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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 12:33

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Une émission d’Arte vient de nous permettre de croiser les amitiés de Walter Benjamin. J’ai donc repris mon vieux dossier pour en retirer ici trois choses.

Deux dessins de Loredano, un pour El Païs (sans date) et l’autre de la Stampa (février 1994).

J’ajoute deux textes à propos de Port bou.

Le Monde (1994, pour l’inauguration du monument qui vient d’être nettoyé presque 20 ans après) :

Un monument dédié à là mémoire du philosophe allemand Walter Benjamin (1892-1940) a été inauguré le dimanche15 mai dans la petite ville de Port-Bou.

PORT-BOU (Espagne) de notre envoyée spéciale

 Erigé à l'instigation du président de la République fédérale d'Allemagne, Richard von Weizsäcker, grâce au financement de la majorité des Länder allemands et du gouvernement catalan, ce lieu de mémoire, intitulé « Passages », rappelle 1e souvenir de Benjamin ainsi que celui des innombrables fugitifs dans les années 1933-1945, ont franchi cette frontière dans les deux sens en espérant rester en vie et conserver la liberté. Le projet commencé il y a cinq ans, a été supervisé par un organisme de Bonn, le groupe de travail des instituts culturels indépendants (Arbeitskreis Kultur institute, AsKI) en collaboration avec l’artiste israélien Dani Karavan.

 Plasticien de paysages, auteur notamment de l'Axe majeur de Cergy-Pontoise, d la place Blanche « Kikar Levana » de Tel-Aviv et du chemin des Droits de l'homme à Nuremberg, Dani Karavan a conçu là un lieu qu'il ne veut surtout pas appeler un monument et qui constitue une remarquable réussite. Une forme qui se confond avec le paysage. Un parallélépipède de fer rouillé qui s'enfonce dans le sol à flanc de colline, formant un tunnel étroit de quelque quatre-vingt-cinq marches, descend droit vers la mer. Ou plutôt vers un tourbillon d'écume se brisant sur des rochers invisibles. En face, la montagne, les derniers contreforts des Pyrénées, d'où était arrivé Walter Benjamin la France, la frontière, le poste de douane où il fut conduit...

«Je cherchais d'abord le lieu, explique Karavan. J'ai circulé partout. Il était évident que ce devait être près du cimetière. Un jour j‘ai eu la chance de voir le tourbillon, et je me suis dit que la mer disait toute la tragédie de cet homme. C'était cela que je devais faire voir... Pour cet hommage, j'ai voulu utiliser toutes les choses qui existent autour du cimetière. J'ai cherché à amener le visiteur à passer, à s'asseoir, à méditer. A faire quelques expériences de passage ». Surtout, il n’a voulu ne rien changer à l'environnement, lier la nature, la végétation, le vent, le soleil à son œuvre. Un olivier luttant contre la tramontane qui se penche vers le mur du cimetière. Plus haut, une plate-forme d'où l'on ne découvre que l'horizon lumineux, mais à travers un grillage quadrillé infranchissable. Plus haut encore, l'œil bute contre le muret rond du cimetière.

 Un cimetière en terrasses à flanc de coteau, fait de plusieurs étages de murs percés d'alvéoles superposées. Au numéro 563, dans la partie catholique du cimetière, les restes, de Benjamin avaient été déposés, emmurés, jusqu'en 1945 puis jetés à la fosse commune puisque personne ne se préoccupait de cet étrange inconnu. « Il n’a pas de tombe. On ne sait pas où il est enterré dit encore l'artiste. Ce lieu, c'est un voyage, un itinéraire autour d'un point inconnu. Puis une traversée éblouie vers la lumière.» Exilé d’Allemagne depuis 1933, fuyant le nazisme, Walter Benjamin se suicida le 26 septembr1940 à Port-Bou alors qu'il avait tenté d’entrer en Espagne pour gagner les Etats- Unis. Les douaniers espagnols avaient refusé le passage au groupe de fugitifs, apatrides comme1ui, qui avaient franchi clandestinement les Pyrénées. On les autorisa à passer la nuit dans un hôtel — Hôtel de Francia, avenue du Généra1 Mola — avant de les transférer le lendemain dans un camp français. Au matin, Benjamin avala des comprimés de morphine qu'il portait sur lui.

Une Fondation Walter Benjamin sera créée à Port-Bou dans l'ancienne maison de la Douane, avec une bibliothèque et un centre de recherche qui pourrait accueillir des universitaires.

NICOLE ZAND

 P.S. de JPD : C’est en lisant en 1990 de Daniel Bensaid, Walter Benjamin sentinelle messianique que je me suis un peu familiarisé avec l’auteur allemand dont j’ai eu dix fois l’occasion de découvrir le monument de Port Bou dont une fois avec l’ami Jacques Desmarais. Voici le site du monument : http://walterbenjaminportbou.cat/

 

Dans une lettre à El Païs du 6 juillet 1995, Hans Haacke de Barcelone indique qu’il était à Port Bou au monument de Walter Benjamin au moment où Ernst Jünger recevait de l’Université de Madrid un hommage et le doctorat honoris causa à cause de son livre La conscience du siècle. Etrange coïncidence pointe ce lecteur car au moment où Benjalin est poussé au suicide par les nazis Jünger sert les mêmes nazis à Paris, nazis dont il avait préparé le chemin dès 1930 en écrivant Zur juden frage. Voici  un extrait : « A mesure que la volonté allemande progresse en clarté et en forme, les derniers vestiges de l’illusion juive disparaîtront du pays ; et en Allemagne il n’y aura plus qu’une option : être juif ou ne pas être. »

Le film d’Arte sur Benjamin montre parfaitement comment l’antisémitisme se développe en Allemagne dès 1925 ; comment la solution finale est clairement étudiée dès 1936. Comment peut-on nous dire alors que des juifs de 1942 n’en connaissaient pas la nature en France ? La désinformation a été à ce point ?

Le lecteur du journal termine ainsi le face à face Benjamin/Jünger :

« Sur la pierre honorant Benjamin nous lisons cet extrait de l’écrivain : « Il n’existe aucun document culturel qui ne soit simultanément un document de barbarie. » Je crois que quelques documents sur plus barbares que culturels. Le doctorat honoris causa pour la conscience du siècle en est un. » JPD

 

 

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