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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 13:07

Nouvelle revue décembre 1903
MAURICE ROLLINAT

Si j'évoque, dans mes souvenirs, le Rollinat, non point des premiers débuts, (je ne l'ai pas connu), mais le Rollinat d'un peu avant le succès que lui fit, d'après l'enthousiasme d'un groupe de jeunes amis et l'admiration de Sarah-Bernhardt, l'article d'Albert Wolff, je retrouve, un homme calme, discret, précis, parlant volontiers littérature et très attentif, dans ses appréciations  sur les poètes, à leurs qualités de forme..Il aimait d'ailleurs trouver matières à éloges. Il vivait parmi une jeunesse un peu tumultueuse, très gaie, où le talent abondait, sinon concentré, travaillé, mis en œuvre, mais gai, pailleté, primesautier, improvisateur.
Rollinat fréquentait alors ce milieu de rimeurs, de musiciens, de chansonniers, qui s’étiquettent du titre bizarre d'Hydropathes.
Charles Cros y fréquentait; il promenait avec ses amis, en de longues flâneries, son humeur capricieuse et de verve toujours en éveil, il y rencontrait le poète Goudeau dont on aimait fort le parisianisme un peu étonné et le naturalisme léger; Georges Lorin, un poète vrai et envié, peut-être indolent, qui dans Paris Rose et L’Ame folle n'a peut-être pas donné toute sa mesure, Charles Frémine qui n'était point encore l'auteur de cette pièce quasi-célèbre les Pommiers, mais qui déjà disait sous les ombrages du Luxembourg son joli sonnet Floréal, en bon Normand enamouré du soleil et de la jolie griserie des couleurs du chéri printemps de Paris Fernand Icres [l’auteur écrit Icart], mort très jeune, qui d'un verbe robuste et un peu monotone magnifiait les Pyrénées et avait dans des pages de vers des vigueurs à la Cladel. On voyait par là, sur le tréteau, où toutes les semaines les Hydropathes montaient tour à tour pour se donner des nouvelles de leur talent, Grenet-Dancourt, qui n'était pas encore l'auteur fêté de Trois femmes pour un mari, mais l'auteur applaudi d'un tas de monologues sensibles ou hilarants qui obtenaient de grands succès Moynet, également monologuiste Jules Jouy, qui écrivait alors des fantaisies au Tam-Tam si ce n'est au Tintamarre, et qui faisait déjà des chansons qui édifièrent sa gloire montmartroise, très curieux d’ailleurs à entendre et qui trouva à ce moment quelques notes de satires qu'il ne retrouva plus.

Cet alluvion de poètes, tous ici débutants, sauf Charles Cros, dont le Coffret de Santal, un beau recueil de poésies, avait assis la gloire, succédait immédiatement à la belle éclosion de poètes qui se déclarèrent en face du Parnasse, les poètes vivants (il fallait bien un nom) c'était Jean Richepin, Bouchor, Ponchon ; Paul Bourget voisinait avec eux ils étaient tout près du bon Gabriel Vicaire qui chantait d'exquise façon sa Bresse natale, et rimait son Paris de pauvrettes ballades. Sur les confins du groupe, on voyait, tout jeune, Haraucourt, et j'en oublie, et j'en omets, car la liste serait longe de cette brillante et un peu turbulente génération où déjà la mort a beaucoup fauché.

Rollinat avait débuté dans la poésie avec des tendances contradictoires. Il était naturaliste car l’influence de Zola était énorme à cette heure-là et Zola avait sacré poètes du naturalisme ces deux artistes si dissemblables Coppée et Richepin, et il y avait un mouvement de ce côté-là.
Il était provincialiste (sans être folkloriste), car il aimait beaucoup son Berry natal ; il en aimait les mœurs, le paysage, les légendes.
Son premier livre de vers s'appelait Dans les Brandes, du nom que l'on donne au Berry, à ces étendues, où des granits légers voisinent avec des étendues de bruyère rose, qui sont, sous la nuit noire, dans leur langueur plane, parfois fantastique, et où il a vu passer le Grand Meneu de loups sifflant dans la nuit verte.
Il était aussi macabre, car  il chérissait profondément l'œuvre d'Edgar Poe et celle de Beaudelaire. Il évoquait des fantômes terribles, dans la brande natale et dans la rue de sa ville d'élection : Paris. Naturaliste, provincialiste, macabre, il était en surplus paroxyste. C'était là sa note personnelle. Il appuyait sur la sensation, la grossissait, la déformait et s'il cherchait ses sujets souvent dans les gammes noires, prenant comme héros de l'un de ses poèmes, Troppmann, l'assassin ; il en tirait le plus d'effet possible, par le réalisme des détails.

Le poème lent, il le disait, et sa diction ajoutait beaucoup à ses poèmes qu’il soignait beaucoup.
Par dessus cette complexité poétique, il était hanté par la musique non qu'il abusât de l'harmonie et du chant lyrique dans ses poésies sauf quelques jolies tentatives de strophes, il se contenta le plus souvent d'un vers plein d'ordonnance romantique.
En suivant les enseignements de Baudelaire, il ne rencontra pas la musique de son vers; il est plutôt hanté, dramatique, plus soucieux de la concision avec laquelle il frappe son idée, que du timbre de la mélodie poétique dont il l'enveloppe; mais il fit de la vraie musique. Il avait construit un chant et plaqué des accords d'accompagnement sur des vers de lui, sur des vers de Baudelaire, sur des passages d'Edgar Poe, et cette musique, il la chantait et la jouait. Etait-il musicien ? oui et non, certes, il avait le goût, le sentiment, l'innéité de la musique, mais ses dons n'avaient point été fortifiés par le travail il ne savait guère l'harmonie en revanche il avait lu beaucoup de musique et était passable pianiste amateur.
Il avait aussi beaucoup fréquenté l'œuvre de Chopin dont on pourrait peut-être retrouver l'influence dans sa façon d'écrire la musique. Chopin l'intéressait, parce que souffrant parce que mort jeune, parce que douloureux, et aussi, par les liens qui l'unirent à George Sand, il faisait corps, pour l'imagination de Rollinat, à ce Berry qu'il aime tout entier, tel quel, et qu'il préfère à Paris
Car il ne faut pas ajouter une foi complète, bien au contraire, qui montre Rollinat triomphant, gâté par le succès, blessé au vif par un mot de fonctionnaire, caractérisant, non sans naïveté, et traitant d'exhibition la façon de se produire de Rollinat, son habitude de chanter ses mélodies et de dire ses vers en public. Il est probable que Rollinat quitta Paris, simplement pour aller travailler loin de Paris, et que lorsqu'il fut rentré dans son Berry, libéré qu'il était par des circonstances intimes, de la nécessité de gagner son pain, comme employé de la ville de Paris, il se laissa reprendre tout entier par la nature ambiante, ou mieux, il s'y retrouva comme dans un miroir, et voulut demeurer face à face avec lui-même. Cette contemplation de soi sélecta ses qualités et ses défauts.

Son paroxysme s'adoucit, son naturalisme tomba, ses tendances philosophiques s'accrurent de son soliloque perpétuel, et il s'adonna, parallèlement à noter ses joies et ses angoisses naturistes. Rollinat abandonna, ou du moins délaissa un peu, ce macabrisme parisien, quelque peu dérivé des Petites Vieilles et des Sept Vieillards de Baudelaire. Il ne nous montrera plus les figures énigmatiques, les fantoches tristes, de la Danse en cire, de celui qui lui dit, sous une porte du Boulevard Saint-Michel « Prenez garde, vous avez la maladie dont je suis mort », il ne refusa plus Mademoiselle Squelette, ni la Morte embaumée, pas plus qu'il ne se souviendra de cette note naturaliste qui lui donnait des tableautins de June comme la Belle Fromagère. Il s'éloigna de Zola, comme de Baudelaire, et c'est Pascal qui le hantera, c'est l'idée de Pascal, l'idée religieuse, la transe perpétuelle, la sensation du gouffre, que chacun porte en soi, qui lui dicte l’Abime. Evidemment, il y a encore là les sonorités de Baudelaire, le ton de Baudelaire dans des poésies tels que l'Avertisseur, mais les deux notes sont assez semblables Baudelaire a aussi, dans son génie, subi l'empreinte de Pascal, et c'est par lui, peut-être, que Rollinat est arrivé à Pascal.

Un certain nombre de ses poèmes, à cette époque, sont purement descriptifs et décoratifs. II a rimé des sensations de voyage, de notes prises sur le bord de la mer, il leur a donné la forme de la ballade, la plus connue est celle des Barques peintes. Ses ballades ne sont pas de ses meilleurs poèmes encore qu'il ait réussi parfois et tout à fait, le sonnet, la forme fixe n'est pas le meilleur terrain de Rollinat. Dans la ballade, il n'a pas la maîtrise complète de se former. Il y a des chevilles et des imperfections. Rollinat, qui est robuste, est aussi, à quelques moments, un peu lourd. Il ne passe pas aisément à travers tous les nuances du papier que Banville crève si joliment. Il ne trouve pas le fin du fin en matière de rimes riches, et d'habiles passages vers la rime imposée. Cette qualité du rimeur ingénieux, c'est une de celles qu'il eut le plus vivement désiré acquérir et dont, peut-être, il se croyait pourvu ; il ne la posséda pourtant qu'à un faible degré.
Ses qualités sont ailleurs. Cherchant à retrouver dans la nature quelque chose de ses inquiétudes psychiques et nerveuses, les cherchant ainsi pour guider Pascal, Poe et Baudelaire, mais aussi sous sa vision intuitive, Rollinat a eu une note très personnelle, et qui sera sa marque et son apanage dans l'histoire littéraire, dans une certaine vision non point dramatisée, mais parfois poignante des aspects tristes, terribles ou maussades simplement de la nature. Il s'inspira de la Charogne pour découvrir parmi les effluves des rosiers une odeur de pourriture, mais aussi son tempérament le poussa à entendre dans le vent d'orage plus une menace qu'une musique, dans l'approche de la nuit, une insécurité plus qu'un repos, et dans les mille bruits de la campagne plus de grognements que de chants. Dans les paysages esseulés, éloignés des villages et des bourgs, près des vieux arbres tordus, aux formes compliquées de nodosités monstrueuses, et que le crépuscule rend encore plus fantastique, il éprouvera nette, sinon la sensation de la peur, au moins celle d'une nature maléfique et terrible. Il voit très bien dans la vie de la nature, la succession des morts, des égorgements. Il la connaît, la pénètre, s'en émeut, mais, et c'est une qualité, il ne chante pas perpétuellement la chanson des blés d'or. Il sait, tout comme un autre, que la terre est nourricière, mais il sait aussi qu'elle produit les poisons, il a vu juste dans son pêle-mêle aveugle de bienfaits et de méfaits, et c'est une preuve d'observation personnelle, et ce n'est pas un mince éloge que de dire de lui qu'il a étudié la nature, qu'il l'a dite sans utiliser de clichés, et qu'il l'a chantée sans romance. Libre à lui de la voir sombre et marâtre. Il a le droit de conclure ainsi.

Dans cette campagne, il situe un paysan méfiant et cauteleux, volontiers jeteu de sorts, il y place des braconniers qui patoisent, des vieux domestiques égoïstes et finauds, il les alterne de l'affreuse vision de femmes rongées par d'épouvantables cancers et qu'il appelle des réprouvées; il reprend le fantastique, il conte comment dans les écuries pénétra le lutin; il le fait raconter par un paysan.

Mais sitôt entré, qu'ça descend
dans l'écurie une vapeur rouge
où, peureusement les chos' qui bougent
ont l'air de trembler dans du sang.

C'est tout nabot - v'lu comme un chien
et d'une paraissanc' pas obscure
puisqu'on n'perd rien de sa p'tit' figure
qu'est censément fac' de chrétien.

Le paysan de Rollinat, tantôt bonhomme, tantôt terrible et souvent terrifié par la vie qui l'entoure, par la vie des choses et la vie des bêtes, n'est pas une création banale. Rollinat n'a peut-être pas réalisé les grands espoirs qu'on fondait en lui. Il a fourni une œuvre nombreuse, intéressante, où les bonnes poésies ne manquent pas, et qui fait preuve, à côté d'originalités composites, d'une singularité de vision qui est parfois de la belle originalité.
Gustave KAHN.

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 12:56

paul.jpgVoici des éléments de l'émission de radio de cette semaine.

http://cfmradio.fr/podcast/paul-darasse-linstituteur/

Carte d’identité :
DARASSE Paul (Saint-Antonin, 1901-1986) : Adolescent, il s’intéresse déjà aux vestiges préhistoriques et, dès 1923, entreprend la fouille des dolmens du causse. Autodidacte, il devient rapidement un préhistorien reconnu et a laissé de nombreuses études qui font loi.

L’instituteur
En 1936 il était à Caylus à l’âge de 35 ans. Grâce à un texte que m’a communiqué Norbert Sabatié nous avons quelques souvenirs du jeune normalien de Montauban entre 1917 et 1919.
Sur la discipline
La discipline à l’école ? Puisque  nous étions externes, il était impossible d’appliquer ici les mêmes règles que dans un internat. Je crois d’ailleurs que jamais notre directeur ne nous aurait imposé une discipline aussi stricte. Il nous traitait en adultes, et de notre côté, par amour propre, par respect et amitié pour lui, aussi, nous nous conduisions en adultes.
Oh ! N’allez pas croire que nous étions de petits saints ! Loin de là ! Nous aimions , comme tous les jeunes, jouer, rire, chanter… Et quand notre équipe de rugby, le Boosching, de glorieuse mémoire, se déplaçait, notre wagon retentissait de chants joyeux, parfois un peu gaulois, comme il sied à la gent estudiantine. Mais cela n’était pas très grave, et nous gardions tout de même un e certaine mesure. Jamais M. Lalaurie n’eut à nous reprocher notre conduite en ville et nous nous efforçâmes de ne jamais porter un préjudice grave à la dignité et à la renommée de « Son Ecole Normale ».

Sur son professeur d’histoire et géographie :
« Voici M. Violette, l’économe et professeur d’histoire et géographie. Grand, corpulent, le visage coloré orné d’une barbe tirant un peu sur le roux, l’œil pétillant de gaîté et de malice, il était d’un abord facile. Il lui arrivait cependant d’être fort sévère, surtout pour ceux qu’il rencontrait en ville à une heure où ils auraient dû être dans leur pension de famille. Son cours, que ce fut en histoire ou en géographie, était toujours intéressant. Plein d’érudition et aussi d’humour, il savait agrémenter un exposé trop sévère de quelque savoureuse anecdote. Ainsi, nous parlant de Murat chargeant à la tête de ses cavaliers, l’épée au poing, il ajoutait : « Il brandissait son épée en chantant à pleine voix : "J’ai l’cul rond comme une pomme !" » C’était la pause sourire.
En géographie, un sien frère –en avait-il un ?- était toujours le héros d’aventures curieuses : il avait descendu en barque et seul le cours de l’Amazone et mesuré sa longueur avec une ficelle ! Il avait, au Brésil, vu les chaudières des locomotives chauffées au café, celui-ci ne se vendant pas bien ! … Excellent M. Violette, qui ne fut jamais ennuyeux. »

Paul Darasse est devenu l’instituteur typique, je veux dire l’instituteur pour qui enseigner c’était non seulement s’adresser aux enfants mais s’adresser à la société toute entière. Issu de milieu populaire – il était fils de cantonnier – il est toujours resté du côté du peuple. Si le système école normale lui a permis de gravir quelques échelons de l’échelle sociale, c’était seulement pour mieux servir les intérêts de ceux qui l’entouraient. La passion par laquelle il aborda l’univers entier s’appelle : la préhistoire, une passion qui oblige à faire le lien entre culture populaire et culture savante. En effet, les preuves de la préhistoire n’existent nulle part dans les bibliothèques, elles sont dans les champs, dans la nature, dans les grottes.

Tout commence donc par la passion pour les fossiles, pour les grottes, pour les dolmens, pour ces abris d’hommes d’autrefois où il faut fouiller et à Saint-Antonin, comme à Bruniquel et dans bien d’autres endroits de la vallée de l’Aveyron, il suffisait de se pencher pour ramasser.
La culture savante vient ensuite pour lire dans telle pierre, tel vestige, un sens, une histoire. Rappelons ici que l’étude de l’univers avant la limite des 5000 ans de l’histoire humaine, imposée par la Bible, est récente. C’est ainsi qu’encore en 1854 quand on découvre à Bruniquel un squelette ancien grâce aux travaux de la voie ferrée Lexos-Montauban, rares sont ceux qui osent imaginer que ce corps ait plus de 5000 ans. La science finira par l’emporter sur la religion et l’étude de la préhistoire va très vite prendre son envol.

Voici un texte de Michel Ferrer qui nous offre un souvenir personnel sur Paul Darasse, un souvenir qui complète pour se personnage, son œuvre magistrale qui s’appelle l’abécédaire de saint-noble val et qui est un monument auquel il travaille encore à la gloire de la commune et de ses environs. Plongé dans ses études, il a eu l’amabilité de le transmettre rapidement et je l’en remercie énormément.


"Une leçon de préhistoire

    Paul DARASSE était communiste ; mon père était communiste. Avec Georges Estival et André Villeneuve, communistes aussi, ils formaient un groupe d’amis. De vrais amis. C’est pourquoi, de temps en temps, l’un recevait les autres autour de sa table pour partager un repas amical et convivial où les enfants étaient invités. Il en était ainsi à l’époque.
    Aussi, je me souviens d’avoir mangé chez Paul Darasse. Il habitait sur la Condamine, une maison dont l’entrée donnait sur la Bonnette. La salle à manger se trouvait au bout du couloir. Les fenêtres donnaient sur un jardin où, à la fin du repas, les enfants - il y en avait de tous les âges - étaient autorisés à s’échapper pour aller s’amuser.
    Ce jour-là, intrigué par des pierres et des cailloux plus ou moins curieux posés sur le plan du buffet - il y a toujours un buffet dans une salle à manger - je n’étais pas sorti avec les autres garnements. Je m’étais approché du buffet. Comme on me l’avait appris, les mains dans le dos, je touchais les objets avec les yeux. Des yeux interrogatifs, bien sûr ! Paul Darasse s’en aperçut et laissa ses convives en pleine discussion pour me rejoindre.
    - Tu sais ce que c’est ?
    - Non !
    - Ce sont des grattoirs et des silex. Et regarde !
Il ouvre un tiroir du meuble, prend entre ses doigts une chose fine et allongée, blanche comme l’os.
    - Ça, c’est une aiguille en os.
Comme je ne disais rien, car je ne comprenais pas que l’on pusse être si fier pour quatre ou cinq misérables cailloux et un bout d’os ténu, il me demanda :
    - Tu as entendu parler de la préhistoire ?
    - Non !
    - Pourtant tu es venu à Fontalès, avec ton père. Et tu m’as vu au fond du trou.
    - Oui, je me souviens. Vous aviez un pinceau et vous brossiez la terre.
    - Je dégageais un objet et je le faisais avec le plus grand soin pour ne pas l’abimer, le rayer ou le casser.
Durant quelques minutes, l’instituteur qu’il était me parla de sa passion ; il me parla de préhistoire mieux qu’il en aurait parlé à ses élèves. Moins 17 000 ans. Moins 11 000 ans. J’hallucinais.
Plus tard, plus grand, j’ai compris que j’avais été un privilégié. Une leçon de préhistoire pour moi tout seul. Fichtre ! Mais quand j’en ai pris conscience, les trous de la station magdalénienne de Fontalès avaient été comblés et je savais qu’il ne me serait jamais donné d’accompagner Paul Darasse dans ses fouilles.
Je le regrette encore aujourd’hui."

 

Un merci à CFM et à Michel Ferrer. JPD

Un merci au lecteur du blog qui m'a fait observer mon erreur de prénom dans le titre.

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 12:45

 Dans la gauche chez nous, il est habituel de s’extasier devant la gauche latino-américaine. On ne peut pas supposer Samir Naïr, ni le cite qui l’accueille, de méconnaissances du dossier. En conséquence cet article sur lequel je reviendrai me paraît fondamental.
L’article est déjà un peu ancien mais je ne le découvre qu’à présent. Si je l’ai raté, tant d’autres ont du faire de même. Pour ma part, il me m’étonne en rien mais si j’avais écrit la même chose j’aurais été traité de tout les noms…. JPD

http://www.medelu.org/La-gauche-latino-americaine-et-la


La gauche latino-américaine et la révolution arabe
Par Sami Naïr  |  15 octobre 2011    

 

La révolution démocratique arabe n’a pas seulement surpris le monde. Elle a aussi bouleversé les paradigmes traditionnels de la gauche qui, pas plus que la droite, n’a pu la pressentir. En Europe, malgré quelques hésitations, la gauche, radicale ou social-libérale, a en général réagi positivement, saluant cette irruption des masses comme un événement de portée historique. Ce n’est malheureusement pas le cas de la plus grande partie de la gauche radicale latino-américaine. Il n’est pas question, ici, de généraliser car cette gauche regroupe des éléments aux différences souvent contrastées. Toutefois, au cours du colloque organisé à Buenos-Aires (8 et 9 septembre 2011) par Capital Intelectual, Le Monde diplomatique Cono Sur et Mémoires des luttes, les participants européens ont été très surpris de voir leurs amis latino-américains (pas tous heureusement) donner l’impression de défendre des positions qu’on a plutôt l’habitude de lire sous la plume des thuriféraires des dictatures dans le monde arabe.

En gros, Ignacio Ramonet, Bernard Cassen, Pierre Conesa, Santiago Alba, la journaliste palestinienne Dima Katib et l’auteur de ces lignes, parce qu’ils soutenaient les révolutions démocratiques arabes, étaient accusés de naïveté, et, n’eût été la courtoisie des échanges, presque de complaisance envers l’impérialisme occidental ! Le fait que l’OTAN fût impliquée dans les bombardements en Libye discréditait par avance leurs tentatives de faire comprendre la légitimité de la révolte contre la tyrannie de Kadhafi. Quand aux révolutions en Tunisie et en Egypte, à en croire des intellectuels venus du Venezuela, du Brésil et d’Argentine même, elles ne seraient que des « mouvements sociaux violents » et surtout pas des révolutions ! Fathi Chamkhi, universitaire et syndicaliste tunisien présent, acteur de la révolution, en suffoquait d’indignation… Plus grave encore, tout semblait se passer comme si la défense de ces révolutions pouvait conduire, sans le savoir, à accepter de possibles interventions impérialistes contre certains gouvernements actuels en Amérique latine.

Cette façon de voir est tout simplement consternante. Elle repose sur plusieurs erreurs graves.

Premièrement, l’analyse est fondée sur le préjugé que ces révolutions, n’étant pas dirigées par des partis révolutionnaires ou des « avant-gardes », ne peuvent que renforcer les forces de la réaction mondiale. C’est ne rien comprendre. Il est vrai que l’onde démocratique arabe ne ressemble ni à la révolution russe de 1917, ni à la Révolution française de 1989, ni à la Révolution chinoise, ni aux soulèvements en Amérique latine dans les années 1950 et 1980 du siècle passé. En revanche, elle s’assimile parfaitement aux insurrections civiles antitotalitaires dans les pays de l’Est après la chute du mur de Berlin. Ce sont des révolutions du droit, de la dignité, du progrès social et de la liberté identitaire. Ce sont surtout des irruptions de sociétés qui se sont autonomisées par rapport aux élites autoproclamées et qui ne trouvent leur inspiration qu’en elles-mêmes.

Certes, elles n’ont pas de programme préconçu, mais elles le fabriquent dans la lutte. Elles sont incapables de conquérir le pouvoir immédiatement ? Elles créent, en attendant, une situation de double pouvoir face à l’Ancien régime qu’elles combattent pied à pied, quotidiennement. Elles peuvent gagner mais elles peuvent aussi perdre : rien n’est joué d’avance pour elles. Elles sont à la fois démocratiques et grosses de revendications sociales radicales. Vouloir les enfermer dans une définition qui leur donnerait un brevet de révolution, c’est non seulement faire preuve d’un pédantisme hors de propos, mais encore insulter des peuples qui affrontent la mort parce qu’ils veulent vivre librement.

Deuxièmement, si l’OTAN est intervenue, c’est sous mandat de l’ONU et dans un cadre parfaitement limité, empêchant que la France et la Grande Bretagne, dont on connait les intérêts néocoloniaux, ne le fassent seules. Cette intervention, qui a sauvé d’un massacre certain les populations civiles de Benghazi par l’armée de Kadhafi, a, de fait, renforcé la volonté de résistance des libyens partout dans le pays. Elle a aussi encouragé le processus révolutionnaire dans le monde arabe. La preuve inverse est fournie par la tragédie de l’absence d’intervention de la « communauté internationale » en Syrie, où les populations civiles qui manifestent pacifiquement sont livrées aux crimes barbares de la soldatesque de Bachir el-Assad.

Quand donc les bonnes âmes révolutionnaires comprendront-elles que les régimes militaires arabes sont ce qu’il y a de pire pour les peuples arabes ? Que ces peuples en ont assez de végéter sous les bottes de tyranneaux de comédie, ignares et mafieux ? Au nom de quelle idéologie, de quelle raison d’Etat, de quelles alliances internationales doit-on sacrifier la liberté de ces peuples ?

Troisièmement enfin, sans parler de Moubarak, de Ben Ali ou de Saleh, fidèles serviteurs des Etats-Unis, d’Assad, suppôt des deux intégrismes les plus rétrogrades d’aujourd’hui au Moyen Orient (Arabie saoudite et Iran), c’est une farce de bien mauvais goût de faire croire que Kadhafi est un « ami » des révolutions latino-américaines. La vérité est qu’il a vendu à certains mouvements latinos-américains le mythe qu’il était un révolutionnaire anti-impérialiste, alors qu’il n’était qu’un criminel pour les Libyens.

Car ce tyran a détruit, en quarante ans, l’Etat libyen créé par l’ONU ; il a persécuté, fait emprisonner et assassiner les principales figures de l’opposition de gauche, des dirigeants démocrates et des militants des droits de l’homme ; il a favorisé, comme jamais dans l’histoire, des populations arabo-africaines du désert et, à coups de milliards de dollars, le tribalisme le plus rétrograde ; il a transformé la nation libyenne en une prétendue Jamaharya (république des masses !), instaurant une relation de domination fondée sur la terreur et l’arbitraire absolu ; il a pourchassé cruellement les Palestiniens, à qui il conseillait de se « jeter à la mer » ; il a livré le pays à ses frasques guignolesques et à la voracité de sa famille mafieuse ; il a acheté et corrompu des régimes dictatoriaux africains et s’est fait proclamer « Roi des rois » en Afrique.

Par ailleurs, il a mis en place des camps d’internement des immigrés clandestins africains dans le territoire libyen en échange de l’appui politique de l’Union européenne. Pur comble, il est devenu le supplétif de l’administration américaine en sous-traitant pour la CIA la torture en Libye des prisonniers de Guantanamo. Et l’on pourrait à longueur de pages décrire les mille autres atrocités dont s’est rendu coupable ce cruel et cynique dément. C’est à cause des Kadhafi, Moubarak, Ben Ali, Assad, Saleh, que l’intégrisme religieux est monté partout dans le monde arabe. Ce sont ces régimes qui ont littéralement rendu fous de rage les peuples arabes.

La méconnaissance, en Amérique latine, de la situation arabe peut seule expliquer, avec en plus une bonne dose de manichéisme, l’aveuglement de ceux qui, à gauche, font la moue devant l’insurrection des peuples. Ces « révolutionnaires »-là sont en réalité plus proches de la raison d’Etat des régimes qu’ils défendent que de la solidarité avec les opprimés.

Au lieu d’applaudir Sarkozy et Cameron, les hommes, les femmes, les enfants qui se révoltent aujourd’hui dans le monde arabe auraient préférer trouver à leur côté les symboles de la révolution latino-américaine. Et cela aurait été d’autant plus nécessaire que les puissances occidentales qui sont intervenues dans ces pays vont se faire payer rubis sur l’ongle par des peuples exsangues. De nouvelles formes de domination néocoloniale risquent de se mettre en place.

Pour s’y opposer, les peuples arabes en lutte pour la démocratie ont plus que jamais besoin de la solidarité internationale. Il ne reste donc plus qu’à crier : « Réveillez-vous, amis latino américains, la révolution arabe vous a laissés loin derrière elle ! »

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 12:37

rollinat-cladel.jpg
Parmi les amis de Léon Cladel il y avait Maurice Rollinat, un poète dont Judith Cladel écrira, de manière merveilleuse, la vie.
C’est elle qui offre cette lettre de Rollinat à Cladel :

Mon cher Cladel,
Je vous adresse l’article de Barbey D’Aurevilly et la citation qu’en a faite le Gil Blas. J’ai beaucoup remercié le grand écrivain du service qu’il vient de me rendre en me consacrant une pareille étude : je crois effectivement que l’éditeur Charpentier prendra les lignes en considération. Vous viendrez à la rescousse et l’affaire sera enlevée !
Je mets la dernière main au classement des pièces et à leur correction définitive. Je vous porterai mon manuscrit jeudi prochain, accompagné de l’ami Seras et probablement de Lafagette.
Au revoir et mille fois merci ! mon cher cladel
Maurice Rollinat
J’ai été très enchanté l’autre jour de lire l’article panoramique de Crésy dans le Réveil. Mais sacrédieu ! (… ?... ) assez coquillé sa prose !


Il s’agit là du quotidien des écrivains : attendre une belle critique pour convaincre un éditeur et Cladel a toujours été là pour aider les jeunes. Indiquons juste en passant que Maurice est le prénom qu’a choisi sa marraine… George Sand.

JPD

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 10:26

saviano.jpg

La classe politique italienne se divise en deux à présent : celle qui déverse les torrents de boue et celle qui cède pas à pas. Et nos médias sont friands d’un tel désespoir si bien que Berlusconi n’étant plus aux premiers postes, l’Italie est oubliée. Or les Illustres y sont, encore et toujours, légions. Roberto Saviano est l’un d’eux et son dernier livre le confirme de belle manière. Un Illustre qui, quand il parle des déchets de Naples n’hésite pas à faire le procès de tous les dirigeants politiques de la ville de gauche ou de droite. Pour tomber dans le « tous pourris » ? Ce serait tomber dans les bras de la mafia qu’il combat pied à pied en tant que journaliste ! Car pour lui la mafia elle est visible dans cette formule « tous pourris » comme dans celle de « tous coupables ».
Pour la version française de son livre, Saviano nous offre une préface où il nous renvoie à notre myopie nationale face à un phénomène crucial de nos sociétés. Un candidat à la présidence de la république prononcera-t-il le mot mafia ? On parlera des « affaires » comme quand, en Italie, la mafia se cantonnait dans sa version locale. Le poids de cette infamie ne se mesure pas au nombre de morts qu’elle provoque ! Elle se mesure dans ce propos courant : «tous pourris ».


Roberto Saviano existe car il n’est pas seul. Né en 1979 à Naples, journaliste à l’Espresso, à la Repubblica, il a des millions d’Italiens avec lui. J’ai écrit « ordinaire » car en fait il est avec des millions d’Italiens. Il cite ce couple dont le mari après 40 ans de lutte contre une maladie dégénérative, mais qui lui laisse toute sa tête, décide de mourir. Pas en partant se cacher en Suisse, pas en payant un pot-de-vin, pas dans le silence. Il va finir par trouver un médecin qui assume l’acte fatal. Et Saviano tient absolument à mettre la réponse de l’Eglise, car l’Eglise a son mot à dire :
« Concernant la demande d’obsèques ecclésiastiques adressée pour le défunt M. Piergiorgio Welby, le vicariat de Rome précise qu’il n’a pu y accéder car, à la différence des cas de suicide dans lesquels on présume l’absence de conscience et de volonté pleines et entières, la volonté de M. Welby de mettre fin à ses jours était manifeste, ayant été affirmée publiquement et à plusieurs reprises, ce qui est incompatible avec la doctrine catholique. »
 

 

Et Saviano, qui n’est pas plus « bouffeur de curés » que moi, précise que l’Eglise a pu enterrer en grande pompe Franco ou Pinochet mais pas ce modeste citoyen qui a mené un combat pour le droit. « Incompatible avec la doctrine catholique ? » Hypocrisie quand tu nous tiens, car les adaptations de cette doctrine pour les suicidés, les divorcés et autres est bien connue…
Mais voilà, en temps de crise, le peuple se tourne vers les religions et pour faire plaisir à ce peuple là, s’il vous plaît soyez tolérants avec les clergés du monde !

Mais revenons-en au sujet qui fait le cœur de la vie de Roberto, qui lui vaut de vivre dans une caserne, escorté en permanence par cinq carabiniers, le combat contre la mafia. Il nous fait le récit de la mort de Giovanni Falcone, il montre comment, avant la mort physique, il y a eu l’entreprise d’isolement de cet homme, aussi bien par la droite d’abord, que la gauche ensuite, cette descente aux enfers qui fait que le premier attentat raté, « on » a dit qu’il l’avait suscité pour sa propre gloire. Falcone dont la mort a fait un héros mais qui n’aspirait ni à la mort ni au rôle de martyr. Falcone qui souhaitait servir l’Etat de droit. Falcone dont les adversaires réussirent à tromper Leonardo Sciascia qui s’excusa par la suite d’un propos qui a fait croire que pour lui, Falcone, jouait aux héros.

On me dit que mon eucalyptus a gelé, que si le coupe il repoussera par la racine. La racine c’est le peuple d’Italie qui voudrait refaire pousser son pays mais le lierre de la mafia a tué l’arbre et personne n’ose l’abattre pour qu’il renaisse. La démocratie a été vendue dit le dernier chapitre… mais la Révolution de demain la verra de retour. Une Révolution qui devra être à la hauteur des défis d’aujourd’hui, ceux que Saviano pointe si bien… On a même le droit de pleurer en lisant son livre, tout comme on a le droit de chanter !
5 04 2012 Jean-Paul Damaggio
P.S. Télérama n°3244 a donné la parole à Saviano. Ce blog avait fait de même en traduisant l’essentiel d’un de ses articles sur LGV et Mafia.

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 10:14

Avec sa nouvelle réunion de Valence d’Agen, le collectif Val de Garonne Lomagne a continué son action pour faire connaître les études Claraco. Je ne vais pas revenir sur les arguments déjà présentés mais pointer seulement deux scoops qui me paraissent importants.


1 ) Le maire de Valence, ou le président de l’intercommunalité qui soigne pour le moment sa présence sur les écrans télés, afin de devenir ministre (J-M Baylet) se sont vraiment distingués… par leur absence. D’accord ce scoop paraîtra peu surprenant or à Lacourt Saint-Pierre, le maire, le conseiller général avait tout de même accepté le défi d’écouter les élus du Lot et Garonne. Mais La Dépêche n’a rien dit, les affichettes posées en ville ont été enlevées rapidement, bref, il fallait oublier ce moment crucial qui parlait de milliards d’euros dépensés par les élus…


2 ) Cette fois, parmi les élus du Lot et Garonne, est venu en voisin Bernard Péré qui, par une simple remarque a attiré l’attention du public sur un point : il est au Conseil régional d’Aquitaine, il connaît très bien la lettre de Rousset envoyée à Fillon, il a quelques échos du Conseil régional Midi-Pyrénées et il en déduit que si la gauche gagne, notre argument contre la ligne « elle ne se fera pas car les caisses des collectivités sont vides », risque de se déplacer en faisant de l’Etat le financeur n°1. L’Etat n’est pas plus riche mais le montage financier nouveau pourrait calmer les élus et relancer le rêve, et j’appuie tout à fait ce constat pour deux raisons.


En Midi-Pyrénées la très grande majorité des collectivités territoriales ont refusé de payer pour Bordeaux-Tours et c’est l’Etat qui a décidé de payer la note y compris la plus douloureuse, celle que Ségolène Royal en Poitou-Charentes n’a pas réglé.
Quand on lit le programme du PS, qui, c’est vrai a été adouci par Hollande, je rappelle une inquiétude que j’ai déjà évoquée : le PS qui a joué un grand rôle dans la stratégie 'tout LGV" peut être tenté d'en remettre une couche.

Un autre point a été soulevé par un participant : en changeant, sur la ligne existante, les traverses en bois par du ciment on augmente les vibrations donc il faudrait réfléchir à ce problème y compris dans le cadre d’une rénovation. Comme on ne peut pas dégonfler les pneus comme me l’indiqua le voisin…

Voilà pourquoi le débat est utile : en faisant monter l’ensemble des observations il s’agit d’unir les préoccupations en faveur du train populaire…
5-03-2012 Jean-Paul Damaggio

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 12:53

C’est avec intérêt que nous diffusons ce document où malheureusement la question de la LGV est prise à part et non liée à l’ensemble.
Avec intérêt car les cheminots font un point précis sur le fret, dossier crucial à l’avenir.
Avec intérêt car on voit comment une question à Tarbes a des conséquences à Cahors.
Avec intérêt car nous découvrons que les travaux ont bon dos. S’agit-il d’une nouvelle stratégie de RFF qui, au nom des nécessaires travaux, veut montrer qu’il faut à tout prix une nouvelle ligne ? Jean-Paul Damaggio


Mesdames Messieurs,
Au nom de l’UD 65 et du syndicat CGT des cheminots, je tiens à vous remercier de votre participation à ces Etats généraux.              
Les échanges dans cette réunion confirme bien l’utilité de ces débats publics ;
Les attentes d’un service public ferroviaire répondant aux besoins de transports sont fortes.
          Aujourd’hui tous les citoyens sont-ils traités de la même manière ?
La voiture et le camion sont-ils le seul avenir pour les Hauts Pyrénéens ?
Le FRET
 Sur le plateau de Lannemezan l’usine de Beyrède est toujours en production on peut y retransporter de la bauxite  .La SNCF a tout fait pour mettre ce client dehors, pour y parvenir, elle a augmenté outrageusement ses tarifs de manière à réduire cette activité. Malgré l’acceptation des nouvelles conditions tarifaires,la SNCF a tout de même arrêté de le desservir et ce sont des tonnes  de produit qui se retrouvent sur les routes. La ligne existe et une politique volontariste permettrait certainement  de regagner ce client.
Depuis l’entreprise EURALIS ,le marché existe toujours, il y a toujours autant de maïs  transporté, mais par  camions. Sur cette ligne les marchands de bois ont subi de fortes augmentations de tarif et ont décidé d’abandonner contraints et forcés le rail. Il y a là aussi deux marchés à reconquérir.
Sur Bagnères de Bigorre  il y a  une usine qui fabrique du matériel ferroviaire. Ce matériel qui est en état de rouler est acheminé par camion !
Pourtant les infrastructures (lignes de Riscle, Bagnères, Sarrancolin) existent pour faire rouler du FRET, mais pour cela, il faut que la SNCF revoit sa politique et en particulier  sur l’abandon du wagon isolé. Cela impose aussi la réouverture de la gare fret de Tarbes.
Sur les relations vers la capitale, la réduction de circulation du train de nuit « la palombe bleue est mal accepté dans le département. De plus nous n’atteindrons même pas les 231 jours de circulation programmées. Nous pensons même que ce train souffrira encore plus en 2013 car d’importants travaux sont prévus sur l’axe POLT. Ce train historique est en réel danger !! Comme l’est l Hendaye – Genève que l’on va certainement sacrifier sur l’autel de la rentabilité. En baissant les jours de circulation et en changeant les habitudes des voyageurs, on fragilise volontairement ces trains qui sont des trains d’aménagement du territoire. Nous ne voulons pas voir la palombe avoir le même devenir et nous revendiquons toujours sa circulation journalière, toujours possible en modifiant l’organisation des travaux.
Actuellement avec les travaux ce sont plus de 150 circulations vers Paris qui ont été supprimées en 3 mois en demi….

La future LGV dont le tracé est connu ne devra pas oublier notre département, nous revendiquons la réouverture de la ligne Bagnères -Mont de Marsan qui irriguera Tarbes à la future LGV mais qui sera aussi exploitable au Fret.

Il faut une meilleure desserte en Béarn et en Bigorre, c’est nécessaire pour le développement d’un bassin de vie de plus de 430000 habitants pour le développement de l'emploi et l'implantation de nouvelles entreprises.
De meilleures conditions de voyage par train auront obligatoirement des retombées positives que ce soit pour les voyageurs réguliers mais aussi au sujet des trains spéciaux dont font partie les trains de Pèlerinage qui desservent Lourdes.
Au niveau du TER, il nous faut regagner des arrêts dans toutes les gares abandonnés par la SNCF et RFF pour permette aux habitants de ces communes d’avoir accès à ce service public mais aussi garantir dans nos gares un haut  niveau de sécurité et de sureté des heures d’ouverture des points de vente du premier au dernier train.
Le Besoin de transport collectif ne cesse de grandir, les questions environnementales mais également économiques imposent le développement du service public Ferroviaire. La politique de la sncf et des A.O. doit privilégier la réponse aux besoins plutôt qu’à la rentabilité.

De par sa situation géographique, notre département, ses habitants ont tout à gagner de voir se développer le rail ! Nous devons repenser le transport en travaillant la complémentarité des différents modes plutôt que de le jeter à la concurrence  et surtout avoir une politique volontariste pour ce mode de transport qui n’est pas celui du passé mais bien celui du futur !
Et bien, ensemble, la CGT vous propose de continuer de le revendiquer et en tant qu’usagers, Cheminots, Citoyens tout simplement prenez la Parole ! Le temps des campagnes électorales est un moment idéal pour le faire. Merci et bonne soirée.

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 12:29

Dans le cadre du Cinéma latino de Toulouse dont j’aurais aimé parler, j’ai croisé Robert le projectionniste. Dix ans après, des retrouvailles. Comme il travaillait j’ai parlé avec un de ses voisins à Arnaud Bernard qui le décrit exactement comme il était : paisible, simple, à l’abord joyeux, cultivé et dégageant autour de lui un certain optimisme. En Mars 2001, pour la première fois, il s’est lancé dans l’écriture d’un premier article. Ce fut le mérite du journal Point Gauche ! qui donna la parole à des dizaines de personnes prenant la plume pour la première fois. Il me semble très beau de relire cet article aujourd’hui. Jean-Paul Damaggio



Mon devoir de révolte


Peut-être cet article a-t-il déjà été écrit il y a 25 ans. Peut-être aussi qu'il ne s'adresse qu'à des convaincu(e)s, mais tant pis, je me lance.
Je ne suis ni aveugle, ni sourd, ni muet. Je ne souffre d'aucune maladie déclarée et j'ai la chance de n'avoir aucun handicap corporel et mental. Niveau santé, ça va, donc. Je suis assez jeune car né il y a 27 ans en Pologne, à Cracovie. Mes parents sont partis en octobre 1981, juste avant la mise en place de la loi martiale, pour se donner, à eux et à leurs deux enfants, un futur, qui s'avèrera un peu matériel, fatalement.
La vie en France est agréable, elle peut d'ailleurs se passer comme passe encore une lettre à la Poste : facilement, sans histoires et presque dans une certaine routine. On grandit, quelques études ou détours, rencontre, travail, enfants puis déjà grand parent, famille, retraite et aux suivants... .c'est cela la vie, n'est-ce pas ?
Ce n'est pas si simple, car, décidément, que de coups pris chaque jour : le type, dans la rue à qui tu ne donnes rien et à qui tu ne parles pas, ou les nouvelles à la radio ou dans les journaux... Que de claques prises dans une vie où on enregistre, où on accumule, où, véritablement, on souffre. Gagner, dépenser, encore accumuler, voilà le progrès, voilà la vérité. Nous sommes au 21 siècle mais dans nos rues, pas vraiment, et dans d'autres pays, encore plus loin. Pas un jour où je me dis : « c'est pas vrai ! » d'un ton intérieur consterné, à croire que notre destin c'est toujours le pire.
Nous en sommes conscients de tout cela, notre esprit critique fonctionne et l'humour arrive à masquer le désespoir. Mais au quotidien que faire, quand tu marches sur le trottoir de ta ville et que tu te dis « comment faire, à ce moment précis, pour changer le monde » ? Car le désir, il est là, aussi, c'est que tout ça, ça aille mieux ici, et là-bas, aussi. C'est que tout le monde soit épanoui, pas exploité, c'est que cette humanité arrête de s'enfoncer chaque jour un peu plus dans l'inhumain et que nos petits bonheurs soient partagés. C'est tout ça qui nous pousse, c'est le désir que le monde change. Parfois, je me dis que je vais changer le monde, en apprenant mes leçons du quotidien, en m'informant et en m'exprimant sur les possibles. Parfois je me dis que ce type dans une bande dessinée n'aura plus à se lever à trois heures du matin pour aller fabriquer mes mouchoirs en papier.
Mais parfois, le soir, quand je rentre du travail et que ma petite famille m'a occupé, il est tard, et quelquefois, je suis fatigué et c'est là que je m'aperçois qu'il me reste alors peu de temps avant d'aller me reposer. Je suis dans une sorte de moule et si je ne me révolte pas contre mon corps, pour lire et essayer de comprendre, alors je m'écroule, m’endors, et m'abrutis (et encore, à la maison, nous n'avons pas la télévision). C'est à ce moment là que j'ai l'impression que tout ça m'échappe car cette envie obsessionnelle de changer les choses se transforme à la longue en frustration et en souffrance. C'est là où il faut lutter, et commencer à se révolter contre la facilité, sinon, la vie nous engloutit.
Est-ce que les « à peine plus âgés que moi » ont l'impression d'avoir des responsabilités dans le monde qu'ils nous laissent ? Est-ce que je peux laisser passer mon existence en spectateur ? Est-ce que ma fille me demandera des comptes plus tard et voudra savoir ce que j'aurai fait pour changer les choses et pour être moins lâche et moins cynique ? Chaque jour qui passe me donne l'impression de collaborer à cette inertie. Le mur de la démocratie tient bon mais le temps le fissure et les bricolages tiendront-ils longtemps ?
Nous ne pouvons vouloir le bonheur pour les autres, mais nous ne pouvons laisser la misère vider les ventres et les consciences. On nous parle du rôle de l'élu, de la confiance en la délégation. Oui, mais la France en Afrique, c'est en toute confiance, et la libéralisation dans le monde, c'est en toute délégation. Comme je le dis plus haut, je n'ai pas vécu autant que certaines personnes qui lisent ce journal. Je ne sais pas si elles sont déçues de ce monde qui ne s'améliore que sous certains aspects parfois factices, ou si elles sont confiantes car la solidarité existe. Je ne sais pas si elles ont l'impression que tout ça leur échappe et ce qu'elles en pensaient il y 25 ans ou moins.
Mais, par contre j’ai comme l'impression que l'on se transmet de génération en génération le bébé de la révolte sans qu'il ne grandisse.
Je ne sais si la politique c'est la gestion du quotidien ou son amélioration. Je crois que l'engagement de personnes citoyennes, leur responsabilisation dans leur quotidien, dans leur bagnole et dans leur consommation changera le monde et aidera les élus. Les citoyens se doivent d'exprimer des idées que ces mêmes élus appliqueront grâce à la solidarité de l'impôt.
Je crois qu'est venu le temps de redéfinir exactement la gauche, quelles sont ses idées et ses aspirations ? Qu'est-ce que la gauche aujourd'hui ? Que proposons-nous exactement de concret ? Nous aurons une des réponses quand une vraie solution de gauche sera apportée à ce qui est appelé « l'insécurité », sans policiers, ni agents de médiation. La société se refera là entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas, entre la (fausse) joie et la peur. Il y en a marre de subir, de continuer à en prendre plein la tête en votant toujours pour le moins pire. Il y a actuellement des mouvements citoyens dans lesquels il faut absolument s'engager, pour se révolter. Nous aurons, au pire, essayé, et surtout. Surtout, nous n'aurons jamais de regrets.
Comme le dit Jacques Testart dans notre dernier numéro : « plus on apprend, plus on ne sait rien... », et en plus, tout ça a l'air parfois bien compliqué avec le local et tout le global. Mais traversons-nous la vie ou bien est-ce elle qui nous traverse ? Le petit grain de sable que je suis n'a pas envie de lire dans 25 ans ce même genre d'article.
Robert

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 12:25

rosendo-blagnac.jpg


La peinture ci-dessus évite de citer le nom de Rosendo Li car il est le seul à présenter ce style avec une permanence qui n’exclut pas le renouvellement.
Le voici donc à Odyssud Blagnac pour le vernissage d’une exposition qui marquera une nouvelle étape dans sa vie artistique. La date c’est le lundi 23 avril 2012 à 18 h 30 juste après des élections historiques en France.
L’expo s’appelle 1, 2, 3… DE ARTS car le peintre n’est pas seul et c’est avec grand plaisir que j’y découvre le nom de Samanta Yepes. Par contre je ne connais pas les Artistes anonymes le troisième partenaire de cette aventure.
L’exposition sera ouverte du 24 avril au 10 mai 2012 du mardi au vendredi de 13 h 30 à 18 h 30 et le samedi de 14 h à 19 h.
Nous ne manquerons pas d’en rendre compte.

 

Voici pour le moment une présentation diffusé par Rosendo :

"Art du mouvement par excellence, la danse est la source d’inspiration commune qui a réuni les trois artistes de ce projet singulier.  Au fil de la saison, chacun d’entre eux pourra notamment faire œuvre de création à partir des spectacles chorégraphiques présentés à Odyssud et nous en livrer les résultats dans cette exposition.  Avec Rosendo  Li, artiste péruvien obsédé par la ligne et ses entrelacs colorés, la peinture, le croquis et la performance seront présents.  Une artiste en herbe, membre de la Communauté des Artistes Anonymes, proposera quant à elle une interprétation basée sur le dessin.  Enfin, à travers la vidéo, Samanta Yepez, réalisatrice équatorienne de documentaires engagés, joindra l’image animée à cet effervescent mélange d’arts.  Ainsi le Mouvement, vivant et éphémère, sera-t-il capturé par la ligne et la couleur, et pourra-t-il subsister au Temps, son insatiable ennemi."
Jean-Paul Damaggio

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 14:36

Les arrêtés du gouvernement seraient-ils à présent des documents clandestins ?

Nous savions qu’au 31 mars Fillon devait valider le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse et voici que seule La Dépêche du Midi rend compte de cet arrêté. Impossible d’en trouver le texte exact. Donc à suivre. Jean-Paul Damaggio



La Dépêche du Midi : Le tracé validé



La rumeur courait sur les voies : désormais en charge des dossiers laissés par sa ministre démissionnaire Nathalie Kosciusko-Morizet (elle est porte-parole du candidat Sarkozy), son Premier ministre François Fillon devait reporter la validation du tracé Bordeaux-Toulouse de la ligne à grande vitesse après les élections législatives de juin prochain. Finalement, la décision est intervenue en fin de semaine dernière, comme le prévoyait le calendrier initial (lire nos précédentes éditions). La décision est aussi conforme et n'est pas franchement un événement en soi : Fillon dit oui au tracé en question, et confirme le choix fait par le comité de pilotage de janvier dernier à Bordeaux. La ligne à grande vitesse (LGV) est donc prévue sur le H 226 pour sa partie en Lot-et-Garonne. Cette option écarte le double franchissement de la Garonne à Boé, et préconise un tunnel à Moirax et un fuseau passant au pied de Layrac. Ce H 226 doit contraindre les collectivités locales à faire un chèque supplémentaire de 80 millions d'€ (sources Réseau ferré de France). Avec l'État qui prendrait en charge une partie du financement, les conseils régional et général, la communauté d'agglomération se retrouvent ainsi dans l'obligation d'augmenter leur participation financière à la réalisation d'un tronçon trop cher pour les finances du département, selon le président du conseil général Pierre Camani. Ce dernier a, en effet, confirmé en février dernier qu'il n'entendait pas financer la Bordeaux-Toulouse comme il a redit récemment qu'il ne remettait pas en question le tronçon Tours-Bordeaux et le concept même de ligne à grande vitesse. Sur le plan purement politique, la LGV devrait ainsi être l'une des questions posées lors de la campagne pour les élections législatives. En 2020, cette ligne à grande vitesse peut mettre Agen à moins de trois heures de Paris. La semaine passée, le président de la SNCF Guillaume Pépy a déclaré qu'abandonner ce projet de LGV « serait une anomalie ».

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