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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 21:46

Renaud Jean

http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2013/11/28/28538364.html

En cliquant sur le lien ci-dessus vous pouvez accéder au livre.

Le livre corrigé, grâce à Michel Veyres que je remercie énormément.

Le livre écrit au jour le jour à deux mains Renaud Jean et moi-même.

Pour moi Renaud Jean est une légende.

Depuis l'écriture de ce livre en 1994, j'ai beaucoup appris sur la vie et ce personnage.

C'est avec émotion que je viens de le relire. JP Damaggio

 



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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 14:32

Généralement les difficultés sont chez moi une chance. Celles récentes avec mon blog m’ont incité à créer un autre blog spécialisé sur Renaud Jean. Par avance je sais qu’il s’agit là d’un acte qui ne soulèvera pas l’enthousiasme des internautes car Renaud Jean comme Cladel et d’autres personnages que je défends appartiennent plus au néant qu’à la lumière. Si mon blog portait sur François Hollande, amis et ennemis se précipiteraient davantage pour en lire le contenu. Je le précise, je suis bien placé pour savoir que Renaud Jean c’est un boulet que je me suis attaché aux pieds ! Depuis le début des années 1990 j’ai constaté quelques progrès avec surtout la naissance de l’association Les Amis de Renaud Jean. Malgré les efforts de son président cette association avait un blog qui n’existe plus aujourd’hui par le manque d’enthousiasme suscité ! Mais je ne vais pas pour autant me laisser impressionner.

 Pourquoi Renaud Jean n’a-t-il pas la notoriété de Jaurès ?

Il n’a pas eu la chance de mourir assassiné ?

Premier point : c’est un paysan et en France les paysans sont bien vus quand ils restent dans les champs.

Deuxième point : il était communiste ce qui, pour un paysan ordinaire, est une tare à garder secrète. Non que, contrairement à de tristes lieux communs les paysans ne soient pas d’authentiques membres de ce qu’on appelle le peuple de gauche, mais la gauche digne de ce nom, dans l’ordre du monde, est citadine.

Troisième point : ce paysan communiste a prétendu changer la façon de penser en France. Là, vous en conviendrez c’est trop, beaucoup trop !

 Or il avait un point pour lui : il était du Sud-Ouest comme une grande partie de la classe politique de ce pays de Jaurès à Blum en passant par Chirac, Falguières, Gambetta et j’en passe. La France radicale, radicale-socialiste, socialiste doit beaucoup au Sud-Ouest. Mais à condition qu’il ne s’agisse pas d’un paysan aux ambitions trop audacieuses.

 Audacieux le Renaud Jean ? Au sein du parti communiste il se fit le champion, toute sa vie, de la lutte sur les deux fronts : le sectarisme et l’opportunisme. Tous les partis politiques ont leur frange sectaire ou opportuniste mais, originalité du PCF, l’opportuniste y est souvent le plus sectaire et inversement. J’ai bien connu cette catégorie de militants qui invariablement se sont hissés aux postes dirigeants. Comme ils étaient sectaires en interne, ils pouvaient s’offrir le luxe d’être opportunistes dans les discussions avec les socialistes car leur sectarisme était comme une protection de pureté. Inversement, opportunistes en interne pour gravir les marches du podium (les premiers à passer du cirage sur les chaussures des chefs) ils se montraient sectaires face aux alliés pour se donner une pureté qu’ils craignaient de perdre en se vendant au dirigeant le plus offrant ! Bref, Renaud Jean a vu vivre dans les cercles du pouvoir communiste cet assassinat permanent de la sincérité dont il était le porteur. Pour lui, le combat politique s’appuyait d’abord sur une connaissance sans faille de la réalité, sur la capacité de chacun à se faire sa propre idée, et à la défendre ; enfin il s’agissait collectivement de se mettre d’accord pour que la discipline de parti, ou la fidélité à ses idéaux ne soit pas une trahison de soi-même. Il avait pour lui que sa stratégie lui apportait le soutien populaire sans lequel il aurait été effacé de l'histoire avant même de naître !

 Voilà comment Renaud Jean est devenu un orateur, un écrivain, un savant et un militant. A l’exposition le concernant aux Archives départementales du Lot et Garonne un extrait de fiche des renseignements généraux en fait un maire en 1925 car dans la logique politique ordinaire ce tremplin ne pouvait lui manquer. En fait il est devenu maire seulement en 1935 pour des raisons sentimentales ! Car chez ce député sentiment et raison faisaient bon ménage.

 « Changer la pensée française » ça veut dire quoi ? Il existerait une pensée française ? Marx est devenu Marx en s’appuyant sur le sens économique des Anglo-saxon, sur le sens politique des Français et sur le sens philosophique des Allemands étant lui-même un des philosophes en question. De par son histoire la France a un rapport particulier au politique ce qui ne signifie pas que ce rapport ait une seule forme ! De par son histoire la France a un rapport particulier à l’agriculture qui a tellement persisté qu’aujourd’hui encore cette activité joue un rôle même si elle a fortement diminué depuis 1945. Etc…

Toute nation n’est pas un moule fermé sur lui-même, ni une identité arrêtée, mais le mouvement qui est le sien, n’empêche pas les dominantes, les constances. Renaud Jean, par sa vie, bouscule les rapports entre base et sommet, entre l’élu et le militant, entre réforme et révolution, entre raisonnement et sentiment, entre la langue du peuple et la langue de tous, entre l’effort pour convaincre et l’effort pour se convaincre…

Il met des tonnes de désordre dans l’ordre établi car le désordre politique voulu par le communisme n’est qu’une face du monde. Je pense qu’il est le seul communiste au monde à avoir reçu les félicitations d’un journal anarchiste pour un discours sur la tombe d’un de ses amis anarchistes alors que lui était député du PCF ! Et, à la fin de sa vie, il a donné sa maison à sa commune, sa belle sœur en conservant l’usufruit ! C’est vrai il n’a pas eu d’enfants mais il avait des neveux…

Bref, ce blog dont environ 150 pages sont consultées tous les jours en moyenne ne perdra pas beaucoup de visiteurs en n’ayant plus rien sur Renaud Jean, mais le nouveau blog permettra de mieux consulter le sujet pour les rares que ça intéresse.

Le principe du blog permet d'installer des fichiers jusqu'à 1 méga donc il y a aussi des livres gratuits. JP Damaggio.

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 20:53

C'est le quotidien socialiste qui, ici, donne la parole à Renaud Jean qui ne cesse pourtant de critiquer le PS ! Mais comme il s'agit d'une critique du PCF ! Le député y rappelle la ligne permanente de sa vie, étudier d'abord concrètement la situation concrète : " Quant à pouvoir connaître les grandes lignes de l'organisation économique du régime nouveau, le parti ne s'en préoccupe pas." Pour le reste, on le retrouve tel qu'il sera : opposé à la fois au sectarisme et à l'opportunisme ! JPD

 

Le Populaire 9 octobre 1922

 

NOS MOSCOVITES PEINTS PAR EUX-MÊMES

C'est-à-dire par le député Renaud Jean

"Les dirigeants du parti communiste, qui avaient pour mission d'organiser et de diriger l'éducation des masses, se heurtent en de stériles discussions théoriques, que peuvent suivre seulement quelques intellectuels. Sans programme positif, se livrant uniquement, dans tous les domaines, à une propagande de critique et parfois de démagogie, le parti communiste ne donne pas aux hésitants l'impression de savoir où il va. Une fraction du parti, sans d'ailleurs l'avouer publiquement, revient par la réforme, à l'électoralisme d'autrefois. Les dernières élections cantonales en fournirent de trop nombreux exemples. L'autre fraction, par la plate-forme et le front unique, prétend entraîner les masses à l'action révolutionnaire. Mais elle se soucie aussi peu que la première des lendemains de la prise du pouvoir. La Droite cherche des électeurs. La Gauche prépare des soldats. Quant à pouvoir connaître les grandes lignes de l'organisation économique du régime nouveau, le parti ne s'en préoccupe pas. Il ne recherche que la conquête du pouvoir. Dans le parti communiste, il n'y a que des appétits déchaînés, des groupements rivaux, des polémiques acerbes, des menaces d'exclusion. Sacrifiant l'intérêt réel du parti à des intérêts locaux et subalternes, et violant ainsi les décisions du Congrès de Marseille, le Comité directeur n'a pas mis debout les interfédérations destinées à développer la propagande en province, alors qu'il prélevait les cotisations augmentées dans ce but. Par contre, il maintenait l'Internationale, bien que ce journal eût épuisé les crédits alloués pour l'année entière. Pour conserver un journal du soir à Paris, il dépensait en six mois les sommes nécessaires ou fonctionnement pendant un an des interfédérations que le parti lui avait donné le mandat de créer. Cet abus de pouvoir a tari le recrutement en province, sans empêcher la dégringolade de la Fédération de la Seine. Le parti communiste n'apparaît pas aux hésitants comme supérieur à l'organisation capita- liste dont il dénonce les vices et qu'il veut renverser."

 

Qui a écrit ça ? Un des plus fameux hurleurs du parti communiste, nous voulons dire un de ceux qui hurlent le plus contre nous, socialistes, le tovaritch Renaud Jean, député du Lot-et-Garonne. Il a écrit ça dans une motion que sa fédération présente au congrès du 15-18 octobre. Et vous vous direz sans doute qu'en tapant si juste et si fort, Renaud Jean libère sa conscience ?... Voire !

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 14:01

Cet article n'est pas sans rapport avec la révolte bretonne même si les contextes sont RADICALEMENT différents.

 En 1935 la CGT et la CGTU s’unirent mais pas le syndicat paysan CGPT, dirigé par Renaud Jean, et le syndicat dirigé par les socialistes, la Confédération Nationale des paysans. Pourquoi, vu que plus unitaire que Renaud Jean on ne trouvait pas au PCF ? En 1935 le député du Lot et Garonne participait à des réunions publiques communes avec le PS sans pouvoir faire avancer l’unité syndicale des paysans, car le PS l’accusait de vouloir s’allier avec… le fascisme paysan !

En effet, Renaud Jean défendait l’idée que l’union syndicale paysanne devait s’adresser aussi à Parti agraire. Il fit valider cette stratégie par le Congrès du PCF de Villeurbanne en 1936. Lui, l’antifasciste résolu voulait donc s’allier sur le plan paysan avec un parti en effet dirigé par des fascistes notoires ? J’étais intervenu au colloque de Marmande sur ce point, en apportant quelques éclaircissements que je complète aujourd’hui en découvrant sur le quotidien du Parti socialiste, Le Populaire l’argumentation de ce parti.

 Voici l’argumentation de Renaud Jean au 11 août 1935. Elle n’inclut pas la disposition pratique, s’adresser au Parti paysan ou Parti agraire, mais celle-ci est implicite : à partir du moment où il considère que ce Parti est hésitant s’adresser à lui, c'est pouvoir attirer la partie la plus républicaine des paysans, contre la direction de ce parti.

« L'organisation de l’anti fascisme à la campagne

Nous devons donc, sans perdre une minute, profiter du délai que nous procure l'inintelligence des commanditaires, des fascistes français pour organiser solidement l'anti fascisme à la campagne. J'étais chargé récemment, par la Confédération Générale des paysans travailleurs et par notre Parti communiste, de dire au rassemblement national antifasciste du 14 juillet la nécessité de constituer, dans le délai le plus bref, un Front paysan populaire anti fasciste. Mais comment constituer ce front ? Et autour de qui ce front se constituera-t-il ?

La Confédération générale des paysans travailleurs n’est pas capable de grouper autour d’elle la masse des paysans. Il est probable que si les crises qu’elle a subies depuis sa création en 1929 lui avaient été épargnées elle serait devenue une véritable organisation de masse. Aujourd’hui, il est trop tard. Depuis 1929, je l’ai indiquée, elle marque le pas. L'action qu'elle a menée et que j'ai résumée n'a en rien augmenté ses effectifs. Toute l'agitation menée par elle en février et en mars dernier dans la Gironde, le meeting de Sainte-Foy la Grande, qui groupa cependant 7.000 ou 8.000 manifestants, ne lui ont pas valu 50 adhérents. Le paysan approuve les mots d'ordre de la C.G.P.T., mais il n'y adhère pas, parce qu'il la considère comme une organisation communiste. Et rien ne nous permet d'espérer que cette situation puisse rapidement se modifier. Un nouveau congrès convoqué par la Confédération Générale des paysans travailleurs ne donnerait pas des résultats sensiblement supérieurs à ceux du congrès de mai 1934.

Plus jeune que la Confédération des paysans travailleurs, la Confédération Nationale des paysans, influencée par les socialistes, est dans une situation encore pire. Ses dirigeants n'ont en effet, aucune notion de l'action de masse. Ils n'ont même pas songé, comme la C.G.P.T. l'a fait, à s'opposer aux saisies et aux ventes. Ils n'ont rien fait pour mobiliser les paysans contre le brigandage du blé, Ils paraissent actuellement ignorer la gravité de la crise viticole, qui peut demain soulever dans le Midi des centaines de mille de vignerons. Ils n'ont qu'un souci : celui de diffuser le plan de rénovation agricole conçu par l'un d'entre eux. Et lorsque, fin 1934, la C.G:P.T. a engagé des pourparlers avec eux en vue de l'organisation en commun de l'action revendicative que les circonstances exigent, c'est de leur plan que les dirigeants de la C.N.P. nous ont parlé.

Quant aux organisations paysannes régionales, départementales ou locales, influencées par telle ou telle formation politique antifasciste ou par tel ou tel membre de ces formations politiques, il s'agit avant tout d'organisations à base commerciale. Ceux qui les dirigent ou les influencent n'en escomptent que quelques avantages d'ordre électoral.

Au total, à quelques exceptions près, même dans les départements où les paysans votent en majorité contre la réaction, il nous est impossible, dans les conditions actuelles, de mobiliser les masses paysannes pour l'action antifasciste.

Et cependant, nous devons tout tenter pour rendre cette mobilisation possible et prochaine. Nous y parviendrons si nous obtenons de tous ceux qui, parmi les antifascistes, organisations ou personnalités, ont de l’influence sur les paysans, qu'ils en prennent avec nous l'initiative.

La Confédération Générale des paysans travailleurs est prête à s'associer à tout rassemblement des masses paysannes contre le fascisme. Par ailleurs, les communistes dirigent un assez grand nombre d'organisations paysannes non adhérentes à la C.G.P.T. ou participent à leur direction. J'ai déjà dit que la C.N.P. est dirigée par des hommes appartenant ou ayant appartenu il y a peu de temps au Parti socialiste. D’autre part, plus encore que nos camarades communistes, les socialistes dirigent des organisations paysannes. Le camarade Thorez vous a dit quelle est l’étendue actuelle du front populaire anti fasciste. En dehors du parti communiste et du parti socialiste, il englobe non seulement les trois partis socialistes de France, Républicain socialiste et Socialiste français mais aussi une grande fraction du parti radical. De nombreux parlementaires radicaux ont participé aux rassemblements du 14 juillet, soit en province, soit à Paris. Or, le Parti radical reste le grand parti des paysans de France. En dehors de ces organisations ou fractions d'organisations, d'autres groupements plus faibles, bien que n'adhérant pas officiellement au Front populaire, exerçant dans les milieux paysans une influence dont nous devons tenir compte, peuvent aussi être conduits à se rallier au mouvement antifasciste.

Le total des paysans influencés par ces groupements n'est certainement pas inférieur à deux millions, peut-être même atteint-il trois millions. Si nous savons rapidement les rassembler, le fascisme ne passera pas à la campagne. Il ne s'agit pas de couper en deux le Front populaire, d'un côté les ouvriers, de l'autre les paysans mais de fournir au Front populaire actuellement constitué et qui reste presque exclusivement ouvrier et citadin la possibilité de s'étendre rapidement à la campagne. Pour obtenir ce résultat, notre Parti a lancé l'idée d'un congrès paysan national. Il a soumis cette idée aux représentants des partis ou fractions de partis adhérents au Front populaire. Aucune objection n'a été formulée par ceux à qui nous nous sommes adressés. Mais, jusqu'à ce jour, nous ne pouvons enregistrer aucun commencement de réalisation.

Le congrès paysan national grouperait les représentants des organisations paysannes déjà constituées, les représentants des paysans non organisés, les parlementaires antifascistes des arrondissements paysans, en un mot tous les antifascistes qui, à un titre quelconque, sont qualifiés pour parler au nom des paysans.

Le congrès paysan national aurait le double but:

1° Adopter un programme revendicatif qui deviendrait le programme paysan du Front populaire — aussi bien son programme d'agitation et de propagande qu'éventuellement son programme de gouvernement. Dans la discussion de ce programme les communistes défendraient les revendications de la conférence générale des travailleurs : réduction des baux à ferme; révision de la législation sur le métayage; interdiction des saisies et des ventes; crédits et allocations de crise. Mais ils ajouteraient, à propos de certains problèmes d'importance capitale et susceptibles de déterminer l'attitude des paysans à l'égard du fascisme et de l’antifascisme, comme les problèmes du blé et du vin, les formules positives tendant à l'organisation du marché en faveur des paysans travailleurs monopole d'Etat du commerce des blés, réglementation de la production du vin. Toutes les limitations et les restrictions supposées de ces mesures frappant les capitalistes de la terre. Une pareille plate-forme de revendications serait de nature de rallier au Front populaire non seulement les paysans influencés par les partis politiques antifascistes, mais même de nombreux paysans actuellement classés à droite. Le gouvernement du Front populaire qui entreprendrait la réalisation immédiate de ce programme pourrait compter sur l’appui des masses paysannes contre toutes les offensives du fascisme. Naturellement, les communistes participeraient à la discussion du programme avec l’esprit de conciliation et la volonté de réussir qu’ils ont manifestés dans la préparation du rassemblement du 14 juillet.

2° Des constituer à la tête l’organisme et de préparer à tous les degrés la constitution des organismes adhérents au Front populaire chargés de diriger la campagne de propagande et d'agitation en faveur de ce programme, d'assurer la coordination des efforts des organisations paysannes déjà existantes, de préparer le rassemblement de masses des paysans aussi bien pour l'action en faveur de leurs revendications que pour la lutte antifasciste.

La dispersion actuelle des personnes qualifiées pour provoquer la création de l'organisme qui convoquera le congrès fixera sans doute le renvoi au mois d'octobre des travaux préparatoires. Ce retard est d'autant plus fâcheux que les, événements risquent d'aller vite. Cependant, si en octobre, nous obtenons l'adhésion des personnalités sur lesquelles la composition du Front populaire nous permet de compter, si, comme elles l'ont fait pour le rassemblement du 14 juillet, ces personnalités utilisent, en faveur du congrès, les journaux dont elles disposent, comme nous utiliserons la presse communiste et l’organe de la Confédération Générale des paysans travailleurs, si elles obtiennent que les partis et les organisations auxquels elles appartiennent mettent au service de la préparation du congrès leur influence parmi les paysans, bientôt dans les campagnes de France, se dressera un barrage contre lequel viendront se briser toutes les espérances et tous les assauts du fascisme. Renaud Jean »

 

Au cours de mon intervention à Marmande je donnais des extraits du discours de Villeurbanne où Renaud Jean déclare : « Le devoir des communistes, n’est pas, dans tous les cas, dans toutes les circonstances, d’adhérer à la CGPT. Essayez de créer un syndicat adhérant à la CGPT dans une localité où les paysans sont déjà organisés, ce serait la division, mère de la faiblesse. (…) L’essentiel, le devoir principal n’est pas d’être à la CGPT c’est d’être là où se trouve la masse… »[1]

 Si Renaud Jean s’est fait bastonner à Yvetot par le fascisme, c’est qu’il fallait aller à la rencontre, non de personnes convaincus, mais à convaincre, car il avait l’optimisme de pouvoir les convaincre. Sa main tendue au Parti agraire n’est en rien un pacte avec le fascisme mais la volonté d’analyser la situation concrète (souvent la masse est au Parti agraire), d’en tirer les leçons et d’en déduire l’action à conduire c’est-à-dire mettre ce Parti dans l’obligation de choisir clairement pour y accroître les tensions internes.

 

L'argumentaire des socialistes : Le Populaire 12 septembre 1935

"Le Parti communiste, par la plume de ses représentants qualifiés Cachin et Duclos, et aussi par le truchement de la Confédération générale des paysans travailleurs, dont l'un des secrétaires n'est autre que Renaud Jean, député communiste, propose d'étendre l'unité d'action au Parti agraire. Un accord est intervenu dans l'Aube pour « une action commune » entre la Fédération du Parti agraire et les groupements départementaux de la. C. G. P. T.

Dans une réunion tenue à Troyes, il a-été décidé d'adresser un manifeste « à tous les paysans, sans distinction d'opinion ». Des pourparlers ont également eu lieu dans les Alpes-Maritimes et dans l'Yonne. Par ailleurs, l'Humanité a semblé se réjouir que, dans le Lot, l'Union de défense paysanne ait été « constituée en dehors de toute politique, avec aussi bien les amis de Dorgères que les paysans radicaux, socialistes ou communistes ». Ce n'est pas tout. Le Parti agraire a décidé d'organiser des manifestations dans toute la France, à la date du 21-septembre. La Confédération Générale des travailleurs paysans propose à M. Fleurant Agricola, président du Parti vert, « de collaborer loyalement avec le Parti agraire et ses fédérations en vue d'assurer le succès de la journée du 21 septembre ». Le Parti communiste espère ainsi "plumer" la volaille agraire. Il veut aussi, de très bonne foi, je n'en doute pas, empêcher les paysans de rejoindre les formations fascistes qui exploitent leur misère. Pour nous, socialistes, ce n'est pas en tendant la main, mais au contraire en «montrant le poing » (voilà du bon Cachin de derrière les fagots) aux ennemis des paysans, par conséquent en faisant notre propagande socialiste, dans le cadre du mouvement prolétarien, que nous amènerons les paysans dans la voie qui les conduira à leur affranchissement total. Tous nos militants connaissent de réputation le Parti agraire. Il compte à sa tête des hommes qui n'ont jamais tenu les mancherons de la charrue. L'un est un ancien journaliste, M.- Fleurant Agricola. Son secrétaire général, M. Casanova, et M. Noilhan, rédacteur de la Voix de la Terre, avocats tous les deux, n'ont jamais dû cultiver que des chicanes. Constitué pour détourner les paysans du socialisme, le Parti agraire ne veut ni plus ni moins, que l'organisation dirigée par Dorgères, avec laquelle, en la personne de son vice- président, M. Mathé, il fraternisait à Rouen, il y a quelques jours à peine.

Or, Dorgères c'est la grande banque, c'est le Comité des Forges, ce sont les grandes sociétés d'engrais, ce sont aussi les hobereaux et les faillis de la rue d'Athènes, de si fâcheuse réputation. Peut-être trouverait-on les mêmes organisation et les mêmes gens si l'on grattait le vernis du Parti agraire. Je n'insiste pas. Max Dormoy"

 

A chacun de confronter les deux arguementations. Jean-Paul Damaggio

 



[1]Renaud Jean La voix rouge des paysans, actes du colloque, p.243

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 18:33

livre-renaud-jean.jpg

 

Sous le titre Renaud jean, Un  homme, un engagement, une terre, le Conseil général du Lot et Garonne a mis à la disposition du public de la Conférence de Serge Wolikow, un outil de référence rédigé par Isabelle Brunet et Pascal De Toffilo.

Outil de référence qui recoupe l’exposition en cours mais qui va plus loin car il donne toutes les indications pour accéder aux multiples documents.

Chaque Archives départementales a des données classiques (administratives) mais aussi des dépôts privés d’une richesse unique dans la série J, celle que j’affectionne le plus et pourtant je ne connais pas le fonds Vimié-Sillet qui apparaît splendide en matière de photos.

Le livre, comme l’exposition se présente ainsi :

Sommaire

Préface, 5

Introduction, 9

1. Aux origines d'un engagement politique 11

Un agriculteur ancré à Samazan, 12

Anna et Isabelle, les deux femmes de sa vie, 14

Pacifisme et communisme, ses héritages de la Grande Guerre, 18

Un esprit et une plume au service du communisme, 24

Le mirage de l'URSS, 29

2. Une détermination à l'épreuve des vicissitudes du temps, 33

Une personnalité forte et des convictions inébranlables, 34

Du centre à la marge de son parti, 38

Son procès, sa condamnation et son internement, 41

L'éloignement de la scène politique nationale, 46

3. Le combat de sa vie : la paysannerie et la question agraire, 51

Un théoricien de la question agraire, 52

Ses combats en faveur des paysans du Sud-Ouest, 56

La Confédération générale des paysans travailleurs et la commission de l'agriculture, 60

4. Un acteur au service de la société, 67

Unité de la gauche et antifascisme : le temps du Front populaire, 68

Des mandats politiques au service de sa commune et de son département   , 75

Sa « dernière activité publique », la défense du syndicalisme agricole, 78

Recueil de documents, 85

Annexes, 99

 

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 18:04

Dans l’exposition aux Archives Départementales du Lot et Garonne au sujet de Renaud Jean on découvre le document que j’ai recopié ci-dessous.

Il s’agit d’une note établie par les renseignements généraux la veille de la mort de Renaud Jean et classée SECRET. Archives départementales du Lot et Garonne 1039 W 32

On y apprend que Doriot serait intervenu pour aider à la libération de Renaud Jean et Racamond. Les RG écrivant cette note en 1961, l’information avait due être récupérée dès 1944-1945 par la direction du PCF (plusieurs notes des RG ont été utilisées pour justifier des exclusions) et s’il n’y a jamais eu de référence à elle, au cours de la vie de Renaud Jean, ça n’infirme pas cette possibilité car les raisons politiques de la mise à l’écart ne manquaient pas.

Ce qui, à me yeux, rend plausible cette action de Doriot c’est la date de la libération, le 15 juin 1941. Doriot, devenu un pro-nazi notoire savait sans nul doute que le mois de juin serait, comme en 1940 pour la France, celui de l’attaque de l’URSS par Hitler ; et après cette attaque, tout communiste français devenait encore plus qu’auparavant un danger rendant sa libération impossible. Il est frappant de constater que Philippot emprisonné avec Renaud Jean, n’ayant pas été libéré, est mort en déportation. Il est frappant de constater – je l’ai noté pour le TetG - que le 21 juin 1941 quand Hitler attaque l’URSS, l’arrestation de communistes est devenu une urgence. En Tarn et Garonne ces arrestations ne provenaient pas d’une action particulière ou d’une filature réussie : tous les communistes arrêtés tranquillement chez eux étaient connus comme tels depuis longtemps.

Ajoutons que Renaud Jean n’avait pas été condamné à de la prison ferme aussi, comme ses amis communistes, il était illégalement privé de liberté et très malade. Doriot aurait donc fait un geste en souvenir de luttes passées, et avant l’heure de l’affrontement reporté du nazisme avec le communisme.

Fallait-il sortir ce document des archives ? Certains diront, c’est pour salir Renaud Jean. L’histoire se regarde en face et sans nul doute Renaud Jean aurait été triste, si cette note lui avait été mise sous les yeux, mais sa vie reste cependant sans tâche, car cette note ne dit pas que l’intervention de Doriot s’est faite suite à une demande de Renaud Jean. Peut-être, dans l’entourage du député de Marmande quelqu’un a-t-il fait cette démarche…

Ceci n’excuse en rien les dérives de Doriot, tout comme le fait que René Bousquet ayant pu sauver tel ou tel juif ne peut effacer, ni relativiser, les lois mises en œuvre et les mesures d’ordre général (au contraire). L’histoire s’écrit avec des cas particuliers mais surtout avec des tendances de fond. JPD

 

 

 

N° 943/GR/20                                 le 30 mai 1961

 

Note d’information

 

Objet : a/s du passé politique de M. Renaud JEAN et de ses difficultés avec le P.C.F.

Référ.:Vos instructions du 29/5/61.

 

Pour le période qui se déroule de 1939 à la Libération, le cas Renaud JEAN peut être examiné sous deux aspects l'aspect doctrinal et l'aspect historique :

1°) - Aspect doctrinal :

Premier Député paysan du P.C., Renaud JEAN s'est toujours opposé à la position orthodoxe du P.C. international (3° Internationale) en ce qui concerne la place de la paysannerie dans un pays à organisation marxiste.

Pour les doctrinaires du parti, en effet, c'est la dictature du prolétariat, c'est-à-dire des ouvriers, qui doit s'imposer, les paysans n'étant qu'une forme d'appoint vouée à disparaître.

Renaud JEAN, au contraire, a toujours défendu l'opinion selon laquelle les paysans, classe moyenne c'est vrai, mais œuvrant de leurs mains, devaient être considérés comme des ouvriers.

Depuis 1922 et jusqu'en 1939, il a fait plusieurs voyages en Russie et a eu de nombreuses conversations avec la Direction du Parti en France.

Ses interlocuteurs n'ont jamais pu lui faire adopter la doctrine orthodoxe.

WÀLDECK-ROCHET, à l'époque, "le jeune qui montait", devait déjà avant 1939 supplanter Renaud JEAN à la tête de l'appareil communiste de la paysannerie, à cause des thèses dissidentes du leader paysan du Lot-et-Garonne.

Cependant, s'il n'y avait pas eu les évènements de 1939, Renaud JEAN serait certainement resté député communiste.

2°) - Aspect historique :

Au moment de la déclaration de guerre de 1939, l'appareil du parti en L.&.G. avait comme état-major par ordre décroissant : Renaud JEAN, M. AURIN, M. Robert LACOSTE, M. LABRUNIE et M. PHILIPPOT, 2° député P.C. du département.

./.

AURIN fut mobilisé. Il n'a donc pas eu à signer la déclaration qui était demandée par le Gouvernement aux leaders communistes contre le pacte germano- soviétique STALINE-RIBBENTROPP, du 26/8/39.

Par contre, PHILIPPOT a rédigé sa déclaration.

Dans le privé, Renaud JEAN expliquait pourquoi "le capitalisme forcené créateur du fascisme et de l'hitlérisme ne pouvait être allié du prolétariat marxiste-léniniste. Pareille alliance n'est qu'une mauvaise manœuvre et ne peut préluder qu'à des catastrophes" (sic).

Ceci se passait vers le 2 ou 3/9/1939.

Par la suite, JEAN Renaud se rapprocha par esprit de discipline de la thèse officielle du P.C.F. soutenant à fond la politique du pacte germano-soviétique.

Il refuse donc de signer la moindre déclaration contre le Pacte germano-soviétique.

Dans le même moment, la Direction du P.C.F. lui demandait d'enquêter sur le cas PHILIPPOT qui "avait trahi en se ralliant au gouvernement".

Or, Renaud JEAN refusa de s'occuper de cette querelle, et à partir de ce moment ses difficultés commencèrent vraiment avec le Comité Central.

En effet, à la Chambre, Florimond BONTE avait lu au nom du parti une déclaration dans laquelle il disait : "la guerre contre l'Allemagne est d'un caractère impérialiste évident. Le P.C. ne peut soutenir pareil conflit".

C'est au milieu de ces intrigues et de cet imbroglio que le Président DALADIER signa un décret d'internement des députés et dirigeants du P.C.F. Renaud JEAN, AURIN, et PHILIPPOT furent donc internés.

Parmi les autres internés se trouvait le député P.C. RACAMOND. Il faut noter aussi que l'affaire PHILIPPOT avait évolué dans l'intervalle.

PHILIPPOT avait présenté son autocritique et il était rentré à nouveau dans les grâces du parti.

Après la débâcle de juin 1940, DORIOT, DEAT et VALLAT deviennent des figures de premier plan.

Or, JEAN Renaud est resté l'ami personnel de DORIOT, ancien maire communiste de St-Denis.

DORIOT, par amitié, eut la persévérance de s'occuper de Renaud JEAN et de RACAMOND et il finit par obtenir en 1941 la mise en liberté de ses deux amis.

A partir de ce moment-là, le P.C.F. ne pardonne jamais à JEAN Renaud "l'esprit bourgeois avec lequel il s'était incliné par opportunisme pour reprendre sa liberté, insultant ainsi le parti et tous ceux qui continuaient la lutte".

./.

Effectivement, depuis la Libération, M. JEAN Renaud a toujours été tenu à l’écart par le Comité Central.

 

Destinataire :

- M. le préfet du L et G

- Archives

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 20:12

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Hier ma journée était pleine au possible. Mais à 16 h 21 je me suis pris par la main : direction Agen. La pluie sur l'autoroute. Un accident même. Je sais où je vais et l'heure est bonne pour aller vers Agen. Pas pour en sortir. Les médias parlent des embouteillages des vacanciers. Ceux qui se produisent tous les jours c'est la routine... En route je me refais le film. Je me souviens de ce jour où avec André Larralde on a rencontré les autorités des Archives pour les inciter à faire une expo sur Renaud Jean. Aujourd'hui c'est fait et je pars voir la présentation. A 17 h j'arrive aux Archives du Lot et Garonne. Je retrouve les amis de Samazan. Emouvant à plus d'un titre et même à plus de cent titres. Une trentaines de cheveux blancs. L'hommage est officiel. Un livre est en appui. Serge Wolikow est présent. On arrive devant une vitrine qui montre le truquage des photos. Serge Wolikow ajoute un mot : la correspondance à ce moment-là avec Duclos. Je ne peux m'empêcher d'ajouter mon grain de sel. "Aujourd'hui encore au siège du comité Central c'est encore la photo floutée qui est dans le hall". Un homme me demande discrètement où au siège du PCF. J'explique. Il me dit que dans le hall c'est pour des expos. Je sais. Mais les photos ont été regroupées. Je n'ai aucun goût pour les polémiques d'autant que l'expo est magnifique. Bien sûr je ne l'aurais pas faite ainsi car je n'ai pas le sens de l'ordre mais j'apprécie. Il faut dire que le fond Renaud Jean est d'une originalité immense. En fait c'est en partie à lui qu'on doit l'expo : aux documents soigneusement conservés et déposés aux archives. C'est un peu comme une revanche de Renaud Jean.

Pour le retour, pas question de faire une heure de queue dans l'embouteillage pour rejoindre l'autoroute. Je rentre par les chemins de traverse. Je me refais le film. A 19 h 15 je suis chez moi. On a appelé au téléphone, encore du boulot. Mais ensuite je tiens à publier ces quelques mots. Ce retour à Renaud Jean va en imposer quelques autres. Si vous passez par Agen arrêtez-vous aux Archives. Et si vous n'y passez pas, allez-y donc. Jean-Paul Damaggio

 la photo renaud jean

La photo de Renaud Jean au Comté Central

Vazeilles effacé de la photo

Renaud Jean écrit à Duclos

Les photos

Là on retrouve la photo floutée du Comité Central avec le nom.

et en cette période de festivités : Renaud Jean et les monuments aux morts

 

P.S. ET je rentre chez moi et mon blog, c'est la galère

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 11:21

Les Amis de Renaud JEANviennent de diffuser un nouvel article de Renaud Jean. Nous sommes en 1933, au cœur de la grande crise et la révolte gronde. Pour empêcher la résistance le gouvernement propose une loi contre l’organisation collective de la grève de l’impôt. Nous sommes à un moment où le PCF dénonce avec force le PS et Doriot est encore en première ligne. Nous savons qu’en peu de temps le paysage va changer après les émeutes de 1934.

Voici donc une « photo » d’un moment d’histoire qui nous rappelle que les riches fraudeurs sont des professionnels de ce gendre d’exploit ! J-P Damaggio

 

Reproduction fidèle d’un article du journal l’Humanité du 3 Mars 1933

Socialistes, soutanes et coffres-forts.

Nous avons raconté, il y a quelques semaines, de quelle manière la rédaction parlementaire du «Populaire», surmonte les difficultés qu’il éprouvait à expliquer à ses lecteurs le vote du groupe socialiste en faveur de l’article de la loi scélérate proposée par M. CHERON.

« La Chambre, se borna à écrire Mr P. LAINE, venait seulement d’en finir avec les dispositions concernant la répression des manœuvres contre le paiement de l’impôt, qui avaient provoqué une discussion de près de quatre heures, dispositions qui, par suite de la chute du gouvernement, se trouvent sans effet... ».

Dans ces quelques lignes, Mr P. LAINE battait tout les records d’escamotage. Il cachait à ses lecteurs la gravité du texte voté ! Il leur cachait aussi que ce texte était né de la collaboration de CHERON, BLUM, RENAUDEL et BONNEVAY. Il leur cachait enfin que la chute du gouvernement ne tranchait pas du tout la question, et qu’il était probable que le Sénat reviendrait à la charge. C’était tellement probable, que c’est, en effet, arrivé !

Et la résurrection du texte scélérat a permis de saisir, une fois de plus, sur le vif, l’étroite solidarité qui unit la politique du Parti Socialiste, les intérêts des puissances financières, et même à l’occasion, ceux de l’Eglise.

Nous le montrerons, très simplement, par un rappel des faits. Mais ces faits, nous demanderons à tous les lecteurs de l’Humanité de les soumettre à leurs camarades de travail socialistes.

En premier lieu, de quoi s’agissait-il ?

« Sera puni d’une peine de trois mois à trois ans de prison, et d’une amende de 1 000 à 20 000 frs quiconque, par voie de fait, menaces ou manœuvres concertées, aura organisé ou tenté d’organiser, le refus collectif de l’impôt ».

Telle est la signification de l’article 79 bis dont la commission et le gouvernement demandaient le vote à La Chambre. Nous rappelons plus haut que, ce texte est le résultat de la collaboration de Mr CHERON, qui prît l’initiative de leur demander des mesures d’exception contre les grévistes éventuels de l’impôt, et de Messieurs BLUM, RENAUDEL et BONNEVAY qui, au sein de la Commission des Finances, firent assaut de connaissances juridiques pour aboutir à «la meilleure formule». La paternité – partielle – de la loi scélérate ne saurait être reniée par le Parti Socialiste.

Contre qui ce texte était-il dirigé ?

Pas contre les fraudeurs de l’impôt ! Les clients des banques de Bâle restent en liberté ! Et cependant, l’importance des sommes dont ils ont frustré le Trésor est telle, que trois d’entre-eux, pour obtenir un non-lieu, auraient offert respectivement de rembourser 4, 5 et 25 millions de francs. Ces chiffres ont été donnés par l’Organisation Confédérée des Fonctionnaires. Nous les avons cités à La Chambre le 25 Février : le gouvernement n’a pas démenti...

D’autre part, chacun sait que les valeurs au porteur permettent, même sans l’interruption des banques suisses, des fraudes considérables. Récemment, Monsieur BERGERY évaluait, devant La Chambre, à 20 milliards le total des revenus de cette nature qui échappaient à l’impôt général.

Et cependant, contre cette fraude considérable qui est une des causes principales du déficit, et par conséquent des aggravations de charges que le gouvernement inflige à tous les travailleurs, contre cette fraude, le projet de douzième (augmentation des impôts) ne dressait pas le moindre obstacle. Et les socialistes, eux-mêmes, sacrifiant les intérêts des travailleurs au maintien de leurs alliances avec les partis bourgeois de « gauche », ont renoncé à la combattre par le titre à endos.

Par conséquent, l’article 79 bis n’est pas dirigé contre les fraudeurs. Il ne l’est pas davantage, contrairement aux affirmations du « Populaire », contre le baron d’ANTHOUARD, contre les chefs du Parti Agraire et autres politiciens qui tentent de mobiliser le mécontentement, cent fois justifié, des petits commerçants et des paysans travailleurs, au profit de leurs intérêts capitalistes et de leur politique fasciste.

Lorsque Monsieur le baron d’ANTHOUARD, ou Monsieur FLEURANT AGRICOLA, ou même Monsieur GUILLON – l’unique député agraire – seront enfermés à La Santé, ou dans quelques autres bâtiments hospitaliers de la Troisième République, vous nous le ferez savoir ... !

Le texte rédigé partiellement par les socialistes, voté par eux et par les «Gauches», menace uniquement les travailleurs. Supposons que demain, - l’hypothèse n’en est pas exclue -, le gouvernement songe à augmenter l’impôt sur les salaires, et que les ouvriers résistent : l’article de loi socialiste et radical jouera à plein contre eux !

En attendant, il peut jouer sans délai contre les vignerons champenois en difficultés avec le fisc. Sa menace plane aussi sur tous les paysans qui songent à la grève de l’impôt pour signifier leur colère à une organisation sociale qui les affame ou qui, plus simplement, ne paient pas l’impôt parce qu’ils ne peuvent pas payer.

On conçoit qu’une partie du groupe socialiste parlementaire se soit demandé, avec quelque inquiétude, si le vote d’un pareil texte ne constituerait pas un morceau un peu trop gros à avaler pour les bons bourgeois qui font confiance à la S.F.I.O. Cette inquiétude explique la diversion tentée par Monsieur BARTHELEMY, député socialiste de Puteaux.

Ici encore nous nous bornerons à résumer les faits :

Non contente de ne pas causer la moindre peine aux grands fraudeurs, la majorité «de gauche» accorde à l’Eglise catholique de singuliers privilèges fiscaux.

Des deux lettres lues à la tribune par le représentant du Parti Communiste, il résulte :

1°) Que le ministre des finances a dispensé les associations diocésaines de payer la contribution foncière et les taxes sur les biens de mainmorte, et que l’Etat se subsiste à ces associations pour payer aux communes la part de ces taxes leur revenant.

2°) Que lesdites associations ne font aucune difficulté pour recevoir de pareils cadeaux de l’Etat soi-disant laïque et même, par-dessus le marché, elles se proposent d’obtenir à brefs délais de pareilles exemptions pour les presbytères.

La lecture de la première de ces lettres, produisît sur l’Assemblée une impression telle, que l’abbé DESGRANGES et le ministre LAMOUREUX durent tour à tour donner des explications piteuses : « Il ne s’agit là que d’avantages momentanés », ergota péniblement le ministre du budget.

Et la situation était visiblement telle, que compte tenu d’une part, de l’absence dans l’article 79 bis de toute disposition contre les fraudeurs, d’autre part, du privilège fiscal accordé aux associations diocésaines, il devenait impossible à La Chambre le vote du texte frappant la grève de l’impôt. C’est ce moment précis que le socialiste BARTHELEMY, volant au secours du gouvernement, du coffre-fort et de la soutane, choisît pour tenter, en l’absence de notre camarade DORIOT, la misérable diversion que l’Humanité a rapporté.

Quelques heures plus tard, sous les rires des représentants de tous les partis – sauf ceux du Parti Socialiste qui faisait plutôt triste figure -, DORIOT, exécutait de mains de maître, le député de Puteaux.

Mais, le tour était joué. Le ministre LAMOUREUX demande le renvoi de la séance. Dans l’intervalle, les négociations marchèrent bon train. MARQUET, grand chef présent du groupe socialiste parlementaire, pût ramener dans le chemin de la discipline ses troupes en partie révoltées. Et à cinq heures, le gouvernement avait sa nouvelle loi scélérate.

Tels sont, rigoureusement exacts, les faits. Grâce aux socialistes, les grévistes de l’impôt iront en prison ! Grâce aux socialistes aussi, les curés continueront à ne pas payer, cependant que les fraudeurs resteront en liberté.

Renaud JEAN

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 11:57

Cet article (merci à Hubert Delpont qui me l’a fait passer) qui n’est pas une présentation de l’Humanité mais visiblement un journal local plutôt centriste montre donc parfaitement bien la provocation. Il témoigne d’un état d’esprit de 1936 à prendre en compte dans les analyses. JPD

 

 Le Réveil d’Yvetot Samedi 1 août 1936

 La réunion communiste

La Salle des Réunions a été le théâtre de sérieuses Bagarres

 Dimanche dernier, les Communistes avaient organisé un meeting en notre salle des Réunions, sous le théâtre, avec le concours de deux orateurs du parti : M. Roger Mocquet, député de Paris, et M. Renaud-Jean, député de Marmande, président de M Commission d’agriculture de la Chambre.

Ce dernier, dont on connaît la situation au sein du parti extrémiste comme à la Chambre, n'était pas un inconnu pour nos concitoyens, dont un certain nombre l’ont déjà entendu il y a une dizaine d'années.

L’affluence des auditeurs, dimanche, était considérable. On l'a chiffrée à un millier de personnes environ.

Un bureau composé de sympathisants devait être formé, mais des membres extra-muros du Front Paysan ou des Ligues dissoutes, qui se trouvaient en nombre dans la salle, imposèrent leurs amis M. Suplice, comme président, et MM. Pointier et Rousseau, comme assesseurs.

En ouvrant la séance, M. Suplice déclarait que la liberté de parole serait respectée, et le premier orateur, M. Mocquet, commençait tout aussitôt à développer son programme. A peine en avait-il dit quelques mots, qu'un hourvari formidable était déchaîné, tandis que bon nombre d'auditeurs entonnaient la Marseillaise.

Et cela parce qu’en dehors des trophées de drapeaux tricolores dont la salle était décorée, le drapeau rouge figurait à la tribune et que les organisateurs ne voulaient pas le faire disparaître.

Aux interruptions, aux cris, aux chants patriotiques, devaient succéder bientôt, à un signal donné (un coup de sifflet), une attaque en règle, déclenché plus particulièrement contre M. Renaud Jean.

Des pieds de bancs furent arrachés, des chaines brisées, des chapeaux piétinés et venait aussitôt la mêlée,

La présence des manifestants, venus pour la plupart en automobiles de régions éloignées, a empêché la réunion d'avoir lieu et le pugilat auquel nous faisons allusion se poursuivit un moment,

Répétons ici ce que nous avons toujours dit : on peut ne pas être communiste, on peut se refuser à entendre développer des théories qu'on réprouve mais on ne doit en aucun cas se laisser aller à des gestes regrettables qui ne doivent pas être le fait d'hommes se réclamant des partis d'ordre, de travail et de liberté.

Nous réprouvons la violence, d'où qu'elle vienne : c’est-à-dire que nous condamnerions parallèlement des faits semblables venant d'hommes d'extrême-gauche ou de gauche au cours de meetings organisés par des partis de droite. Nous ne pensons tout de même pas que les français verraient de gaieté de cœur s'instaurer en notre pays la guerre civile dont on suit avec anxiété les douloureux ravages en Espagne.

Au reste, la composition du bureau de dimanche aurait dut offrir une garantie suffisante à ceux qui l’avaient élu par acclamation. Il y a de ces mouvements de révolte qui dépassent le but recherché et qui risquent fort de mettre dans une situation délicate ceux qui déclareront n’avoir pas voulu cela.

Après la bataille où il fallut enregistrer un certain nombre de blessés dont M. Renaud-Jean grand mutilé de guerre, soigné à la gendarmerie par M. le docteur Chevrolle, les manifestants emportant quelques drapeaux se formèrent en cortège pour rejoindre leurs autos.

Ces incidents regrettables en tous points doivent-ils être rapprochés du scandale récent des Petites-Dalles dont nous avons parlé dans un précédent numéro ?

Quoiqu'il en soit, ils nuisent fort au bon renom dei notre accueillante province et nous voulons croire qu'ils ne se renouvelleront pas.

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 17:43

lettre-marty-a-jean-1938.jpg

Source 46 J 14 archives du Lot et Garonne

  Voici une lettre parmi beaucoup d’autres que Marty a envoyée à Renaud Jean. JPD

 

 

Chambre des députés  le 15 septembre 1938

Camarade RENAUD JEAN

Mon cher Camarade,

Bien reçu hier ta lettre du 12. Comme tu ne m'enguelle pas je te réponds quand même

C'est volontairement que je n'ai pas dit à ta mère qui j'étais,  effet, dans ce cas elle aurait absolument voulu me garder et j'étais très pressé dans ma route pour Barcelone.

D'autre part, l'endroit où tu te trouvais me paraissait très loin et je n'étais pas sûr de te rencontrer. C'est pour cela que j'ai continué sur la frontière espagnole. Je suis venu dans une voiture que le Parti avait mise à ma disposition. Tu me dis toi-même que tu étais à Bordeaux, donc je ne t'aurais pas rencontré. Or, il était absolument urgent que je sois le plus vite possible à Barcelone. Je revenais de l'endroit d'où j'ai porté une pierre à ta femme (1). Cela t'explique la raison de mon impatience à poursuivre rapidement ma route.

Jacques DUCLOS m'avait dit qu'il t'envoyait une dépêche à Samazan, t'annonçant son arrivée (pour ne pas mettre mon nom). A la réflexion, quand j'ai été chez toi, il eut été plus facile de téléphoner de Paris à la Mairie.

La gravité de la situation internationale fait d’ailleurs que je te verrais peut-être un de ces jours.

Je tenais à te voir pour t'expliquer la situation afin qu'une aide puissante et rapide du côté ravitaillement vienne le plus vite possible. La question du blé français est une des plus essentielles.

Je ne doute pas que tu ne la suivras de près et rappelleras au Secrétariat les interventions nécessaires et très urgentes.

Tu me parles de ton activité. Ma foi je crois qu'elle est comme toujours très importante et extrêmement utile. A première vue la tache parait petite, mais dans l’ensemble c’est de ce travail permanent, incessant, organisé que résulte l'influence de notre PARTI et la vie du Front populaire. La preuve en est dans les résultats dont tu me parles en ce qui concerne ton action pour l’Espagne.

 

J’étais avant-hier au front où arrive du côté ennemi en grande quantité un énorme matériel de guerre de toutes sortes qui fait présager une nouvelle attaque. C’est là qu’on est saisi de rage en pensant à cette politique canaille dénommée « non-intervention ». Le moral est cependant magnifique et n’a jamais été si haut.

Nous suivons ici pas à pas, les nouvelles terribles sur la Tchécoslovaquie et sur l’attitude de Paris et de Londres. Inutile de te dire combien, elles sont commentées ici. A te voir bientôt, je l’espère, à ta femme et à toi de tout cœur.

André.

Toujours même adresse

Note JPD : (1) Sans doute langage codé

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