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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 14:24

 

Voici le texte d'une autre conférence qui date de 1989 :

La Révolution vue de l'étranger.

Je retiens ici un passage qui m'a surpris à la relecture.

"Au Club des jacobins de Paris en 1793, un débat a lieu, suite à la proposition d'édition d'un discours contre les Anglais. Un intervenant peu favorable au discours rappelle que Robespierre a demandé que toute décision soit d'abord étudiée en commission. Ce dernier réplique :

« Puisque la discussion est établie sur ce discours qui vient d'être prononcé, on peut à son égard s'écarter de la règle ordinaire ... il respire le patriotisme le plus pur ....»

Une autre personne fait une objection :

« Une phrase du discours porte ces mots : "Ce n'est que quand les Peuples ligués contre nous viendront à genoux nous demander la paix, que nous pourrons consentir à la leur accorder". Je demande que cette phrase disparaisse. A genoux, comme debout, nous n'accorderons la paix aux Peuples, que quand ils auront brisé leurs chaînes. Il n'est ni paix, ni trêve avec des Peuples corrompus et avilis...»

Sijas fait aussi quelques observations ... Il ajoute qu'un autre passage semble avilir le Peuple Anglais, et demande qu'il soit également supprimé.

Jean-Bon-Saint-André :

« J'appuie cette proposition. On veut faire une révolution en Angleterre et l'on dit que le Peuple est avili... Il est un effort qui remue l'âme, élève les hommes au dessus de l'esclavage, et se fait sentir dans tous les individus, sans s'éteindre entièrement dans aucune Nation. On disait aussi de nous que nous étions abâtardis. On a vu si les Français sont dignes de la liberté, s'ils ont su généralement la reconquérir ! Je partage encore l'opinion de Sijas sur le reproche qu'il fait à l'orateur de développer les moyens qu'emploiera le gouvernement pour opérer une descente en Angleterre. Il est probable qu'il le fera : mais il faut lui laisser toute attitude nécessaire. Ici, dit-on, se trouverait tel obstacle ; là la route est libre. Veut- on nous dire qu'il faudra nécessairement nous y prendre ainsi ? Veut-on avertir les Anglais que c'est là l'endroit qu'ils doivent défendre. On semble encore vouloir aliéner de nous le Peuple Anglais, ce ne fut jamais là votre intention. Vous avez voulu resserrer plus particulièrement les liens de la fraternité entre vous et lui. Montrons aux Anglais quelle est la honte dont ils se couvrent en obéissant à un roi imbécile. Faisons leur sentir combien il est humiliant et dur d'être soumis aux caprices d'un ministre insolent. Offrons à leurs yeux les douceurs de la fraternité qui nous unit, et les bienfaits de l'égalité ; demandez-leur s'ils ne sont pas jaloux de les partager et vous verrez qu'ils s'empresseront d'en goûter aussi les charmes. »

 

Legendre en profite pour surenchérir en déclarant :

« Nous devons nous borner à offrir des secours au Peuple Anglais. Nous sommes les aînés en révolution, nous devons aider nos cadets, soit de nos conseils, soit de nos forces. Nous n'eûmes besoin de personne pour l'opérer. La France a trouvé en elle-même les ressources et les moyens qui lui furent nécessaires pour l'opérer glorieusement. »

 

Alors Robespierre va intervenir longuement sur une autre longueur d'onde :

« On veut séparer le Peuple Anglais de son gouvernement. Je ne demande pas mieux, à condition qu'on distingue aussi le Peuple Anglais faisant la guerre à la liberté conjointement avec son gouvernement, du Peuple Anglais punissant ce même gouvernement de ces attentats contre la liberté. Qu'est ce que cette anglomanie, déguisée sous le masque de la philanthropie, si ce n'est la conservation de l'ancien brissotisme qui négligeait le bonheur et la tranquillité de son pays pour aller s'occuper de la liberté de la BELGIQUE (applaudissements). (...)

Je n'aime pas les Anglais, moi (applau.) parce que ce mot me rappelle l'idée d'un peuple insolent. Je n'aime pas les Anglais parce qu'ils ont osé occuper Toulon... Je n'aime pas les Anglais... Je déclare que j'augmenterai, autant qu'il sera en moi, la haine de mes compatriotes contre lui. J'avoue que c'est dans ma haine contre son gouvernement que j'ai puisé celle que je porte à ce Peuple; qu'il le détruise donc, qu'il le brise. Jusqu'alors je lui voue une haine implacable. Qu'il anéantisse son gouvernement ; peut-être pourrions-nous encore l'aimer. Nous verrons si un Peuple de marchands vaut un Peuple d’Agriculteurs ; nous verrons si quelques vaisseaux valent nos terres fertiles. Il est quelque chose de plus méprisable encore qu'un tyran ; ce sont  des esclaves. »

 

Jean-Bon-Saint-André va répliquer :

« Si j'avais quelque faiblesse de caractère à me reprocher, je remercierais celui qui m'en ferait apercevoir et je me rangerais à ce qu'exige de moi la confiance que le Peuple accorde à ses représentants. (…) »

 

Robespierre :

« J'aurais manqué à mon but si j'avais offensé dans mon opinion celui qui a travaillé avec nous à opérer le bien de la République. Je dois dire pour le bien de la chose que je ne connais qu'une différence d'expression entre l'opinion du préopinant et la mienne, à l'exception de quelques particularités. Ce que j'ai dit à trait à un incident et non à l'opinion de St André. Ce ne sont que des idées générales que j'ai voulu vous communiquer, pour animer de plus en plus votre haine contre les Anglais. S'il pouvait y avoir dans mes expressions quelque chose qui put aliéner les esprits, je serais le premier à l'éloigner de mon discours (applaudissements).

 

Jean-Bon Saint-André :

« Unis de sentiments et de principe nous avons combattus Robespierre et moi pour la liberté et nous combattrons ensemble; nous avons voué une haine éternelle aux tyrans et notre tête tombera ou ils seront exterminés. Les moyens se préparent : mon voyage à Brest nous présage de grands succès. Le Comité de Salut Public les prépare ; il ne manque plus que votre volonté et votre assistance (Oui, oui, s'écrient tous les membres). En poursuivant les Anglais nous ne ferons que punir leur gouvernement qui les fait agir. »

 

Alors la Révolution est-elle exportable ? En attendant, suite à ce discours, des mesures législatives furent prises. Tous les anglais habitant en France furent emprisonnés et ainsi à Montauban une paisible famille irlandaise, faisant une cure de soleil, se retrouva en prison malgré les demandes de dérogation des sans-culottes de la ville. Une des enfants de la famille a raconté plus tard sa captivité. J-P Damaggio

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