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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 14:52

Pour ne pas oublier : Photo d’un article de La Dépêche du 14 février 2004 !

 

 

La Poste en panne à Saint-Aignan

 

 

En tant que petit éditeur je suis un usager régulier de La Poste. J’en découvre donc les dysfonctionnements au quotidien. Celle de Saint-Aignan vient de fermer pendant une semaine !

Elle est ouverte seulement l’après-midi du mardi au vendredi et c’est sans doute déjà trop ! La stratégie est connue : La Poste pourrit la situation pour que les maires demandent eux-mêmes des agences postales communales qu’ils gèreront au mieux.

En conséquence pendant que des discussions locales se déroulent entre élus et direction de La Poste, la dégradation continue, ce qui n’a rien de surprenant quand on l’étudie sur le long terme.

La Dépêche du 23 novembre 2005 nous apprend l’heureux événement sur le canton de Molières où élus et direction de La Poste signent « une convention de partenariat visant à travailler ensemble pour valoriser le territoire ». C’était même une grande première départementale où on trouve des acteurs classiques : le conseiller général du canton Guy Hebral, le directeur départemental de La Poste Bernard Bertaud avec, très important, sa conseillère en communication Catherine Bailly. Contenu de l’accord génial : création d’un relais postal commerçant à Puycornet et autres babioles classiques pour « assurer un service public de proximité ». La Poste l’indique clairement : il s’agissait dès novembre 2005 de mettre en œuvre la loi sur la Poste du mois de mai 2005, loi dont les conséquences s’appellent « la privatisation ».

Cette convention devait être un modèle pour le département. Qui, quatre ans après, en a tiré les conséquences précises ?

Le 14 février 2004, le même quotidien présentait le compte-rendu d’une réunion du comité de défense de La Poste autour de Saint-Nicolas (donc le secteur de Saint-Aignan) avec pour secrétaire Michel Prioleau. Etrangement, là aussi, on a la sensation que cinq ans après, la lutte tourne en rond ! Même constat : « réduction des horaires d’ouverture ». Même forme de lutte : on écrit aux sénateurs qui envoient les belles lettres reçues du directeur de La Poste et du Ministre. On fait signer des pétitions qui obtiennent un franc succès… mais le comité se lasse et le bulldozer de la privatisation passe. Comme le disait si bien quelqu’un à la réunion de Vazerac : on garde le logo de La Poste mais derrière qu’est-ce qu’il en reste ?

Ces petits souvenirs n’alimentent malheureusement pas, à ce jour, les grandes rivières de la révolte, ce qui permet à La Poste, comme l’Education Nationale et tant d’autres, de continuer de frapper un jour ici, un jour là, pourtant la cause de La Poste est très très populaire, en conséquence, si on n’arrive pas à imposer sur ce terrain, une autre logique alors « les conventions de partenariat visant à travailler ensemble pour valoriser le territoire » détruiront des territoires pour en préserver d’autres : ceux de la rentabilité financière.

24 février 2009 Jean-Paul Damaggio

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 10:33

Vazerac : en faveur de La Poste !

 

Le dimanche 15 février 2009, à Vazerac, une cinquantaine de personnes se rassemblaient à nouveau pour faire le bilan de l’action départementale en faveur de la Poste. L’organisation avait été prise en charge par le comité local qui proposa au maire de la commune de faire le bilan de la négociation entamée par le groupe des élus avec les dirigeants de La Poste pour arriver à une convention de partenariat permettant d’empêcher le projet de transformation de 28 bureaux en agence postale communale (APC).

La réunion fut très utile et fructueuse par l’apport d’informations et l’échange démocratique qu’elle permit. Je vais retenir deux actes de réflexion.

 

Elus/citoyens

 

La question de La Poste mobilise les élus ruraux car ils savent deux choses : il s’agit d’un point très sensible pour TOUT l’électorat, et en même temps les maires sont invités à cautionner eux-mêmes la dégradation du service public !

En conséquence en Tarn-et-Garonne un groupe d’élus s’est mis en place pour analyser la situation et faire à La Poste des contre-propositions. Le cœur de la démarche consiste à changer les critères de référence qu’invoque La Poste pour justifier sa création d’APCs.

Un questionnaire a été envoyé aux communes concernées pour vérifier la démographie, le bassin du bureau de poste, son fonctionnement, la place des facteurs, la situation des autres services. Un consultant anime ce travail autour de la députée Sylvia Pinel et du président du Conseil général Jean-Michel Baylet.

Les citoyens ne participent pas à ce travail « technique ». S’agit-il en conséquence de lutter pour seulement soutenir les élus et les contrôler ? Un comité départemental est né avec des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens, en lien avec le comité national, et Maurice Guiche, son président, est intervenu pour en rappeler l’existence et faire observer que depuis le 21 janvier une demande de rencontre avec la députée Sylvia Pinel a été sans réponse. Le maire de Vazerac, qui sur tous les points a évité la langue de bois, a promis de se faire l’écho de cette demande.

Le travail des élus, en présence des plus hautes autorités de la préfecture, va entrer dans sa phase plus active de négociation avec la Poste à partir du 23-27 février et surtout le 6 mars où un bilan d’étape aura lieu. C’est un raisonnement par canton qui a été adapté. Le Conseil régional Hugues Bauchy évoqua de son côté une réunion sur « La Présence Postale » qui aura lieu la veille. Tous les élus n’interviennent pas au même niveau donc avec les mêmes billes.

 

Local/global

 

La discussion a permis de vérifier que la dégradation du service ne touchait pas seulement Vazerac, le guichet, mais que même au-delà de La Poste, il s’agissait d’une politique délibérée. Les directives européennes (mises en forme en France par la loi de 2005 sur La Poste) peuvent alors servir deux fois : pour dire que face à la concurrence il faut réduire le nombre de bureaux de Poste d’où la création des APCs, puis demain, on pourra leur faire dire que les APCs, par les subventions publiques, faussent la dite concurrence et sont donc illégitimes !

En conséquence quelle est la cohérence entre le fait de voter au Parlement en faveur du Traité de Lisbonne, et le fait à Montauban d’agir contre les conséquences de ce même traité ? Au positif, le citoyen peut penser qu’il s’agit d’une prise de conscience, et au négatif il peut penser que localement il s’agit de trouver les moyens de faire passer la pilule en s’appuyant sur les atouts locaux, en particulier, la bonne démographie. Cependant, le projet du groupe des élus est ambitieux car après avoir sauvé les 28 bureaux il tentera de revenir en arrière sur les 30 APCs déjà existantes. Faut-il encore que les maires des communes en question le souhaitent ?

Le bilan de la situation à Vazerac, présenté par le maire, permet de noter que le sujet est étudié avec sérieux. Où est le conseiller financier de la Banque Postale ? Comment envoyer les colis ? Comment évolue le statut des personnels ? Sur tous les points, la stratégie de La Poste consiste à dégoûter l’usager de La Poste locale pour justifier ensuite une politique de désengagement. Vazerac a une entreprise de vente par Internet qui devrait bénéficier au bureau de Poste si les autorités postales tenaient à développer ce service. A partir du 1er mars les employés du guichet seront des personnels roulants ! Un problème vient d’ailleurs de se poser avec la tournée d’un facteur. Là le maire a reconnu qu’il faudrait faire preuve de civisme en installant mieux les boîtes aux lettres, et pour la commune en renseignant mieux les lieux du territoire. Ce point de vue ne s’oppose pas au fait que de son côté la Poste avait autrefois un personnel qui, avant de se lancer dans une tournée, la faisait avec le titulaire, un personnel formé et installé aussi bien dans le guichet que dans le paysage. Mettre du personnel mobile c’est ensuite dire au maire : « si vous voulez un emploi fixe, vive l’APC puisque c’est vous qui choisirez et contrôlerez le personnel en question ! »

 

Ce débat a relancé la question classique : faut-il mettre le doigt dans les questions de gestion pour assurer la défense du service public ? Le service public est-il si performant qu’il suffise de dire : défendons les bureaux sans rentrer dans l’étude de leur « rentabilité » ? En tant que syndicaliste enseignant, j’ai toujours considéré qu’une école avec moins de six élèves devait fermer ce qui ne signifie pas qu’avant d’en arriver à ce stade il ne faille pas étudier les raisons de la situation et les propositions alternatives comme le regroupement ! Prendre acte d’une situation ne signifie pas s’y plier mais au contraire ça signifie : chercher à voir au-delà des critères habituels. A une époque, on tenta de mettre à contribution les facteurs pour qu’ils démarchent leurs clients en faveur des autres services de La Poste, mais ils ne recevaient une rémunération qu’après les résultats obtenus ! Donc celui qui était sans résultat avait pris le temps de discuter avec l’usager… sur son propre temps de travail ! On ne reconstruira un service authentique de La Poste que si les citoyens se mêlent de la discussion. Par exemple sur les horaires d’ouverture : quand l’école commence à 9 heures pourquoi faut-il que La Poste ouvre seulement à 9 h 30 ? Pourquoi ne serait-elle pas ouverte dès 8 h 45 ? Sur des tas de points, il s’agit de faire évoluer le service… mais pas pour le dégrader. Quand La Poste dépense 45 millions d’euros pour une campagne de publicité en septembre 2008 est-ce un fait local ou global ? Ets-ce une avancée de La Poste ?

 

En fait, et là je livre en conclusion l’état de ma réflexion suite au débat où il a été aisé de vérifier qu’il serait négatif d’opposer élus et citoyens comme d’opposer les luttes locales et globales  : la privatisation de la Poste avance sans cesse. Contrairement aux nationalisations vécues comme une date clef, les privatisations constituent des processus parfaitement organisés sur dix ou vingt ans, et celle de La Poste suit le chemin de France-Telecom. Elle s’opère par :

- la différenciation des métiers. Des facteurs disent : « il n’y en a que pour les bureaux de poste ! ». Ils ont raison : les élus, les usagers se battent surtout par rapport à la transformation des bureaux en APC (les mairies sont mises à contribution financièrement), et oublient l’évolution du statut des facteurs et autres personnels. Plus de 30% du personnel est de droit privé et dans ce secteur de main d’œuvre (trois cent mille emplois) le point n’est pas négligeable.

- le statut de la Banque Postale. Quand dans un bureau de Poste, le vieux monsieur s’entend dire : « Mais monsieur, si vous voulez retirer 400 euros, il faut me faire la demande trois jours à l’avance ! » et qu’il doit repartir dépité, il est aisé de vérifier que s’il y a plusieurs métiers, tous se tiennent. Donc quand les guichets font moins, la Banque Postale fait moins. En fait, l’objectif est le même qu’avec France-Telecom : des zones du territoire doivent devenir ce qu’ils appellent des zones blanches pour ne pas dire des points noirs ! Pas d’ADSL ou alors à un prix excessif malgré les aides institutionnelles ! D’où les fortes luttes en zone rurale. Et pendant ce temps les queues en zone urbaine sont jugées acceptables jusqu’à vingt minutes ! Bref, la lutte suppose de s’armer pour et par la lutte. 18-02-2009 Jean-Paul Damaggio

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 10:25

Exposition de René Hervieu

 

Cette exposition était double puisque René Hervieu était associé à Werlen François mais nous n’évoquerons ici que le cas du premier. L’association des deux plasticiens ne nous est pas apparue convaincante donc nous gardons pour une autre occasion la présentation de Werlen François.

D’abord, le lieu de l’exposition : la Maison de retraite protestante qui est en fait un bâtiment historique de Montauban puisqu’il a abrité pendant des années la Faculté de Théologie protestante où passèrent pendant des décennies les futurs pasteurs protestants du pays.

Aujourd’hui, installer dans le beau couloir de la Maison de retraite des œuvres artistiques, au milieu des anciens qui y circulent est un acte heureux.

René Hervieu, ici avec son horloge muette, œuvre qui a aussitôt arrêté mon attention, que nous dit-il ? René Hervieu est à la fois poète et plasticien et peut-être poète car plasticien, à moins que ce ne soit l’inverse, pour qui le surréalisme reste la référence. Sa vision globale de l’art s’appuie sur la récupération de la vie, des objets de la vie ce que la photo ne peut rendre très bien.

Le rond majeur de l’horloge est ici le tamis utilisé autrefois à la campagne.

L’horloge muette ce n’est ni le temps arrêté ni le temps absent, simplement le temps silencieux. Pour le temps arrêté nous aurions pu avoir toutes les aiguilles à la même heure.

Et si le temps n’était autre que celui du soleil ?

18-02-2009 Jean-Paul Damaggio

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 14:51

Le 6 avril 1994 Anicet Le Pors était à Montauban. Sur la photo ci-contre de Thierry Déjean, on voit l’ancien ministre avec Yves Vidaillac (que Wikipédia a décrété injustement maire de Caylus) et Jean-Paul Damaggio. Cet article n’est pas le signe d’un futur travail d’écriture de mémoires, mais peut-être le début d’une suite au dernier mot énigmatique du livre d’Anicet : « Et l’amour comme mode pensée ».

 

 

Hier Anicet Le Pors

 

La création du Parti de Gauche m’incite à revisiter la précédente dissidence du PS, celle de Jean-Pierre Chevènement, à partir d’un travail réalisé avec Anicet Le Pors qui participa un temps au processus en étant candidat sur la liste Chevènement aux Européennes de 1994.

En 1993 l’ancien ministre communiste décide de publier Pendant la mue le serpent est aveugle avec ce sous-tire : chronique d’une différence. Nous l’avons invité à Montauban pour présenter ses réflexions et il se plia aimablement au jeu des questions/réponses.

Son idée essentielle était la suivante : la stratégie des partis communistes comme celle des sociaux-démocrates ayant révélés leurs échecs, il faut faire le deuil de ce passé pour préparer un autre avenir. Quinze ans après le même constat des échecs est au cœur de la décision de créer le Parti de Gauche, mais s’agit-il ainsi de vraiment préparer l’avenir ? Ne s’agit-il pas plutôt de faire du sur-place pendant que l’adversaire fonce tête baissée ?

Il est évident que le PCF que décrit Anicet le Pors est déjà très loin mais pas par l’effet de son évolution interne et de sa propre dynamique, mais par l’effet de ses échecs électoraux successifs.

En clair, par rapport à 1994, qui est à l’offensive et qui est sur la défensive ?

Est-ce que « le projet d’un nouvel humanisme politique qui réponde à notre époque de ruptures » que tente d’avancer Anicet le Pors, s’est révélé utile, utopique, inapproprié etc. ?

L’essentiel de son propos tournait autour du PCF et c’est seulement à la fin de la dernière partie qu’il propose des prémices pour un temps neuf (20 petites pages). Il commence par un propos typiquement « communiste » :

« Cette époque, si douloureusement vécue par un si grand nombre, est en même temps celle des grandes potentialités autorisant un optimisme rationnellement fondé. »

Et il continue en dialecticien :

« Malheureusement, pour explorer les termes des contradictions, comprendre leur unité organique, et impulser le mouvement qu’elles permettent, nous ne disposons que des outils forgés pendant la période antérieure. Le premier travail consiste en un réexamen des catégories utilisées, en une réflexion sur leur validité.»

Optimise d’un côté (celui du beau futur annoncé), pessimisme de l’autre (on n’a pas les outils pour réparer la voiture). Le contraire de la formule classique de Gramsci : « pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté.» Un marxisme mécaniste contre un marxisme de la pratique.

Pour certains, la révolution ne serait rien d’autre que l’abolition de l’ordre dominant par les contradictions propres à l’ordre dominant. C’est donc dans les potentialités de la réalité qu’il existe les moyens de changer cette réalité, le tout étant d’accéder aux moyens en question. Vous êtes sur un bateau à la dérive sur la mer, sur la mer il existe des morceaux de bois qui flottent, il suffit d’arriver à ce morceau de bois pour vous en faire une rame et vous sauver.

Pour d’autres, la révolution ne serait rien d’autre que l’invention, à côté de l’ordre dominant, d’un ordre nouveau qui finira, à force d’actions, de supplanter l’ordre dominant.

Les deux conceptions peuvent se rejoindre et le PCF s’est longtemps considéré comme une contre société mais depuis quinze ans il a concentré son ambition à être l’outil dont la révolution a besoin.

 

Anicet le Pors réexamine les catégories de capitalisme, socialisme, gauche :

« Le clivage gauche/droite garde-t-il encore sa pertinence ? Son utilité débattue au cours de la campagne des élections législatives de 1993, est peu contestable. Ce qui ne dispense pas de faire le constat d’une triple dénaturation correspondant aux trois bipolarisations sur lesquelles ce clivage se fondait. »

Voici les trois bipolarisations qui s’achèvent : domaine économique, classe ouvrière/bourgeoisie ; domaine politique : institution/citoyen ; domaine culturel : marxisme/catholicisme.

Malgré cet état des lieux, le clivage droite/gauche reste incontestable ? Anicet n’apporte pas de bipolarisation de remplacement mais constate simplement que la vie oblige à exister et qu’il faut donc voir ce qu’exister veut dire en politique en 1994. Il critique sans apporter de réponse sauf en ce qui concerne le programme à mettre en œuvre qui est le programme de toujours ou presque !

Ses prémisses sont comme le diable qui se mord la queue : elles pointent l’absence d’outils sans donner les outils à moins que le programme ne soit l’outil ? En voici les têtes de chapitre :

Faire reculer le chômage dans le cadre d’un développement de toutes les forces du travail et de la création ; Promouvoir un nouvel internationalisme fondé sur l’état de droit ; Concevoir la VIe République pour une nouvelle citoyenneté.

Et au bout : « Il est vain d’attendre de la part des appareils politiques actuels qu’ils rompent d’eux-mêmes avec la logique de survie qui leur tient lieu de stratégie politique. »

Je reste d’accord avec bien des points soulevés en 1993 par Anicet le Pors et toujours sans réponse (je pense à son effort jamais repris sur les questions de l’immigration). Les réponses je les lis moins dans la création du PG que dans la création du NPA, tous deux cependant conduits à devenir les appareils plus soucieux de leurs réalités plus que de leurs objectifs. Ai-je une proposition autre quinze ans après et à la lumière de mes propres combats ? Et si, au lieu de se raconter des histoires sur l’optimisme que l’on peut puiser dans le réel, sur le succès électoral qui mettrait le PS derrière la « vraie gauche », tous les militants démocrates se mettaient autour d’une table sans autre prétention que de peser pour un, afin de dégager les nouvelles catégories et moyens de lutte ? A commencer par la mise au pilori des médias qui nous manipulent ! Mais je rêve encore…

5-2-2009 Jean-Paul Damaggio

 

N.B :  Voici le seul commentaire de sa visite offert par le journal Point Gauche ! : « A notre invitation, Anicet Le Pors est venu à Montauban répondre aux questions. Il eut droit à l’expression la plus libertaire ‘attaque en règle de la délégation de pouvoir) comme à la question la plus social-démocrate (préparons-nous en 1995 à battre la droite). Preuve s’il en est, que l’homme est connu comme adepte du débat le plus large ! Ils sont si nombreux ceux à qui plus personne n’a envie de poser de questions ! Le 6 avril à l’inverse ils étaient nombreux (par rapport à nos moyens) et retenons la question du paysan qui demanda si économiquement il raisonnerait pareil en matière d’agriculture et d’industrie. Anicet le Pors répondit honnêtement : « ça c’est une colle ! » puis tenta de se rattraper en indiquant que le déclin de l’agriculture n’était pas fatal. A-t-il pensé à cette question quand, quinze jours après, il ajoutera à ses trois divergences avec J-P Chevènement celle-ci : « son absence de revendication anti-productiviste » ? Toujours-est-il nous conservons un riche souvenir de la soirée. »

Il est exact que dans le livre d’Anicet le Pors la tonalité écologiste est réelle.

 

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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 10:19

Rééditer Victor Hugo

 

   

BON DE COMMANDE Editions La Brochure

Les écrivains français du XIXème siècle, même les plus grands, Dumas, Zola, Daudet, Balzac, Baudelaire, sont entrés dans l’histoire pendant que l’un d’eux, Victor Hugo est resté dans l’actualité ! La réédition par Actes Sud de Napoléon Le Petit est un signe évident de ce phénomène. L’arrivée au pouvoir de De Gaulle en 1958 provoqua la réédition et diffusion massive de Histoire d’un crime, et la politique de Nicolas Sarkolèon ne peut qu’inciter à relire le proscrit de 1851. René Merle, sur le site La Sociale, comme sur le site 1851 a écrit plusieurs articles pour à la fois justifier des parallèles historiques tout en contestant les anachronismes possibles.

Le hasard a voulu qu’Hugo écrire sur un limonadier de Moissac (Jean Bousquet) et peu de jours après sur une parisienne (Louise Julien). Les deux textes se révèlent d’une grande actualité sans qu’il faille là aussi tomber dans les anachronismes.

Victor Hugo dans son texte sur Bousquet ne fait aucune allusion à un premier lien qu’il faillit établir avec le Tarn-et-Garonne, quand, en 1842, il fut sollicité pour devenir député du département. Il ne fait aucune allusion à un autre Montalbanais qu’il croisa à la chambre des députés et qu’il dut écouter avec attention en 1850 : l’abbé de Cazalès ! Il s’agit de la fameuse loi Falloux qui fit basculer Victor Hugo dans le camp de la « gauche » et qui fut condamné… par l’abbé Cazalès au cours d’une intervention que nous ne manquerons pas de rééditer. Ainsi avec notre étude sur l’abbé Marcellin, avec la réédition d’une brochure de Jean-Georges Lefranc de Pompignan, nous complèterons cet étrange tableau d’une tradition locale de catholicisme social dont l’écrivain Léon Cladel se fit lui-même l’écho en tant que témoin.

Voici trois extraits de l’intervention de l’abbé Cazalès, une pour bien spécifier qu’il est du parti de l’ordre, l’autre pour spécifier que ça ne l’empêche pas de s’opposer à la loi Falloux qui veut que l’Eglise intervienne dans les questions scolaires, la troisième pour expliquer ses objectifs :

1 ) « Des deux grands partis qui divisent le pays, celui dont la majorité de cette assemblée est l’organe me paraît le meilleur : je crois ses idées plus saines, plus applicables que celles du parti opposé et c’est pourquoi je vote habituellement avec lui. Mais tout honorable qu’il puisse être, quelque droit qu’il puisse avoir par ses tendances générales au beau nom de parti de l’ordre, ce n’en est pas moins un parti, et l’Eglise ne peut pas, ne doit pas, être d’un parti. »

2 ) « Messieurs l’Eglise ne peut pas être neutre, ni indifférente dans les luttes comme celles dont nous sommes les témoins, et d’ailleurs ce serait bien en vain qu’on se flatterait, à la faveur d’une lâche inaction, d lui faire trouver grâce devant les vainqueurs quels qu’ils fussent. Mais, accoutumée qu’elle est depuis18 siècles à prendre part à ses grands combats, elle sait que pour y intervenir avec succès, elle ne doit employer que ses armes à elle ; si elle semble parler au nom de l’Etat, en vertu d’une mission reçue de l’Etat, elle perd son caractère et voit s’affaiblir son action. »

3 ) « Dans un temps comme le nôtre surtout, toute mission donnée à l’Eglise par les pouvoirs publics rend son langage suspect et court le risque de frapper ses efforts d’impuissance. Voulez-vous qu’elle rende au pays les services que vous attendez d’elle et que son dévouement ne lui refusera jamais ? Donnez-lui la seule chose dont elle ait besoin : la liberté. Qu’il n’y ait pour elle ni chaînes ni faveurs ; qu’elle dise la vérité à tous, pauvres et riches, savants et ignorants, avec cette autorité que l’indépendance seule peut donner ; et sa parole en consolant les souffrances, en apaisant les haines, en adoucissant les sentiments pourra, si Dieu lui vient en aide, préparer cette grande réconciliation de tous les Français, si nécessaire au bonheur de notre patrie, et sans laquelle nous sommes condamnés à marcher sans relâche dans la douloureuse carrière des révolutions. »

Avec la mort de Jean Bousquet, Victor Hugo saisit l’occasion pour rappeler à la fois son attachement à Dieu et son opposition au pape. Il s’agit d’une tendance du mouvement des démocrates d’alors qui est différente de la tendance franc-maçonne. Le retour des cléricaux, rend toute son actualité au texte de Hugo. Et le portrait offert du combat de Jean Bousquet est une contribution supplémentaire aux recherches sur la Seconde république. Quant au texte de Hugo sur Louise Julien, il démontre que les femmes étaient présentes dans les luttes, une présence si oubliée….

2-02-2009 Jean-Paul Damaggio

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 11:24

Nos Editions dans la manif

 

Pour le 29 janvier, distribution d’un petit papier (200 exemplaires) pour rappeler nos dernières publications. Une table de presse. Des discussions et une petite vente. Nous n’existons pas seulement dans les salons du livre ! Il reste cependant difficile de faire comprendre notre originalité. Et nous ne nous étonnons plus si les acheteurs sont plus souvent féminins que masculins !

Parmi les discussions, la situation injuste faite au Planning familial. La situation injuste faite aux employés de la météo.

Et quelques discussions politiques avec des militants du NPA, du PCF, du Parti de la gauche.

Des retrouvailles inévitables avec des amis.

Que restera-t-il de cette mobilisation massive ? L’avenir nous le dira !

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 11:23

 

Le 23 février, est la date retenue pour le vote du budget 2009 par cette intercommunalité. Moment crucial pour toute collectivité territoriale. En conséquence le 27 janvier il fallait discuter des « orientations ». Comme toujours, ce point  était à la fin d’une réunion à l’ordre du jour déjà chargé ! La loi devrait imposer qu’un tel point soit toujours mis au départ d’un conseil municipal ou communautaire.

C’est donc en fin de réunion que le président Guy-Michel Empociello a pu donner son point de vue personnel sur l’avenir et il l’a fait de la manière la plus concrète possible… en commençant par les recettes. C’est une banalité de le dire, mais ce sont les finances qui commandent les projets et non les projets qui commandent les finances ! Quoique ! En effet, l’essentiel des recettes c’est, pour les élus, d’aller à la chasse aux subventions (conseil général, conseil régional, Etat, Europe). De ce fait, tous les projets sont déjà « calibrés » ! Combien de maires ou de présidents d’intercommunalité abandonnent des projets faute de financement n’entrant pas dans les « politiques publiques » ? Cependant un inquiétude pèse sur les collectivités locales : Sarkozy v eut supprimer la taxe professionnelle ! L’idée a été clairement exprimée : la taxe reçue de Golfech ne peut bouger mais si une troisième tranche voyait le jour alors en effet peut-être la situation serait différente. La commune de Moissac connaît la question car, si j’ai bien compris, les taxes professionnelles attendues des centres commerciaux nouveaux semblent reportées à plus tard. Car un des débats classiques de l’intercommunalité c’est les centres commerciaux : puisque la même superficie est atteinte des deux côtés (20.000 m2) tout va bien sauf que côté Castelsarrasin on veut développer la zone dite « terre blanche ».

 

J’ai attendu le compte-rendu fait par La Dépêche du Midi pour proposer le mien. Suite donc, à un reflet fidèle de la réunion, il est possible d’apporter des données essentielles oubliées : la taxe professionnelle qui entre à l’intercommunalité est quasiment nulle (elle reste dans chaque commune), les seules recettes fiscales sont donc celles versées par les habitants à savoir un total de 680 000 euros (soit 27 euros par habitants). Pour l’an prochain, une augmentation de 2% est programmées. Comment avec de tels moyens envisager une réalisation qui donne un visage à l’intercommunalité ? S’il n’y a rien qui ne puisse être fait en commun pourquoi rester ensemble ?

Et c’est l’autre point sur lequel il faut insister : cette intercommunalité à deux se trouve à présent à l’étroit ! Il faudrait, s’accordent à penser les élus, se regrouper avec les intercommunalités de Lavilledieu et Saint-Nicolas, ainsi qu’avec les petites communes autour de Moissac qui restent sans structure. Le maire de Castelsarrasin fait d’ailleurs observer qu’en France, le nombre de personnes rassemblées par les intercommunalités augmente alors que le nombre d’intercommunalités diminue ! Donc nous sommes entrés dans une phase de regroupement d’intercommunalités après la phase de regroupement de communes. Quand pourra-t-on considérer que les limites intercommunales sont devenues assez fixes pour mieux s’institutionnaliser ? Tant que ce point n’est pas tranché il est impossible de passer à une quelconque élection directe intercommunale car il est impossible d’avoir en France deux types de citoyens : ceux qui pourraient voter pour une intercommunalité et ceux qui ne le pourraient pas.

 

Pourquoi toujours plus de regroupements ? Nous revenons ainsi aux questions budgétaires débattues le 27 janvier. Pour créer une piscine couverte Castelsarrasin-Moissac, il faut ensuite 400 000 euros de frais de fonctionnement (9 millions d’investissement avec peut-être 60% de subventions). S’ils pouvaient être pris en charge par « un bassin de vie » plus grand que les deux communes, alors il serait plus facilement réalisable ! Sauf que pour Bernard Dagen, si les petites communes n’ont pas voulu s’associer à leur intercommunalité c’était justement pour ne pas payer la fameuse liaison Quercy-Gascogne (le nouveau pont sur la Garonne). Et nous revenons toujours à la question : qui paie ? En alliance avec Saint Nicolas, il a été évoqué le fait de construire cette éventuelle piscine en complément avec celle existante sur le plan d’eau (sans qu’on comprenne vraiment le sens des propos émis).

Le compte-rendu de La Dépêche indique que ce projet « la population locale, on le sait, y est très attachée ». Je ne sais comment cette donnée a été mesurée mais entre l’autre projet, l’aérodrome de Gandalou à développer et la piscine, il me semble qu’il y a deux stratégies.

Piscine, Gandalou, et le projet « environnement » ? Voilà un autre projet qui devrait pousser nos regards vers une institution colossale : Le Bassin Adour-Garonne. Un ingénieur vient d’être embauché par la communauté (en fait un remplacement) qui va se pencher sur le cas des ordures ménagères mais aussi sur un travail de fond concernant l’environnement, travail qui pourrait s’inscrire dans un projet de Parc régional cher à Adour-Garonne. Un point sur lequel nous reviendrons à l’occasion afin de terminer pour aujourd’hui par la fibre optique. Il s’agit là de concret : le très haut débit va être mis en place par la société SEM Terra, dans laquelle le conseil général du Tarn-et-Garonne est actionnaire mais beaucoup moins que le voisin tarnais. Cette société doit aussi installer le haut débit dans les zones blanches du secteur de Castelsarrasin et Saint Nicolas.

On peut penser que grâce à la bouche Très Haut Débit des secteurs iront très vite pendant que d’autres en resteront à ramer sans cesse.

Dernière info : c’est sans doute une des rares intercommunalités où aucun élu ne reçoit de rémunération !

29-01-2009 Jean-Paul Damaggio

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 10:39

Victor Hugo et Jean Bousquet

 

Jean Bousquet : Début de la postface de Jean-Paul Damaggio qui présente le personnage dans le livre à paraître début février aux éditions la brochure : Victor Hugo, Jean Bousquet proscrit de Moissac, 10 euros.

 

  

Qui était donc ce proscrit parmi les 27.000 victimes du coup d’Etat du 2 décembre (30 pour le Tarn et Garonne et 3000 pour le Var par exemple) ? Avec qui s’est-il battu ?

Pour répondre on est obligé de commenter surtout des interrogatoires de police mais comme les archives départementales conservent une lettre qui témoigne directement de la vie de Bousquet, le seul endroit où j’ai pu enfin trouver sa signature (elle orne la quatrième de couverture avec une page de la lettre), donnons la priorité à ce document.

Fin de la LETTRE DE BOUSQUET

« Je vous disais aussi que nous avons reçu des chanson patriotique et je vous assure que si on vous les antan chanté au Banquet sela leur fera plaisir je tacherais aussi de vous les envoyé avec les gravures

Mille chose de notre par à tous les démocrates de Dunes et que si personne plus ne va a votre banquet vous en aurez toujours un avec moi

Sallut et fraternité

 

J’ai conservé l’orthographe qui montre une faible maîtrise du français et quant au contenu, il est typique d’une lettre militante. Ribaud voulait avoir des gravures pour décorer le local de son « cercle des travailleurs » et Bousquet lui répond qu’il va lui donner les gravures et en plus des chansons.

Il s’agit de la seule signature car il refuse, à l’inverse de ses amis, de signer les interrogatoires que la police lui présente.

D’autres lettres ont dû être saisis mais c’est là, l’unique « parole » directe de l’homme qui soit accessible. Notons qu’ils se désignent entre eux comme « démocrates » alors que l’adversaire policier les appelle « socialistes » preuve que l’adversaire est plus clairvoyant sur la nature du combat politique que ceux là même qui le conduisent ! Ils deviendront en effet des socialistes à la fin du siècle.

Les événements

Le 3 décembre au matin, au moment où le dirigeant castelsarrasinois Poumarède part pour Toulouse chercher des ordres, Bousquet part pour Agen. Le Tarn-et-Garonne plus jeune que les autres départements n’est pas encore très uni et ne peut, comme le Gers ou l’Aveyron, réfléchir à une stratégie tournée contre la préfecture montalbanaise.

Sur le chemin du retour, il s’arrête à Lamagistère pour donner la consigne : rendez-vous demain à Moissac pour prendre la sous-préfecture (voir plus loin). Le 3 décembre au soir Bousquet fait son compte-rendu dans son café. Les événements qui vont s’en suivre font apparaître la plupart de personnes qui se distinguèrent les années précédentes avec Bousquet.

Depuis longtemps, il tient un café (rue de la place). Il est propriétaire. Il a un côté plus populaire que tous les autres dirigeants républicains. Il n’était pas candidat aux élections municipales de 1850 sur la liste républicaine pleine de démocrates plus bourgeois que prolétaires avec de grands noms de Moissac : Detours, mais aussi Delthil, Chabrié, Capgras, Delbrel, des noms qui ont leur rue en ville aujourd’hui.

En ce 3 décembre Bousquet se retrouve devant son public debout sur une table ou une chaise. La réunion va décider, semble-t-il, de prendre la mairie de Moissac. Décision plus musclée que celle de Montauban (le simple envoi d’une délégation pour s’informer), ce qui correspond d’une part aux positions des républicains de Moissac, et d’autre part aux actifs relais agenais qui possèdent un journal quotidien. Le Lot et Garonne aura 894 condamnés !

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 10:25

Victor Hugo en 1853 a été conduit à faire des éloges funèbres. Vous avez ici, celui très féministe, en faveur de Louise Julien.  Il sera inclut dans le livre a paraître d’ici quinze jours aux Editions La Brochure et qui concerne le limonadier de MOISSAC, un proscrit lui aussi, Jean Bousquet décédé juste avant Louise Julien.

 

26 juillet 1853.SUR LA TOMBE DE LOUISE JULIEN

CIMETIÈRE DE SAINT-JEAN / Victor Hugo

 

 

Citoyens,

 

Trois cercueils en quatre mois.

La mort se hâte, et Dieu nous délivre un à un.

Nous ne t’accusons pas, nous te remercions, Dieu puissant qui nous rouvre, à nous exilés, les portes de la patrie éternelle !

Cette fois, l’être inanimé et cher que nous apportons à la tombe, c’est une femme.

Le 21 janvier dernier, une femme fut arrêtée chez elle par le sieur Boudrot, commissaire de police à Paris. Cette femme, jeune encore, elle avait trente-cinq ans ; mais estropiée et infirme, fut envoyée à la préfecture et enfermée dans la cellule n°1, dite cellule d’essai. Cette cellule, sorte de cage de sept à huit pieds carrés à peu près, sans air et sans jour, la malheureuse prisonnière l’a peinte d’un mot; elle l’appelle : cellule-tombeau ; elle dit, je cite ses propres paroles : « C’est dans cette cellule-tombeau, qu’estropiée, malade, j’ai passé vingt et un jours, collant mes lèvres d’heure en heure contre le treillage pour aspirer un peu d’air vital et ne pas mourir ». Au bout de ces vingt et un jours, le 14 février, le gouvernement de décembre mit cette femme dehors et l’expulsa. Il la jeta à la fois hors de la prison et hors de la patrie. La proscrite sortait du cachot d’essai avec les germes de la phtisie. Elle quitta la France et gagna la Belgique. Le dénuement la força de voyager toussant, crachant le sang, les poumons malades, en plein hiver, dans le nord, sous la pluie et la neige, dans ces affreux wagons découverts qui déshonorent les riches entreprises des chemins de fer. Elle arriva à Ostende ; elle était chassée de France, la Belgique la chassa. Elle passa en Angleterre. A peine débarquée à Londres, elle se mit au lit. La maladie contractée dans le cachot, aggravée par le voyage forcé de l’exil, était devenue menaçante. La proscrite, je devrais dire la condamnée à mort, resta gisante deux mois et demi. Puis, espérant un peu de printemps et de soleil, elle vint à Jersey. On se souvient encore de l’y avoir vue arriver par une froide matinée pluvieuse, à travers les brumes de la mer, râlant et grelottant sous sa pauvre robe de toile toute mouillée. Peu de jours après son arrivée, elle se coucha ; elle ne s’est plus relevée.

Il y a trois jours elle est morte.

Vous me demanderez ce qu’était cette femme et ce qu’elle avait fait pour être traitée ainsi ; je vais vous le dire.

Cette femme, par des chansons patriotiques, par de sympathiques et cordiales paroles, par de bonnes et civiques actions, avait rendu célèbre, dans les faubourgs de Paris, le nom de Louise Julien sous lequel le peuple la connaissait et la saluait. Ouvrière, elle avait nourri sa mère malade ; elle l’a soignée et soutenue dix ans. Dans les jours de lutte civile, elle faisait de la charpie ; et, boiteuse et se traînant, elle allait dans les ambulances, et secourait les blessés de tous les partis. Cette femme du peuple était un poète, cette femme du peuple était un esprit ; elle chantait la république, elle aimait la liberté, elle appelait ardemment l’avenir fraternel de toutes les nations et de tous les hommes ; elle croyait à Dieu, au peuple, au progrès, à la France; elle versait autour d’elle, comme un vase, dans les esprits des prolétaires, son grand cœur plein d’amour et de foi. Voilà ce que faisait cette femme. M. Bonaparte l’a tuée.

Ah ! une telle tombe n’est pas muette ; elle est pleine de sanglots, de gémissements et de clameurs.

Citoyens, les peuples, dans le légitime orgueil de leur toute-puissance et de leur droit, construisent avec le granit et le marbre des édifices sonores, des enceintes majestueuses, des estrades sublimes, du haut desquelles parle leur génie, du haut desquelles se répandent à flots dans les âmes les éloquences saintes du patriotisme, du progrès et de la liberté ; les peuples, s’imaginant qu’il suffit d’être souverains pour être invincibles, croient inaccessibles et imprenables ces citadelles de la parole, ces forteresses sacrées de l’intelligence humaine et de la civilisation, et ils disent : la tribune est indestructible. Ils se trompent ; ces tribunes-là peuvent être renversées. Un traître vient, des soldats arrivent, une bande de brigands se concerte, se démasque, fait feu, et le sanctuaire est envahi, et la pierre et le marbre sont dispersés, et le palais, et le temple, où la grande nation parlait au monde, s’écroule, et l’immonde tyran vainqueur s’applaudit, bat des mains, et dit : C’est fini. Personne ne parlera plus. Pas une voix ne s’élèvera désormais. Le silence est fait.

Citoyens ! à son tour le tyran se trompe. Dieu ne veut pas que le silence se fasse ; Dieu ne veut pas que la liberté, qui est son verbe, se taise. Citoyens ! au moment où les despotes triomphants croient la leur avoir ôtée à jamais, Dieu redonne la parole aux idées. Cette tribune détruite, il la reconstruit. Non au milieu de la place publique, non avec le granit et le marbre, il n’en a pas besoin. Il la reconstruit dans la solitude ; il la reconstruit avec l’herbe du cimetière, avec l’ombre des cyprès, avec le monticule sinistre que font les cercueils cachés sous terre ; et de cette solitude, de cette herbe, de ces cyprès, de ces cercueils disparus, savez-vous ce qui sort, citoyens ? Il en sort le cri déchirant de l’humanité, il en sort la dénonciation et le témoignage, il en sort l’accusation inexorable qui fait pâlir l’accusé couronné, il en sort la formidable protestation des morts ! Il en sort la voix vengeresse, la voix inextinguible, la voix qu’on n'étouffe pas, la voix qu’on ne bâillonne pas !

Ah ! M. Bonaparte a fait taire la tribune ; c’est bien ; maintenant qu’il fasse donc taire le tombeau !

Lui et ses pareils n’auront rien fait tant qu’on entendra sortir un soupir d’une tombe, et tant qu’on verra rouler une larme dans les yeux augustes de la pitié.

Pitié ! ce mot que je viens de prononcer, il a jailli du plus profond de mes entrailles devant ce cercueil, cercueil d’une femme, cercueil d’une sœur, cercueil d’une martyre ! Pauline Roland en Afrique, Louise Julien à Jersey, Francesca Maderspach à Temeswar, Blanca Téléki à Pesth, tant d’autres, Rosalie Gobert, Eugénie Guillemot, Augustine Péan, Blanche Clouart, Joséphine Prabeil, Élisabeth Parlès, Marie Reviel, Claudine Hibruit, Anne Sangla, veuve Combescure, Armantine Huet, et tant d’autres encore, sœurs, mères, filles, épouses, proscrites, exilées, transportées, torturées, suppliciées, crucifiées, ô pauvres femmes ! Oh ! quel sujet de larmes profondes et d’inexprimables attendrissements ! Faibles, souffrantes, malades, arrachées à leurs familles, à leurs maris, à leurs parents, à leurs soutiens, vieilles quelquefois et brisées par l'âge, toutes ont été des héroïnes, plusieurs ont été des héros ! Oh ! ma pensée en ce moment se précipite dans ce sépulcre et baise les pieds froids de cette morte dans son cercueil ! Ce n’est pas une femme que je vénère dans Louise Julien, c’est la femme ; la femme de nos jours, la femme digne de devenir citoyenne ; la femme telle que nous la voyons autour de nous, dans tout son dévouement, dans toute sa douceur, dans tout son sacrifice, dans toute sa majesté ! Amis, dans les temps futurs, dans cette belle, et paisible, et tendre, et fraternelle république sociale de l’avenir, le rôle de la femme sera grand ; mais quel magnifique prélude à ce rôle que de tels martyres si vaillamment endurés ! Hommes et citoyens, nous avons dit plus d’une fois dans notre orgueil :

— Le dix-huitième siècle a proclamé le droit de l’homme ; le dix-neuvième proclamera le droit de la femme ; mais, il faut l’avouer, citoyens, nous ne nous sommes point hâtés ; beaucoup, de considérations, qui étaient graves, j’en conviens, et qui voulaient être mûrement examinées, nous ont arrêtés ; et à l’instant où je parle, au point même où le progrès est parvenu, parmi les meilleurs républicains, parmi les démocrates les plus vrais et les plus purs, bien des esprits excellents hésitent encore à admettre dans l’homme et dans la femme l’égalité de l'âme humaine, et, par conséquent, l’assimilation, sinon l’identité complète, des droits civiques. Disons-le bien haut, citoyens, tant que la prospérité a duré, tant que la république a été debout, les femmes, oubliées par nous, se sont oubliées elles-mêmes ; elles se sont bornées à rayonner comme la lumière ; à échauffer les esprits, à attendrir les cœurs, à éveiller les enthousiasmes, à montrer du doigt à tous le bon, le juste, le grand et le vrai. Elles n’ont rien ambitionné au delà. Elles qui, par moment, sont, l’image, de la patrie vivante, elles qui pouvaient être l’âme de la cité, elles ont été simplement l’âme de la famille. A l’heure de l’adversité, leur attitude a changé, elles ont cessé d’être modestes ; à l’heure de l’adversité, elles nous ont dit :

— Nous ne savons pas si nous, avons droit à votre puissance, à votre liberté, à votre grandeur ; mais ce que nous savons, c’est que nous avons droit à votre misère. Partager vos souffrances, vos accablements, vos dénuements, vos détresses, vos renoncements, vos exils, votre abandon si vous êtes sans asile, votre faim si vous êtes sans pain, c’est là le droit de la femme, et nous le réclamons.

— O mes frères ! et les voilà qui nous suivent dans le combat, qui nous accompagnent dans la proscription, et qui nous devancent dans le tombeau!

Citoyens, puisque cette fois encore vous avez voulu que je parlasse en votre nom, puisque votre mandat donne à ma voix l’autorité qui manquerait à une parole isolée ; sur la tombe de Louise Julien, comme il y a trois mois, sur la tombe de Jean Bousquet, le dernier cri que je veux jeter, c’est le cri de courage, d’insurrection et d’espérance !

Oui, des cercueils comme celui de cette noble femme qui est là signifient et prédisent la chute prochaine des bourreaux, l’inévitable écroulement des despotismes et des despotes. Les proscrits meurent l’un après l’autre ; le tyran creuse leur fosse ; mais à un jour venu, citoyens, la fosse tout à coup attire et engloutit le fossoyeur !

O morts qui m’entourez et qui m’écoutez, malédiction à Louis Bonaparte ! O morts, exécration à cet homme ! Pas d’échafauds quand viendra la victoire, mais une longue et infamante expiation à ce misérable ! Malédiction sous tous les cieux, sous tous les climats, en France, en Autriche, en Lombardie, en Sicile, à Rome, en Pologne, en Hongrie, malédiction aux violateurs du droit humain et de la loi divine ! Malédiction aux pourvoyeurs des pontons, aux dresseurs des gibets, aux destructeurs des familles, aux tourmenteurs des peuples ! Malédiction aux proscripteurs des pères, des mères et des enfants ! Malédiction aux fouetteurs de femmes ! Proscrits ! soyons implacables dans ces solennelles et religieuses revendications du droit et de l'humanité. Le genre humain a besoin de ces cris terribles ; la conscience universelle a besoin de ces saintes indignations de la pitié. Exécrer les bourreaux, c’est consoler les victimes. Maudire les tyrans, c’est bénir les nations. Victor Hugo

 

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 10:17

Murielle Magellan  « Bousculer les formes »

 

 

De retour à Montauban pour y présenter son premier roman, Murielle Dbjay qui signe à présent Murielle Magellan, y a témoigné en toute simplicité de sa vitalité.

Le public, en ce 16 janvier, était curieux à la fois de son travail d’écriture mais aussi de l’évolution de la vie de la jeune montalbanaise qui se livra avec plaisir au jeu des questions réponses (à l’initiative de la Librairie Le Scribe).

 

La jeune montalbanaise :Murielle Dbjay

Lily Latu était là pour faire remonter quelques souvenirs du début, sur les planches à la FOL (Fédération des Oeuvres Laïques), de la toute jeune Murielle que sa mère, enseignante, incita à faire du théâtre dès l’âge de 11 ans. Conséquence, pendant des années, tous les samedis, l’univers de l’artiste en herbe fut celui du monde de l’éducation populaire.

Mais Murielle « traînait » très tôt un autre passion que celle du théâtre : la chanson, et une camarade de classe était là pour rappeler qu’en Seconde, elles rythmaient les tours de piste chers au prof d’EPS, en chantant My Lord… Elles parièrent même de répondre en chanson au prof de français ! D’ailleurs, la chanson décidera d’une première étape de sa vie : la montée à Paris.

Avec une autre association montalbanaise, Alors Chante ! Murielle Dbjay put sur la scène du théâtre montrer tous ses talents à la manière de Barbara. Je n’ai qu’un souvenir vague de son tour de chant mais j’avais gardé la sensation d’une forme artistique « tonique », premier terme que reprendra une personne pour qualifier son roman.

Appartenant à un monde « protégé » elle finira par s’installer définitivement à Paris où, par un travail constant, elle forcera peut-être la chance. Etrange coïncidence que de retrouver à la tribune de l’Ancien Collège de Montauban, une semaine après Gérard Barray, enfant de médecins montalbanais devenant artiste à Paris au début des années 50, une enfant de médecins ayant suivi le même chemin dans un autre univers artistique quarante ans après.

 

La romancière : Murielle Magellan

Murielle précise les conditions dans lesquelles elle est devenue romancière. L’envie l’habitait depuis longtemps mais, prise par autre chose, elle laissait en jachère ce rêve. Suite au succès de sa pièce Trait d’union, le journaliste Michel Feld l’engagea à écrire un roman. Le conseil ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde qui se lança. Après quelques retards, le journaliste lui apporta son soutien, pour croiser le « passeur » inévitable : l’éditeur. Chez Julliard, Betty Mialet accepta de prendre en compte le roman et il fut publié en septembre 2007 : LE LENDEMAIN GABRIELLE.

A la question : « qu’elle est l’activité qui vous intéresse le plus ? » sa réponse fut simple : « Dans tous les cas, je fais la même chose : écrire ». Murielle a plusieurs cordes à son arc – et conseille aux jeunes d’opérer de la même façon pour réussir – mais toutes les flèches visent la même cible.

L’histoire du roman met face à face ou côte à côte, suivant le roman que chacun se fait à la lecture, une solitude et une famille, mais sans défendre une posture plus qu’une autre. La question lui fut posée : « où est la vraie vie ? » Question qui rejoignait une autre sur le besoin d’écrire : « Faut-il être malheureux pour devenir créatif ? »

Pour la jeune femme, l’essentiel c’est de prendre la vie comme elle vient. On peut être heureux et réussir à écrire, de manière peut-être plus cérébrale que la réponse émotionnelle que suscitera la douleur. « La vraie vie » ce n’est pas celle de demain, c’est celle que l’on vit, en conséquence, à ses yeux, dans le roman, chaque chemin a ses mérites.

Son écriture de romancière ne serait-elle pas marquée par son expérience théâtrale ? Elle espère que non car un roman, c’est une écriture littéraire qui doit avoir sa propre force. Bien sûr, parmi ses outils à disposition, on retrouve l’écriture théâtrale, sa passion pour la chanson mais avec une idée : « bousculer les formes ». En conséquence le roman commence ainsi : « Point final. »

Murielle Magellan est une adepte de la polyculture et à ceux qui craignent qu’elle ne se disperse, elle répond par ses créations constantes.

 

Quelques références

Après sa vie montalbanaise, Murielle Magellan a suivi des cours de comédie au Théâtre National de Chaillot et parallèlement a obtenu une Maîtrise de Littérature moderne à la Faculté de Jussieu en 1991. Ses différentes expériences lui ont permis de développer une technique d'enseignement de la scène répondant aux besoins spécifiques des chanteurs.

Depuis 1999 elle intervient au Studio des Variétés (où elle fut élève en débarquant dans la capitale) dans deux domaines : la mise en scène avec le groupe vocal Cas 6, Jacques Haurogné, William Schott et cie et le coaching d'interprétation avec Romain Didier, Valérie Barrier et Flor del Fango. On la retrouve aussi dans les stages collectifs.

Par ailleurs Murielle Magellan est auteur pour le théâtre et comédienne : on la retrouve toujours liée à sa ville Montauban, avec La Procession - Film de François-Henri Soulié - court métrage.

Le tournant c’est donc : TRAIT D'UNION pièce de 2004 - mise en scène de Bernard Murat avec Caroline Silhol, François Marthouret, Stéphane Hillel et Charlotte Kady, jouée au Théâtre des Mathurins à Paris.

Pour la chanson (Auteur - Compositeur - Interprète) elle fut en première partie de Léo Ferré, elle passa au Festival de La Rochelle, à celui de Montauban et au printemps de Bourges en 1986.Elle précisa à Montauban qu’elle n’a pas chanté depuis plus de dix ans mais que dernièrement pour un ami, elle se remit au piano et y retrouva d’autant plus de plaisir que sa prestation fut un succès.

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