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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 13:34

Des aubergines rouges





Grâce à Nicole Paraire, chercheur au CNRS, M et Mme Damaggio Erminio de Cayrac ont récupéré des graines d’aubergines africaines pour vérifier si elles pouvaient pousser dans notre région (à Paris elle n’a jamais pu obtenir de résultats). La récolte fut aussi surprenante que prévue : des aubergines rouges. Plus petites mais plus nombreuses sur le pied que les aubergines classiques, elles subissent davantage les effets des doryphores. Parfois en Afrique elles sont plus amères que les nôtres mais expérience faite, difficile de différencier un caviar d’aubergine fait avec les unes ou les autres. Une autre façon de regarder ce légume cher à nos assiettes.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 15:41

 

Le 29 août des personnes se sont retrouvées à Caylus avec comme point de référence une sortie de l’Ecole normale en 1972, 1973 ou 1974. J’étais de la partie et je veux ici raconter une seule des multiples surprises liées aux retrouvailles de collègues qui ne s’étaient pas vus parfois depuis 35 ans. Déjà l’année avant, en fêtant un départ à la retraite, j’avais été surpris par la présence de photos de l’époque et cette fois, sans que le nombre de photos soit colossal, mon étonnement a redoublé. Même en me creusant la cervelle je ne vois personne à l’E.N. avec un appareil photo. Même quand, avec d’autres, je pose devant un photographe, je suis incapable de comprendre qui a pu appuyer sur le déclic.

J’ai vérifié bien souvent que les souvenirs sont toujours d’étranges fragments de vie mais là n’est pas mon sujet. Pourquoi à l’E.N. les photos scolaires, qui existaient encore au Lycée, n’avaient-elles pas droit de cité ? Or s’il est un lieu où elles étaient porteuses de sens c’est bien là ! A des classes où des jeunes étaient occasionnellement regroupés pour une année, l’E.N. substituait des groupes dans lesquels des normaliens issus d’une ou deux promotions, en incluant quelques remplaçants, se retrouvaient pour des années de vie commune. Et au-delà de la vie scolaire, il s’agissait de personnes destinées à une même vie professionnelle dès l’âge de 15 ans (ou un peu plus ou un peu moins).

Voilà pourquoi les photos réalisées par les jeunes eux-mêmes deviennent aujourd’hui plus précieuses encore. Il s’agissait de normaliens de 67, 68 ou 69 à un moment où l’institution entre en pleine mutation. Des historiens diront peut-être un jour : « voyez comme 68 a été décisif : à la rentrée 68 l’Ecole Normale comme le Lycée Michelet de Montauban sont devenus mixtes. » Or cette mixité avait été décidée par De Gaule en 1962, contre l’avis de son ministre de l’éducation nationale, et avec comme date butoir pour la mise en pratique… l’année 68 !

Les photos montrent cette mixité toute neuve, qui apparaît plus nettement par la couleur des blouses : claires pour les filles, grises pour les garçons. Les photos sont liées souvent aux moments de loisirs mais toujours dans le cadre scolaire. On n’y voit donc presque pas de professeurs ou des membres de l’autorité (les photos scolaires comportent toujours celle d’un prof après celle d’un instit). L’intendant apparaît sur l’une d’elle - M. Brabant me rappelle une personne - celui qui avait été surnommé Le Juif. L’E.N. était pleine de surnoms et ce phénomène à lui seul mériterait une étude. Sur une autre, on voit M. Bertuel le prof de gym qu’on appelait Tustus, et la mémoire étant sélective j’ai cru deviner qu’il y avait la prof de gym des filles mais je n’ai pas son nom. Bref, ces photos jouent le rôle classique du miroir où chacun cherche ses rêves passés.

Pourtant si on souffle sur la poussière des souvenirs, on peut y voir encore autre chose : certaines des photos deviennent des photos d’art, sans la technique et l’esthétique nécessaire, mais des photos d’art tout de même. Loin de la question « qui est qui ? » surgit l’autre question : « comment cette vie fut-elle possible ? » Je pense à une photo où nous étions sur les marches devant la porte d’entrée et qui pourrait s’intituler : « normaliens de 69 vus par eux-mêmes ». Aujourd’hui, elle représente presque une légende où les derniers des Mohicans ne savent rien de leur propre futur, mais surtout n’imaginent pas la transformation culturelle qui va se produire, qui doit se produire et dont personne ne sait au bénéfice de qui. Le philosophe Jacques Rancière appelle de telles photos des «images pensives ». La photo souvenir faite en ce jour d’août 2009 qui illustre l’article ne peut pas avoir la même portée : elle concerne surtout qui y sont dessus tandis que celle de 1969 concerne l’histoire de France. Du moins c’est par cette divagation que j’ai été pris en les regardant.

2-09-2009 Jean-paul Damaggio

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 15:30

Expo René Andrieu à Caylus

 

De Stendhal à Marx. Sur la route, de chez lui au Lycée de Cahors, j’imagine qu’en 1936, René Andrieu (1920-1998) va déjà de Stendhal à Marx. Voilà la réflexion imprévue que m’inspire l’exposition qu’à Caylus Janine Andrieu, Eline Rausenberger et Jacques Vandewalle consacrent au journaliste communiste.

Pourquoi à Caylus, Tarn-et-Garonne ? Parce que c’est dans un village d’à côté qu’est né et qu’a beaucoup vécu René Andrieu, et c’est aussi là que « Jacques le Belge » a fait sa rencontre. Une magnifique coïncidence si on sait que le dit Jacques est expert en tableau et que le village s’appelle Beauregard, là où la famille Andrieu faisait de bons repas.

Les deux hommes se rencontrèrent autour de l’art et la première surprise de l’exposition c’est le soin minutieux avec lequel elle est techniquement mise en place. Il ne s’agit donc pas d’une expo militante retraçant la vie de René Andrieu mais d’une confrontation avec les archives artistiques accumulées par le personnage au cours de sa vie. Pas pour gommer, ce qui serait impossible, l’engagement communiste du journaliste. D’ailleurs Jacques m’indique qu’une exposition à Londres va honorer le Picasso communiste, un homme qui, jusque sur son lit de mort a souhaité vérifier qu’il était à jour de ses cotisations au PCF, contrairement à ce que des critiques ont laissé entendre. Il va y contribuer par le prêt de quelques photos.

L’autre pilier de l’exposition est donc Janine Andrieu, l’épouse de René avec qui elle eut une fille. Elle a permis le prêt des œuvres que Jacques a si soigneusement restauré en vue de l’ouverture d’un musée qui conserverait toute la richesse des archives existantes. Janine sort ainsi de l’ombre au moment où elle publie aux Editions L’Harmattan une autobiographie qui va jusqu’à sa rencontre avec René du temps où son nom dans la Résistance était la Joconde.

Eline est présente par un immense tableau représentant une manifestation et complète merveilleusement ce croisement exceptionnel entre art et politique que l’on ne s’attend pas à trouver à l’Espace Zadkine-Prax.

Et Stendhal ? J’avais lu autrefois le livre de René Andrieu sur Stendhal (Stendhal ou le bal masqué, 1983 Lattès) avec grand intérêt car je croyais avoir la même passion que lui pour cet écrivain or, en marchant au milieu de cette ambiance de l’expo, en lisant les dédicaces, en croisant autant d’artistes, j’ai compris que pour Andrieu, Stendhal n’était pas seulement un objet d’étude. Il était Stendhalien depuis le jour où il avait obtenu à Toulouse sa licence de lettres et un Diplôme d’Enseignement Supérieur sur Stendhal et la philosophie au 19ème siècle. La vie du petit Quercynois fut une œuvre artistico-politique à la manière de Stendhal. Je ne peux ici en apporter une démonstration minutieuse ; j’espère seulement que la biographie qui le concernera un jour fera surgir cette dimension.

Le dépliant donné aimablement à l’entrée de l’expo contient d’abord une dédicace d’Aragon à propos des deux tomes de Henri Matisse, roman : « à René, trente-cinq ans de ma vie, et ça ne fait que deux bouquins – mais on ne réunit pas en livres illustrés l’Huma de ces années là, sauf les premières pages. Affectueusement. »

A chaque moment l’art et la vie s’unissent pour ce gamin qui, dès la 6éme passa en Conseil de discipline mais c’était pour des honneurs scolaires et non comme aujourd’hui pour des réprimandes. C’est l’illustration que j’ai retenu pour ces quelques lignes.

2-09-2009 Jean-Paul Damaggio

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 15:43

Programme de la journée Cladel

Médiathèque de Lafrançaise (82)

Samedi 3 octobre 2009

 

15 h – 18 h

– Intervention autour du roman N’a qu’un œil présenté par Fabrice Michaux

Intermède musical avec Cédric Gonnet

et l’atelier d’écriture de la Compagnie des écrivains du Tarn-et-Garonne

– Intervention autour des Auryentys de Lunel, nouvelle présentée par Norbert Sabatié

Intermède musical

– Victor Hugo et Cladel, par Michel Veyres

– Correspondance de Cladel,

– Léon Cladel et la Commune de Paris, par Thanh-Vân Ton-That (auteure d’un livre récent sur la question publié aux Editions L‘Harmattan) (sous-réserve)

Fin en musique et chansons

Chaque intervention sera suivie d’un large débat.

Entrée gratuite ouverte à tous

 

20 h 30 – 23 h

Projection et débat autour du film réalisé par Claude Vernick : Bal(l)ades Occitanes.

Entrée 5 euros

Renseignements : 05 63 95 95 30

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 15:00

Le sens de la Poste selon Jean-Pierre Chibrac


(cet article est une reprise suite à une petite modification qui entraînera un autre article)
 

Le Samedi 4 mars 2006 une affaire époustouflante éclate au grand jour : un conseiller financier de La Poste Villebourbon à Montauban aurait détourné 1 million d’euros ! Il faudra attendre trois ans, avant qu’elle ne passe devant les tribunaux : la somme est exactement de 1 144 450 euros ! C’était donc vrai. Mais qui a pu se livrer en quatre ans, de 2002 à 2006, à une telle escroquerie ? En comptant bien, nous arrivons à la somme de 20 000 euros par mois, dans un Bureau de Poste qui semble familial et où personne ne remarqua rien, jusqu’à la découverte par un vieux monsieur d’un manque de 30 000 euros sur son compte. Qui a pu se sentir au-dessus des lois pour oser une telle escroquerie ?

Comment les deux quotidiens locaux allaient-ils suivre le dossier ?

Le Petit Journal du 4 mars ne nomme pas le conseiller financier préférant annoncer des explications dans un numéro suivant, article qui ne viendra jamais. On y apprendra seulement le 6 mars, que la direction de la Poste à découvert elle-même, suite à une enquête interne, le pot aux euros. Le Conseiller financier fut suspendu en janvier mais l’affaire fut rendue publique seulement deux mois après !

La Dépêche sera plus précise et plus sérieuse en rappelant les liens du conseiller financier Jean-Pierre Chibrac, avec le PS (directeur de la campagne du candidat PS aux législatives de 2002) ce qui obligera l’ex-député Roland Garrigues à s’expliquer dans le bimensuel qu’il anime : Le Réveil (n°3099). Il rappelle que directeur de campagne est un poste peu important sur le plan financier mais que d’autres activités du « conseiller » sont « oubliées » par la quotidien : « Il a ensuite été admis dans un club de service, les Kiwanis où les gens sont honnêtes, dévoués et tiennent pignon sur rue. Par ailleurs, il appartiendrait à des cercles où l’on met en avant des qualités plutôt que des défauts. Il était responsable syndical. » Roland Garrigues n’ajoute pas que tout en étant suspendu de son travail (donc soupçonné de malversations) il continuait à s’afficher joyeusement au restaurant aux côtés d’un conseiller général socialiste.

 

L’homme s’appelle donc Jean-Pierre Chibrac et tous ceux qui le côtoyaient étaient d’accord sur un point : il présentait très bien. Avec un tel pécule mensuel, il pouvait s’offrir maisons, voitures et tableaux de maître. 

Avec l’argent pillé, Jean-Pierre Chibrac décida de faire œuvre démocratique en créant un journal : Post Scriptum en septembre 2003. Une tâche pas facile, mais un personne bien informée m’avait annoncé à l’avance que ce journal durerait seulement deux ans, et en effet sans que le mensuel ne s’en explique il cessa toute parution en juin 2005. Il donna la parole à divers socialistes, semblant jouer la fonction d’un PS ouvert vers sa gauche ! Dans un paysage médiatique local très contrôlé, ce travail faisait figure de bol d’air salutaire. On voit comment à présent !

 

Pour truander, la manœuvre était simple : profiter de la naïveté des personnes âgées qui lui confiaient leur argent. Mises en confiance, elles ne s’étonnaient pas de ne pas recevoir confirmation officielle des versements et à partir de là le conseiller jonglait… et se servait. J-P Chibrac vient d’être condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis et il doit rembourser à La Poste 2 300000 euros, plus 1500 euros à chacune des parties civiles. Parions que l’homme absent au moment de la sentence fera appel pour gagner du temps. Sincèrement je doute encore qu’il passe par la case prison.

22-04-2009 Jean-Paul Damaggio

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 10:15

Salon du livre de Monclar de Quercy (82)

 

Depuis plusieurs années, les bords du lac de Monclar regroupent fin août collectionneurs et écrivains dans un cadre agréable.

Les Editions la Brochure sont fidèles à de rendez-vous depuis leur naissance et vous invitent donc à prendre date, ou à participer à cette festivité. Voici les données :

Dimanche 30 août, 9h/18h, salle du lac à Monclar de Quercy (82230), salon du livre (et bourse toutes collections). Tel OT 05 63 30 31 72/ monclardequercy@wanadoo.fr

Voir la présentation des auteurs et éditeurs inscrits sur

le site www.o-p-i.fr/cestalire.html

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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 17:44

Agnès Jaoui à Moissac

Quand la nostalgie se fait poésie !

 

D’abord quatre musiciens qui entament un morceau puis la chanteuse qui apporte sa parole. Déjà le public est averti : la musique d’abord, puis, un texte de Barbara ouvrant les festivités, nous informe que la nostalgie constituera le fil conducteur d’un voyage exceptionnel. Après une pause en Afrique les étapes majeures se produiront aux Amériques en commençant par Cuba, en passant par l’Equateur puis en visitant une histoire musicale si fabuleuse ! Agnès Jaoui a rencontré à Cuba voici douze ans dit-elle, un des musiciens de l’équipe Roberto Gonzales Hurtado, et c’est là-bas que tout d’un coup elle fut saisie par cette musique que les mauvais esprits réduiraient aisément à la salsa. Samba, boléro… et valses péruviennes ! C’est d’ailleurs une valse péruvienne pleine de « amores de mis amores » qui servira de point final nous nous y reviendrons en point final.

Pourquoi au fil des chants, tant de nostalgie, tant de femmes qui ont été quittées, pourquoi ? Et si la question était toute autre, si la question était : qu’est-ce que la nostalgie quand on s’appelle Agnès Jaoui ?

C’est avec le spectacle que j’ai découvert une actrice-réalisatrice ayant entamé une œuvre de chanteuse utilisant surtout l’espagnol, autant dire donc que j’étais un ignorant avant d’entrer dans la salle sauf qu’à écouter j’ai retrouvé tant de morceaux connus en commençant par l’inévitable Volver de Carlos Gardel mais un refrain m’est apparu plus parlant que tous les autres quand il s’agit de se demander qu’est-ce que la nostalgie.

Todo cambia, tout change, une chanson de l’exil par excellence, nous indique Agnès, une chanson pour dire que tout change mais pas la relation à son peuple, mais pas la fidélité à ses origines et tout de suite avec le mot fidèle, après le mot nostalgie, une confusion qui peut poindre à l’horizon. La fidélité de celui qui se soumet presque avec délices, la nostalgie de celui qui se lamente uniquement ? Non, nous sommes loin du spectacle et de l’œuvre présentée qui est une œuvre sentimentale où l’amour perdu n’y est pas exactement la perte de l’amour. Il m’arriva de découvrir que la fidélité des obéissants n’avaient rien à voir avec la fidélité des créateurs, et que la nostalgie des êtres perdus échappait à la nostalgie des êtres debout. J’ose l’écrire : même dans la fidélité et la nostalgie nous y croisons… la lutte des classes ! « Pero no cambia mi amor por mas lejos que me encuentre, ni el recuedo, ni el dolor de mi pueblo y de mi gente.[1] »

Avec Agnès Jaoui nous sommes dans le cas d’une femme debout qui veut créer l’art des temps actuels, correspondant à son propre chemin. En plus du musicien cubain, l’autre qui, à la guitare ajoute le bandonéon, est de Buenos Aires, le percussionniste vient de l’île Maurice et le contre-bassiste d’Uzeste. Métissage ? Je me méfie du mot qui laisse croire qu’il s’agit seulement de pendre aux uns et aux autres pour créer son art propre, alors que le fait de créer son art propre c’est aussi changer l’un et l’autre, à qui l’on emprunte sa culture. Le métissage enferme parfois les cultures en elles-mêmes. Il m’arriva d’écouter un Tunisien doté d’une guitare en deux éléments, l’élément arabe et l’élément européen : son œuvre était une juxtaposition, un métissage pour le métissage. Une façon d’arrêter le temps. Un échec.

Pendant le tour de chant, à un moment Agnès Jaoui s’en va et laisse les musiciens seuls qui se lancent dans un morceau appuyé par la voix fabuleuse de Roberto ; je crois reconnaître un morceau d’Atahualpa Yupanqui, un morceau qui délaisse le style de l’Indien des Andes pour la rage et l’envol cubain. Une chanson de lutte dont il me faudrait retrouver le titre, peut-être el campecino, ou basta ya avec un couplet en moins, je ne sais plus, mais le morceau fut très beau. Les musiques des Amériques se croisent et se relancent les unes les autres sans se fondre mais pour continuer.

Peut-être que la clef du spectacle, la clef de la nostalgie tient en ce morceau ladino qu’elle a proposé après quelques explications. J’ai téléphoné depuis à l’ami Max Biro pour qu’il m’explique à son tour ce mystère du ladino. Quand, en 1493, les juifs furent chassés d’Espagne certains se réfugièrent en Turquie où ils emportèrent leur langue qui a traversé les âges et qui est un mélange de l’espagnol, de l’hébreu avec peut-être quelques éléments de turc. A l’écoute l’espagnol est très dominant. Et voilà comment du Chili de Violetta Parra on arrive à la Turquie sur le même fil !

Agnès Jaoui est une juive d’origine tunisienne et même née à Antony en 1964, elle a gardé avec elle le souvenir de la grand-mère, à tous les mariages, à toutes les barmitsva, la prenant par la main alors qu’elle était toute petite, et qui la faisait danser. A Cuba elle a peut-être retrouvé subitement les gestes de la danse dont nous savons qu’ils collent à la peau de toute la musique latino. Danse latino, danse orientale, à la fin du spectacle Agnès Jaoui a réussi à faire se lever les spectateurs bien français et bien assis de salle de Moissac. La nostalgie c’est un grand moyen pour changer le monde. Vazquez Montalban a vécu avec elle, avec cette nostalgie qui fait de nous d’abord des héritiers, surtout quand nous sommes sans fortune financière ! Puis Agnès Jaoui a terminé par un dernier morceau, chanté par Edith Piaf sous le nom de La Foule, une ultime valse péruvienne nous dit-elle. Vraiment une valse péruvienne que ce chant universel : « que nadie sepa mis sufrir » ? Composé par deux argentins, Enrique Dizeo pour les paroles et Angel Cabral pour la musique, qui reconnurent qu’ils y avaient mis toute la force des valses péruviennes, le morceau fut popularisé par le Péruvien Julio Jaramillo inconnu en France hier comme aujourd’hui. Comment donc Edith Piaf en est-elle devenue amoureuse ? Il semble en fait que le génie qui a donné toute sa grandeur à ce célèbre « amores de mis amores » soit un Paraguayen qui fut d’abord marié avec une Française et qui l’enregistra sur son troisième disque : Luis Alberto del Parana (1926, 1974-Londres). La vie de cet homme est une part inouïe (on peut dire maintenant jaoui) de l’histoire de la musique des Amériques et bravo au public de Moissac qui participa à l’aventure.

16-05-2009 Jean-Paul Damaggio



[1] Mais ne change pas, pour aussi loin que je me trouve, ni le souvenir, ni la douleur de mon village et de mes « amis ».

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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 15:24

Dans ma série des portraits d'enseignants que j'ai tant aimés... J-P Damaggio

Pourquoi vous aimez la neige ? demande le maître.

Parce que c’est gratuit, répond un enfant de 12 ans. (Nègrepelisse)

 

Monsieur Pizzuto, un souvenir italien

 

1984

 

 

Jamais je n’aurais pensé aller jusqu’au Pays de Serres. En ce 7 février 2006 je passe pourtant avec émotion la porte d’entrée de l’école de Saint-Amans du Pech. Je sais qu’ici, un instit retraité, toujours habitant du village, y passa l’essentiel de sa carrière. Gamin, sa famille habitait près de la mienne et la solidarité italienne a fait qu’il m’arriva de franchir le seuil de sa ferme où sa grande famille était métayer. Pourquoi en parler à la date de 1984 ?

 

En 1984, les hasards de la vie firent de Louis, le directeur de l’école de Monclar de Quercy. Grâce à un parent d’élève très dynamique, l’association acheta un TO7 et son crayon optique. Pour un Français, Le TO7 est l’ancêtre de tous les ordinateurs. T comme Thomson mais, malgré le soutien de l’Education nationale, Thomson ne s’éternisa pas dans la production d’ordinateurs.

Pour convaincre les parents du bien-fondé de cet achat, le président de l’association fit venir un instit pour une démonstration. Des années après, Louis a ainsi retrouvé Monsieur Pierre Pizzuto qui traversa le département du Tarn-et-Garonne pour faire partager sa passion. Pionnier de l’informatique à l’école, il voulait propager le « virus ».

 

Après la réunion, Monsieur Pizzuto rappela à Louis une anecdote oubliée. Juste avant de devenir instit, Monsieur Pizzuto passant chez les parents de Louis, c’est avec un sourire amusé, que l’oncle de Louis lui posa une question piège, au moment du digestif :

— Comment la poire entière qui est dans l’alcool de cette bouteille a-t-elle pu y entrer ?

Au récit de ce fait, Louis vit surgir une image de son enfance : ils étaient tous devant la maison de sa grand-mère, à deux pas des poiriers taillés à merveille, sous un beau soleil de printemps, et Pierre se creusait la cervelle. Et Louis s’étonnait qu’un futur instit ne puisse répondre à la question.

 

L’instit et sa science n’arrivaient pas à répondre au paysan et sa pratique. En vain, il chercha à relever ce défi aussi, des années après, il se souvenait de cet échec exemplaire. Franchement, c’est vrai, tout le monde a vu de telles poires conservées dans l’alcool mais qui a l’explication ?

 

Le vendredi 2 février 2006, à l’école de Gandalou, une dame passa pour faire observer un cobra de Macao conservé dans une bouteille d’alcool. Là, une jeune fille de CE2 expliqua que son grand-père conservait des poires dans de l’alcool. Elle accepta d’expliquer aux autres enfants comment il pouvait arriver à un tel résultat. Sur un poirier, il faut repérer une petite poire que l’on introduit dans une bouteille, la bouteille étant bien attachée à l’arbre. Il suffit d’attendre que la poire grossisse dans la bouteille, puis quand la poire est mûre alors il faut la détacher avec précaution (il faut brûler un peu la queue) la laisser dans la bouteille où on ajoute de l’alcool et voilà comme on obtient un produit original.

 

Quand on y pense, la solution est simple, il suffit d’avoir de la patience et d’être un peu ingénieux. Les immigrés italiens ont souvent été ingénieux. Louis en connais un qui a réussi à greffer quatre variétés différentes de prunes sur un prunier.

Monsieur Pizzuto employa son ingéniosité à introduire l’informatique auprès des enfants. L’institution Education nationale fera un effort dans ce sens un an après, avec le plan IPT (Informatique pour tous), un plan à la mesure de la dite institution … et donc sans bon sens. Il fallait surtout apporter un coup de pouce à Thomson et le coup de pouce fut conséquent. Que de matériel gâché ! Peut-être fallait-il y mettre ce prix pour commencer à débloquer la situation ? Le matériel fut accompagné de stages proposés pendant les grandes vacances. Après ça, les efforts en formation continue resteront trop faible et l’évolution du matériel rendra celui du plan IPT obsolète avant d’avoir servi (c’était le temps des cassettes pour charger et enregistrer les programmes). Une autre entreprise dont le nom m’échappe avait eu une part du marché. A l’école de Tziganes quand Louis y passa, il en profita à son tour, pour faire une démonstration. A la fin, Yves Vidaillac demanda aux élèves : « Est-ce que ce soir je laisse le matériel dans l’école ? » Et les enfants amusés répondirent : « Non, on veut pouvoir s’en servir encore ! ».

 

Ici à Saint-Amans du Pech, en 2006, six ordinateurs sont toujours en fonctionnement et avec les élèves de CM2-CM1, nous avons fait le point sur le B2I (Brevet informatique et internet que les enfants doivent passer avant d’entrer en 6ème). Une avancée majeure quant à l’utilisation de l’informatique à l’école ? Aucun effort conséquent, régulier et sérieux n’a été accompli pour faire des écoles, les lieux d’avant-garde du développement en matière de TICE. Les variations d’un secteur à un autre sont phénoménales ; grâce à Monsieur Pizzuto l’école de Saint-Amans du Pech reste en pointe.

 

Louis tu aurais pu écrire l’histoire de ta vie à partir de l’histoire de tes ordinateurs. Amstrad, Atari, puis Microsoft et Microsoft encore, avec en parallèle un premier ordinateur portable puis un deuxième qui te sert à finir ce travail.

 

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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 15:22

Ecole normale en 68 : Lire pour comprendre

 

Peut-être faut-il cette fois commencer par le cadre général ?

A la rentrée 1968 l’Ecole Normale de Montauban entre, sans le savoir, dans la dernière phase de son histoire centenaire. La fonction « Ecole d’élèves maîtres » pour les instits du Lot et Tarn-et-Garonne (Cahors ayant eu la fonction de former auparavant les élèves maîtresses des deux départements) est remplacée par la mixité. Les élèves en formation professionnelle apprennent qu’ils vont devoir rester une année de plus (l’Ecole Normale c’était un pensionnat de trois ans avant le Bac, et un an, puis deux après). Les professeurs historiques abandonnent la place sous l’effet de l’âge. Dans ce contexte l’arrivée de deux profs nouveaux, celui de math et celui de français, fait figure d’événement d’autant qu’ils étaient pédagogiquement très opposés.

Je pouvais d’autant mieux observer ces deux profs qu’à 16-17 ans, j’étais un redoublant volontaire. Ayant passé le concours au lycée, à la fin de la classe de seconde, j’ai eu le choix entre refaire une seconde ou passer en première et j’ai souhaité rester en seconde.

J’ai pu ainsi découvrir que le nouveau prof de français, Jean-Claude Dinguirard ressemblait beaucoup au prof de math de l’année précédente, M. Lachaud, un prof dont je vérifiais par l’expérience, en refaisant ma seconde, qu’il avait été d’une efficacité à toute épreuve. En plus clair, tous les deux souhaitaient avant tout, se faire comprendre de chaque élève.

« Se faire comprendre avant tout », qu’est-ce que ça signifie ? Pour le prof de math c’était facile à mesurer car le livre de cours suit une route imparable, une route que ma classe de seconde n’avait accomplie qu’à moitié. Or l’année après, avec un prof de math fonceur, toujours prêt à remplir le tableau de milles explications, bombardant facilement ses élèves de devoirs car ils étaient pensionnaires et n’avaient, d’après lui, à se soucier que des maths, je compris aisément que mes acquis précédents, c’étaient du béton armé, et que, muni de cette science, je pouvais assimiler sans peine des tonnes d’autres notions pendant les années suivantes.

Pour M. Dinguirard comme pour M. Lachaud, le programme était considéré comme indicatif de la route à suivre, une route où il ne s’agissait pas de faire du tourisme, mais où il fallait articuler toute une géographie. Par une autre parabole j’ai envie d’écrire que certains profs pensent judicieux de donner plusieurs clefs aux élèves, pour qu’ils se débrouillent ensuite devant les portes de la vie. M. Dinguirard et M. Lachaud n’en donnaient qu’une, celle qui ouvre aussitôt la porte concernée. Et la liberté du jeune, vont répondre les généreux ? Ce qui est formateur ce serait de chercher la bonne clef face à la bonne porte ! Or ça, c’est du bricolage, et si le savoir a quelques liens avec le bricolage, ce dernier n’est pas l’objet d’un enseignement authentique.

Pour atteindre son but, « faire comprendre », M. Dinguirard, aidé par des classes peu chargées bénéficiait à mon sens d’un autre appui inoubliable : la vénérable « bibliothèque » de l’école. J’ai mis bibliothèque entre guillemets car à l’heure des C.D.I. ou des médiathèques peut-on saisir sérieusement ce que signifiait alors une BIBLIOTHEQUE ? D’abord une vaste salle où les livres n’étaient que sur les murs en d’immenses étagères en bois. D’abord le lieu d’une respiration où face aux livres chacun pouvait prendre du recul. Celle du Lycée Ingres était tout aussi élégante mais en tant que demi-pensionnaire je n’avais pu en saisir toute l’ampleur. A l’E.N. chacun pouvait assouvir sa passion de la lecture, d’autant que grâce à 68, le Foyer socio-éducatif mettait à la disposition des élèves, chaque jour, trois quotidiens : L’Humanité, Le Monde, Le Figaro. Dès octobre 68, membre du camp de L’Humanité, j’ai pu vérifier que la comparaison des sources d’informations était à la racine de toute formation sérieuse. En effet L’Huma annonça que le Pérou venait de connaître un coup d’Etat militaire de droite, Le Monde annonçant le contraire, et au bout du compte, à la fin du mois, L’Humanité commença à se féliciter de ce coup d’Etat.

Donner la bonne clef pour la bonne porte c’est privilégier la qualité sur la quantité, la tête bien faite sur la tête bien pleine, l’avenir sur l’urgence du présent etc.

Avec M. Dinguirard, je suis d’autant plus devenu un irrémédiable « archaïque » qu’après son passage éclair, l’enseignement du français est devenu l’enseignement de la linguistique, la langue devenant seulement un animal à disséquer ! Je n’ai rien contre la linguistique qui avait auparavant quatre noms incompréhensibles : vocabulaire, grammaire, conjugaison, orthographe. Certains croient d’ailleurs que l’archaïsme est là, dans les anciennes dénominations qui firent la gloire d’une école du passé si souvent invoquée avec nostalgie. Erreur ! Sous des habillages différents, il s’agissait de vêtir une forme sans souci du fond, et les pédagogues rénovateurs en proposant comme alternative le « texte libre » faisaient peu de cas de la liberté. Il n’y a pas de liberté sans la clef, la clef n’ayant aucun lien avec le désir d’écrire mais avec la construction de la pensée. La linguistique vient après : à quoi étudier les mérites de la récolte si l’on n’a pas la moindre semence !

« L’archaïsme éternel » privilégie le fond sur la forme, le contenu sur l’emballage, la cause sur l’effet… or, pendant longtemps, j’ai cru que les maths, qui scolairement me tenaient la tête hors de l’eau, étaient du côté du fond, et le français du côté de la forme. En classe de quatrième, une prof, Mme. Cifuentes a pu ébranler cette certitude de gamin (il est paradoxal de constater la tonne de certitudes qui habitent chaque enfant), que M. Dinguirard a pu enfin balayer en poussant ses élèves vers la bibliothèque.

Il m’a fallu encore quelques années pour que la dialectique me rappelle qu’aucun liquide ne peut se conserver sans un contenant, qu’il n’y a aucun fond sans une forme, que tout est dans l’articulation entre les deux faces de la même pièce. Pour mettre en valeur une idée de fond, l’outil majeur c’est la forme. Par contre, quelqu’un qui n’a rien à dire peut combler ce vide par le souci majeur de la forme. L’art social, ai-je envie d’écrire, contre l’art pour l’art. Mais un art social radicalement opposé au réalisme socialiste qui n’était même pas du social.

Contre le prof de math qui était un agité des bonnes causes, le prof de français était un paisible qui n’avait nullement besoin de s’écouter parler. Contre l’adepte impatient des maths modernes, nous avions la puissance historique d’une langue féconde. Pour la première fois de ma vie, je me suis mis à écrire en sachant qu’il était trop tard pour que je puisse y mettre les formes, mais que j’avais cependant le droit d’écrire et je me suis mis à lire en comparant Benjamin Perret et Louis Aragon. Depuis, tout ça m’a aidé à vivre avec plaisir mon métier d’instit et à dire ce que j’avais à dire contre l’ordre de ce que j’appelle les apparences. Et, n’ayant été qu’un parmi des milliers à travers toutes ces années, j’ai la sensation que ce témoignage, au-delà des personnes, rappelle l’existence d’un univers que j’appelle le sous-réalisme.

10-05-2009 Jean-Paul Damaggio

 

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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 13:50

Pour clore ma vie d’instit en 2006, il m’arriva d’écrire un livre où chaque année était consacrée à la présentation par un dialogue entre Luis l’actuel et Louis l’ancien, d’un enseignant qui marqua agréablement ma vie. A chaque fois je les ai fait précéder de mots d’enfants. Je vais en donner quelques-unes puisque la vie vient de m’inciter à revenir sur le sujet. Celle-ci mêle à la fois l’année 1968 et l’année 2005. J-P D.

 

 Le remplaçant entre en classe et demande :

— Comment fait-on pour les tickets de cantine ?

— Maintenant, c’est le maître qui nous demande ce qu’il doit faire ! s’exclame une petite fille.

— C’est normal, il est en classe en classe, répond son voisin. (comprenne qui pourra).

(enfant de 7 ans, Monbéqui)

 

1968

 

« A la rentrée de 1968, par hasard, Louis se retrouve à l’Ecole Normale. Par hasard car, quand son prof de français de Seconde lui apprit qu’il l’avait vu sur la liste des reçus à l’écrit, il lui déclara : « Ne me dites pas que c’est vous qui avez tenté le concours de l’E.N. et qui êtes sur la liste des reçus ? ». C’était lui et, ayant passé avec succès l’oral, il fut sur la liste des futurs instits. »

 

Comme en classe de Quatrième, quand on lui demanda de choisir son orientation, Louis préféra l’hypothèse basse. Il peut, soit passer en Première (ses résultats le lui permettaient), soit redoubler la Seconde. Il opte pour une nouvelle Seconde. Voilà comment, à refaire le même programme de maths, avec un autre professeur plus brouillon que le précédent, car trop emporté par l’enthousiasme, il mesure mieux la rigueur pédagogique de Monsieur Lachaud. Mais laissons les maths pour le prof d’histoire.

 

Comme pour le CEG se transformant en CES, ou le lycée se transformant en collège, l’Ecole normale vivait alors un carrefour de son histoire. Avec l’arrivée de la mixité. Avec le départ à la retraite de toute une série de profs historiques dans la maison, avec ensuite la création de la deuxième année de formation professionnelle.

Le prof d’histoire était un des historiques marquant de Montauban qui avait comme surnom affectueux « Le Toine » (à l’Ecole Normale tous les profs avaient un surnom). Il transforme, chez Louis, sa passion pour l’histoire, en passion pour l’écriture de l’histoire. Ce prof, assis tranquillement à sa place, met les élèves devant des DOCUMENTS (reproduits ou réels). Ainsi, le savoir historique cesse d’être un discours pour devenir une recherche vivante. Comme Monsieur Lachaud, Monsieur Ombret a non seulement la passion de sa discipline mais aussi celle de la faire vivre à l’école primaire. Avec les Archives départementales, il lance (une fois à la retraite) une série de reproduction de documents d’histoire locale publiée modestement avec une ronéo. L’approche locale peut conduire au localisme ou à l’émiettement mais pas avec le Toine qui construit sa toile globale comme un monde généreux. C’est vrai, ce monde s’arrête aux limites de la France puisque tel est le programme. Monsieur Ombret fort d’une vision politique et humaine de l’histoire cherche le nom des gloires locales pour donner de la chair à l’histoire nationale. Son équilibre entre toutes les données des problèmes était parfait, une perfection qui s’explique, à la fois par sa grande connaissance de sa discipline, et par le souci pédagogique qui l’animait en permanence y compris devant les enfants.

 

« L’envoi des recueils de documents d’histoire locale dans les écoles a cessé depuis longtemps. Or avec les moyens modernes de production d’écrits, ils pourraient devenir plus agréables à la lecture. Pourquoi cette lecture fondamentale a disparu malgré le maintien du service éducatif ? L’histoire a besoin de documents pour exister et nous les croiserons autrement.»

 

De cette année d’E.N., Louis garde donc un vague souvenir de cet événement important : sa première entrée aux Archives départementales de Montauban. Il a la vision de la salle dans la tête mais impossible de retrouver un seul élément de l’activité. S’agissait-il de documents sur la Révolution française ? Pourquoi faire de ce jour-là un jour marquant ? On ne sait pas exactement comment on apprend et ce qu’on retient. Par quels chemins passent nos pensées ? Simplement, à un moment, un élément de l’apprentissage concentre tant de phénomènes qu’il devient inoubliable.

 

« Louis ne reviendra dans les Archives que dix ans après, avec, entre les mains, le travail de Monsieur Ombret présentant des documents sur le coup d’Etat de 1851, un travail qui ne l’a jamais quitté. De fil en aiguille, il a travaillé à l’histoire locale et moins locale. Pour le service éducatif qui existe toujours il a eu l’occasion de le fréquenter avec des élèves en 2005. Ce qui lui donne l’occasion d’un portrait d’enfant, un petit garçon noir avait quelques compétences en matière d’humour. En partant, il ne cacha pas sa mauvaise humeur : « aller voir des papiers de vieux, beurk, c’est nul ». « Reste à l’école dans une autre classe » lui dit Louis ; mais, à tout prendre, il y avait au moins la promenade à pied. Puis, au cours de la visite, dans une allée de livres, il avoua à un copain : « t’as vu, c’est incroyable, moi si je pouvais rester là, je passerais la journée à lire ». En repartant, de tous, il était le plus heureux de cette visite racontée dans le numéro 4 du journal de classe, Le Buissonnier. Voici ce texte tout comme celui qu’il rédigea dans le numéro 1 pour raconter le voyage qu’il venait de faire en Afrique. Son père l’avait enlevé à sa mère pour l’amener en France sans pouvoir ensuite en assurer l’éducation. Placé dans une famille d’accueil, et très fort en matière de rugby, il arrivait de ce premier retour dans sa famille maternelle, au moment où Louis entrait dans sa vie.

 

Visite aux archives départementales du Tarn-et-Garonne

Pour aller aux Archives situées au Cours Foucault à Montauban, on a marché. On a traversé le Pont vieux, le pont le plus ancien de Montauban. Ça fait trop haut ! Puis on a été accueilli par une dame. De la cassette vidéo visionnée au sujet du travail aux Archives, il fallait retenir quatre verbes importants : collecter, classer, restaurer, communiquer. Vingt-cinq personnes font fonctionner les archives. On a vu le document le plus ancien qui remonte à 9 siècles, un original écrit en latin. Il est fait en parchemin c’est-à-dire avec de la peau d’animaux : chèvres ou moutons.

 

On a visité toutes les pièces et même où c’est interdit au public. Le premier groupe est parti, ensuite nous, on est rentré dans la salle interdite, mais bon, c’était exceptionnel, et le monsieur nous a dit que les rangées des livres mises bout à bout, ça faisait 12 kilomètres, peu par rapport à celles des Archives nationales à Paris qui font 200 kilomètres.

Ensuite on a fait deux choses différentes : voir l’atelier de photographie, la dame nous a expliqué comment la machine marche avec une bobine pour faire des micro-films.

Puis, au deuxième étage, une autre dame nous a expliqué comment elle restaurait des livres. Ils ont dit qu’il ne faut pas scootcher alors j’ai demandé pourquoi. Le monsieur a répondu : « Parce que ça abîme le livre pour toujours ».

Avec la dame, un monsieur travaillait à la numérisation avec un ordinateur et un scanner : des photographies mises sur un CD-Rom pour ceux qui veulent les photocopier ou consulter sur Internet. Dans les allées, le monsieur nous a montré plein de cartes, au moins 200 à 300 cartes, dans un seul livre. Ça m’a vraiment étonné ce grand livre de cartes. C’était un peu comme un atlas. La dame a montré une ancienne collection de La Dépêche.

 

On est redescendu et nous avons consulté des livres très vieux avec un questionnaire au sujet du livre : nom de l’auteur, la date, et autres renseignements le concernant (sa côte écrite sur le côté pour le classer). L’exercice c’était de dire ce que les livres donnent comme renseignements. Il y avait surtout des registres de l’Etat civil qui donnent les actes de naissance. Parmi les vieilles écritures il y en avait de belles. Beaucoup de gens utilisent ces registres pour la généalogie.

Les Archives départementales, j’ai trouvé que c’était super. C’était trop bien. Moi, je me suis vraiment ennuyé mais sinon j’ai appris beaucoup de choses. Tandis que moi, je trouve que c’était très intéressant, en plus c’était super bien organisé. La visite guidée était utile car on a vu plusieurs ateliers et beaucoup de livres : en tout 12 kilomètres. Pour moi, j’ai adoré cette journée, c’était trop cool. On a appris beaucoup de choses.

Nous ne sommes pas repartis sans rien. A la fin, on a nous a donné des marque - pages, une feuille d’explication pour relier des livres avec des échantillons de pages et le sceau en plâtre de la République. On a appris qu’on pouvait venir faire des recherches dans une salle de lecture.  Extraits des textes des enfants de la classe.

 

Mon histoire en Afrique.

 

J’ai pris l’avion à Toulouse-Blagnac pour aller à Paris. De là, je suis parti jusqu’à Djamena et à Djamena, direction Bangui parce que j’étais parti pour voir ma maman à Bangui. Dans le quartier de Bangui, j’habite à Fatima. La première fois que je suis descendu de l’avion, à Bangui, j’ai commencé à transpirer parce que, comme à Toulouse il faisait froid, et comme j’avais porté des habits exprès pour l’hiver, j’étais trop couvert. En plus, mon père m’avait mis des choses dans mes poches, alors à chaque fois, mon pantalon me lâchait, tout le temps je devais le remonter.

 

C’est beau la vue d’avion : quand tu vois la ville de Paris avec la Tour Eiffel, c’est beau, et après, quand tu vois Bangui, ça change beaucoup parce qu’à Paris, il y a plein de lumières. A Bangui, il n’y a que des champs et tout plein de choses. Quand je suis descendu, deux militaires m’accompagnèrent jusqu’au hall de l’aéroport. Mon grand-père, qui m’attendait, me dit de me retourner. Il m’a dit de me retourner et là je n’ai pas reconnu ma maman car elle a beaucoup changé. Quand mon grand-père m’a dit que c’était ma maman, je suis allé la serrer dans mes bras. Après, j’ai dû aller reconnaître mes bagages. Quand je les ai récupérés, nous sommes sortis avec ma mère, mon grand-père et ma tante. Dehors j’ai vu mon tonton qui avait beaucoup changé.

 

On a attendu 5 minutes la voiture de mon grand-père. Ensuite, on est parti dans une maison où on a remis des chaussures à un ami de mon père. On est parti chez ma mère. En chemin, j’ai vu le marché, les ordures sur la route, et tout plein de choses. On est arrivé à la maison que je ne connaissais pas. Quand j’avais cinq ans, elle était plus grande, mais la guerre a tout changé. Tout le monde était fier de me voir. Ma mère avait un bébé de trois mois qui s’appelle Rubeine, il était trop beau et trop mignon. Je l’ai pris dans mes bras, et aussi, il y avait ma sœur que je connaissais déjà et qui avait changé.

                                 Un enfant de la classe

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