchtchev comme l'intervention soviétique à Budapest (le premier mensonge dura "seulement" vingt ans et le second, un jour car il a fallu se rendre à l’évidence des chars russes étaient bien à Budapest).

Fils d'instituteur, Pierre Couchet venait de Firmi dans l'Aveyron où il était né le 6 Août 1911 et comme d'autres aveyronnais (vous ne voyez pas à qui je pense ?) il s'installa à Montauban pour des raisons professionnelles. En 1934, il devint dentiste dans la ville. Chez lui, Jacques Duclos montrera ses talents de cuisinier comme me l'expliqua Yvonne Couchet. Arrêté le 3 septembre 1939, il est condamné à une peine avec sursis en décembre suivant. Dénoncé en 1941, il s'échappa à la vue des gendarmes, se cacha puis participa à la Résistance d’abord dans le maquis de Saint-Antonin puis dans le Gers. Malgré son action, il ne pourra reprendre place au sein du PCF en 1945 ! Pensez, cette peine avec sursis en 39 était un "bon" prétexte pour écarter un esprit indépendant. Pour autant, il ne laissa pas l'activité politique en créant divers groupes à Montauban jusqu'à cette campagne municipale de 1959 qui fut suivie au plan national par la création du PSU (le journal Combat était lié au journal national Le Libérateur).

En ce jour de fête de 1965, il peut penser aux municipales de 1959 avec fierté. Le 7% de sa liste plaçait les socialistes au cœur d'un projet que Delmas sut mettre en œuvre.

Les radicaux - trop à droite - ne pouvaient revendiquer le titre de tête de liste (ils se contenteront de reprocher aux socialistes le cumul de mandats !). Le combat animé par Couchet a servi de tremplin au PS qui y gagna la direction de la ville grâce à l'Union de la Gauche encore peu fréquente en 65 (le PS restait majoritairement pour l’alliance au centre). Le PS a-t-il reconnu par la suite la pertinence de cette action ? Depuis 1965 il a souvent enterré (ou trahi) cette originalité qui aurait pourtant permis à la gauche de ne pas finir nationalement dans les choux. Pour justifier cette appréciation il me faudrait évoquer l'ensemble des données de cette municipale de 59. La place me manque dans cet article mais j'espère y revenir, il ne faut pas laisser pourrir dans les caves de l'oubli ceux que les autorités y déposent.

Jean-Paul Damaggio

 P.S. En illustration la Une du journal Combat dont quelques exemplaires sont aux archives, un lecteur aurait-il la collection complète ?

 

Son épouse a été longtemps l’institutrice au CP de l’Ecole Annexe.

Un combat incessant sur lequel je vais essayer de revenir en priorité.

Cette lucidité en 1957 témoigne parfaitement bien des idées de Pierre Couchet.

Je le pensais en 1995 et je le pense toujours plus à partir de connaissances accumulées sur l’Amérique latine.

Il s’agit d’Hugues Panassié le géant du jazz venu de l’Aveyron à Montauban

Dès 1938, il est secrétaire du Parti communiste pour le Tarn-et-Garonne. Le Parti aurait groupé 800 adhérents en 1936, 400 en 1937, 600 en 1938 répartis dans 39 cellules (Arch. I.M.Th., micr. 10622, rapport du directeur général de la Sûreté, s.d., début 1939).

En fait le 3 septembre 1939, il est arrêté et condamné par le tribunal militaire de Montauban à trois ans de prison et 1 000 F d’amende. C’est en appel il est condamné à la même peine mais avec sursis et libéré fin décembre et signant un engagement à ne pas poursuivre son action. 

En 1945 ou plus tard, il faudrait vérifier cette donnée.

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 16:33

Les élections politiques italiennes de 2013 pour la Chambre des députés et le Sénat auront lieu le 24 et le 25 février suite à la dissolution de la chambre du 22 décembre 2012, quatre mois avant le terme normal de la législature. Il y aura en même temps l’élection des Conseils Régionaux de Lombardie, Molise et Rome et l’élection directe des présidents de ces régions. Ce sont 51 millions de votants appelés aux urnes : 24,5 millions d’hommes et 26, 5 millions de femmes. Comme il y a quinze partis en présence voici un tableau pour s’y retrouver dans les prochains jours. Les sondages donnés concernent la mi-janvier 2013

 Le centre-gauche « Italie Bien commun » coalition conduite par Pier Luigi Bersani (PD soit parti démocratique) suite à des primaires qui l'opposèrent d’abord à Laura Puppato (PD), Matteo Renzi (PD), Bruno Tabacci (porte-parole alors de l’ApI) et Nichi Vendola (SEL Gauche écologie et liberté). Cette coalition "Italie. Bien Comun" regroupe autour du Parti Démocratique, Gauche Ecologie et Liberté et Parti Socialiste Italien, le Centre Démocratique di Bruno Tabacci. Dans le Trentino-Alto Adige, le Parti Autonomiste Trentino Tyrol et le Südtiroler Volkspartei sont sur les listes du PD tandis que dans cette région les Verts seront sur les listes du SEL. Sondage : 33%

 Le parti Movimento 5 Stelle (Mouvement des 5 étoiles) du comique Beppe Grillo participera pour la première fois à de telles élections. Pour mesurer le poids de ce courant hors norme nous pouvons prendre le cas des dernières élections italiennes, les Régionales en Sicile du 28 octobre 2012. Le jeune géomètre Giancarlo Cancelleri, tête de liste, arrive en troisième position, 18,2%. Le mouvement obtient 15 sièges sur 90. Mais l’abstention était très forte puisque seulement 47% de votants se sont exprimés. Le programme est fortement dirigé contre la classe politique (pas de cumul etc.) et demande aussi l’interdiction des syndicats. Sondage : 16%

 La droite est en ébullition. Entre le 16 et le 20 décembre les députés du PdL (parti de Berlusconi) Ignazio La Russa, Giorgia Meloni et Guido Crosetto fondent Fratelli d'Italia – Centre-droit National, qui se veut un allié du PdL. Quant à l’alliance précédente entre le PdL et la Ligue du nord, elle a eu du mal à se mettre en place. Elle s’est cependant opérée le 7 janvier après que Berlusconi ait accepté de ne pas être le candidat au poste de premier ministre laissant cette fonction à Angelino Alfano tandis que Roberto Maroni pour la Ligue propose à ce poste Giulio Tremonti. Les discussions entre Ligue du nord et Pdl sont à relier aux élections régionales lombardes qui, pour la première fois, font suite à de nombreuses démissions (le 26 octobre 2012) et qui se tiendront avec un nouveau mode de scrutin. Tous les élus le seront dans les diverses circonscription à la proportionnelle au plus fort reste. Si les primaires au centre gauche, le 15 décembre 2012 ont pu aisément désigner le tête de liste l’avocat indépendant Umberto Ambrosoli tout n’est pas si simple à droite. Côté centre droit Gabriele Albertini, maire de Milan de 1997 à 2006, sera dans le camp Monti avec en face l’inévitable Roberto Maroni, secrétaire fédéral de la Ligue du Nord qui aura l’appui de Berlusconi. Le Mouvement 5 étoiles est dans la course avec Silvana Carcano tout comme  Carlo Maria Pinardi pour le mouvement Fare per Fermare il declino. Même sans l’appui de Fini et malgré le bilan de Berlusconi ce courant est doté de 27% dans les sondages.

 Le centre-droit récupère Mario Monti qui le 25 décembre a quitté ses habits de « technicien » pour prendre ceux de tête d’une liste « Un choix civique - avec Monti pour l'Italie », formée de membres de la société civile avec l'Union des Démocrates Chrétiens et du Centre (UDC) de Cassini et Futur et Liberté pour l'Italie (FLI) de Fini. Alliance ne signifie pas liste commune pour la chambre (pour le Sénat oui à cause de la loi électorale[1]) donc il y aura des listes conduites par la société civile, d’autres par UDC et d’autres par FLI (rappelons que Fini est le président sortant de l’Assemblée nationale poste qu’il a occupé grâce à son alliance avec le parti de Berlusconi). Depuis le début de la campagne les liens entre le centre-droit et le centre-gauche se resserrent ce qui fait crier, dans le centre-gauche, l’aile gauche du SEL de Nicki Vendola. Un resserrement qui tient sans doute aux sondages : le camp Monti arrive à peine à 13 %, preuve que l’alternative « molle » à la droite n’est pas en place d’autant qu’entre les trois leaders l’entente n’est pas au beau fixe.

 Les nouveaux partis politiques

Le magistrat Antonio Ingroia dirige une liste "Rivoluzione civile" lancée le 29 décembre 2012, liste appuyée par le parti de l’ancien magistrat Di Pietro Italia dei Valori, le mouvement Arancione du maire de Naples Luigi De Magistris, les Verts et la Fédération de la gauche qui regroupe l’extrême gauche italienne et le légendaire maire de Palerme Leoluca Orlando. Cette alliance un peu hétéroclite fait cependant une percée dans les sondages avec 4 ou 5%. Le parti de Di Pietro allié au centre-gauche avait déjà réussi de bons scores auparavant.

 Le journaliste Oscar Giannino a posé sa candidature à la tête d’une autre formation "Fare per Fermare il Declino". (arrêter le déclin). Sondage : 2%

 Il y aurait aussi un Parti Pirate.

La distribution des postes

Après les élections la distribution des postes va aussi concerner celui de président-e de la république avec également en vue, pour 2013 celui de la Commission européennes où Barroso a fait son temps, poste qui intéresse Monti. Les négociations doivent aller bon train... J-P Damaggio

Pour avoir des élus la coalition gagnante se répartit à la proportionnelle 55% des sièges. Les perdants doivent passer la barre de 10% à la Chambre et 20% au Sénat. Ceux qui ne sont pas dans une coalition comme Rivoluzione civile doivent passer la barre de 4%. Si une coalition n’arrive pas à 10% les listes de la coalition n’ont d’élus que si elles passent la barre de 2%. Pour la coalition le vote est double : à la fois pour la coalition et en même temps pour la liste de la coalition.

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 16:25

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La foule était au rendez-vous. A Managua, partout, la foule était au rendez-vous. En ce 2 février 1933, le temps de la paix était enfin venu. Pas celle dont tu rêvais mais la paix tout de même.

Ce jour-là, tu faisais juste un petit tour dans la capitale avant de partir vers el rio Coco retrouver la passion de ta vie, le travail de paysan. Tu te savais légende et légende tu resterais, l’homme intègre qui venait pas son intelligence de mettre à genoux le pays le plus puissant de la région, celui des Yankees. Le Français Henri Barbusse t'avait baptisé "Le général des hommes libres".

Ton père avait accepté de te donner son nom, Sandino, mais tu étais resté du côté de ta mère qui avait choisi Augusto. Combien de fois, en ton Amérique, la femme a subi le sexe du maître ? Cher Sandino, en ta chère Amérique, aujourd’hui encore, le sexe de la femme ne lui appartient toujours pas et surtout en ton pays, le Nicaragua.

 La foule était au rendez-vous. A Managua, partout, la foule était au rendez-vous mais derrière elle, dans l’ombre de toujours, dans la noirceur des profondeurs, les Yankees préparaient encore leur revanche. Hier, 1er février, la garde prétorienne honorait l’actualité avec un nouveau chef. Pourquoi s’appelait-elle Garde nationale. « Nationale » ? Pour récupérer ce beau mot de nation - que tu avais arraché à la soumission ? Cette garde voulait ainsi masquer sa fonction. Tu connaissais parfaitement son nouveau chef, Anastasio Somoza. Combien de semaines te laisserait-il, avec tes amis, vivre dans la coopérative du Rio Coco ?

 Dans un an, je ne raconterai pas ton assassinat car c’est la vie que nous devons garder en mémoire et pas la mort. Nos adversaires, Sandino, nous poussent à braquer le projecteur sur la mort, car ils sont la mort et ainsi nous-mêmes, nous les mettons en pleine lumière ! Dénoncer le crime, c’est l’honorer un peu car le crime fait peur aux simples citoyens que nous sommes et il alimente la désespérance. Mais la vie, Sandino, la vie dans ta coopérative, la vie de l’exilé, la vie de tous les jours, la vie de tes écrits, voilà où est tout le mérite tout l'enjeu. Cent fois je l’ai vérifié, la référence à la monstruosité du crime – et ton assassinat a même fait l’objet d’un film – rend la vie négligeable. Il faudra quarante ans avant que tes écrits fassent livre !

 Cher Sandino le 2 février 1933 le crime était à la Une de la presse car un dénommé Hitler venait de dissoudre le parlement et il faudra un autre 2 février, en 1943 pour que l’histoire bascule, à Stalingrad. Mais pour toi, en ce 2 février, la foule partout au rendez-vous ne pouvait te faire oublier que dans quelques mois tu allais enfin devenir père. Le 2 juin 1933, ta femme va mourir en donnant naissance à ta fille ! Blanca Segovia Sandino est toujours vivante au Nicaragua, la vie simple d’une télégraphiste à la retraite !

 En France aucun journal n’évoquera cette victoire, cette paix, le dernier pas du soldat yankee sur le sol du petit Nicaragua. Ni Le temps, ni Le Matin, ni le journal communisteL’Humanité n’auront une ligne à consacrer à la question, par contre pour ton assassinat ils seront plus bavards. Tel est le drame de la presse qui s’appuie sur notre propre drame. En 1970 un responsable de l’Humanité l’avoua à un ami photographe qui lui présentait un cliché parlant d’un taudis vivant : « Si ce taudis s’enflamme alors ce sera une photo d’information ! ». Comme si, pour se sentir vivant il fallait lire seulement la liste des chats écrasés ! Mais est-ce la presse qui façonne les lecteurs ou les lecteurs qui imposent leur loi à la presse ? Tout directeur d’un journal a d’abord l’impératif besoin financier donc celui de capter des lecteurs, pour les captiver, les capturer, tâche plus simple pour celui qui a déjà l’argent de son existence.

 En ce mois de février 1933 en conversations avec Ramón de Belausteguigoitia tu lui disais cher Sandino une phrase qui nous concerne encore : “Ah, Napoleón ! Il a eu une immense force, mais il n’y avait en lui que de l’égoïsme. J’ai souvent tenté de lire sa vie mais le livre m’est tombé des mains. Par contre la lecture de la vie de Bolívar m’a toujours ému jusqu’à me faire pleurer.” Jean-Paul Damaggio

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 16:14

Ils avancent toujours masqués. Ils jouent sur les nerfs des citoyens. Par une croix définitive, ils effacent un grand Massif dont la centralité ne serait que sa désertification. Notre destin à tous, ce sont les métropoles qu’ils disent. Mais qui « ils » ? Une nébuleuse qui circule en avion d’une capitale à l’autre, qui siège là où ça compte de siéger, qui domine l’espace qu’il faut à nouveau rebaptiser territoire car ils font et défont les mots. Aujourd’hui ils inventent les TET : Trains d’Equilibre du Territoire. Demain, ah ! demain…

En fait, le Paris-Toulouse par Limoges c’est le Paris-Cerbère, la première voie ferrée qu’à l’âge de 6 ans il m’arriva d’utiliser ! Ma grand-mère italienne, veuve depuis longtemps, avait envie d’un prétexte pour aller à Perpignan voir son fils et quoi de plus généreux que d’emmener le petit-fils découvrir la mer ! A pied, à travers champs pour aller au plus court, nous sommes arrivés à la gare de Réalville aujourd’hui disparue, nous avons attendu puis nous sommes montés dans le train qui nous a laissé à Perpignan. Je me souviens seulement du voyage aller, de cette traversée des lacs après Narbonne, de la rencontre familiale à Perpignan et ensuite, par je ne sais quel moyen de transport, d’une autre rencontre avec des centaines d’habitants féroces occupant la plage de Saint Cyprien et appelés moustiques.

 Par le sud puis surtout par le nord j’ai pratiqué le Paris-Cerbère, Cerbère un nom qui me fait rêver comme Vintimille. Cette voie, véritable colonne vertébrale du pays, avec ses diverses transversales, avec ses multiples gares, est dans les gènes de tout habitant du Midi toulousain. Bien sûr, déjà à l’époque, elle avait pour fonction de pousser les gens vers les villes lumières et donc loin d’obscures campagnes. Je ne suis pas du genre à cautionner les fausses oppositions comme ville contre campagne, car je ne néglige ni les obscurités urbaines ni les lumières des champs, je sais seulement que la planète toute entière se métropolise dans les douleurs les plus infernales, notre « destin » étant celui de la promiscuité. Pas besoin de rallumer les étoiles comme on le répète depuis Jaurès, il suffit d’éteindre la lumière ! Les photos nocturnes de la planète démontrent clairement que la nuit recule.

Me suis-je éloigné du Paris-Cerbère ? Pas du tout : la photo nocturne montre justement l’obscurité du Massif central, preuve s’il en fallait une que dans le secteur ils ne méritent plus les grandes lignes…

 Or sur cette voie ferrée a circulé le travail des hommes et des femmes d’un territoire immense. A Montauban, non content d’avoir une belle gare, il a fallu construire un marché-gare. Y entrer à six heures du matin pour apporter des camionnettes de fruits au cours des années 60, c’était découvrir une activité intense. A Caussade, ils fabriquaient des chapeaux et les chapeaux partaient, avec ceux de la ville d’à côté, vers les élégances du monde. Cahors conserve son vin unique, trop souvent oublié mais toujours là. A Brive, quel membre de la nébuleuse aurait parié un kopeck sur la réussite d’un salon du livre dans cette ville destinée à mourir ? Dans le même coin, je pense à Tulle, au piano du pauvre dont la ville a su devenir la capitale. La France a aussi été faite par le musette venu de ce néant, de ce vide sidéral. Et la bataille des inattendus a fait que l’accordéon n’est plus cet instrument ringardisé par les nébuleux qui souhaitaient l’enfermer dans un genre… bassement populaire.

Vous continuez sur cette glorieuse voie ferrée et vous arrivez à Limoges, haut lieu de la porcelaine, haut lieu de ce luxe national, de ce fait haut lieu de luttes sociales inoubliables. Limoges qui a aussi donné à notre langue limoger et franchement, si la nébuleuse on pouvait la limoger, comme nous respirerions mieux !

Puis Châteauroux et Orléans encore deux villes magnifiques qui avec Vierzon apportent leur poids à cette grande ligne.

 Alors, faut-il tourner la page d’une histoire trop vieille, d’une voie ferrée trop vieille, d’une orientation politique trop vieille ? Soyons moderne qu’ils disent ! Oui mais voilà…

La nébuleuse se creuse la cervelle jusqu’à y faire des trous psychédéliques. Elle constate que les citoyens n’en veulent pas de cette orientation moderne visant à nous jeter tous dans les bras de l’urbain. Par cette orientation moderne, la mort du Sud-Ouest avait été décrétée et les habitants, ayant eux-mêmes intégrés cette décadence, ne vivaient plus que de pessimisme. « Montons à Paris » qu’ils chantaient tous car la nébuleuse l’avait dit : Paris ville lumière et la cambrouse c’est l’obscurité. Or, par le climat, l’infrastructure, l’histoire, toute la France est habitable et la nébuleuse ne peut créer les déserts qu’elle mijote à feu doux. Le Sud-ouest devient la région avec le plus de développement démographique !

Les gens ne mettent plus de chapeaux, les paysans ont du mal à cultiver des fruits et de toute façon pour les marchandises, la SNCF a pris les habits de Géodis. Malgré l'expansion démographique du Sud-ouest les pessimistes toujours là, disent que ça ne va pas durer. Or la tendance est profonde car elle a diverses causes et pas seulement Airbus pour Toulouse. Demain le centre de la France deviendra peut-être un autre El Dorado pour les amateurs de silence, d’espace et de douceur. Peut-être un autre vague d’Anglais, peut-être un retour en force de l’agriculture car na nourriture chimique touche à ses limites, peut-être... Le Paris-Cerbère c’est un train qui mérite encore beaucoup d’attentions. J-P Damaggio

P.S. Bien sûr cet article n’a rien à voir avec des propos encore entendus, d’énarques disant toujours le plus grand mépris pour une voie ferrée conduisant les Toulousains à Paris en 6 ou 7 heures, et ceux d’un maire embobiné parlant de la ligne TER….

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 16:08

Voici un article du Midi socialiste du 5 juillet 1914 qui évoque une grève à l'usine des métaux de la ville. Il m'est arrivé d'écrire un gros livre sur la question à une époque où il était plus difficile de recopier de tels documents. Cette grève a été effacé des mémoires par la guerre qui va suivre... et qui va faire le bonheur industriel de l'usine. JPD

Article de Marty-Rollan

Je relis la lettre que vient de m’envoyer un de mes amis du Comité de la grève des métallurgistes de Castelsarrasin :

«A l'heure où je t'écris, me dit-il, je peux t'annoncer une bataille entre gendarmes et grévistes. Commencée à 7 heures du soir, finie ce matin à 2 heures. Les gendarmes avec leur sabre, nous, derrière une barricade, nous servant de pavés, de chaises, de bâtons pour résister à leur assaut. Ils ont bien été obligés de nous laisser tranquilles. Mon cher Marty, ça a été comme un carnage des deux côtés. Les coups de sabre ne nous ont pas été épargnés. Le maire et le sous-préfet ont reçu une bonne tripotée dans la bagarre. A leur compte personnel, ils en ont pris pour leur grade. Deux des nôtres ont été arrêtés et leur arrestation maintenue. Les jaunes, le maire, le sous-préfet, les gendarmes, le capitaine, le commissaire, toute la gradaille en somme s’était réfugiée dans la poste. Nous les en avons délogés de la belle façon et des bris de carreaux s'en sont suivi, tu peux le penser !... »

 Et je pense, après avoir lu, que cette exaspération ouvrière est la cause de la dureté inqualifiable de la Compagnie française des métaux qui ne veut rien savoir, qui raisonne avec l'implacable logique patronale : «  Notre autorité d'abord, coûte que coûte, nos ouvriers ont été jusqu’ici des esclaves, incapables de se diriger, nous ne leur permettrons pas d'obéir à des influences étrangères, à des meneurs. Ils ont été soumis jusqu'ici, ils continueront de l’être. »

La grève entre dans sa septième semaine. Les dirigeants de la Compagnie avaient d'abord pensé qu'ils en auraient facilement raison. Des hommes nouvellement syndiqués, n’ayant jamais participé à aucune action syndicale, quelle force de résistance pourraient-ils offrir ?

Mais ce mois de grève a été un mois de parfaite éducation syndicaliste et la Compagnie, qui possède d'autres usines en France veut envoyer à Castelsarrasin des ouvriers de ses usines. Pour ce faire, elle tente l'aventure par de petits envois de jaunes. Si ceux-là passent sans protester elle continuera, s’imposant des dépenses exagérées, s’obligeant à payer des salaires beaucoup plus élevés que les salaires (3 fr.50) réclamés par les grévistes. Mais l'orgueil patronal est ainsi, que rien ne coûte pour abattre la dignité ouvrière, et maintenir le peuple dans l’esclavage et l’ignorance.

Et s'il en est ainsi, si malgré de nombreuses grèves, répétées tous les ans la puissance capitaliste peut encore émettre la prétention d'obliger des populations ouvrières à subir ces conditions c'est parce que les travailleurs ne viennent pas rapidement, avec unanimité, à l’organisation syndicale. La masse prolétarienne est loin d’être équilibrée. S'il y a conscience, éducation, instruction, organisation sur divers points, sur d'autres points, aussi, il y a brutalité, indifférence, ignorance, manque de tout groupement. Et encore aucune conscience n’est éclairée suffisamment, aucune éducation ne se complète en suivant les mouvements sociaux, aucune instruction ne se perfectionne à cause de la durée de l’effort physique que l'ouvrier est obligé d'accomplir, aucune organisation n'est à l'abri des doutes, des querelles, des divisions produits par le heurt des personnalités et le choc des idées passionnées.

Aussi les syndicats et les militants par l'exercice d'une solidarité avisée, pratique, constante, se dépensent dans des encouragements moraux et des appuis matériels en y ajoutant, s'il le faut et sans hésiter, lorsqu’il y a combat, l’exemple précieux du camarade qui se place en tête et qui entraîne ; syndicats et militants doivent défendre avec énergie des grèves, comme la grève présente de Castelsarrasin, et prouver au capitalisme insolent que les millions qu'ils possèdent –et comment ? - que la force armée, dont il dispose, ne lui serviront de rien devant l’union de tous les ouvriers qui approuvent et encouragent les grévistes et auxquels ils envoient et continueront d'envoyer leurs gros sous.

Cette grève de Castelsarrasin me ramène quelques années en arrière où le Midi prolétarien en lutte secouait énergiquement sa misère sociale [grève de Mazamet] et où de Mazamet, de Graulhet, d'Espéraza, de Salsigne, des milieux agricoles tels que Ginestas et Moussan partait une mention puissante par laquelle la propagande s'accentuait, l’énergie ouvrière se concentrait, la résistance s'organisait, les convictions s'affirmaient, la lutte se généralisaient et acquéraient plus d’ampleur en prenant plus d'ampleur. La lecture de la lettre de mon ami, le gréviste de Castelsarrasin, m'a fait revivre par la pensée ces grandes grèves de notre Midi, en 1900 et 1910. Je revoyais ces déplacements de militants, cette énergie dépensée, ces théories répandues, ces paroles de foi et d’entraînement que j’étais si fier et heureux de jeter, avec les camarades qui m'accompagnaient, aux foules attentives, dans les meetings de Toulouse, Lavelanet, Decazeville, Mazamet, Albi, Gaillac, Carmaux, Labassère, Graulhet, Saint-Sulpice, Carcassonne, Narbonne, La Nouvelle, Perpignan, Espéraza et toutes les communes des environs..., et dans tout le pays de Salsigne et Lastours, etc., etc.

Et je demande aux organisations, nous demandons à tous les militants à tous ceux qui nous liront de revivre par la pensée eux aussi, ces grands souvenirs et de mettre tout en œuvre pour que les grévistes de Castelsarrasin puissent, à leur tour vivre et résister jusqu'à complète satisfaction. La grève c’est la guerre. Et qui gagne la guerre, au combat ? C'est celui qui dure. Faire grève, poussé à bout par l'autorité injuste du patronat, par la misère grandissante causée par le chômage, les salaires insuffisants, les heures de travail trop longues ne consiste pas seulement à quitter l'usine, le chantier ou l’atelier. Les ouvriers et ouvrières qui assurent en temps normal la production à laquelle se réfère leur industrie ou leur métier ne doivent pas se figurer qu'ils sont grévistes parce qu’ils abandonneront seulement un travail trop ingrat. Il faut encore empêcher ce travail de se produire, malgré la grève. On fait grève pour diminuer la puissance mauvaise du capital.

On fait grève quand on a été amené par la force des choses, devant l'intransigeante patronale à ne pas accorder de légitimité aux revendications justifiées par le raisonnement et par les chiffres, à décréter la cessation de travail comme dernier argument.

Quand on est gréviste, on lutte contre toutes les puissances de domination établies. La grève n'est pas une affaire de sentiment, c'est une guerre.

En grève, il faut porter des coups au patronat. En grève, si la conciliation est reconnue impossible, on doit user de tous les moyens dans la défensive, car, en grève, l'ouvrier voulant améliorer ses conditions de labeur défend sa corporation, défend le travail qui est la seule propriété qu’il possède et dont il tire - avec quelles difficultés – les ressources journalières indispensables pour vivre et faire vivre sa famille.

Quand 0n est en grève on doit empêcher le travail de continuer.

Le patronat se rit des grévistes lorsque les grévistes laissent s’accomplir ces manœuvres ou combinaisons plus ou moins protégées par l'armée la police, la magistrature, par ce fonctionnarisme sans cœur, sans âme, au cerveau racorni qui a nom « gouvernement bourgeois », combinaisons qui ont pour but d'assurer la production quand même, en dépit des grévistes et malgré la grève déclarée.

La grève étant la guerre au patronat qui ne veut rien accorder et au Capital qui ne veut rien céder de ses privilèges, il faut frapper ce patronat et le Capital dans ce qui constitue la source de leurs bénéfices, de leurs revenus, c’est-à-dire frapper dans tout ce qui représente le travail. Les grévistes quels qu'ils soient œuvrent pour l’émancipation de tous les travailleurs. C’est pour cela que tous les travailleurs, comprenant avec leur conscience et leur rude bon sens que toute grève devient forcément un exemple et une leçon par l’entraînement qu’il provoque dans la classe ouvrière et le déclenchement produit dans la lourde masse prolétarienne d’une localité ou d’une région, aident moralement et matériellement les grévistes. Et qu’ils ont le devoir absolu de les aider.

Mais de cela même, pour donner raison en quelque sorte à la solidarité ouvrière et pour entretenir cette solidarité, les grévistes doivent accuser, dans leur grève un caractère remarquable de résistance, résistance qui doit être par tous les moyens, une vigoureuse offensive lorsque l’intransigeance patronale étant absolue et la conciliation étant impossible les grévistes sont forcés de se placer sur leur défensive.

En grève sans s'embarrasser de nombreuses considérations et de longs raisonnements, en examinant la question d'une façon brève, l'on trouve :

Du côté bourgeois, le patronat qui veut avec raison par la force.

Du côté prolétarien l'ouvrier le meilleur, le plus habile, le mieux payé à la tête de toutes les revendications et acceptant la direction et la responsabilité de tous les conflits.

Au point de vue économique, les localités, les régions, les pays où la classe ouvrière est organisée et où des grèves ont fait valoir les revendications de la classe ouvrière sont les localités, les régions, les pays les plus favorables pour l’intérêt des travailleurs et remarquables par leur développement industriel et commercial.

Quand on est gréviste, quand on a cessé le travail, on a constitué comme un champ de bataille sur lequel on doit rester et sur lequel on doit agir avec énergie, pour faire sentir au patronat qui ne veut rien savoir que l'on accule pas impunément à la misère d'une grève prolongée des ouvriers, des ouvrières qui déjà crevaient de faim en période normale de production.

Ouvriers de Castelsarrasin, vous êtes en grève, depuis plus d'un mois. Depuis des mois votre compagnie richissime vous fait attendre une réponse satisfaisante et croit qu’elle finira, par des atermoiements, à lasser votre légitime résistance. Résistez, camarades de Castelsarrasin, la solidarité ouvrière ne v0us fera pas défaut. MARTY-ROLLAN.

 De notre correspondant particulier

Castelsarrasin, 4 juillet

Les naïfs qui auraient pu croire que la Compagnie lésinait sur une question de gros sous doivent maintenant être fixés.

Refuser systématiquement d'accorder la minime augmentation demandée par des ouvriers qui ne gagnaient même pas de quoi vivre était déjà d’une belle rapacité. Mais il y avait mieux que cela dans les agissements de la Compagnie à l’égard de son personnel. Il y avait surtout le désir de briser l'organisation syndicale. Aujourd’hui les batteries patronales sont démasquées et les intentions apparaissent clairement.

On s'explique maintenant pourquoi quinze ouvriers qui selon les bruits mis en circulation, toucheraient un salaire supérieur à celui revendiqué par les grévistes - sont venus d'une usine du Nord.

On s’expliquera aussi fort bien que la Compagnie, si elle peut, remplace ainsi peu à peu la plus grande partie de son personnel.

Ce qu'on ne s'expliquerait pas, c’est qu'en présence d'une telle insolence et du mépris affiché dès le premier jour par la Compagnie pour tout ce qui touche aux droite d'organisation et de grève des ouvriers, l'autorité préfectorale ne prenne pas le parti de retirer toutes les troupes ou forces de police.

L'opinion publique, juge du conflit, continue à témoigner sa sympathie aux grévistes. Par contre, elle est très remontée contre la Compagnie.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 16:03

 

frutos blog

En choisissant « Le maître » comme titre de sa chronique, Michel Veyres a ainsi pointé ce qui fait le cœur du livre et qui peut renvoyer à de la nostalgie, celle de l’école de la république dont les mérites avaient aussi des limites. Et qui plus est, Michel Veyres termine également d'un mot très juste  "la passion" de Jean-Pierre Frutos pour son métier. JPD

 Le maître

Jean-Pierre FRUTOS, instituteur à Montauban comme l'indique le sous-titre de son ouvrage (1), préféré à celui de « professeur des écoles » est arrivé non loin du terme de sa carrière. Un choix du mot qui n'est pas sans signification quant au sens et qui a toute sa résonance à travers ce journal d'une année de classe. A travers ce dernier, nous sommes invités à tenir compagnie, à participer à la vie de l'entité classe, à celle de l'école, à partager le questionnement de l'auteur.

Voici donc un certain nombre de réflexions au-delà de la mise en bouche provocatrice, jaillie de l'arc de la pensée tendue : sur l'individualisme, la chose publique (« en pleine implosion), sur la nouvelle féodalité, l'identité, la culture, le naufrage de l'école républicaine qui nous conduit à ce « nous sommes tous responsables » (vraiment ?). Mais ce sont aussi le savoir, un projet de société commune des pays du sud autour de la Méditerranée (l'auteur est fils de réfugié espagnol de la guerre franquiste),... la dette souveraine à laquelle répond « l'emprunt et la dette ne sont- ils pas à la base du mouvement économique ? ».

Et puis, il y a des responsables comme « ces néo-seigneurs féodaux... uniquement animés par la quête éternelle du profit », les enfants de familles modestes placés dans les écoles privées, révélateurs « d'une suspicion à l'encontre de la chose publique »... « La chose publique », préoccupation lancinante de notre enseignant. Après une éruption non exhaustive de questions vient le journal de l'année : la quotidienneté des tâches, des observations, donne à penser sur les enfants turbulents, l'institution, les parents, le travail... L'objectif (« l'enfant au centre du dispositif ») donne lieu à discussion, après chahut l'annulation de l'atelier d'art dramatique pose question. Un problème récurrent, c'est le bruit : « un rien et c'est l'explosion sonore ». Mais peut-on enseigner dans le vacarme, le chahut ?

La vie de la classe, de l'école, du quartier est en lien avec ce qui se passe ailleurs : celui-ci est large et embrasse le monde (la dette grecque, l'affaire Karachi, la Libye...) sans oublier le fonctionnement administratif, les évaluations, le programme cité à titre d'exemple en ses différentes matières... Concentrer les élèves, l'unité classe sur son travail n'est pas chose facile.

Cependant il y a des satisfactions à découvrir même si la République d'aujourd'hui s'avère de plus en plus frileuse Il est un lien qui apparaît très fort : école et république. N'y a- t-il pas alors la nécessité d'une refondation comme le laisse entendre le titre : une république de progrès avec une école porteuse d'avenir ?

Jean-Pierre FRUTOS nous offre là, à travers ce témoignage, un ouvrage original : celui du vécu au long de l'année d'un instituteur soucieux de la chose publique. Avec passion Un maître et ses élèves, au bout l'école...

Michel VEYRES

(1) « Refondation : école ou société ? Journal 2011-2012 d'un instituteur à Montauban » Essai de Jean-Pierre FRUTOS — Ed. La Brochure — 2012 (276 p. — 20 euros)

Jean-Pierre Frutos

Refondation : école ou société ? Journal 2011-2012 d'un instituteur à Montauban

 

 

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