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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 14:51

J'ai entendu un seul présentateur prendre la peine de dire: "En 1914; les alliances font que l'Allemagne déclare la guerre à la France."

Pour tous les autres, les discours dominants de 1914 sont restés en vogue en 2014 : "L'Allemagne déclare la guerre à la France, le 3 août".

Qui expliquera que le 11 août la France a déclaré la guerre à l'Autriche-Hongrie ?

Mais qu'importe l'Autriche-Hongrie !

Il a fallu des années de lutte des pacifistes pour, preuves à l'appui, révéler que le pays qui a poussé le plus à la guerre, ce fut le Russie, l'alliée de la France.

En aucun cas, cette guerre ne fut une "guerre du droit" voire "une guerre défensive". Les autorités françaises n'étaient pas les dernières à attendre des miracles de cette guerre devant former l'esprit d'une jeunesse qui avait tendance à devenir rebelle.

Et si le tsar poussa à la guerre, la suite a démontré pourquoi : il voulait éviter une révolution qu'il avait écrasé dans le sang en 1905 grâce à "l'emprunt russe" que les autorités françaises ont soutenu pour inciter Moscou à ne pas s'allier avec Berlin.

Jaurès, puisque c'est de lui qu'il s'agit de temps en temps, avait été clairvoyant sur la question.

Un tsar qui malgré ses conditions de politique intérieure fragiles, rêvait encore à la Grande Russie que les autorités françaises et anglaises avaient promis de lui offrir suite à la victoire,  en acceptant que Constantinople et les détroits soient des zones russes !

 

Guerre colonialiste, guerre du fric, guerre idéologique (la guerre forme la jeunesse), cette boucherie mérite mieux, pour être comprise, que les commémorations hypocrites d'aujourd'hui qui ont le don de me faire dresser les cheveux sur la tête (je ne dis rien du cas que l'on fait de Jaurès).

Jean-Paul Damaggio

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 14:54

Il n’y a de vie possible que grâce à un couple et aujourd’hui on a beau m’expliquer qu’il y a du féminin dans le masculin et l’inverse - jusqu’à l’existence de transsexuels-, je maintiens mon propos.

Le temps de reproduction n’est qu’un moment bref de la vie et pour les humains le droit au plaisir a pris, plus ou moins, toute sa place dans l’acte sexuel, mais la réalité première reste la même : aucune vie n’est possible sans être deux (l’escargot est une des exceptions qui confirment la règle).

 Le couple économie / politique

Dans l’histoire humaine le couple s’appelle : économie / politique.

La droite s’est toujours située du côté de l’économie et la gauche du côté du social donc du côté du politique. Bien évident, je parle pour le moment, de la réalité première, la réalité inévitable, et non pas de la réalité représentative que je mentionnerai plus loin.

Comme pour tout couple il a fallu inventer une règle de vie et elle s’est appelée la démocratie. Une sorte de contrat de mariage ! Là aussi je ne parle pas des conséquences et inconséquences de la démocratie, mais de la démocratie première, la démocratie inévitable. Elle n’est rien d’autre que l’acceptation par la majorité de l’existence de la minorité. Liberté de la presse, de réunion, élections et j’en passe, ne sont que des conséquences et parfois des inconséquences du fait premier.

La démocratie inconséquente peut prendre des formes très perverses et la plus terribles s’appelle le paternalisme. Dans ce cas, la majorité, dans sa grande générosité, accepte l’existence d’une minorité qu’elle s’acharne à infantiliser, une minorité qui appelle de ses « vœux » la présence d’un père ! Le mal est son remède ! Je ne confonds pas cette forme avec la négation si fréquente de la minorité (pouvant aller jusqu’à son élimination temporaire) par la majorité.

 Naturellement, au sein de la gauche comme de la droite, il existe une aile gauche et une aile droite, le centre ayant pour vocation de tenir l’équilibre.

L’aile gauche de la droite a toujours voulu faire dans le social.

L’aile gauche de la gauche a toujours voulu que la politique occupe tout le champ de l’économique.

 Le couple droite / gauche

Mais que se passe-t-il dans le cadre de la représentation politique ? Il ne s’agit pas ici de se lancer dans l’étude plus ou moins grossière de ce qu’on appelle parfois le théâtre politique car le souci de la simplification me contraint d’en rester aux réalités premières.

La représentation politique est le lieu par excellence qui permet de découvrir aujourd’hui, qu’en fait, la fracture inévitable entre l’économique et le politique aurait disparu. Donc le couple n’existerait plus pour deux raisons :

Le capitalisme a entrepris une révolution ;

La gauche n’a pas su voulu ou pu conduire une contre-révolution pour faire apparaî-tre la fracture des temps actuels.

Marx n’a jamais cessé de le répéter : le capitalisme a pour fonction de révolutionner en permanence toute la société donc il est l’adversaire de la droite classique faite de conservateurs, de réactionnaires, d’hommes tournés vers le passé.

La gauche progressiste a donc été dépassée sur son propre terrain !

La fin des couples anciens

Malgré Marx, la révolution du capitalisme est apparue comme un oxymore : dans la tradition anarchiste ou communiste, le capitalisme peut muter sans se révolutionner car depuis le XIXe siècle la révolution est la suppression même du capitalisme.

Oui, le capitalisme subit le plus souvent des mutations (le néolibéralisme par exemple) mais il a provoqué aussi sa propre révolution qui a donné ce que Michel Clouscard a appelé le capitalisme de la séduction, un autre oxymore qui est pourtant une réalité majeure.

La production économique a cessé d’être à un moment le fruit de la logique économique pour devenir le fruit du marketing pris au sens politique et non seulement technique. On va chercher le bien-être social et produire en fonction de telles études plus sérieuses que beaucoup ne le pensent !

Hier, le développement du rail a considéré l’homme comme une des marchandises marginales à transporter, car l’essentiel de la logique économique était de transporter des matières premières.

Depuis 1945, dans les pays phares du capitalisme, la révolution s’est produite quand la production économique a été élaborée à partir d’une analyse des besoins humains pris individuellement, afin de séduire ! L’homme n’est plus une marchandise, il est la référence majeure. Le succès de facebook n’est pas un produit du monde économique ancien mais un produit du monde marketing.

Cette révolution ne change rien dans le cœur du capitalisme, à savoir la domination d’une classe sur une autre, mais cependant change tout dans la société car la vie n’est pas faite que de dominations.

Le social n’est donc plus l’adversaire mais peut devenir un complice !

L’Etat n’est plus un instrument de la classe dominante mais devient une entreprise parmi d’autres, y compris l’entreprise éducation nationale !

Bref, il n’y a plus ni droite ni gauche pour la simple raison que la gauche, n’ayant pas su, ni anticiper ni réagir à la révolution du capitalisme de la séduction, n’a pas contribué à la construction d’une nouvelle fracture adaptée aux réalités premières naissantes et capable de se substituer à la précédente !

Conséquence pratique : il ne s’agit plus de lire Marx mais de le comprendre à la lumière des temps présents !

 L’anti-productivisme

Cette révolution du capitalisme s’appuie sur un phénomène qui est l’explosion des acquis de la science. L’histoire de la science n’est pas seulement l’accumulation de connaissances mais la relecture en même temps des connaissances passées. Un effort souvent raté concernant les découvertes de Marx qui ont été figées, dogmatisées au moment où elles devaient devenir plus dialectiques !

La chute de l’URSS n’a pas été la victoire du capitalisme sur le socialisme mais l’incapacité du socialisme à découvrir la révolution dans le capitalisme. Confusément, Gorbatchev, qui n’a pu être le liquidateur d’un système déjà liquidé, a pensé à une révolution dans le socialisme, mais il était d’autant plus loin du compte que les forces communistes dans les pays capitalistes ont été incapables de penser un communisme des temps présents alors qu’elles étaient face à l’adversaire majeur !

Au risque de choquer je prétends que les partis communistes du monde ont été pour une bonne part les responsables de la chute de l’URSS ! Ils ont eu ensuite la réponse facile : étant soumis au Centre ils ne purent voler de leur propre intelligence. Par exemple : dans les pays capitalistes, les partis communistes pouvaient observer que les acquis sociaux (congés payés et retraites) permettaient la naissance de ce qui allait devenir la première industrie mondiale, le tourisme ! Au contraire, le capitalisme en a tiré les leçons. Son capitalisme de la séduction n’est rien d’autre que l’inclusion dans son mode de production des souhaits populaires ! Qu’il le fasse à son service et non pour se suicider, c’est la moindre des choses !

 Un autre couple

Nous arrivons au point crucial : mais alors si le couple premier économie / politique n’existe plus, alors qu’à l’évidence, la lutte des classes (relue par Marx) continue d’être la ligne de fracture, où est fracture ? Sans déterminer cette fracture nous ne déterminerons pas un nouveau rapport droite/gauche !

Je prends un exemple que j’appuie sur une lutte sociale à laquelle je participe depuis cinq ans : la question du rapport à la grande vitesse ferroviaire. J’ai pu noter cent fois que chez des citoyens les plus divers, de droite ou de gauche, le raisonnement social et économique pouvait se rejoindre pour dire : « priorité aux lignes du quotidien », une formule reprise par quelques autorités mais sans les décisions adéquates.

A partir du moment où les moyens de production permettent aux hommes de satisfaire leurs besoins élémentaires, repensons le cas des autres besoins.

Les famines, qui existent toujours, sont les vestiges du passé que le système maintient en place pour mieux valoriser sa forme actuelle de capitalisme de la séduction : « Voyez ce vous pourriez souffrir si nous n’étions pas là pour assurer votre bonheur ! ». L’immigration est devenue l’éloge le plus parfait (car involontaire) du capitalisme de la séduction !

Le capitalisme de la séduction serait donc le producteur de la quantité et le socialisme deviendrait celui de la qualité ? La fracture serait quantité/qualité ou comme je l’entends parfois avoir/être ? Le proverbe est connu : « l »argent ne fait pas le bonheur » ce à quoi il est utile d’ajouter : « l’argent ne fait pas le bonheur de ceux qui n’en ont pas ! » Bref, cette fracture est problématique. Nous savons déjà avec le capitalisme vert que le chantier de la qualité peut, comme les congés payés, devenir une industrie lucrative !

 Le cœur de la fracture n’est autre que l’anti-productivisme sauf que le terme négatif n’est pas du meilleur effet d’autant que des anti-productiviste par esprit « anti » sont prêts à y mettre n’importe quoi.

Le marxisme est l’éloge le plus grandiose du producteur, ce dernier devenant même, presque naturellement, le fossoyeur du capitalisme. L’anti-productivisme tend à le marginaliser ou pire à le ridiculiser ce qui convient à un capitalisme où l’ouvrier pèse moins en tant que producteur qu’en tant que consommateur !

 Or l’anti-productivisme peut assurer un retour au premier plan du producteur mais du producteur réel. L’ouvrier, actuel rouage du système productif a dû accepter de n’être qu’un des rouages : il peut se changer en un rouage conscient !

Les hasards de la vie ont fait qu’un jour, à Bruniquel, Michel Clouscard est venu frapper à ma porte (vers 1995) pour me dire : mais dans mon analyse du capitalisme que devient le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière ? Il savait que je serais sans réponse mais il avait envie de réfléchir à haute voix avec un citoyen ordinaire. La disparition de la classe ouvrière n’est pas une question originale sauf que chez lui elle était signe d’inquiétude quand pour tant d’autres, elle est signe de soulagement.

La classe ouvrière, quand elle est conduite à limiter la casse sociale en demandant les plans sociaux les plus avantageux, met à mal le mythe ancien de son aspiration à faire la révolution… quand elle cherchait surtout à vivre autre chose que sa condition de classe ouvrière ! C’est là la différence majeure avec la classe paysanne : la grande majorité des paysans ont vécu comme un arrachement total leur arrivée en ville, alors que les ouvriers pouvant devenir des artisans, ou ingénieur par une promotion interne, ont vécu cet arrachement à leur classe comme une libération ! Quand par contre le chômage frappe c’est autre chose. Pour dire que l’analyse du rôle de la classe ouvrière (toujours présente) suppose d’abord de sortir du mythe.

 La classe ouvrière ne sera classe ouvrière que par la conscience de sa solidarité à part égale avec le reste de la société. Elle restera au cœur du processus productif si elle comprend par exemple, que les recherches en marketings peuvent se révolutionner en devenant utiles à tous, et pas seulement au maître de la production !

Pour rester dans le cas du ferroviaire, prenons l’exemple de la dernière grève des cheminots. Avec eux, je pense qu’un bon statut des cheminots c’est la condition de la sécurité, de la qualité mais ce bon statut ne peut pas être la seule défense du statut ancien, car tout citoyen sait qu’un conducteur de train hier et aujourd’hui ne travaille pas dans les mêmes conditions ! Leur grève est apparue comme tournée vers le passé car reposant surtout sur la défense d’intérêts particuliers. Pour le moment, une grève contre le système du tout LGV est impensable pour les cheminots car le TGV c’est leur fleuron, leur vitrine : sur le camion du CE cheminot d’une région ce n’est pas un TER moderne qui est peint mais un TGV ! A repenser leur rôle, ils peuvent repenser leurs liens avec l’essentiel des usagers sans lesquels ils ne gagneront aucunes luttes.

L’anti-productivisme ne dit pas qu’il faut cesser de faire des trains mais qu’il appartient, y compris aux cheminots, de réfléchir au train du futur en dehors d’une logique capitaliste du toujours plus vite, la logique actuelle de la SNCF qui pour moi n’a strictement rien de différent des autres entreprises capitalistes, sauf que l’histoire maintient un statut spécial pour ses employés. D’ailleurs à la SNCF la part du ferroviaire est presque minoritaire !

 Produire pour se reproduire / produire pour se souvenir, voilà, sans doute mal exprimé, la fracture à construire entre droite et gauche. La droite veut produire pour se reproduire condition majeure du maintien du système. La gauche devra produire pour se souvenir, j’entends par là pour rêver et exister en tant qu’humanité.

 

Jean-Paul Damaggio

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 15:03

Toulouse, Marathon des mots, onze écrivains turcs sont dans la ville.

Ils parlent de Constantinople, Istanbul, la ville cosmopolite, un cosmopolitisme perdu.

Il y a là un membre de la communauté juive en voie de disparition. Les Grecs sont encore plus en marge. Et les Arméniens… Croyez-vous que le centenaire de la grande boucherie va nous aider à évoquer l'empire ottoman et sa chute ? Voici un résumé pris sur internet qui rappelle quelques faits.

 

"Depuis le XIXe siècle, l’Empire ottoman suscite la convoitise des grandes puissances. La Grande-Bretagne y dispose d’un réseau de protectorats sur la route des Indes et les Russes se pressent aux frontières du Caucase dans l’objectif d’atteindre Constantinople et la côte méditerranéenne. Chaque pays développe un réseau d’influences au sein de l’Empire : les Allemands construisent et exploitent un chemin de fer, les Anglais contrôlent le transport fluvial et les téléphones, les Français financent les routes, contrôlent les ports et le gaz et tiennent sous tutelle la banque impériale ottomane et l’administration de la dette publique turque. Pourtant, bien que la France détienne au Levant de nombreuses escales maritimes, son influence ne cesse de décroître face à l’activisme de l’Allemagne. En août 1914, une convention secrète lie Berlin et Constantinople au cas où la Russie ouvrirait les hostilités. Au déclenchement du conflit, le sultan Mehmet V ferme les détroits, mobilise l’armée turque et proclame la guerre sainte, à l’instigation des Allemands qui espèrent un soulèvement des populations musulmanes dans les colonies françaises et anglaises 1. En 1915 et 1916, si l’armée turque connaît des défaites dans le Caucase face aux Russes, elle se défend victorieusement contre les alliés lors de l’opération de Gallipoli, sous les ordres du général allemand von Sanders. Les Turcs, qui font échouer toutes les tentatives de débarquement et opérations terrestres, occasionnent cent cinquante mille morts et la destruction de plusieurs cuirassés dans le camp de l’entente. Par la suite, minée par les conflits ethniques et une logistique défaillante, l’armée turque voit les désertions se multiplier  et ne peut plus faire face aux multiples fronts où elle doit combattre, du Caucase à la Perse en passant par la Mésopotamie, l’Égypte, l’Arabie, la Thrace, la Macédoine et la Roumanie. Les chutes de Damas puis de Bagdad précipitent l’effondrement de l’Empire ottoman. Un corps allié composé d’Anglais, de Grecs, de Français et d’Italiens occupe Constantinople à partir de novembre 1918.  "

 

Le cosmopolitisme n'est pas un accident mais l'enfant d'intérêts impérialistes divers.

Aujourd'hui, nous sommes dans un autre monde…pour d'autres guerres.

Et si la guerre mondiale était née de l'affrontement entre l'Italie et les Turcs…  JPD

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 15:45

A travers cette bibliographie, vous trouverez la trace d'un parcours très original que j'ai plaisir à relayer.J'ai mis les coordonnées du site de Maurice Mauviel dans les liens. Jean Paul Damaggio

 

A. Articles, recensions, synthèses…

 1. Vers un enseignement littéraire total ( l’exemple de la culture populaire dans le roman de Louis Aragon, La semaine sainte) ,Alger, Recherches, 1972.

 2. « Bilinguisme et apprentissages culturels » », communication faite à la Table ronde du C.M.I.E.B, Turin, 1972, Actes  parus à Aoste en 1976.

 3. Les parents français d’écoliers de quartiers populaires à Paris  et une expérience d’enseignement multilingue, Projet-pilote, Conseil de l’Europe)Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud ( CREDIF), 1979.

 4.. « Plaidoyer pour une éducation transculturelle », Revue française de pédagogie, N° 49, octobre-décembre 1979, pp.21-35. (L’un des premiers articles sur la question parus en France.)

 5. « Une connaissance rationnelle de l ‘autre ? « Revue française d’éducation comparée, Sèvres, novembre-décembre 1980.

 6..  « Vers une solution pédagogique à l’ethnocentrisme, : la communication  interculturelle »,  Recherche, Pédagogie et Culture, N°46, mars-avril 1980, pp. 44_50.

 7. Recension du livre de Wilma S. Longstreet : » Aspects of Ethnicity : Understanding differences in pluralistic class-rooms, » Revue française de pédagogie, 1981, volume 54, pp.66-67.

 9. Propositions pour la formation interculturelle  des enseignants et administrateurs scolaires, Communication faite aux  secondes Rencontres Internationales « Langue et Cité », Bakou, 1981.

 10. Note de synthèse : « Le multiculturalisme ( pluralisme culturel), Aspects historiques et conceptuels », Revue française de pédagogie, Octobre-décembre 1982, N°61, pp. 61-71.

 10.  Création de l’Anthropopédagogie ( Educational Anthropology) ; Bulletin de l’Association  française des Anthropologues, N°11 ; mai 1983.

 11. « Sur trois conditions nécessaires à la compréhension interculturelle, » communication introductive au Colloque organisé par la Société suisse de Recherche en Education (Genève, octobre 1984)

 12. « Les Français et la diversité culturelle (de la Renaissance à nos jours) », Education permanente, octobre 1984, N°7.

 13. « Qu’appelle-t-on Etudes interculturelles en Sciences de l’Education ? » Communication introductive au Colloque organisé par l’Université de Toulouse-Le Mirail ( mars 1986) ; paru in Actes, Presses de cette Université, mars 1986,, pp. 1-22.

 14. Recension de l’ouvrage Histoires de l’Anthropologie ( XVIe-XIXe siècles), textes présentés  et commentés par Britta Rupp-Eisenreich, Paris , collection épistémologie, Klinscieck  éditeur, 1986, N°3, in Revue de Synthèse, novembre-décembre 1987.

 15. « Une éducation internationale pour répondre aux défis de notre temps », Communication faite au Colloque organisé par la Faculté de théologie de l’Université de Sherbrooke ( Québec), octobre 1986, paru dans Pluralisme et école, Institut Québécois de Recherches sur la Culture, 1988, pp.403-417.

 16. « Eudes interculturelles en Science sociales », in Apprentissages et culture, les manières d’apprendre, édité par Denyse de Saivre et René Bureau, Karthala, Paris,, 1988, pp.35-46.

 17. « La communication interculturelle, constitution d’une nouvelle discipline  universitaire », ( U.S.A), travail de synthèse réalisé  pour le Colloque organisé par l’U.N.E.S.C.O. : Phénomènes d’acculturation et de déculturation dans le monde contemporain , 1984, paru dans Cahiers de Sociologie économique et culturelle, N°7, juin 1987, pp.45-68.

 18.«  De Condorcet à Michelet, naissance  d’une conscience collective française », Communication faite au Colloque organisé par la L.F.E.E.P, Paris, 1987, parus in Actes du Colloque : Laïcité 2000,  Paris, 1987.

 19. « Volney précurseur de l’anthropologie psychologique, , Communication faite au Colloque : L’héritage des Lumières : Volney et les « Idéologues » organisé par l’Université d’Angers ( mars 1987) paru in Actes du Colloque, Presses de l’Université d’Angers, 1988, pp.319_-33.

 20. « Garat, Ginguené et l’Italie », Communication faite au Colloque « Gli Idéologues e la Rivoluzione » organisé par l’Université de Pise à Grosseto ( Toscane) en  septembre 1989, paru in Actes du Colloque, Pacini Editore, Pisa, 1991, pp 35-69..

 21. « Dieu est-il français ? Relecture de Victor Hugo à la lumière des concepts de l’anthropologue sino-américain F.L.K. Hsu et d’Emile Durkheim, » Communication faite au Premier Colloque de l’A.R.I.C. Actes édités ( très mal, notes bibliographiques  oubliées ») in Socialisations et Cultures, Presses Universitaires de Toulouse-Le Mirail, 1989 , pp361-381.-

 22. « Le multiculturalisme », note de synthèse, Revue française de pédagogie comparée, Paris, 1984.

 23 « Révolution et Contre-Révolution ; la confrontation aux langues et cultures d’Europe et du monde (à propos des « Idéologues »), Communication faite au Colloque : La Révolution française et le Citoyen, Université catholique  d’Angers, septembre 1989, paru in Impacts, numéro spécial, 15 juin 1990 , pp.9-35.

 24. « La Révolution française et les Etrangers : Persistance d’une conscience collective, de l’Etranger de 1789 à l’immigré de 1989 » Cahiers de sociologie économique et culturelle, N°11 ,1990 ; pp 9-35.

 25. « Anthropologie et doctrines pédagogiques, en France : 1800-1950. », Cahiers de sociologie économique et culturelle,, N°13, 1990, pp.35-69.

 26.. « Comment devient-on Provençal ? ( du geste à la Provençalisation) », Interculture, N° et 9, avril 1990, pp.121-129.

 27. « Laïcité, Concept à géométrie variable ou loi fondamentale  de la République ? »

Communication faite au colloque organisé par le Professeur Carmel Camilléri, Université  Paris V-René Descartes  les 17, 18 et 19 mai 1990 ; paru dans Bulletin spécial de l’A.R.I.C., décembre 1990.

 28. « Métissages biologiques et Métissages culturels . L’influence de l’anthropologie physique  et culturelle sur l’oeuvre de Stendhal et de Balzac », Communication faite au Colloque Métissages organisé par l’Université de La Réunion du 2 au 6 avril 1990, parue in Actes : Métissages, tome 1, Paris, L’Harmattan, Paris, 1992, pp. 54-80.

 29. «  La grande  misère de l’antiracisme français « ,( fragment) , Interculture ( préjugés, stéréotypes, représentations) , Janvier 1991, pp. 69-82.

 30. « L’intégration des immigrés et des étrangers , hier et aujourd’hui », in Interculture, N°16, 1992, pp.23-60.

 31.. « De la perméabilité comparée des civilisations lusitanienne et française », texte écrit à la demande du Professeur Raveau pour un Colloque franco-portugais organisé à l’occasion de la venue en  France du Président Mario Soares.  Actes non parus ( le Professeur Raveau s’étant fixé au Japon.)

 32. « La compréhension culturelle dans le contexte géostratégique de 1992 in La  pluralité dans les systèmes éducatifs européens » , Nancy, 1993 . Actes parus à Nancy.

 33. « L’Idéologie Ginguené, » in Ginguené ( 1748-1816), Idéologue et Médiateur.  Textes réunis par Edouard Guitton. Presses de l’Université de Rennes, 1995, pp.213-222. ( Actes du Colloque Ginguené, Université Rennes II, 1992.)

 34. « Recherche interethnique : évolution des modèles en sciences sociales dans les années quatre-vingt », Cahiers de sociologie économique et culturelle, N°17 ?, juin 1992, pp..9-28.

 35.. « La peur de l’étranger ; préserver la pensée critique sur les lieux communs d’aujourd’hui ».  Parution partielle dans Interculture, ,1993.

 36. « Psychologie et entrecroisement des cultures, » in Roger Bastide ou le réjouissement de l’abîme. Sous la direction de Philippe Laburthe-Tolra ( Colloque Roger Bastide, Cerisy la Salle, septembre 1992), Paris, L’Harmattan, 1994 , pp. 105-138.

 37. « Réponse à une question de Roger Bastide, » in Etudes sur Roger Bastide, de l’acculturation à la psychiatrie sociale, Claude Ravelet éditeur, préface de Jean Duvignaud, Paris, L’harmattan, 1996..

 38. « La rethéorisation du concept de culture et l’élargissement du concept de relation interculturelle dans la période récente », Bulletin de l’A.R.IC.  N° 30, 1998.

 39. « Nationalisme et décadence : retour sur l’identité nationale dans l’Europe latine «  fin de siècle » Métamorphoses des représentations réciproques (1885-1900)

Colloque international : Les limites de siècles. Champs de forces conservatrices et régressives dans la période moderne, Université de Besançon, mai 1999. Paru à Besançon, 2000.

 40.. Représentations franco-italiennes. Regards croisés. Document de synthèse , ENTPE , Lyon, 1995.

 41.« A propos d’un centenaire : l’identité espagnole à l’épreuve en 1898 », inédit.

 42. « La postérité de Dominique Joseph Garat ( et de la postérité des Idéologues en général) « Communication faite au Colloque international de Cerisy la salle, 1998. Paru in Corpus de la Grammaire Générale dans les Ecoles Centrales ( 1795-1802) Freie Universität , Berlin, 2000 , pp. 309-346.. En ligne.

 43. L’échec de la relation interculturelle franco-italienne après l’annexion de Nice à la France en 1860.. Document de travail ( 39 pages) , 1999.

 44. « Quelques observations sur l’origine, le développement, l’étendue et le devenir des études dites de culture et personnalité (anthropologie psychologique) « , étude présentée le 10 janvier 2000 au laboratoire d’ethnologie de l’Université Paris V-René Descartes.

 45. «  Exaspération, répression et résurgence possible des représentations réciproques françaises et –italiennes de 1870 à 1945 » . In Identités et cultures dans les mondes alpin et italien ( XVIII e –XX e siècles), sous la direction de Gilles Bertrand, Paris, L’Harmattan, 2000. pp. 121-164.

 46. » Le français contre  l’italien »  ( titre de la rédaction et non de l’auteur) , in Panoramiques, septembre 2000, Numéro spécial : (Langues, une guerre à mort) , pp.57-62.

  47.  Simonde de Sismondi et les identités italienne, espagnole et française in Sismondi e la Civiltà Toscana. Actes du Colloque international d’études, Pescia, Toscane, 1-15 avril 2000, édités par Francesca Sofia. Leo Olschki, Florence, 2001.

 48. Notice sur l’ « Idéologue » Constantin-François Chassebeuf dit Volney ( 1757-1820) in  The Encyclopedia  of the Enlightenment, Oxford University Press, New York, 2001.

 49. La langue et la littérature italiennes dans l’ancien Comté de Nice de 1840 à la première Guerre Mondiale. Essai sur l’identité niçoise au XIXe siècle. De larges extraits ont été donnés lors d’une conférence faite au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice le 24 avril 2002.

 50. Esplorare la relazione interculturale franco-italiana : una sfida da raccogliere. 2003. Inédit.

 51.. «  La lingua italiana a Nizza dall’annessione ( 1860) alla  prima guerra mondiale » , Il Nido d’aquila, Genova, N°37, Giugno-dicembre 2003, pp.31-34.

 52. « La lingua e la Letteratura italiana a Nizza  dopo l’anessione ; la parte delle donne », Il Nido d’Aquila, N° 40 ,  Giugno-dicembre 2003, pp.31-34.

 53. » Il Brigasco Giuseppe Beghelli » , Il Nido d’Aquila, Gennaio-Giugno 2003. Pp.67-78.

 54.. «  Joseph André, journaliste et romancier niçois » (  article écrit à l ‘occasion du centenaire  de sa mort,) Il Sourgentin, Nice, octobre 2003. pp.34-35.

 55. « L’énigmatique Henri Sappia », quelques notes sur sa vie et son œuvre  (écrites à l’occasion du centenaire de sa disparition) , Nice Historique, octobre-décembre 2004, pp. 191-209.

 56. « La lingua e la Letteratura italiana  nell’ antica contea di Nizza, » conférence faite à l’Institut d’Etudes politiques, Université de Gênes, en avril 2004.

 57. L’allargamento progressivo della visione mediterranea di Giuseppe  Garibaldi in Garibaldi Orizzonti mediterranei, a cura di Anita Jallet e Anna Maria Lazzarino del Grosso, Paolo Sorba editore, La Maddalena, 2009, pp. 151-174. Version en langue française augmentée sur le site web www.mauricemauviel.eu Titre : L’élargissement progressif  de la vision méditerranéenne de Giuseppe Garibaldi.

 58. « L’ultime séjour de Giuseppe Garibaldi à Nice, 18-20 novembre 1859 », in Rassegna Storica del Risorgimento. Fascicule IV, octobre-décembre 2009.

En ligne également.

 59. Préfaces aux deux volumes de la réédition anastatique ( éditions  Wallâda  ,2009-2010 ) de l’autobiographie de Clémentine de Como (oubliée depuis 157 ans) : « Emancipation de la femme. » (Turin, Arnaldi 1853.) Retrouvée par l’auteur il y a 10 ans à Turin. Voir le site www.mauricemauviel.eu (Dossier Clémentine de Como).

 Aucun exemplaire de son autobiographie n’est conservé dans une Bibliothèque publique française . La réédition  en fac  similé,  a été réalisée à partir d’un exemplaire conservé à Turin.

 60.. Henri Sappia et l’Annexion de Nice à la France en 1860, in Personnalités et familles du Comté de Nice face à l’annexion de 1860 à la France, textes réunis par Colette Bourrier-Raynaud et Olivier Vernier, ASPEAM , Nice, 2010, pp. 201-212.

La  version en ligne de cet article signale les fautes de la version imprimée. (légendes erronées des photos notamment.)

 61. » Solidarités, conflits idéologiques et échanges transfrontaliers. Étude de cas :

L’écrivain brigasque Giuseppe Beghelli et sa famille « , in La Culture de l’Échange sur les Alpes sud-occidentales/ La Cultura dello Scambio sulle Alpi sud-occidentali, a cura di Eric Gilli e Beatrice Palmero, Genova, Brigati Editore, 2011, pp. 389-405.

 62. « L’Uomo e la Società del Piemonte nell’analisi di Millin etnologo », in Un Viaggiatore in Piemonte nell’età napoleonica. Aubin-Louis Millin (1759-1818)  a cura di Cristina Trinchero e Sergio Zoppi, Scritturapura, Asti, 2011, pp. 195-223. Version en langue française en ligne. Un chapitre est consacré au séjour de Millin à Nice en 1804.

 63. « Giuseppe Beghelli le Rabelais des Alpes-Maritimes ? Texte d’une conférence donnée à La Brigue (village natal de Giuseppe Beghelli dans les Alpes-Maritimes).  Non paru, en ligne.

 64. « Les combats de Clémentine de Como », communication faite au Colloque « Femmes combattantes entre histoire et mémoire »,  organisé par l’Université Hassiba Ben Bouali de Chélif ( Algérie) les 5 et 6 mai 2014..

 B. Ouvrages.

 1.     Un Garibaldien Fils du Printemps des Peuples : Giuseppe Beghelli,  Wallâda éditeur, 2006 ( 658 pages.)

Henri Sappia Conspirateur et agent secret niçois sous le Second Empire, Wallâda éditeur, 2006.

 Henri Sappia Conspirateur et agent secret niçois  sous le Second Empire, édition revue et complétée, mars 2007, Wallâda éditeur.

Enrico Sappia cospiratore et agente segreto di Mazzini ( en collaboration avec Elso Serpentini ), Artemia Edizioni, Mosciano Sant’Angelo, 2009.

L’Histoire du concept de culture, le destin d’un mot et d’une idée, L’Harmattan édit, Paris, 2011.

Montherlant et Camus anticolonialistes, L’Harmattan édit, Paris, 2012. ( premier volet d’une trilogie algérienne)

Le Mascaret. Journal de » Labyrinthe algérien « (juin 2012- janvier 2014.) 340 pages.

 8.     Collaboration à l’ouvrage de Gian-Luigi Alzona :Battistina e  Anita : due donne sfortunate sullo sfondo  dell’epopea garibaldina, paru le  16 mai 2013,  Paolo Sorba editore, La Maddalena, Sardaigne,  préface d’Anna Maria Del Grosso et d’Annita Garibaldi.

 

Battistina  Raveu, Niçoise, suivit Garibaldi à Caprera en décembre 1854 ; elle lui donna une fille, Anita,  née le 5 mai 1859. Anita mourut en 1875 à Caprera,  dans des conditions  obscures (ingestion de fruits de mer avariés ?)  Elle était éloignée depuis plusieurs années de sa mère  rentrée à Nice. Battistina Raveu meurt à Nice en 1907, totalement oubliée

Ce petit livre, dont on espère une traduction française, arrache à l’oubli « deux infortunées »  niçoises de l’épopée garibaldienne.

 Les deux volets suivants de la trilogie algérienne paraîtront en 2014 et 2015 :

 Labyrinthe  algérien, en  octobre 2014.

 Réponse aux Ennemis de l’orientalisme ( Algérie.) en 2015.

 Sur le Site Web www.mauricemauviel.eu Nombreux textes et documents oubliés ou rares  en langue italienne et française.

 

 

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 20:50

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Le 21 mai à Castelsarrasin, dans le cadre des conférences de l’ASPC, Geneviève Quiriny-Duckets nous a invités à suivre les traces de cette femme au parcours rocambolesque.

S’appuyant sur une riche documentation iconographique, elle a pu captiver le public nombreux à partir d’une histoire qui, de Castelsarrasin, où passa un temps Stéphanie, nous a conduit jusqu’au duché de Bade après avoir traversé la « cour » de Napoléon 1er et Joséphine… de Beauharnais.

Comment ne pas être fasciné par une des rares personnes qui a pu côtoyer de près les deux Napoléon ayant vécu de 1789 à 1860 ?

Si son histoire est rocambolesque cela tient aussi à l’histoire très mouvementée du XIXe siècle, Stéphanie nous permettant de lier la petite et la grande histoire comme le prouve la belle brochure réalisée pour y retrouver le contenu de cette conférence.

 Rocambole et mystère. La conférencière a pu avec humour nous faire toucher du doigt le mystère que représente cette femme qui a écrit des souvenirs qui s’interrompent brusquement au milieu d’une phrase !

Mais d’un fil à l’autre, de témoignages et documents on a pu arriver à l’acte de décès rédigé en italien car elle meurt à Nice où elle espérait se soigner en 1860.

 

Ci-dessous la couverture de la brochure toute en couleur de 14 euros pour 60 pages en format A4 disponible auprès de l’APSC. Vous pouvez nous la contacter, on fera suivre. JP Damaggio

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 11:50

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Dans son livre, Les orateurs de la Législative et de la Convention : l'éloquence parlementaire pendant la Révolution française, Louis Blanc donne ce portrait du Prussien étrange Anacharsis Cloots. En fait j'aurai aimé trouver le livre de George Avenel dont Marx avait conseillé la lecture mais ce portrait a quelque intérêt au sujet d'un homme assez  unique. Marx rappelle que le conflit Danton-Robespierre n'était pas surtout franco-français mais en lien avec les alliances possibles : Danton avait un œil du côté des Anglais et Robespierre du côté des Prussiens. Ce qui n'empêcha pas Robespierre de contribuer à la mort du Prussien Cloots. Voici le texte de Louis Blanc. JPD

 

"Les Hébertistes eurent souvent pour interprète, quoiqu'il ne se confinât dans aucun parti, le cosmopolite voltairien Anacharsis Cloots.

La vie de cet enthousiaste a déjà été contée avec esprit, avec trop d'esprit même, par un des plus érudits critiques de la Révolution[1]. M. Avenel a voulu mettre en scène Cloots et ses contemporains : tout son livre, outrant le lyrisme de Michelet, est une restitution politique des figures et des paroles, des attitudes et des propos, dans la rue, dans le club, dans l'Assemblée. Rien n'est admirable d'abord et rien n'est inquiétant ensuite comme ce mélange du possible et du réel, des citations littérales et des propos supposés, où la fantaisie devient à la longue une hallucination, un cauchemar. Et pourtant la science et la bonne foi de l'écrivain sont également solides : ses analyses des pamphlets et des discours de Cloots, exactes et complètes, donnent une idée juste, quoiqu'un peu embellie, de ce Prussien qui fut plus Français que les Parisiens, plus chauvin que les batailleurs de la Gironde.

Né à Clèves, riche, baron, il parla et pensa en français, avant de balbutier cette langue allemande qu'il dédaigna. Son idole fut Voltaire, qu'il connut à Paris en 1777, et dont il adopta avec enthousiasme le rationalisme militant. A vrai dire, il ne quitta Paris, de 1777 à 1789, que pour des voyages, et il s'était fait un nom dans les salons philosophiques, par sa verve sceptique, sa candeur allemande, ses belles manières et surtout par son livre voltairien, Certitude des preuves du Mahométisme (1780), où il réfutait l'apologie du christianisme de l'abbé Bergier. Plutôt pamphlétaire qu'orateur, il joua dans la Révolution un rôle bruyant, contesté, mais sincère et honorable, mettant sa fortune au service des idées nouvelles, s'intitulant tour à tour gallophile et orateur du genre humain[2] . Il professa d'abord, en philosophie, le déisme ; puis, avec Hébert, ce naturalisme dont la cérémonie païenne du 10 août 1793 et la fête de la Raison furent les plus éclatantes manifestations. En politique, il prêcha le cosmopolitisme, le rayonnement de l'idée parisienne, la république européenne, demandant que sa patrie devint un département français. Les desseins guerriers de la Gironde le rapprochèrent d'abord de Brissot et de Mme Roland : son culte pour Paris, qu'il adorait, l'entraîna dans le mouvement à la fois municipal et cosmopolite dont les hommes de la Commune furent les chefs et qu'interpréta le Père Duchesne.

Toujours rêvant, souriant, discutant, imprimant, il traversa la Terreur avec l'air d'extase d'un illuminé, aujourd'hui acclamé pour ses bons mots voltairiens, demain sifflé pour ses incohérences germaniques. Le meilleur de son talent est dans ses factums politiques, si sages et si fous : Anacharsis à Paris (1790), l'Orateur du genre humain (1791), la République universelle (1792), Ni Marat ni Roland (1793).

On n'a que des fragments des discours qu'il prononça dans sa fameuse querelle philosophique avec l'abbé Fauchet. Mais rien n'est plus connu que son adresse à la Constituante, au nom des députés du genre humain. Voulant rendre sensibles ses théories cosmopolites, il réunit, à la veille de la grande fédération, un certain nombre d'étrangers de tous les pays[3], proscrits ou voyageurs, qu'il mena, dans leurs costumes nationaux, devant l'Assemblée qu'il appelait le concile œcuménique du monde (19 juin 1790) : « A nous aussi, dit-il, il est venu une grande pensée, et osons-nous dire qu'elle fera le complément de la grande journée nationale? Un nombre d'étrangers de toutes les contrées de la terre demandent à se ranger au milieu du Champ-de-Mars, et le bonnet de la liberté, qu'ils élèveront avec transport, sera le gage de la délivrance prochaine de leurs malheureux concitoyens. Les triomphateurs de Rome se plaisaient à traîner les peuples vaincus, liés à leurs chars; et vous, messieurs, par le plus honorable des contrastes, vous verrez dans votre cortège des hommes libres dont la patrie est dans les fers, dont la patrie sera libre un jour par l'influence de votre courage inébranlable et de vos lois philosophiques. Nos vœux et nos hommages seront les liens qui nous attacheront à vos chars de triomphe. — Jamais ambassade ne fut plus sacrée. Nos lettres de créance ne sont pas tracées sur le parchemin ; mais notre mission est gravée en chiffres ineffaçables dans le cœur de tous les hommes ; et, grâce aux auteurs de la déclaration des droits, ces chiffres ne seront plus inintelligibles aux tyrans. » Cloots et son groupe d'étrangers obtinrent un succès d'enthousiasme ; ce n'est que plus tard qu'on tourna cette démarche en ridicule.

Admis au titre do citoyen français en même temps que Payne, Priestley, Schiller et autres écrivains d'étrangers, il prit une part plus active à la politique intérieure et poussa les Jacobins à sortir de la légalité contre la cour. Mais ses idées cosmopolites taisaient toujours le fond de son éloquence, comme dans le discours qu'il prononça a la barre de la Législative pour demander l'apothéose de Gutenberg: « La république universelle des Français fera des progrès plus rapides et plus heureux que l'église universelle des chrétiens. La catholicité d'un catholicisme éternel l'emportera sur la catholicité d'un principe sacerdotal. L'erreur prosterne tous les Musulmans vers la Mecque ; la vérité relèvera le front de tous les hommes fixant les yeux sur Paris... L'art de Gutenberg sera désormais notre principal véhicule. Ce grand art vous a faits, non pas les mandataires de 83 départements, ni de 6,000 cantons, mais les représentants de 26 millions d'individus; il vous fera un jour les représentants d'un milliard de frères. L'univers, casé en mille départements égaux, perdra le souvenir de ses anciennes dénominations et contestations nationales, pour conserver éternellement la paix fraternelle sous l'égide d'une loi qui, n'ayant plus à combattre des masses isolées et redoutables, ne montrera jamais la moindre résistance nulle part. L'univers formera un seul État, l'État des individus unis, l'empire immuable de la Grande-Germanie, la république universelle. »

 Ainsi rêvait Cloots : député de l'Oise à la Convention, il y parla peu, mais il présida le comité diplomatique, sans exercer d'ailleurs une grande influence sur la politique étrangère de la République. Son silence ne fut pas tout à fait volontaire : quand il voulait s'inscrire pour la parole, toutes les formalité du règlement se dressaient contre lui. Enfin, le 26 avril 1793, il put prononcer un immense et nuageux discours sur les bases constitutionnelles de la république du genre humain. On ne l'écouta pas. « Autour de l'orateur, dit M. Avenel d'après le Journal français, c'était un immense bourdonnement de sons articules: il y avait récréation. Bureau, droite, centre allaient, venaient pour leurs affaires, ou se promenaient pour leur digestion, ou se groupaient pour rire ou bavarder, sur le Jugement île Paris, par exemple, grand succès à l'Opéra. lies plaisantins seuls songeaient au philosophe », et lui lançaient des brocards. Méconnu à la Convention, il se lança de plus en plus dans le mouvement hébertiste, décidant Gobel à abdiquer, présidant les Jacobins à l'époque de la fête de la Raison, et, chose plus grave ! attaquant la personne même de Robespierre en termes nets et crus. Celui-ci le fit rayer du club (22 frimaire), non seulement comme étranger, mais comme conspirateur ; et, quelques jours après, il obtint de la Convention un décret qui, en excluant les étrangers, ôtait à Cloots son mandat de représentant du peuple. Arrêté dans la nuit du 7 au 8 nivôse, il fut condamné avec les hébertistes, sans avoir eu la liberté de se défendre, et montra devant la guillotine une sérénité philosophique. L'orateur du genre humain avait de la prestance et de la voix ; sa parole plaisait au peuple, quoique diffuse et souvent obscure. Mais il trouvait des mots, des accents, et par moment sa verve parisienne faisait oublier ses germanismes de pensée et de parole[4].



[1] Anacharsis Cloots, par Georges Avenel, Paris, 1865, 2 vol. in-8

[2] ) Il s'était baptisé, en 1790, du nom d'Anacharsis. Saint-Just lui en fit un crime, dans son discours du 23 ventôse an II, où il raille « ceux qui ont la modestie d'usurper les noms des grands hommes de l'antiquité. » « Cette affectation, dit-il, cache un sournois dont la conscience est vendue. Un honnête homme qui s'avance au milieu avec l'audace et l'air tranquille de la probité n'a qu'un nom comme il n'a qu'un cœur. »

[3] (1) M. Avenel a prouvé que ce n'était pas là, comme on l'a dit, une mascarade, mais une manifestation sérieuse de trait étrangers.

[4] Néologue audacieux, il hasarda le premier le mot nihiliste, dans son Opinion sur les spectacles (Avenel, il, 328). On pourrait aussi rattacher au parti d'Hébert deux hommes de valeur fort inégale: Léonard Bourdon et Fouché. Mais ce furent de médiocres orateurs.

 

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 14:24

 

Voici le texte d'une autre conférence qui date de 1989 :

La Révolution vue de l'étranger.

Je retiens ici un passage qui m'a surpris à la relecture.

"Au Club des jacobins de Paris en 1793, un débat a lieu, suite à la proposition d'édition d'un discours contre les Anglais. Un intervenant peu favorable au discours rappelle que Robespierre a demandé que toute décision soit d'abord étudiée en commission. Ce dernier réplique :

« Puisque la discussion est établie sur ce discours qui vient d'être prononcé, on peut à son égard s'écarter de la règle ordinaire ... il respire le patriotisme le plus pur ....»

Une autre personne fait une objection :

« Une phrase du discours porte ces mots : "Ce n'est que quand les Peuples ligués contre nous viendront à genoux nous demander la paix, que nous pourrons consentir à la leur accorder". Je demande que cette phrase disparaisse. A genoux, comme debout, nous n'accorderons la paix aux Peuples, que quand ils auront brisé leurs chaînes. Il n'est ni paix, ni trêve avec des Peuples corrompus et avilis...»

Sijas fait aussi quelques observations ... Il ajoute qu'un autre passage semble avilir le Peuple Anglais, et demande qu'il soit également supprimé.

Jean-Bon-Saint-André :

« J'appuie cette proposition. On veut faire une révolution en Angleterre et l'on dit que le Peuple est avili... Il est un effort qui remue l'âme, élève les hommes au dessus de l'esclavage, et se fait sentir dans tous les individus, sans s'éteindre entièrement dans aucune Nation. On disait aussi de nous que nous étions abâtardis. On a vu si les Français sont dignes de la liberté, s'ils ont su généralement la reconquérir ! Je partage encore l'opinion de Sijas sur le reproche qu'il fait à l'orateur de développer les moyens qu'emploiera le gouvernement pour opérer une descente en Angleterre. Il est probable qu'il le fera : mais il faut lui laisser toute attitude nécessaire. Ici, dit-on, se trouverait tel obstacle ; là la route est libre. Veut- on nous dire qu'il faudra nécessairement nous y prendre ainsi ? Veut-on avertir les Anglais que c'est là l'endroit qu'ils doivent défendre. On semble encore vouloir aliéner de nous le Peuple Anglais, ce ne fut jamais là votre intention. Vous avez voulu resserrer plus particulièrement les liens de la fraternité entre vous et lui. Montrons aux Anglais quelle est la honte dont ils se couvrent en obéissant à un roi imbécile. Faisons leur sentir combien il est humiliant et dur d'être soumis aux caprices d'un ministre insolent. Offrons à leurs yeux les douceurs de la fraternité qui nous unit, et les bienfaits de l'égalité ; demandez-leur s'ils ne sont pas jaloux de les partager et vous verrez qu'ils s'empresseront d'en goûter aussi les charmes. »

 

Legendre en profite pour surenchérir en déclarant :

« Nous devons nous borner à offrir des secours au Peuple Anglais. Nous sommes les aînés en révolution, nous devons aider nos cadets, soit de nos conseils, soit de nos forces. Nous n'eûmes besoin de personne pour l'opérer. La France a trouvé en elle-même les ressources et les moyens qui lui furent nécessaires pour l'opérer glorieusement. »

 

Alors Robespierre va intervenir longuement sur une autre longueur d'onde :

« On veut séparer le Peuple Anglais de son gouvernement. Je ne demande pas mieux, à condition qu'on distingue aussi le Peuple Anglais faisant la guerre à la liberté conjointement avec son gouvernement, du Peuple Anglais punissant ce même gouvernement de ces attentats contre la liberté. Qu'est ce que cette anglomanie, déguisée sous le masque de la philanthropie, si ce n'est la conservation de l'ancien brissotisme qui négligeait le bonheur et la tranquillité de son pays pour aller s'occuper de la liberté de la BELGIQUE (applaudissements). (...)

Je n'aime pas les Anglais, moi (applau.) parce que ce mot me rappelle l'idée d'un peuple insolent. Je n'aime pas les Anglais parce qu'ils ont osé occuper Toulon... Je n'aime pas les Anglais... Je déclare que j'augmenterai, autant qu'il sera en moi, la haine de mes compatriotes contre lui. J'avoue que c'est dans ma haine contre son gouvernement que j'ai puisé celle que je porte à ce Peuple; qu'il le détruise donc, qu'il le brise. Jusqu'alors je lui voue une haine implacable. Qu'il anéantisse son gouvernement ; peut-être pourrions-nous encore l'aimer. Nous verrons si un Peuple de marchands vaut un Peuple d’Agriculteurs ; nous verrons si quelques vaisseaux valent nos terres fertiles. Il est quelque chose de plus méprisable encore qu'un tyran ; ce sont  des esclaves. »

 

Jean-Bon-Saint-André va répliquer :

« Si j'avais quelque faiblesse de caractère à me reprocher, je remercierais celui qui m'en ferait apercevoir et je me rangerais à ce qu'exige de moi la confiance que le Peuple accorde à ses représentants. (…) »

 

Robespierre :

« J'aurais manqué à mon but si j'avais offensé dans mon opinion celui qui a travaillé avec nous à opérer le bien de la République. Je dois dire pour le bien de la chose que je ne connais qu'une différence d'expression entre l'opinion du préopinant et la mienne, à l'exception de quelques particularités. Ce que j'ai dit à trait à un incident et non à l'opinion de St André. Ce ne sont que des idées générales que j'ai voulu vous communiquer, pour animer de plus en plus votre haine contre les Anglais. S'il pouvait y avoir dans mes expressions quelque chose qui put aliéner les esprits, je serais le premier à l'éloigner de mon discours (applaudissements).

 

Jean-Bon Saint-André :

« Unis de sentiments et de principe nous avons combattus Robespierre et moi pour la liberté et nous combattrons ensemble; nous avons voué une haine éternelle aux tyrans et notre tête tombera ou ils seront exterminés. Les moyens se préparent : mon voyage à Brest nous présage de grands succès. Le Comité de Salut Public les prépare ; il ne manque plus que votre volonté et votre assistance (Oui, oui, s'écrient tous les membres). En poursuivant les Anglais nous ne ferons que punir leur gouvernement qui les fait agir. »

 

Alors la Révolution est-elle exportable ? En attendant, suite à ce discours, des mesures législatives furent prises. Tous les anglais habitant en France furent emprisonnés et ainsi à Montauban une paisible famille irlandaise, faisant une cure de soleil, se retrouva en prison malgré les demandes de dérogation des sans-culottes de la ville. Une des enfants de la famille a raconté plus tard sa captivité. J-P Damaggio

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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 17:55

Charles Louis de Saulces de Freycinet, né à Foix (Ariège) le 14 novembre 1828 et mort à Paris le 14 mai 1923, est un homme politique et ingénieur français. Il sera un grand serviteur de l'Etat. Centriste comme Léon de Maleville qu'il évoque, son témoignage ne nous apprend rien de spécial, mais on constate que comme beaucoup d'autres, sa vie ne sera plus, après le coup d'Etat, ce qu'elle était avant. Il sera conseiller général du Tarn et Garonne dès 1864 (la passion du politique le reprendra vite) sans le soutien du gouvernement.

Jean-Paul Damaggio

 

Souvenirs

"Louis-Napoléon était désormais maître de l'heure. Sous l'empire de réminiscences historiques, dit-on, il la fixa au 2 décembre suivant. Dans la nuit du 1er au 2, tous les ordres furent donnés et, le 2 au matin, Paris se réveilla dans le décor d'un coup d'État. Cet événement n'aurait pas dû me surprendre, car depuis de longs mois il me paraissait inévitable. Néanmoins il me plongea dans la stupeur. C'est qu'il y a loin d'une prévision en quelque sorte théorique à la réalité brutale et soudaine qui se dresse devant vous. J'habitais à cette époque rue des Beaux-Arts, avec mon ami Audoy. Le 2 décembre, au point du jour, le concierge fit irruption dans notre appartement, en s'écriant « Il y a eu un coup d'État cette nuit ! Les rues sont pleines de monde. » Nous nous habillâmes vivement et, sur le pas de la porte, nous rencontrâmes Lasserre, accouru de la rue de Seine pour avoir des nouvelles.

Nous nous dirigeâmes tous les trois vers la place du Louvre et la rue de Rivoli où, malgré l'heure matinale, la foule était déjà considérable. Nous nous approchâmes d'un groupe arrêté devant une affiche en gros caractères. On lisait :

« Au nom du peuple français, le Président de la République décrète

ART 1. L'Assemblée nationale est dissoute.

ART. 2. Le suffrage universel est rétabli. La loi du 31 mai est abrogée.

ART 3 Le peuple français est convoqué dans ses comices à partir du 14 décembre jusqu'au

31 décembre suivant.

ART 4. L'état de siège est décrété dans l'étendue de la 1ère division militaire.

ART 5. Le conseil d'État est dissous.

ART 6. Le ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait au palais de l'Élysée, le 1er décembre 1851.

« Louis-NAPOLEON BONAPARTE.

Le Ministre de l'Intérieur De Morny."

 

A côté de ce décret s'étalaient deux proclamations : l'une, qui rassurait les Français sur la famille, la propriété, la religion, le maintien de l'ordre ; l'autre, qui posait les bases de la Constitution que le suffrage universel aurait bientôt à sanctionner. Dès maintenant, il était appelé à dire par oui ou par non s'il approuvait la conduite du Président, qui, selon son expression, « était sorti de la légalité pour rentrer dans le droit ».

D'autres groupes se formaient un peu plus loin. Chez tous l'attitude était la même. Après avoir parcouru les affiches, les passants reprenaient leur chemin sans émettre de réflexions quelques-uns paraissaient contenir leur colère ; d'autres, plus nombreux, réprimaient un sourire. J'ai entendu des ouvriers murmurer entre eux « C'est bien fait ! » L'Assemblée avait lassé la patience du pays ; d'ailleurs, la forme du gouvernement n'étant pas mise en question, il ne semblait pas à beaucoup de gens qu'il y eût lieu de s'émouvoir.

Le coup d'État ne rencontra pas à Paris de résistance sérieuse. Sauf au boulevard Montmartre, où la répression fut sanglante et où les victimes appartenaient surtout à la bourgeoisie, la population se montra plutôt passive. Les ouvriers se tenaient à l'écart, comme s'ils éprouvaient une joie secrète à voir se retourner contre le parlement la violence dont celui-ci avait usé vis-à-vis d'eux trois ans et demi auparavant. Le souvenir des journées de Juin planait sur le Deux-Décembre. Aussi, lorsque de courageux représentants tels que Baudin firent appel à la foule, leur voix ne fut pas entendue. Le gouvernement, au surplus, avait pris ses mesures. Pendant la nuit, tous les points stratégiques furent occupés ; les membres importants de la Chambre, Thiers, Changarnier, Cavaignac, Bedeau, Lamoricière, Charras, les questeurs Baze et Le Flô, etc., arrêtés à leur domicile, furent conduits à Mazas. Dans les départements, en dépit de la tendance à recevoir de Paris les révolutions toutes faites, de nombreux soulèvements éclatèrent ; mais leur défaut d'ensemble les rendit peu dangereux et l'autorité sévit avec la dernière rigueur. (Lire sur ce sujet le livre vibrant et documenté d'Eugène Ténot.) Dans ses comices, le peuple français, par près de sept millions et demi de suffrages contre moins de sept cent mille, ratifia la conduite du Prince. A la même majorité, les 20 et 21 janvier 1852, il accepta la Constitution qui lui était soumise. Virtuellement, selon la prophétie de M. Thiers, "l'Empire était fait". Le sénatus-consulte qui le proclama dix mois plus tard ne fut, dans l'opinion de tous, qu'une formalité.

Depuis, on a discuté la part effective que Louis- Napoléon prit au coup d'État. Les uns, pour atténuer sa responsabilité, les autres pour le rabaisser dans l'histoire, ont prétendu qu'au dernier moment il hésita, que livré à lui-même il aurait reculé devant la violation de ses serments et les périls d'un attentat. On le dépeint même comme affaissé dans un fauteuil et presque insensible à ce qui se passait autour de lui ; de Morny et de Persigny auraient tout machiné. J'ignore sur quels documents on s'appuie pour justifier une telle version, qui est en opposition avec toute la conduite du Prince. Comment concilier une pareille défaillance avec le calcul, la ténacité, le sang-froid qui ont dicté ses actes depuis le lendemain de la révolution de février ? J'ai entre les mains un document qui certes ne montre pas Louis-Napoléon désemparé dans la soirée du 1er décembre. C'est un billet de quelques lignes, mais combien éloquent Il est adressé au ministre du Commerce et de l'Agriculture, Lefebvre Duruflé. En voici le texte

Elysée le 1er  décembre 1851.

« Mon cher Monsieur Lefebvre Durutlé,

Je n'ai pas le temps de vous expliquer pourquoi je ne vous ai pas mis dans ma confidence et pourquoi je vous remplace momentanément[1]. Mais croyez que je vous conserverai toujours les mêmes sentiments de haute estime et d'amitié.

« LOUIS NAPOLEON.

« Demain l'Assemblée sera dissoute. »

 

L'enveloppe de la lettre portait ces mots :

A lui seul.

Monsieur

Monsieur Lefebvre Duruflé

Ministre du Commerce

Le président de la République.

PRESSÉE[2]

 

Le tout, billet et adresse, est de la main du Prince. L'écriture est ferme, régulière, sans aucune trace d'hésitation. Peut-on supposer que l'homme qui envoyait de telles missives, à pareille heure, n'était pas absolument maitre de lui-même ? Non, il n'y a pas de doute. Louis-Napoléon fut bien, jusqu'à la dernière minute, le cerveau qui conçoit et la volonté qui dirige. La responsabilité du coup d'État lui appartient tout entière.

Les mots mis en italique ici sont soulignés dans l'original.

 

Ce dénouement tragique changea totalement le cours de mes idées. Autant jusque-là je m'étais attaché à la politique, autant je m'en éloignai, pour fuir les pénibles souvenirs qu'elle me laissait. Je résolus de m'absorber dans ma profession d'ingénieur, que j'allais avoir l'occasion d'exercer. Mes études à l'Ecole des Mines prenaient fin et, à l'automne de 1852, je fus nommé au poste de Mont-de-Marsan. Je ne mentionnerais pas ce détail de ma carrière, s'il ne m'avait mis en contact avec trois personnalités qui venaient de remplir des postes importants et dont les noms m'étaient familiers.

Une étude géologique sur le bassin de l'Adour, entreprise de concert avec M. Crouzet, ingénieur des Ponts et Chaussées à Dax[3], me fit connaître l'un des principaux propriétaires riverains, M. Duval, dont les terrains offraient des indications intéressantes. Il me proposa de passer quelques jours chez lui, pour faciliter mes explorations. Je croyais m'y trouver seul ; j'y rencontrai M. Léon de Maleville, son gendre, ancien ministre de l'Intérieur de Louis-Napoléon, M. Léon Faucher, son collègue et son successeur, et enfin M. Duclerc, sous-secrétaire d'État de M. Garnier-Pagès, puis ministre des Finances sous la Commission exécutive.

Il est difficile d'imaginer trois types plus dissemblables. M. de Maleville, grand et puissant, haut en couleur, d'humeur joyeuse, fécond en anecdotes qu'il racontait avec beaucoup d'esprit et, sous ces dehors expansifs, très fin, très maître de lui, très observateur; M. Faucher, sec et maigre, plutôt débile, toujours froid et correct, ne s'abandonnant jamais et d'une tenue parfaite; M. Duclerc, très correct aussi, fort sérieux, mais, dans l'intimité, gai et piquant, d'une rare sûreté de jugement et d'une fidélité politique à toute épreuve. Je causais souvent avec ce dernier; nos souvenirs de 1848 nous rapprochaient. Il me confia ses projets et me donna quelques conseils. Nous nous quittâmes bons amis et nous eûmes plaisir à nous retrouver au Sénat, après la guerre de 1870. Il me succéda à la présidence du Conseil, en 1882.

M. de Maleville, que j'avais vu une fois à Montauban, dont il était le député, me mit promptement à l'aise par sa rondeur. Cependant je n'eus pas avec lui les mêmes épanchements qu'avec M. Duclerc, la différence d'âge était trop grande. J'essayai de le faire parler sur sa sortie du ministère, qui avait eu du retentissement[4]: il s'était séparé du Président, croyait-on, pour ne pas lui livrer certains papiers d'État, relatifs à l'échauffourée de Boulogne. Il éluda la conversation, mais à quelques traits acérés je reconnus que sa courte collaboration avec le Prince n'avait pas dû être très cordiale. "

                                               Charles de Freycinet



[1]Le caractère de M. Lefebvre Durutlé le rendait en effet peu propre à figurer dans une conspiration.

[2]Les mots mis en italique ici sont soulignés dans l'original.

[3]Cette Étude a été publiée dans les Annales des Mines, en 18M.

[4]François Jean Léon de Maleville dit Léon de Maleville, né à Montauban le 8 mai 1803, mort à Montauban le 28 mars 1879, homme politique français. Sous-secrétaire d'État à l'intérieur du 2 mars 1840 au 9 octobre 1840 dans le Gouvernement Adolphe Thiers. Ministre de l'Intérieur du 20 décembre 1848 au 29 décembre 1848 dans le Gouvernement Odilon Barrot. Député du Tarn-et-Garonne de 1834 à 1848, et de 1871 à 1875. Député de la Seine de 1849 à 1851. Sénateur inamovible de 1875 à 1879

 

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 16:19

 

Etats Généraux Castelsarrasin 25 janvier 1789

  

Aux archives départementales du Tarn-et-Garonne il existe le fichier 3 J 65 qui est une copie manuscrite du procès-verbal de l’assemblée des trois ordres à Castelsarrasin.

 PROCES-VERBAL des assemblées des trois ordres de la Juridiction de Castel-Sarrasin, diocèse Bas-Montauban

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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 17:44

D’abord quelques paradoxes :

Les promoteurs du droit de vote, en fixant les règles, ont détruit (et détruisent encore) certains mérites du droit de vote, plus que les adversaires du droit de vote !

Le pays où on vote le plus (en nombre d’élections) est celui où on vote le moins (en nombre d’électeurs) ! Je veux parler des USA.

Le pouvoir est dans les urnes ou dans la rue ? Autre débat éternel !

 Quand on lit les livres d’histoire il apparaît presque naturel qu’en 1790 les femmes aient été dispensées du fardeau de voter. D’autant qu’il fallait payer un impôt équivalent à trois jours de travail. Or les femmes payaient-elles des impôts ?

 C’est en étudiant la question des municipales de 1790 que mon sang n’a fait qu’un tour : pour voter on ne pouvait les inscrire sur la liste électorale mais pour payer des impôts, elles sont en grand nombre sur la liste de la contribution patriotique !!!

 Voyons les données qui concernent seulement la moitié de la ville, le quartier Saint-Sauveur.

La liste électorale des hommes ayant plus de 25 ans et apte au vote rassemble 374 personnes.

Pour le même quartier nous trouvons 1014 noms pour payer des impôts. Mais parmi ces 1014 il y a 250 femmes !

 Comme on est invité à payer des impôts avant 25 ans et que la contribution patriotique peut être inférieure à trois jours de travail on s'explique ainsi la différence entre les 374 votants et les 764 imposés.

 Mais les femmes ?

Bêtement je pensais que les femmes n’avaient pas accès au porte-monnaie sauf…

Sauf évident les nombreuses femmes qui pour une raison ou pour une autre n’ont pas de mari. La liste des veuves est impressionnante….

Tout comme la liste de demoiselles…

 Nous connaissons sur la planète les « exemptés » du droit de vote : les femmes, les Noirs aux USA, les colonisés. J’ai eu l’occasion de me battre pour le droit de vote à 18 ans. Et ce fut le succès en 1976. J’ai eu l’occasion de me battre pour le droit de vote des immigrés. Et c’est toujours pour demain.

 Mais pourquoi revendiquer ce droit quand, à présent, des millions de personnes se refusent à en faire l’usage ? Et je ne suis pas convaincu qu’il serve à quelque chose de rappeler que ce droit ayant été difficilement acquis il faut s’en servir.

 En fait, il s’agirait d’abord de rappeler que ce n’est pas le droit de vote qui donne du pouvoir mais que c’est le pouvoir possible, qui incite à voter, or depuis 1790, pour la France, on est encore loin du compte, à partir du moment où les promoteurs du droit de vote ont privilégié le droit abstrait au droit concret.

 Je prends un exemple : quel jour on vote ? Aux USA le vote c’est toujours un mardi et en France toujours un dimanche. Pourquoi un dimanche ? Parce qu’en 1790 le dimanche, messe obligatoire oblige, la foule était rassemblée et le vote se faisait donc dans les églises. Je ne sais si aux USA le vote a toujours été un mardi mais le week-end étant devenu sacré, le vote a été renvoyé au mardi, signe que le week-end est plus important que le vote qui est ainsi dévalorisé. Pour le dire autrement : d’une main le droit de vote a été octroyé et de l’autre les conditions de son exercice ont été piégées ! Par rapport aux femmes, je n’hésite pas penser cependant que leur exclusion du vote a pu donner à certains hommes l’idée que le vote était une grand affaire sérieuse…

Je crois que la bataille pour des conditions toujours meilleures pour exercer le droit de vote ne fait que commencer...

Jean-Paul Damaggio

 

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