Les Renseignements généraux, toujours bien informés, (je l’ai vérifié) annoncent au final un Mélenchon à 17 %. Le journal Le Monde en profite à présent pour comparer ce résultat et la somme des candidats de gauche des précédentes présidentielles, afin de relativiser la dynamique. Or, l’unification de ces scores allant de l’extrême-gauche à la gauche du PS en passant par une partie de l’électorat écolo et du FN n’était pas évidente. Mais voilà, Mélenchon a su se mouler dans le cadre de la présidentielle, sauf que la présidentielle c’est juste un moment à passer… Hier c’était les bons moments pour Besancenot et aujourd’hui c’est la galère pour le NPA. Encore une fois, jepose la question de demain ! La force de Mélenchon a consisté à se placer en dehors du système (je ne veux pas devenir ministre), à prendre Marine comme tête de turc, et à capter une colère évidente et bien réelle. Il paraît que c’est la Révolution…
La Révolution a tout à gagner à un bon score de Mélenchon… mais elle a tout à perdre, surtout quand un membre du Bureau National du Parti de Gauche confirme la campagne : « ne discutons pas aujourd’hui de ce qui se passera après la présidentielle ». Or, le PG et le PCF sont d’accord sur un point : il y a une unité entre présidentielle et législatives. Donc parlons un peu des législatives ? Faut-il alimenter de nouvelles illusions ?
Un exemple : je l’ai lu chez Poutou comme je l’ai entendu chez Mélenchon, la solution c’est faire comme l’Argentine, ne pas payer les dettes. Or l’Argentine a payé ses dettes après un réaménagement et un rééchelonnement. Et surtout après une dévaluation qui a saigné le pays. Les Grecs ne peuvent faire comme l’Argentine car ils ne peuvent dévaluer l’Euro. En sortir d’abord ? Parmi les soutiens de Mélenchon, il y a le M’Pep qui milite pour la sortie de l’Euro, et qui se prépare à présenter trois candidats aux législatives pour ne pas laisser cette revendication au FN. Ce mouvement est ultra minoritaire et il ne faudrait pas s’y arrêter ! Un appel des anti-productiviste est sur le site laplaceaupeuple. Cet appel en faveur de Mélenchon est, sur bien des points, loin du programme du FdeG. Vous pouvez vous y reporter. L’unité a du bon si elle n’incite pas à oublier les divergences.
D’ailleurs, comment dire au peuple « prenez le pouvoir », et proposer en même temps les solutions précises aux problèmes ? Bref, la question fondamentale, à présent que la force électorale est là (et ça aide), c’est de savoir comment cette force peut devenir une organisation sociale, comment elle peut bouleverser l’ordre des choses.
C’est vrai, j’ai déjà fait le constat des projets en cours, projets souterrains ou visibles. Et ça bouge tous les jours. Le NPA explose après avoir vu partir quelques vagues de contestataires. Hier des tendances de la LCR passaient au PS (pendant les années 90) et depuis Christian Picquet et la naissance de la Gauche Unitaire, elles s’allient au PCF ou au PG ou vers autre chose. Mais pour quel résultat au bout ? La hantise c’est la solution à l’italienne où toute gauche a disparu. L’actualité de la présidentielle française pourrait rappeler que le peuple de France veut faire l’histoire, et qu’il est l’exception (des partielles en Espagne pointent le même phénomène). Mais dans le monde normalisé que nous connaissons, l’internationalisme pourrait nous faire croire à l’exception, mais pas l’événement d’un seul pays.
Donc je reviens au combat social auquel je participe pour le moment : la dénonciation de la ligne à grande vitesse. Pour le moment TOUS les candidats font l’impasse alors qu’il s’agit de questions de société cruciales à tout point de vue, alors qu’il y a mensonge classique sur toute la ligne c’est le cas de le dire.
Pour moi aucun arbre ne peut cacher la forêt mais aucune forêt ne me fait oublier les arbres.
3-04-2012 Jean-Paul Damaggio