Livre à paraître dans trois semaines qui raconte comment deux enfants vivent la fin de leur ville. 140 pages avec 70 photos. 15 euros. Une suite au livre sur le Chili.
Mon ami René Merle a publié sur son blog quelques éléments du folklore des Amériques et vient de recevoir un commentaire émouvant que vous pouvez y lire (les merveilles d’internet sont dans de tels messages). Ce commentaire pose la question du nom de ceux que les Québécois appellent autochtones, en observant que René a évité le mot « indien » qui matérialise un erreur de Christophe Colomb. Cette question des noms aux Amériques est un des révélateurs puissants de nos sociétés. Pas seulement par ce qu’en français on nomme des Amériques, mais par ce qu’en France et ailleurs on nomme au sujet des produits venus des Amériques.
Je m’explique : La Colombie pays de Colomb ? L’Argentine pays de l’Argent ? Pour le Pérou, c’est aussi le nom donné par les colonisateurs mais avec un terme de la région. Quant à la petite Venise, dite Venezuela…
Mais bon, il s’agit là de réalités géographiques, ce qui importe moins que les réalités humaines. Cessons donc de dire les Esquimaux pour les Inuits sauf que la dignité, si elle commence par le nom ne s’arrête pas là.
Un des Péruviens qui s’est affronté à ce problème, jusqu’à ce suicider, s’appelle José Maria Arguedas et le lire tout comme l’Equatorien Icaza reste d’actualité.
Le Nouveau Monde n’était nouveau que pour les Européens, pas pour les autochtones. Etant si nouveau, il était peuplé de « sauvages » donc ils ne pouvaient nous apporter… le maïs, la pomme de terre et j’en passe.
L’origine des céréales étant palestienne, le maïs ne pouvait venir que de cette région d’où ce nom du vieux français que l’on trouve au Québec : blé d’Inde (où on retrouve les Indes), qui en italien donne granoturco (littéralement grains turcs). Et nous pourrions jouer à cette quête des noms, pour tant de produits !
Pour moi, défendre la dignité des autochtones passe aussi par la reconnaissance de leurs talents agricoles comme ouvriers. D’où la publication du livre dont vous avez la couverture en image et sur lequel je reviendrai prochainement. Qui sait que, sans les indigènes des Amériques, nous n’aurions pas eu le développement de notre agriculture (par les produits et les engrais) et que sans eux nous n’aurions pas eu non plus les facilités apportées par le cuivre. Et là je ne parle pas des temps anciens mais bien des temps modernes.
Des Indigènes des Amériques s’insurgent contre les musées construits parfois à la gloire de leur passé, et qui oublient les talents de leur présent. J’ai découvert ce phénomène en décembre 1975 au Musée Anthropologique de Mexico, mais, pour mon plus grand plaisir, le Musée de Lambayeque découvert au Pérou vingt après fait le lien à merveille entre toutes les époques.
Et comment ne pas conclure par cette aberration qui elle n’est ni Italienne, ni Espagnole, qui veut qu’on appelle en français, Amérique, une petite partie du continent ! Les habitants des USA sont des Etasuniens ou des Nord-américains, mais en aucun cas des Américains sous peine de changer la nature des Brésiliens, des Chiliens et de tant d’autres qui sont aussi des Américains ! Mais là aussi le changement de vocabulaire n’est pas pour demain. JPD