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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 14:18

Paul Ariès, une trajectoire

 

Paul Ariès a toujours clairement et fidèlement défendu un positionnement que j’appelle « gauche critique ». Il ne s’est jamais laissé tenter par les sirènes bien connues qui incitent les opposants de la gauche « officielle », à balayer d’un revers de main la notion de gauche.

Avec d’autres, nous avons contribué, dès 1996, à faire connaître son combat contre la mal bouffe… avant qu’il ne devienne un combat plus général. Sur ce thème comme sur des tas d’autres Paul Ariès a été un pionnier grâce à un engagement constant et généreux de tous les jours. La gauche en a-t-elle tiré les conséquences ?

 

Sur la méthode

Dès les premières réunions qu’il a animées, Paul Ariès a été confronté à cette difficulté : comment la critique de la gauche peut-elle éviter le découragement ? Pour le dire plus concrètement : l’avancée de la mal bouffe par exemple est une catastrophe (et Paul tirait le bâton vers la catastrophe pour marquer les consciences) mais comment susciter des alternatives ? Jaurès avait cette bonne habitude : ne jamais critiquer sans proposer. Critiquer c’est facile, mais proposer c’est difficile. Si la droite conduit à la catastrophe, si la gauche par son productivisme conduit à la catastrophe, que nous reste-t-il ? Car la critique de la mal bouffe c’était bien sûr, dans la bouche de Paul Ariès, non pas une affaire culinaire mais, comme toujours chez lui, une affaire politique, à savoir le résultat du productivisme.

Parmi les propositions, Paul Ariès a été en pointe en matière de création de journaux. La lutte commence par l’information. Nous l’avons invité quatre fois à Montauban et une fois à Castelsarrasin et presque à chaque fois il se préparait à lancer un journal : l’Immondialisation, la Décroissance puis le Sarkophage. Aujourd’hui nous apprenons le lancement des Zindignés, une revue internationale.

Journaux et colloques ont donc servi à lancer des propositions : objection de croissance, relocalisation, gratuité, coopération, désobéissance civile. Sur tous ces thèmes, je suis totalement en accord avec Paul Ariès ayant tenté, là où je suis, d’apporter ma modeste pierre à de tels combats.

 

J’ai repris espoir…

Dans l’actuel numéro du Sarkophage, Ariès propose un bilan : « Du Sarkophage aux jours heureux », bilan justifié car Sarko battu, il faudra éventuellement faire évoluer le titre du journal (Dégage ! peut-être), bilan justifié car arriver au numéro 15 c’est un bel exploit. Comme dans quelques éditos précédents, Ariès veut positiver en s’appuyant sur l’Amérique du Sud, les révolutions arabes et finalement le retour des « révolutions » :

« J’ai repris espoir avec ce qui renait aujourd’hui en Amérique du Sud. Non par goût de l’exotisme ni par quête d’un nouveau paradis terrestre (L’Equateur et la Bolivie            après Cuba et le Nicaragua, Morales et Corréa après le Che), mais parce que je suis convaincu que ce continent est aujourd’hui le laboratoire de ce nouveau socialisme, un ecosocialisme capable d’en finir avec l’exploitation et la domination, et avec la réponse capitaliste à nos propres angoisses existentielles, un ecosocialisme permettant d’avoir de nouveaux rapports à soi, aux autres et à la nature, un socialisme de la jouissance d’être contre un capitalisme de la jouissance d’emprise, un socialisme du bien vivre contre un socialisme de la grisaille. »

Depuis vingt ans, je défends les luttes populaires de ce continent, luttes « laboratoire » certes mais luttes écrasées toujours. Des révoltés du Chiapas de 1994 aux autogérés de l’Argentine de l’an 2000, des Indiens de l’Equateur aux paysans sans terre, de la dernière en date, celle des étudiants chiliens, à celles de demain, je suis passionné par toute cette vie sociale. J’ai voyagé pour en saisir la réalité dans six de ces pays, j’ai le contact avec des personnes qui y habitent. Je ne différencie pas de tels combats de ceux qui se mènent aux USA, au Québec car ce continent forme un tout plus qu’on ne le pense. De tant d’efforts personnels, je ne tire pas du tout les mêmes enseignements que Paul Ariès.

Si laboratoire il y a, c’est depuis le début du XIXe siècle le laboratoire parfait du capitalisme. Aux USA, le capitalisme y est « naturel » en conséquence il n’a pas à se battre. Dans le sous-continent le capitalisme est une hérésie, donc il doit trouver les moyens originaux de s’y implanter, moyens qu’il développe ensuite sur toute la planète. Exemple : le Brésil est le pays aux plus fortes inégalités ; il reste à faire pareil ailleurs…

 

Aujourd’hui, le laboratoire majeur, partout, s’appelle, les mafias. En guise de « socialisme du bien vivre », vous conviendrez, qu’il y a mieux ! Les mafias sont le bras armé d’un capitalisme féodal qui permet d’en finir avec les Etats, donc avec le droit (malgré ses limites), pour en revenir au privilège. Les mafias ce ne sont pas seulement les bandes que l’armée brésilienne doit virer d’un quartier de Rio, pour qu’elles aillent ailleurs. Ce ne sont pas seulement les tueurs impunis de Ciudad Juarez (pauvre Juarez !). Ce n’est pas le marché de la drogue. Les mafias c’est l’élargissement social de ce que Paul Ariès avait étudié dans : « La scientologie : laboratoire du futur ? Les secrets d’une machine infernale. » Quelques analyses tentent de réduire le cas des ces mafias, au règne d’Al Capone, qu’il serait facile d’anéantir en légalisant les drogues douces. C’est se voiler la face. Le laboratoire d’hier en Amérique du Sud c’était la théologie de la libération qui existe encore mais l’expérience actuelle du président du Paraguay est bien le signe de la fin.

 

Comment, Paul Ariès, qui a su, avec autant de précisions, percevoir les évolutions du capitalisme, peut-il oublier les actuelles tendances de fond sur la planète que sont l’avancée d’un capitalisme plus conquérant que jamais sous toutes les couleurs, vertes, orange, jaune ?

Comme me le dit justement un ami latino-américain : quand le communisme chinois vient au secours du capitalisme, c’est bien la preuve que le capitalisme en a fini avec les acquis des luttes démocratiques ! Mais puisque la révolution est là…

 

J’ai repris espoir…

« J’ai aussi repris espoir avec les révolutions arabes malgré le risque islamiste. Elles prouvent que des révolutions sont toujours possibles, même à l’âge de la cybernétique, même à l’heure du renforcement des appareils répressifs, elles permettent aussi une nouvelle cotation du terme même de révolution à la Bourse des valeurs » écrit Paul Ariès.

Cet univers, je le connais par ma compagne qui parle arabe, qui a vécu là-bas comme j’ai vécu aux Amériques et la première révolution est venue d’Algérie en 1988. Aussitôt après multipartisme, liberté de la presse (c’est à ce moment là que je me suis mis à lire Algérie Actualité dont la liberté de ton ridiculisait le conformisme de la presse française), élections libres… et drame national. L’armée aurait-elle dû laisser le processus aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la dictature islamiste clairement annoncée ? Bref, le peuple algérien a essayé de participer aux révoltes arabes de 2010 mais sans succès car le passé récent est là pour rappeler le prix de l’aventure. D’ailleurs pourquoi cette différence de traitement en France entre la révolte algérienne de 1988 (on a dit émeutes et non révolution) et celle de Tunisie en 2011 (célébrée) ? Parce que dans la France d’hier, la gauche était au pouvoir, et qu’aujourd’hui c’est la droite ?

Bref, la tendance de fond dans le monde arabe a été marquée par la révolution iranienne de 1979. Et là je parle bien de révolution, une mise en pratique de ce qu’ensuite on appellera la révolution conservatrice made in USA. En Iran, en 1980, l’islamisme n’était pas un risque, mais une puissance ! Et depuis l’islamisme n’est pas un risque mais l’allié objectif du capitalisme pour en finir avec les Etats, donc avec le droit (malgré ses limites), pour en revenir aux privilèges, ceux de la religion. Le gouvernement de l’Iran (modéré ou pas) a-t-il à un moment fait profiter le peuple des richesses de ce pays ? Une alliance du religieux et du capitalisme, c’est ce qui me semble le pire à cause de sa puissance phénoménale.

Je ne néglige ni les luttes sociales des Amériques, ni la glorieuse élimination de Ben Ali membre de l’Internationale socialiste, par le peuple tunisien. Comme en Côte-d’Ivoire, il a fallu chasser un dictateur membre de l’Internationale socialiste ! Mais ce qui fait une révolution, ce n’est pas la révolte mais les suites de la révolte (alors que Louis XVI pensait le contraire, vu le sens des mots de l’époque, dans sa formule : est-ce une révolution ou une révolte ?).

En conséquence ramener le sens du mot révolution, à celui de révolte, ce n’est pas une bonne cotation du terme à la Bourse des valeurs. Paul Ariès est à présent souvent l’invité de Frédéric Taddeï, une émission où j’ai eu le plaisir de l’entendre comme Albert Memmi, l’écrivain tunisien, intervenant au cœur même des révoltes de son pays. Il fut le seul à proposer une analyse de la situation faisant abstraction du sentimentalisme ou du lyrisme révolutionnaire. Et son constat était si minutieux qu’en rediffusant aujourd’hui son propos, nous constaterions que malheureusement la réalité lui a donné raison. Pour qu’il y ait inversion de la tendance mondiale, il faudrait un projet puissant de la gauche mondiale. Et nous sommes loin du compte. Dans les élections tunisiennes, ce n’est pas le score du parti islamiste qui m’attriste (il me semble logique), mais la division des forces laïques dont quelques unes, au nom du moindre mal, volent ensuite au secours des conservateurs (là c’est pas logique). Comme si l’expérience iranienne n’avait servi à rien !

 

On peut chanter sans espoir

Non, je ne noircis pas le tableau. Non, je ne suis pas un désespéré. Non, tout n’est pas foutu.

Oui, éliminons avec Paul Ariès, les passions tristes. Oui, la lutte pour le mieux impossible est là.

« Chanter au présent plutôt qu’en appeler aux lendemains qui chantent ? » dit Paul.

Je suis moi aussi pour le « bien vivre » et pour la chanson au présent. Mais je ne m’alimente pas aux mêmes sources. Après avoir démoli, j’ai la sensation que Paul Ariès veut privilégier la moindre bouture qui annonce le printemps pour donner du baume au cœur, ou pour avoir du cœur à l’ouvrage. Il n’y a pas plus triste, plus désespéré que la chanson latino-américaine et pourtant ça donne du baume au cœur car c’est la réalité. Je renvoie bien sûr à cet hymne : « Gracias a la vida que ma a dado el canto ». Une façon de retrouver le slogan de Marcos : aqui estamos. On est là et même si les médias n’en parlent plus, ils sont là !

Dans le « vive la vie » que Ariès met en avant, le vive est inutile, la vie suffit !

Pour mémoire, la référence à la vie fut cause du début de rupture entre Pierre Juquin et le PCF. Il avait intitulé en 1978 une brochure : Vivre ! avec les conseils du peintre Henri Cueco qui lui disait : « Vivre,… Pour dire cela, rien ne serait plus éloquent que les photos qui peuplent les albums de famille. Ces images, naturelles et sincères, témoigneront de notre ancrage populaire, en place des poncifs de l’illustration politicienne. »

Et ce qui est émouvant, c’est qu’après l’appel de Juquin pour avoir des photos, il en reçoit des millions ! Il écrit alors[i] :« Henri éclate de joie en me voyant arriver avec un chariot de supermarché qui déborde de boîtes, d’albums, de cahiers, offerts par des familles communistes. » Marcel Trillat constate, à voir ces photos : « elles laissent entrevoir la chose la plus tendre, la plus fugitive : ce besoin de vivre heureux, d’être soi-même enfin… ».

Pas militante, cette vue de la réalité, déclare la direction ! Et en plus la photo d’une poignée de main entre Juquin et Plioutch a été ajoutée ! La brochure a été mise au pilon. Ce qu’il en resta après modification, m’incita cependant à proposer au même moment le titre de Vivre, pour un journal de section communiste. Après une vive discussion l’accord s’est conclu sur Vivre et lutter. Bref, le rapport au bien vivre est aussi ancien que le rapport au bien lutter.

 

Optimisme de la volonté, pessimisme de l’intelligence, j’en reste à cette articulation du rêve et du possible. Toute fuite de la réalité est un piège et plus le capitalisme nous plonge dans sa démence, plus l’envie de quitter la réalité nous habite. Eh bien, non, nous ne pouvons échapper à la réalité et ses contradictions, surtout quand on veut le bien commun. Les volontés populaires sont en effet bien présentes… et permettent en Espagne la victoire de la droite ! Je viens de dire Espagne puisque les Indignés y ont joué un grand rôle, que la participation électorale a été très forte, que des petits partis ont progressé, mais que dans l’ensemble, le peuple a voté pour une droite qui n’avait rien à promettre.

La droite fait toujours son travail mais dans le rapport des forces, les plus démoniaques sont ceux qui au nom de la gauche, jouent la carte de la droite (ils conduisent au fascisme). Je veux ainsi désigner des puissances économiques comme tel laboratoire pharmaceutique qui finance une petite maison d’édition en guerre contre le système capitaliste ! Tel groupe mafieux construit des centres de désintoxication. Tel autre construit une église à son nom ! Les puissances des entreprises capitalistes sont telles qu’elles peuvent arroser tous les mouvements !

Après avoir cru que les mots chocs étaient MacDo ou Scientologie, Ariès a changé et les mots chocs seraient « frugalité joyeuse ». Pas plus qu’il ne fallait trop tordre le bâton dans un sens à l’heure de la critique du capitalisme, il ne faut trop le tordre dans l’autre sens à l’heure des alternatives. Je suis pour les AMAPs mais mes parents qui ont vécu en vendant des légumes sur les marchés n’ont jamais pensé qu’ainsi le capitalisme était en difficulté. Pour le moment, à 80 ans, ils vont danser toutes les semaines. Désolé, mais l’heure de la cueillette n’a pas commencé pour les révolutionnaires, à peine si la terre est labourée… Et tout ça peut faire une belle chanson.

24-11-2011 Jean-Paul Damaggio



[i] De battre mon cœur n’a jamais cessé, p. 467

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 14:17

Vénus Khoury-Ghata à Montauban

 

Chaque année l’association Confluences régale tout un chacun avec un programme littéraire qui s’appelle Lettres d’Automne. Cette année l’invitée est Vénus Khoury-Ghata qui amène avec elle ses amis. Il m’arriva de croiser cette poète à Montréal. La retrouver à Montauban disant ses textes avec Maurice Petit et Marc Roger, c’est un immense plaisir. Un musicien surprenant, Alexis Kowalczewski, a apporté une note (et plusieurs aussi) faisant univers avec les textes. Je reprends cet entretien d’un site que vous pouvez rejoindre en cliquant sur la première question, car il me semble très bien résumer ce que je perçois de cette femme. Sur cette même scène à Montauban nous avions eu le plaisir de rencontrer une autre libanaise : May Chidiac. JP D.

 

Vénus, c'est vraiment votre prénom ?

 Vénus Khoury-Ghata : Oui. Je le déteste. Quand j'étais jeune, j'étais très fière de mon prénom mais à présent, je le trouve ridicule. Je signe maintenant mes romans par Vénus Khoury-Ghata. C'est un nom très lourd à porter.

 

Comment vivez-vous votre double influence orientale et occidentale ?

 Je la vis sur le papier. Quand j'écris, ma tête est pleine de phrases arabes. Je veux les transporter en français et je butte sur une sorte de frontière. La langue arabe permet l'émotion, elle est riche en métaphores tandis que le français est beaucoup plus retenu. C'est comme si je payais une taxe. Je suis atteinte de strabisme : je ne perds jamais de vue les deux langues. Si vous me demandiez d'écrire un roman qui se passe en France, j'aurai autant de mal à le faire que j'en ai envie.

 

 Votre roman est bouleversant. Vous écrivez sur des personnes les plus fragiles de cette planète. Je vous soutiens.

 Merci de tout cœur. J'ai porté cette histoire avec une rage incroyable en moi, partout où j'allais. J'ai écris à New York. Dans l'hôtel, je racontais cette femme lapidée. Je l'ai située dans un village frontalier avec des palmiers chétifs. J'ai emporté l'image de ce village dans ma tête à New York et je l'ai couché sur le papier. Je me souviens encore m'être étonnée, en ouvrant la fenêtre, de ne pas voir le sable. J'étais réellement dans ce village. Tout le monde attend sa mort. Elle est enceinte et son ventre grossit au fur et à mesure que le tumulus de pierres grandit. Elle attend l'heure de sa mort et elle se demande si elle va avoir mal avant ou après sa mort.

 

Pourquoi avoir choisi une telle histoire ?

J'étais invitée dans un de ces pays où l'on tue les femmes à coup de pierres quand elles ont un amant. J'allais à l'université. Il y a eu un embouteillage terrible. J'ai cru qu'il y avait un match. Le chauffeur est sorti de la voiture et nous a dit qu'on était en train de lapider une femme. J'étais hors de moi. L'homme a reçu 100 coups de fouets, la femme l'a payé de sa vie. Amnesty International m'envoie régulièrement les noms des femmes qui sont lapidées. Dans le temps, on assassinait avec des grosses pierres. Aujourd'hui, on utilise de petites pierres, donc la mort dure plus longtemps. Autrefois, le corps était exposé 3 jours. Aujourd'hui il l'est pendant 7 jours. Il m'a fallu quitter un mari et un pays pour me sentir libre de parler.

 

Décrivez-nous la relation qui existe entre les deux héroïnes.

Il y a une femme : moi. Elle devient autre chose à travers la fiction. A Paris, elle a perdu la même journée son chat et son amant. Elle s'engage dans l'humanitaire. Dans ce village, on l'envoie auprès d'une femme qui va être lapidée. Elle essaye de la sauver : "tu diras que tu as été violée". L'autre lui réponds que non, qu'elle a joui et qu'elle mérite la mort.

 

Noor, c'est un joli prénom. Pourquoi l'avoir choisi pour votre héroïne ?

C'est la lumière. Mon mari s'appelle Noor Jean Ghata. Ce nom va aux hommes comme aux femmes et il éclaire les esprits enténébrés.

 

Quel personnage vous ressemble le plus ?

 Cette femme envoyée par les associations humanitaires. J'ai écrit ce livre après avoir perdu mon chat Lulu. Je démarre toujours sur le vécu et après la fiction prend le relais.

 

Etes-vous une féministe ?

Je ne savais pas que j'étais féministe. Je me sentais juste ouverte à toutes les tendances. Peut-être que je suis devenue féministe en voyant les exactions commises contre les femmes. En Afghanistan, les femmes deviennent l'équivalent d'objets. Elles n'ont aucun droit. Si c'est ça être féministe, alors je le suis !

 

A propos de la condamnation à mort, quel est votre avis sur la question ?

Je suis contre ce geste barbare. On n'ôte pas la vie de quelqu'un. On le châtie, on le met en prison. On l'enferme très longtemps ou bien on lui trouve un suivi médical qui le rende moins violent.

 

Qu'avez-vous ressenti en sachant que vous étiez sélectionnée pour le prix Renaudot ?

Pas grand chose puisque depuis 20 ans, tous mes romans font partie de beaucoup de sélection, notamment pour mon roman "La maison aux orties" d'Actes Sud. Le Renaudot ira à un jeune homme car les hommes sont plus aimés par les membres du jury. Depuis des années, une femme obtient très rarement un prix. Les femmes sont désaimées. Tout me rend amère à propos des femmes. Les pays où on les lapide, où on leur fait subir l'excision. La condition féminine fait très mal, même ici en Occident. Quand un homme de mon pays répudie sa femme, ici on appelle ça divorcer mais quelle est la différence ? C'est juste une question de termes. Je parle au nom de toutes ces femmes. Mon expérience me sert beaucoup à ce sujet.

 

Les femmes ont la part belle pour le Goncourt. Vous devez être ravie. Quels sont vos pronostics ?

J'aimerais bien que ça soit pour une fois Amélie Nothomb. Je déplore que Sami Tchack n'ait pas été retenu pour les prix mais j'ai adoré "Alabama Song" de Gilles Leroy. C'est un très beau livre.

 

Que pensez-vous de cette rentrée littéraire ?

Il y a de très bons livres comme il y a des romans qui imitent une certaine tendance, une mode de se raconter entre la maison, son bureau et ce genre de littérature dessert la littérature. J'aime beaucoup la littérature étrangère et aussi la littérature francophone. Je fais partie du jury du prix des cinq continents de la Francophonie. Cette année, le prix a été décerné à William N'Sondé, pour son roman "Le cœur des enfants léopards", publié par Actes Sud. Un autre roman qui nous a également beaucoup tentés : "Le soir où la lune ne s'est pas levé", de Dai Sije chez Gallimard. Ces romans vous dépaysent, vous emportent loin tandis que le roman français nous enferme entre quatre murs. Quand ils s'évadent, les personnages se rendent dans un café pour poursuivre la discussion. Le roman français, actuellement, souffre d'enfermement. Pour ma part, je puise mon bonheur non seulement dans la littérature francophone mais aussi dans la littérature traduite. Je lis actuellement un livre fabuleux qui s'appelle "Tout est illuminé", de Jonathan Safran Foer (éditions de l'Olivier) et de Milena Angus "Le mal de Pierre " (traduit du serbe).

 

Vous aimez écrire ?

Je n'aime rien d'autre qu'écrire ! Après vient la cuisine. J'assemble les légumes et les viandes comme je manie des mots. Je cuisine mes textes. J'aime jardiner aussi. Elaguer un texte de ses boursouflures, c'est comme tailler un rosier. Ce sont les mêmes gestes. Mais je suis d'abord poète. J'ai commencé à écrire des romans quand mon amie Régine Deforges m'a demandé d'en écrire un. C'était "Alma, cousue main".

 

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ?

A l'âge de 15 ans, mon frère, qui était poète, s'est initié à la drogue. Il est retourné au Liban. Pour le punir, mon père l'a envoyé dans un asile d'aliénés. Il y a passé toute sa vie. J'ai écris à sa place et j'ai raconté son histoire dans "Une maison au bord des larmes", aux éditions Actes Sud Babel.

 

Je vous trouve pleine d'enthousiasme. Ecrire est-il libérateur d'une certaine façon ?

 Certainement. Rien ne m'a consolée de la mort de mon mari (mort à 52 ans) que le fait d'écrire "Morte maison". J'ai pendant un an complètement déprimé mais une fois que vous couchez votre douleur sur une page, vous la partagez avec le lecteur. Pour la guerre du Liban, j'ai écris une trilogie et j'en racontais des choses très drôles. Le rire était libérateur d'une certaine tension.

 

Combien de livres avez-vous écrit?

J'ai publié une quarantaine de livres. La moitié en poésie et l'autre moitié en roman. Le sujet, je commence à l'apprivoiser en poème, qui est une forme d'écriture rapide, comme on prend le TGV et qu'on prend des petits flashes du paysage. Après, je passe au roman, je prends un train d'allure normale et on a le temps de profiter du paysage.

 

Avez-vous jamais pensé vous associer avec un calligraphe pour vos poèmes ?

 J'ai écris moi-même "Alphabet de sable", qui raconte l'histoire de l'alphabet arabe. Chaque signe est dessiné sous la forme d'un objet.

 

Quel est le plus beau compliment qu'on vous ait fait sur un de vos livres ?

 Sur "La Maestra" ou sur mon dernier livre, on m'a dit : "tu nous fais voyager dans des pays que nous n'aurions pas eu l'occasion de visiter". Palper un pays sans l'avoir visité, c'est pour moi le plus beau compliment qu'on puisse me faire.

 

Est-ce difficile d'être auteur aujourd'hui ? Et surtout d'en vivre ?

 D'en vivre, certainement. Je crois que je vis mieux de ma retraite de veuve de médecin que de mes livres. Il faudrait que je publie un roman par année car la poésie ne permet pas d'en vivre.

 

Quels sont les auteurs que vous aimez lire ?

Avant tout les poètes. Claude Esteban, Guy Gauffet, André Velter, Jean Orizet... la langue française en compte de très grands. Actuellement, elle a tendance à se dessécher, à rejeter les images, le lyrisme, les jolies phrases. Faut-il enlaidir pour écrire ? Je ne sais pas. Finalement, il faut une juste mesure. C'est pourquoi les auteurs francophones qui gardent un pied sur le continent et l'autre en France sont très performants.

 

Vous avez rencontré de grands noms de la littérature. Quelle rencontre vous a marquée ?

Les poètes qui sont venus déjeuner chez moi pour les prix littéraires : Alain Bosquet, Jean Rousselot, Guillevic et Claude Esteban. J'ai connu de très grands écrivains que j'aime réunir autour de ma table.

 

Quels sont vos projets ?

 Je suis en train de fignoler un recueil de poèmes pour le Mercure de France. Il s'appelle "Les Obscurcis". C'est une réponse au poème de Claude Esteban, "Je suis le mort". Moi, je lui dis "Nous sommes les morts". J'écris toujours un recueil de poèmes puis un roman.

 

Et pourquoi pas un roman sur les souffrances des palestiniens ?

 Je parle beaucoup de ce peuple dans un de mes recueils de poèmes. Je parle de leur souffrance mais je n'écrirais pas un roman car nous les Libanais, nous avons autant souffert qu'eux. Si, dans une semaine, il n'y a pas d'élection, le pays va partir à la dérive. Ils ont annulé le Salon du Livre parce que si le 23 octobre, il n'y a pas eu d'élection, il y aura une scission du pays ou une guerre civile. Donc le malheur de mon peuple est aussi grand que celui du peuple palestinien.

 

Le mot de la fin de Vénus Khoury-Ghata : Je suis très touchée que vous m'ayez lue et que vous m'ayez posé des questions aussi intéressantes et sincères. Je vous embrasse tous !

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:21

Des lecteurs attentifs comprendront pourquoi j'ai retenu cet article... JPD

 

 

Le Matin 12 septembre 1898

A PARIS

LES OBSÈQUES D'UN POÈTE

Stéphane Mallarmé

Les poètes à Valvins

Ce fut une cérémonie des plus touchantes. Stéphane Mallarmé étant mort loin de Paris, on pensait que peu de poètes assisteraient à ses funérailles. Les déplacements coûtent fort cher, Pour se rendre à Vulaines-sur-Seine, il faut débourser au moins quatre francs quatre-vingt-dix. Et, pour ce prix, on est enfermé dans un compartiment de troisième classe. Combien de jeunes écrivains admirateurs enthousiastes de l'auteur de l'Après-midi d'un faune n'ont pu, faute d'argent, l'accompagner à sa dernière demeure ! On n'est point riche dans le métier, comme disait Paul Verlaine.

Deux cents personnes, cependant, se trouvaient réunies à Vulaines, hier, à quatre heures, devant la petite maison dans laquelle s'est éteint Stéphane Mallarmé. Celui que les poètes avaient nommé leur prince à la mort de Paul Verlaine a été accompagné au cimetière de Valvins par des confrères respectueux et attristés, et cette manifestation spontanée et touchante, Stéphane Mallarmé lui-même, dans son orgueil, ne l'aurait pas rêvée.

Tout le long de la Seine, derrière le cercueil, chargé de fleurs, marchaient les amis du poète MM. Henry Roujon, Catulle Mendès, Léon Dierx, Edouard Dujardin, Jean Rameau, Robert Scheffer, Henry de Régnier, Paul Valéry, Paul Fort, Henry Degrau, Stuart Merrill, Alcanter deBrahm, Degas, Octave Uzanne, Rochegrosse, Demolder, Alfred Jarry, Hugues Rebell, René Boislève, Gabriel Fabre, Rodin, José-Maria de Heredia, Romain Coolus, Alfred Valette ; Mmes Cladel, Mendès, Rachilde, etc., etc.

Au cimetière, M. Henry Roujon a prononcé un discours émouvant et sentimental.

M. Paul Valéry a dit quelques mots au nom des jeunes.

La cérémonie s'est terminée au crépuscule, Stéphane Mallarmé, dans sa tombe, doit

dormir heureux d'avoir été honoré de ces obsèques intimes et poétiques.

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:19

  2011 Espagne

 

Il aura fallu l’échec le plus cuisant du PS pour qu’enfin la Gauche unie (Izquierda Unida) sorte des bas-fonds (voir évolution du vote sur le tableau). Le parti étant passé de 4 à 7 % et, vu la loi électorale, de 2  à 11 députés, le phénomène n’a pas pu passer inaperçu. Cependant toute lecture trop rapide peut conduire au contre-sens.

D’abord comme le prouve le tableau de la participation, malgré les manifestations considérables qui ont crié à l’adresse des politiques : « Non, Non, Non, vous ne nous représentez pas » le taux de votants reste très élevé pour un pays européen (73,8 autant qu’en 2008). En conséquence, la méfiance envers les politiques n’a pas entraîné un effacement du politique. Conséquence : le vote pour la gauche unie me semble plutôt un vote de défiance envers les deux autres grands partis qu’un vote en faveur des idées d’IU. Comme je l’avais indiqué suite aux précédentes élections régionales, ce mouvement est divisé entre ceux qui se radicalisent et refusent d’aider le PS, et ceux qui pensent encore au moins pire. Dans le cadre d’élections législatives dont tout le monde savait que la droite les emporterait, la difficulté d’IU n’était pas la même que dans le cadre d’élections régionales où des élus IU pouvaient faire élire ou pas un président de région PS. Dans une région (Salamanque), IU a préféré s’abstenir faisant ainsi basculer la région dans les bras du parti de droite.

En 2011 la campagne de Cayo Lara, chef d’IU, a renvoyé dos à dos, PS et PP presque sur le thème « blanc bonnet et bonnet blanc » donc l’avenir semble encore plus compliqué que le présent, pour l’élaboration d’une réelle sortie de crise démocratique. Les défenseurs du PP appuient sur tout ce qui divise la gauche, et le PS, totalement défait ne sait s’il peut en déduire qu’à l’avenir son discours doit être plus à gauche pour ressouder l’opposition.

 

Ce phénomène se retrouve à droite avec le succès du parti de Rosa Diez (UPy D), un parti qui est né seulement en 2007 (IU est né en 1986), qui se place au centre, tout en venant d’une scission du PS ! Ce parti passe de un élu à quatre et ajoute donc au grignotage du bi-partisme qui n’existe plus en Allemagne, et qui a du mal à exister en Angleterre. Vargas Llosa a appelé à voter pour ce parti en espérant que le PP n’ayant pas la majorité absolu il soit obligé de négocier avec ce parti afin d’éviter toute dérive autoritaire. La montée de ce parti clairement opposé aux nationalismes (il demande que l’Etat puisse récupérer les compétences en matière d’éducation et de santé) n’a pas empêché surtout au Pays basque, le succès des indépendantistes de Amaiur.

 

En conséquence toute comparaison avec la situation en France serait hasardeuse. Dans notre pays la population veut se défaire de Sarkozy autant qu’en Espagne elle voulait se défaire de Zapatero. En France, l’échec de Sarkozy passe par la victoire de Hollande même si Mélenchon ou Chevènement rappellent périodiquement qu’ils peuvent être au second tour. Sarkozy aimerait bien avoir au second tour comme adversaire Marine Le Pen ou Mélenchon…

En conséquence, le candidat Front de Gauche, s’il ne veut pas aller dans le sens du vote utile qui sera de plus en plus fort au fur et à mesure qu’approchera la date de l’élection (phénomène classique de la présidentielle qui va être encore plus fort), devrait me semble-t-il rappeler qu’un bon score Front de Gauche serait un moyen d’inciter le futur président Hollande à écouter cette tendance, en souhaitant qu’il soit élu. Je sais, ça réduit les ambitions, mais les ambitions n’ont de sens que si elles sont liées aux moyens. Ce n’est pas après le second tour qu’il faut expliquer un mauvais résultat par les moyens de l’adversaire ou de l’allié, car ça nous le savons avant ! Etre crédible sur le rapport de forces, c’est être crédible sur le discours d’ensemble. Dire, Mélenchon peut être au second tour, car dans une élection tout est possible, c’est dire qu’on a une politique où tout est possible ce qui n’est JAMAIS le cas sauf à nier la réalité. Mais pour ce que j’en ai à dire…

23-11-2011 Jean-Paul Damaggio

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:19

Médiapart a donné la parole à Sandro Gozi, un ancien conseiller de Romano Prodi désigné comme un des espoirs du Parti démocratique (PD). Défenseur de la ligne centriste, même s’il est le porte-parole de ce parti il n’en est pas le secrétaire général, Bersani (son nom ne sera pas mentionné), qui se place clairement sur une position à gauche.

Comme chacun sait le gouvernement Monti est présenté comme un gouvernement d’experts comme si les experts étaient au-dessus de la politique. Or il suffit de citer deux noms pour comprendre que ce gouvernement est tout aussi politique que les précédents. D’abord la ministre de la justice imposée par Berlusconi – on se demande pourquoi ce ministère tient à cœur au Cavaliere – Paola Severino. Ses titres de gloire sont clairement au service de Berlusconi, le plus gros étant la façon dont elle aida son employeur à prendre le dessus sur Benedetti dont l’affaire Mondadori. Il avait été envisagé de donner le poste à Livia Pomodoro présidente du Tribunal de Milan.

 

Citons sur l’autre côté, le véto du Parti démocratique à la nomination d’un autre expert : Ornaghi. Ce recteur de l’université catholique de Milan devait devenir le ministre de l’éducation qui comme en France n’est plus, depuis longtemps, un ministère de l’éducation publique. Il occupe seulement le ministère des biens culturels. Le poids du Vatican sur ce gouvernement n’en est pas moindre avec Corrado Passera qui, avec la bénédiction de la Conférence épiscopale, devient le super ministre des activités productives. Le Vatican a pris une large part à la chute de Berlusconi et il récupère les bénéfices.

 

Médiapart  a-t-il posé à Sandro Gozi des questions dérangeantes sur de tels sujets ? Pas le moins du monde. Au contraire nous lisons : « Je ne suis pas trop inquiet, je suis même très optimiste. Ce débat sur la technocratie qui bafoue la politique n'a pas lieu d'être, car il s'agit en fait de permettre le retour de la bonne politique. Car aujourd'hui, qu'est devenue la politique en Italie? Depuis une décennie, il ne s'agissait que d'une confrontation sectaire entre berlusconiens et anti-berlusconiens! Et ce conflit passionné a fait beaucoup de mal au pays, au point de paralyser toute réforme. »

 

Je préfère l’opinion de Paolo Flores d’Arcais : « Berlusconi a démissionné, le gouvernement Monti a pris sa place, mais le post-berlusconisme n’a pas encore commencé. » Pour qu’il commence Flores d’Arcais pose trois conditions : le démantèlement du pouvoir médiatique de Berlusconi, l’affrontement de la crise (de manière sociale) et le rétablissement de la légalité.

A suivre. 23-11-2011 Jean-Paul Damaggio

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:17

Le réalisateur Pierre Schoeller a décidé avec l’Exercice de l’Etat, de plonger, le temps d’un film, au cœur du quotidien d’un ministre des Transports, Bertrand Saint Jean. Je ne dirai rien ici des qualités cinématographiques pour me limiter à ce qui est en fait, un paradoxe, le dépérissement de l’état. Je dis paradoxe car autrefois c’était dans le cadre d’une philosophie marxiste qu’on parlait d’un dépérissement que Staline poussa en sens inverse et que dans le film, comme dans la réalité le capitalisme pousse, lui, à son terme.

Au départ, une vision un peu lourde montre une femme nue qui se fait avaler, volontairement, par un crocodile. Indépendamment du fait que cette femme est une des rares du film (ajoutons l’épouse délaissée, la conseillère en communication, et la seule parole de résistance, celle de la femme du chauffeur), qui est le crocodile : l’Etat ou Vinci ?

Pour qui veut bien regarder le film, le crocodile n’est autre que Vinci, symbole aujourd’hui d’un géant affamé de pouvoir. Alors que le ministre des transports refuse fermement la privatisation des gares, Vinci l’oblige à revoir sa copie et il s’incline. La modernité c’est la puissance de Vinci face à un Etat qui prend l’eau comme une chaussure trouée dit le personnage, cynique par excellence, du film.

Ce film directement politique – on voit les manifs en Grèce mais aussi en France – nous montre la mutation d’un homme qui n’avait rien pour plonger dans la fourberie politique car il n’était pas du sérial, et qui pourtant après un idéalisme de départ, cherche à son tour un « fief » (c’est son terme) pour les municipales. Irrésistiblement je pensais à René Bousquet qui est tombé dans les bras de la collaboration avec les Allemands comme Saint jean tombe dans la collaboration avec Vinci !

La politique change donc de nature : elle n’est pas là pour concevoir un projet mais pour « humaniser » un diktat plus ou moins caché. Il m’arrive parfois de parler de « mort du politique » mais c’est faux : le politique devient plus indispensable que jamais, plus indispensable car les mesures mises en œuvre vont être forcément impopulaire et il faut donc des élus pour mettre de la pommade !

On pouvait avoir un Etat arbitre entre diverses forces sociales qui pour aider les plus forts, saupoudrait aux moins forts. Ainsi les P.M.E. avaient une part du gâteau et une partie des travailleurs aussi.

Quand la puissance c’est l’argent, quand l’Etat organise depuis des années la réduction de ses recettes (tous les hommes politiques ou presque ayant prôné depuis vingt ans des baisses d’impôt – sur le revenus), les crocodiles du capitalisme moderne se frottent les mains.

 

Dans cette plongée dans la collaboration, il reste un résistant, un homme politique qui ne peut changer, qui continue de vivre avec l’idée de l’intérêt commun. Il est le de Gaulle de 1940. Il n’est ni de droite ni de gauche, il n’est ni un chef de clan ni une éminence grise, il continue la vieille France. Et Michel Blanc dans ce rôle me semble être le plus juste de tous les acteurs. Ni signe d’espoir d’un demain meilleur, ni colère. Il reste propre et c’est déjà énorme. J’attends les analyses politiques sérieuses du film. Si dans une critique vous notez l’évocation de Vinci vous pouvez me faire signe. 23-11-2011 Jean-Paul Damaggio

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:16

Pour le moment nous n’avons pas physiquement fait le voyage donc nous nous contentons, pour le moment, de reprendre des articles de Sud-Ouest de ce mois-ci.

Quand les élus doivent payer

« La Communauté de communes Charente Boëme-Charraud s'est réunie le 10 novembre à Roullet-Saint-Estèphe. Parmi les 15 dossiers à l'ordre du jour, quatre d'entre eux ont monopolisé les débats. Dont la future plate-forme de la ligne à grande vitesse Le président Jean Revérault a informé le conseil de la signature, le 9 novembre 2011, scellant l'acquisition par Charente-Boëme Charraud (CBC) des 23 ha de terrains appartenant à Lafarge ciments.

Une zone industrielle

Cette zone de carrière va être louée pendant quatre à cinq années à Cosea, constructeur de la future ligne à grande vitesse. Ce dernier implantera une plate-forme de 2,5 ha recouverte avec une bi-couche. Elle accueillera une aire de stockage (gravats) de 5,5 ha et 80 bungalows. Des chemins d'accès recevront un enrobé .

La future installation de Coséa a été commentée par Jean-Paul Kerjean, maire de Roullet Saint-Estèphe, à renfort de plans et cartes visionnés par vidéo .

La décision modificative permettant le financement de l'acquisition a été validée à l'unanimité. »

Exemple typique qui montre que le financement de la ligne induit des financements supplémentaires pour les collectivités territoriales afin de faciliter ce qui va leur nuire !

Quand les services diminuent

Ici on comprend mal : l’argent pour la LGV est débloqué car la situation pour le TER s’est amélioré or les critiques contre le manque d’arrêts est phénoménale !

« Département et agglomérations d'Angoulême et Cognac débloquent la première tranche de leur participation financière mais se préparent à bloquer les voies s'il le faut.

Dans le bras de fer avec la SNCF pour une meilleure desserte d'Angoulême après le 11 décembre, les collectivités charentaises ont marqué des points. Hier, elles ont donc annoncé qu'elles débloquaient le premier versement d'argent dû pour le chantier de la ligne à grande vitesse (LGV). Le gel de cet argent leur avait servi d'arme pour décrocher davantage de trains, davantage d'arrêts pendant la période de travaux sur la « vieille » ligne TGV. Mais il reste un gros point de discorde. Et pour obtenir satisfaction, les élus ont brandi hier une nouvelle arme : ils ont menacé de bloquer les voies.

« Si cette première partie de la bataille du rail a été gagnée, on n'a pas non plus gagné la guerre », a pointé Robert Richard, à la tête de l'agglomération cognaçaise, qui ne digère pas, comme ses collègues des autres collectivités, « le désert ferroviaire de quatre heures » le matin.

Les travailleurs pendulaires sacrifiés

Ils sont au moins une cinquantaine de « Bordelais », tous les matins, à prendre le train pour venir travailler à Angoulême et faire le trajet inverse le soir à la débauche. Ils travaillent dans les administrations, tribunal, douanes, finances, les collectivités territoriales, les hôpitaux, ou dans les entreprises du Pôle image.

Leur conjoint a le plus souvent un travail à Bordeaux, où ils habitent. Eux, ils sont venus à Angoulême parce que c'est le travail le plus proche qu'ils aient trouvé, à la suite d'une mutation de la fonction publique ou d'une promotion.

La nouvelle grille horaire affichée par la SNCF à partir du 11 décembre n'a pas pris en compte ces travailleurs pendulaires dont la vie, pour certains, va devenir impossible. Ils sont en train de s'organiser pour se faire entendre. Hier, le JT de 13 heures de TF1 leur a servi de porte-voix. Leur plus gros souci ? Fini les trains entre 7 heures et 8 heures du matin au départ de Bordeaux : cela signifie pour beaucoup non seulement se lever aux aurores pour venir au travail, mais aussi patienter dans un café à Angoulême, parfois plus d'une heure, avant que leur bureau n'ouvre. La nouvelle grille propose le matin trois trains en vingt minutes, à 6 h 17, 6 h 22 et 6 h 48 et… rien après (le prochain à 10 h 36).

Pas question non plus de revenir très tôt à Bordeaux. La grille, contrairement à aujourd'hui, présente un beau « trou » l'après-midi. Premier train à 16 h 20, arrivée à Bordeaux à 17 h 39.

Ces salariés ont envoyé des lettres aux élus du Conseil général et de Grand-Angoulême pour les sensibiliser à leur situation. Le train, ça sert aussi à aller travailler tous les matins.

Après le 11 décembre, en effet, aucun train ne dessert Paris Montparnasse en partant d'Angoulême entre 8 h 13 et 12 h 08.

Or, les présidents du Département, de Grand-Angoulême, et de l'agglomération de Cognac ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont repéré, durant ce créneau horaire, un train qui passe par Angoulême, sans s'y arrêter. Il s'agit du train partant de Bordeaux à 8 h 13.

Dès le 12 au matin

Michel Boutant, président du Conseil général, Philippe Lavaud pour Grand-Angoulême, et Robert Richard pour l'agglomération de Cognac exigent un arrêt. Si la SNCF ne fait pas preuve de coopération, « le train du 12 au matin pourrait quand même s'arrêter à Angoulême », ont-ils menacé hier, très calmement, mais très clairement. Comme ils l'avaient fait pour défendre la gare de Ruffec en solidarité avec Bernard Charbonneau, comme l'a fait ce week-end l'ancien ministre des Transports Dominique Bussereau pour défendre sa gare de Pons, les Charentais se préparent donc à bloquer les voies, s'il le faut, en gare d'Angoulême.

« Nous continuons la lutte sous une autre forme, a résumé Michel Boutant, pour le Conseil général. Il y a des Robin des bois, des Robin des toits, il y aura des Robin des voies. »

Quand les voiries passent à la trappe

Cette fois le constructeur de la LGV ne comprend pas comme tout le monde le mot échangeur ! On peut craindre que ce soit la même chose pour l’essentiel du vocabulaire !

« Michel Harmand se dit excédé et prêt à tout pour se faire entendre. « Oui, j'ai appelé les élus et la population à bloquer la route nationale 10 le jeudi 1er décembre, vers 10 heures. Croyez-moi, nous serons nombreux. Notre manifestation ne passera pas inaperçue. Environ 20 000 véhicules passent ici chaque jour. Il y aura de sacrés bouchons », prévient le maire de Mansle et président de la Communauté de communes du Pays manslois.

Les raisons d'une telle colère ? M. Harmand exige la construction d'un véritable échangeur à l'entrée Sud de la ville… Un échangeur qui puisse gérer tous les flux entre la RN 10 et la départementale 739 (la route de Saint-Claud).

Le problème des camions

« Des travaux sont bien programmés, dit-il, mais l'équipement n'est pas complet. Il y aura seulement deux bretelles : l'une pour les véhicules venant d'Angoulême ; l'autre pour les véhicules y allant. En revanche, rien n'est prévu pour le trafic venant de Poitiers et vers Poitiers. C'est scandaleux ! Cet échangeur au rabais va diriger dans le centre-bourg de Mansle de nombreux poids lourds qui veulent emprunter la D 739. »

Et M. Harmand d'ajouter que la présence de nombreuses carrières d'extraction de calcaire dans le secteur et l'installation d'une base logistique du chantier de la LGV (ligne à grande vitesse) à Villognon va accélérer la ronde infernale des camions.

À Mansle, cette histoire d'échangeur est une affaire ancienne : on en parle depuis la construction de la déviation, en 1974 ! M. Harmand, qui fut élu maire en 1983, dit avoir remué ciel et terre pour faire avancer le dossier. Il est intervenu auprès de MM. Raffarin, Perben et Bussereau. En vain. Plus récemment, il a écrit à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Nicolas Sarkozy.

Pas assez d'argent

Le 10 octobre, la réponse de la directrice de cabinet de la ministre de l'Écologie et des Transports fut sans appel : il est impossible de financer la construction des deux bretelles. Il y a trop d'enjeux environnementaux, trop de contraintes budgétaires…

« Certes, mais ces bretelles ne coûtent, selon mes estimations, que 600 000 €. C'est une somme dérisoire au regard des investissements inscrits au Plan de modernisation des itinéraires (PDMI) », rétorque aujourd'hui M. Harmand.

Oui mais voilà… Ce fameux PDMI n'est pas extensible. Entre 2009 et 2014, l'État engagera 232 millions d'euros dans la région Poitou-Charentes, dont un peu plus de 181 millions pour la seule Charente, ce qui est exceptionnel dans un contexte budgétaire tendu, mais pas suffisant pour répondre à toutes les demandes. Il est vrai que la liste des chantiers inscrits au PDMI donne le vertige : déviations de Chabanais et de La Rochefoucauld, mise à deux fois deux voies des portions Pétignac-Barbezieux et Reignac-Chevanceaux, fin de l'aménagement des Chauvauds et travaux de sécurisation des carrefours dangereux (encore appelés carrefours plans) entre Tourriers et Mansle.

C'est dans le cadre de ce chantier entre Mansle et Tourriers que s'inscrit la construction du demi-échangeur de Mansle. Sont également prévus le traitement des intersections de la RN 10 avec le CD 116 (la route de Maine-de-Boixe) et le CD 40 (la route de Coulgens). Ces travaux (notamment la construction d'un pont) seront financés par des crédits du dernier contrat de plan État-Région encore non consommés (4 M€) et par ceux inscrits au PDMI (1,75 M€).

Mme Bonnefoy pas d'accord

« Il n'a jamais été question que l'échangeur de Mansle soit un échangeur complet. On peut le regretter, mais c'est ainsi. Ça, Michel Harmand, qui connaît tous les détails du PDMI, ne peut le nier. Il menace de bloquer la RN 10, mais il aurait dû le faire depuis bien longtemps ! Aujourd'hui, cela ne sert à rien de hurler ainsi », nuance la sénatrice Nicole Bonnefoy, par ailleurs conseillère générale de Mansle.

Mme Bonnefoy ne manifestera pas le 1er décembre. Elle aussi se bat pour de meilleurs aménagements routiers, mais privilégie une autre stratégie. « Michel Boutant, Patrick Berthault et moi travaillons avec les services de l'État, mais aussi avec Lisea et Cosea, le concessionnaire et le constructeur de la future LGV. Il y a des pistes à explorer, notamment à l'échangeur de Maine-de-Boixe, où nous aimerions qu'une bretelle provisoire puisse devenir définitive […]. Moi, je préfère aller au fond des dossiers plutôt que de rouler du tambour ! »

Pour conclure, on rappellera que le 16 janvier 2009, les élus charentais ceints de leurs écharpes tricolores avaient déjà bloqué la RN 10. Mais ils avaient manifesté dans l'unité, toutes familles politiques confondues.

Quand les riverains s’inquiètent

« À l'initiative de la municipalité de Cubzac-les-Ponts, une réunion d'information a permis à une centaine d'habitants de la commune de rencontrer les représentants de Cosea, concessionnaire de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux.

Le maire de la commune Alain Tabone a accueilli les personnes présentes en rappelant que le Conseil municipal suivait de très près l'avancement de ce dossier. « Nous avons voulu cette réunion publique d'information afin de présenter le projet aux riverains et de répondre à leurs inquiétudes concernant les nuisances que ce chantier va nécessairement engendrer ».

Pas d'explosifs

« Nous avons déjà rencontré régulièrement les responsables de Cosea qui ont répondu favorablement à certaines de nos demandes, mais d'autres points restent encore à régler et nous pensons que ce type de réunion peut nous y aider. »

Anne Mériglier, responsable de la concertation des études pour la Gironde et la Charente Maritime chez Cosea, a ensuite présenté sur écran le tracé de la ligne, en particulier le tronçon de 3,7 km qui se trouvera sur la commune de Cubzac, et les différents travaux et aménagements prévus ainsi que le calendrier des différentes phases d'aménagement avant de répondre aux questions posées dans la salle.

Certaines inquiétudes des habitants concernant les travaux de déblais, elle a précisé que ceux-ci ne se feront pas la nuit, ni les week-ends, sauf en cas de trop gros retard. « Je peux également vous préciser qu'il n'est pas prévu d'utilisation d'explosif et que les camions de gravats ne traverseront pas Cubzac vers l'école comme prévu au départ, nous étudions actuellement un aménagement des transports avec la RN 10 et l'A 10 comme axes principaux et la RD 1010 en axe secondaire. »

« Nous allons également réduire le plus possible les gênes pour la population : pistes arrosées régulièrement pour éviter la poussière, engins de terrassement conformes à la réglementation, très peu de travaux de nuit, sécurité maximale sur le chantier et autour, surveillance des maisons riveraines ».

En effet, le concessionnaire va établir un projet d'expertise des habitations avant, pendant et après travaux, qui sera soumis aux mairies au plus tard début 2012.

Écran acoustique

L'inquiétude des riverains concerne aussi le bruit lorsque la ligne sera en service, car les trains arriveront au nord de la commune à 300 km/heure et passeront sur le viaduc de la falaise et aux marais à 230 km/h. « La réglementation, précise Anne Mériglier, impose un maximum de 60 décibels en moyenne le jour et 55 la nuit, ce qui correspond au bruit d'une conversation et tout est prévu pour que l'ensemble des habitations de Cubzac se trouvent en dessous de ces seuils grâce à des merlons de protection le long de la ligne et un écran acoustique sur le viaduc de la falaise ».

D'autre part, il est prévu une communication régulière pendant les travaux, avec un site Internet, un journal envoyé trois fois par an aux habitants, des panneaux de chantier, une communication de proximité dans les mairies, dans la presse, etc. Anne Mériglier a également présenté le calendrier prévisionnel de ce chantier : 2011-2012, études, autorisations et travaux préparatoires ; 2012-2015 : réalisations des infrastructures ; 2015-2016 : réalisation des superstructures et de la signalisation ; 2 017 : essais à blanc et mise en service en juin 2017.

L'exposé et les questions-réponses n'ont pas totalement rassuré les riverains mais la municipalité et l'association Sauvons Cubzac suivent de très près le dossier, et continueront les rencontres avec le concessionnaire afin d'obtenir toutes les réponses permettant de rassurer la population. »

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:14

TER : Des revendications précises

 

Nous reprenons ce communiqué qui montre l’esprit de responsabilité des associations qui font des observations précises, documentées. A ceux qui diront que c’est un peu tard pour régler les problèmes nous rappelons encore que dès le 5 juillet ces associations avaient fait les mises en garde. M. Marziani et les représentants de RFF présents peuvent en témoigner. Mais comme en toute concertation qui se respecte, causez toujours… et nous on continue. JPD

 

 

Les associations AUTAB et TEG82 s’inquiètent des  nouveaux horaires pour les usages de la ligne Toulouse-Agen-Bordeaux :

Un exemple parmi tant d'autres certains habitent Toulouse et travaillent à Agen. 117 km qu'ils effectuent en train, moyen de transport dont ils sont dépendants eu égard à la distance parcourue. Aussi quotidiennement, ils doivent parcourir entre 160 et 300 kilomètres pour leurs trajets domicile-travail.

«Nous sommes à la merci des modifications des horaires de trains » expliquent des usagers et abonnés de travail regroupés dans les associations AUTAB (Usagers de la Ligne Toulouse-Agen-Bordeaux) et TEG 82.

Leurs inquiétudes viennent de la mise en place du nouveau cadencement des horaires de près de 93% des trains, un changement énorme prévu pour le 11 décembre.

Suite à une réunion publique, le 14 novembre dernier, ils ont relevé les doléances d'usagers et entendent insister auprès des responsables TER, élus de la Région, représentants de l'Etat sur les divers problèmes que les nouveaux horaires occasionneront. « Ce nouveau cadencement entraîne pour nous tous, un doublement des temps de trajet, puisque la plupart des horaires proposés ne coïncident pas avec les entrées et les sorties de nos lieux de travail», affirme l'association AUTAB.

D'où cette incongruité, née de certains changements d'horaires : « Cinq heures de trajets pour des personnes qui travaillent dans des villes situées à seulement 117 km de distance ! Ces nouveaux horaires vont donc obliger les usagers à se lever bien plus tôt le matin (entre 4 et 5h en moyenne) pour les usagers Toulousains, pour rentrer le soir au domicile jusqu'à 21h30 pour un bon nombre d'entre eux !»

Aussi les responsables des deux associations ont émis plusieurs revendications dont

          la réhabilitation de l'Inter Cités n°14100 (supprimé en Décembre 2010) ou mise en place d'un train direct Toulouse-Montauban-Agen, arrivant à Agen entre 8heure et 8h15 le matin ;

          le maintien du TGV n°8518 départ Toulouse 6h10, Montauban 6h 36 (ce TGV sert notamment à des personnes du secteur médical à prendre leurs fonctions à 7h et 7h30)

          maintien du TEOZ ou d'un train direct départ Agen à 17h39, et ce jusqu'à Toulouse. Et la mise en place d'un train complémentaire entre 18h42 et 19h49 au départ d'Agen (pour les personnes finissant le travail à 18h30, qui n'ont pas le temps d'arriver à temps pour le 18h42).

Ils désirent également être reçus par l'ensemble des partenaires avant le 11 décembre 2011, «en vue d'une concertation sur nos demandes, qui sont, nous le rappelons, vitales pour les usagers-travail de cette ligne, abonnés à l'année. En effet le maintien de cette grille horaire pourrait aller jusqu'à la remise en cause très sérieuse de contrats de travail pérennes.»

Communiqué par AUTAB et TEG 82

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:12

  Manau.jpg

 

Ce que ne dit pas la présentation ci-dessous de Pierre Manau c’est qu’il fut un proscrit de 1851 du département du Tarn-et-Garonne et un défenseur de Dreyfus. Voilà pourquoi j’ai eu plaisir à retrouver cet article. Et que Cladel soit de ses amis, n’a rien de surprenant. JPD

 

 

LE MATIN 1er octobre 1900

PIERRE MANAU

En voyage - Beaucoup de potins autour

d'un magistrat - La vérité.

M. Manau, procureur général près la Cour de cassation, a l'habitude, au moment des vacances judiciaires, d'aller où sa fantaisie le pousse, en Suisse, en Belgique ou ailleurs, ne se fixant nulle part, faisant de courts séjours dans les régions qu'il traverse et ne laissant jamais son adresse. Cette année, M. Manau a fait comme les années précédentes il voyage. Quand M. Manau voyage, il a ceci de commun avec des tas de gens, de n'être pas chez lui. Et comme un reporter indiscret est allé à son domicile à Paris, et qu'il lui a été répondu que M. Manau était absent, qu'il voyageait, et qu'on ne savait pas où il était, ledit reporter indiscret en a conclu que M. Manau avait disparu « mystérieusement». On ne disparaît pas «mystérieusement» sans motif. Ce motif était facile à trouver. Avec beaucoup de logique, on a affirmé que M. Manau était fou. C'est bien ça. M. Manau ne voyage pas il déménage.

Et depuis deux jours, on cherche partout M. le procureur général près la Cour le cassation, qui visite tranquillement Bruxelles, ainsi que l'annonce cette dépêche de l'agence Havas :

Bruxelles, 30 septembre Une personne à même d'être bien renseignée confirme la nouvelle du passage de M. Manau à Bruxelles. M. Manau, ami d'enfance de Léon Cladel, se trouvant en voyage, poussa jusqu'à Bruxelles où il assista mardi dernier, à la représentation de la Visite de Noce, d'Alexandre Dumas, au théâtre du Parc. Mlle Esther Cladel, fille de Léon Cladel débutait dans cette pièce.

M. Manau resta plusieurs jours à Bruxelles, a même été l'hôte de M. Edmond Picard, jurisconsulte.

 

D'autre part, notre correspondant particulier de Bruxelles confirme ces renseignements ; il ajoute que M. Manau a passé quinze jours en Belgique. Il a été à Bruges notamment.

Enfin, nous dirons, pour rassurer tout à fait ses amis, que M. Manau est rentré samedi soir à Paris en très bonne santé. Hier matin, il est reparti pour aller retrouver ses enfants dans une maison de campagne aux environs de Paris. Il ne rentrera définitivement que le 15 octobre,.

L'homme du jour.

Puisque M. Manau est, malgré lui, homme du jour, l'occasion nous paraît bonne pour rappeler sa carrière.

M. Pierre Manau est né à Moissac, le 8 octobre Il a donc soixante-dix-huit ans.

On sait que l'article 1er du décret du 1er mars 1852 par lequel a été atteint, le 1er septembre 1900, M. le premier président Mazeau - est ainsi conçu dans sa première partie :

« Sont mis de plein droit à la retraite les membres de la Cour de cassation à l'âge de soixante-quinze ans accomplis.»

Exceptionnellement, ce décret ne s'applique pas au procureur général près la Cour suprême, magistrat pour lequel il n'existe aucune limite d'âge. En ce qui concerne la pension de retraite, dont, dans l'ordre judiciaire, le maximum est de 6,000 francs, le procureur général près la Cour de cassation est soumis, comme tous les autres magistrats, à l'article 5 de la loi du 9 juin 1853. Il ne saurait, en conséquence, avoir droit à la pension de retraite qu'à soixante ans et après trente ans accomplis de service.

M. Pierre Manau, ancien avocat à Paris et à Toulouse, est entré dans la magistrature à quarante-huit ans. Nommé, le 11 septembre 1870, avocat général et, quelques mois après procureur général à Toulouse, il était promu aux fonctions de président de chambre à la Cour de cassation le 19 mars 1892. S'il eût conservé ces fonctions, il eût été mis d'office à la retraite le 18 octobre après vingt-sept ans de service, c'est-à-dire sans remplir alors la seconde condition trente ans de service exigée pour la pension de retraite. Mais, nommé procureur général le 31 mars 1893, M. Manau ne se trouvait plus dès lors soumis à la limite d'âge fixée par le décret du 1er mars 1852.

Depuis le 11 septembre 1900, l'honorable magistrat, ayant plus de soixante ans d'âge et ayant trente ans de service accomplis, à t droit à la pension de retraite.

Dernier détail M. Manau est commandeur de la Légion d'honneur.

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:47

En cherchant des notes du festival 2007 je tombe sur ce souvenir que je livre ici au moment où l’Italie change tout pour que rien ne change. JPD

 L’Italie

Ces notes étant écrites de mémoire je commence par la fin qui va nous conduire en Italie.

Jean-Pierre Vincent vit le spectacle à Milan et décida d’en faire une traduction pour le « In » d’Avignon. Sur scène, Gilles David joue un vieil Italien, Vittorio Foa. Il n’a pas l’apparence d’un homme de 91 ans car tout le spectacle est dans le texte : décor minimum, pas de musique (ou si peu), pas de costume, juste un acteur disant un texte.

Vittorio Foa, en 2001, décida de s’interroger sur le silence des communistes. Des spectateurs pensèrent peut-être qu’il fut l’un d’eux or ce n’est pas le cas : il fut membre de l’aile gauche du PS après avoir appartenu au Parti d’Action au lendemain de la Résistance. Mais depuis 1990, Vittorio a rejoint le PDS qui fut le nouveau parti issu du fameux PCI. Il décide de s’adresser à deux communistes historiques pour qu’ils expliquent pourquoi, depuis vingt ans, l’histoire communiste est devenue si silencieuse.

Sa première interlocutrice est Miriam Matai. Je n’avais jamais entendu son nom. Jeune étudiante en 1945 elle s’engagea alors dans le PCI qui devint l’essentiel de sa vie. Les questions tournent autour de « la révolution », de l’URSS, de l’Histoire et du temps présent. Elle admet qu’en 1945 la rhétorique communiste sur « la révolution » était une simple rhétorique. Pour elle, concrètement, la révolution c’était un modeste acquis social qui pouvait naître de luttes populaires. J’ai retenu cet échange : Vittorio disant à Miriam, je ne suis pas d’accord avec toi, l’histoire se fait aussi avec des « si ». Dans la tradition marxiste le rapport entre déterminisme et engagement n’a jamais été clair. Pour Vittorio il n’y a pas de doute : « on aurait pu faire autrement ! ». Et si on avait fait autrement l’histoire n’aurait pas été la même. Pour Miriam qui ne s’en explique pas, on suppose que les hommes faisant l’histoire dans des conditions données, ces conditions déterminent un parcours social inévitable. L’engagement consiste alors à pousser les contradictions du capitalisme jusqu’à ce qu’il explose.

Avec Alfredo Reichlin, plus connu, considéré un temps comme le playboy du PCI, le débat portera surtout sur le présent avec cette obsession du bel Alfredo : la politique se meurt, en conséquence, si le débat sur le passé est plein d’intérêt, il ne résout pas les questions soulevées par la mondialisation, cette mondialisation que Miriam veut seulement civiliser comme les réformistes d’hier civilisèrent les capitalismes nationaux.

En les écoutant, j’ai repensé aux invités manquants de ce débat à trois, et par exemple Pietro Ingrao, Rossana Rossanda (cité en passant) et toute la frange qui est restée communiste. Comment s’interroger sur « le silence des communistes » en oubliant ceux qui tentent de faire vivre l’idéal en question ? Car il sont disqualifiés par avance en tant qu’archaïstes ? Aujourd’hui une nouvelle force politique semble naître en Italie, à la gauche du nouveau parti de centre gauche car après le PCI, il y a eu le PDS puis la DS puis à présent nous aurions le PD (parti démocrate qui fait penser au mouvement démocrate de Bayrou).

Cette observation n’enlève rien aux mérites de ce spectacle courageux car aborder au théâtre les questions directement politiques c’était de toute façon un pari osé et un pari qui a fonctionné côté public, puisqu’il fallut ajouter des séances supplémentaires.

Pendant le séjour, nous avons croisé l’Italie avec la traditionnelle Commedia del arte, un spectacle tout en chansons ce qui pouvait faire regretter que la pièce de Jean-Pierre Vincent ne se termine pas par une chanson. Pour cette année nous avons délaissé Dario Fo présent avec trois spectacles. Mais nous avons retrouvé Goldoni avec Barouffe à Chioggia, une histoire qui pouvait faire apparaître les combats sociaux entre les pêcheurs et les négociants mais qui se changea en grosse farce au sujet d’histoires d’amour. Nous retrouverons les acteurs dans une autre pièce, acteurs qui ont eu le mérite de jouer à 12 sur une scène minuscule.

JP Damaggio

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