Les zones noires, ceux qui ont voté pour le financement de Bordeaux-Tours.
Les zones roses (PS), et plus claires (la droite) qui n'ont pas voté ce financement.
Dans ce département, au Conseil général, le débat sur le financement de Bordeaux-Tours a été vif et sur le fond. En conséquence il me paraît important de saisir comment s’est fait le partage au moment du vote.
La carte montre que le vote traverse autant la majorité (de gauche) que l’opposition ; les zones impactées que les autres ; les zones urbaines que rurales.
Les amis du Lot et Garonne pourraient peut-être faire une étude plus fine que la mienne (comment explique que la ville d’Agen soit partagée en deux si nettement ?) mais je tenais déjà à vérifier deux choses : l’élu de Casteljaloux avait annoncé en réunion publique suite à ma question, qu’il ne voterait pas le financement de Bordeaux-Tours si le point venait à être évoqué. Il a tenu parole et il me semble que ça se note. Je ne sais ce qu’avait dit celui de Nérac mais le voir parmi les votes pour quand on sait le travail colossal de l’association TGV en Albret, c’est un peu triste.
J’ai bien sûr lu l’argumentaire des pro-LGV et je l’ai même commenté : ils précisent qu’en votant le financement de Bordeaux-Tours ça ne vaut pas engagement pour le Bordeaux-Toulouse (même bavardage à la communauté d’agglo de Pau !). De la pure rhétorique car je vois mal comment quelqu’un qui vote pour une LGV éloignée du département refusera ensuite de voter pour celle qui passe en Lot-et-Garonne, quand le dit Conseil général reprend l’argumentaire classique : une LGV c’est bon pour l’économie, le désenclavement etc.
On constate également que ceux qui sont éloignés du tracé de la LGV sont autant pro LGV que les autres. Ce point est important car en Midi-Pyrénées certains pensent que si 15 collectivités refusent de payer c’est parce qu’il s’agit de zones éloignées de la LGV. Premièrement ceux qui refusent de payer, en Midi-Pyrénées comme dans le 47, le font pour des raisons diverses. Des pro LGV peuvent tout à fait voter contre ce financement par PPP, et des anti-LGV Bordeaux-Toulouse peuvent penser que la LGV Bordeaux-Tours c’est tout de même utile. La diversité de situations est la cause de difficultés dans l’action. Dans le 47, la lutte contre le nouvel aéroport n’a pu avoir les mêmes conséquences que dans le 82. Le temps gagné ne peut avoir le même impact à Toulouse ou à Langon etc.
Deuxièmement ceux qui refusent de payer en Midi-Pyrénées le font souvent après décision du président du conseil général. Si dans le Lot le président du Conseil général avait dit oui au financement, la majorité aurait voté oui.
L’intérêt du cas du Lot et Garonne tient au fait qu’il y a eu une forte opposition (beaucoup plus forte que dans les Pyrénées Atlantiques) malgré la position favorable du président de l’institution départementale. En réalité, le refus de financement tient le plus souvent à des élus qui ne craignent pas de taper sur la table ! Nous l’avons vérifié : parmi les élus nous avons deux catégories, les soumis aux ordres et les « soumis » à leur propre réflexion. Le thème : « élus tous pourris », est une négation de la réalité.
Comment, fort des points marqués dans cette première étape de la lutte, continuer à convaincre d’autres élus et citoyens, suivant le principe qu’il faut agir sur les deux plans pour avancer. Une leçon est cependant là : les puissantes manifs du Pays basque ou de Nérac n’ont pas influé sur les votes des élus concernés !
Pour le Pays basque, je prétends que la réplique de RFF « enfouir les lignes » a calmé la révolte. Pour Nérac, j’imagine que le conseiller général croit que la LGV c’est le bonheur intégral !
Dans tous les cas de figure, l’avenir ne peut s’envisager qu’à la lumière des leçons issues de l’année qui vient de s’écouler (je ne prétends pas tirer les bonnes leçons !). Le vote pour le financement de Bordeaux-Tours est un sismographe qui permet d’analyser l’état du rapport des forces. A mon avis, il nous reste très défavorable.
18-05-2011 Jean-Paul Damaggio