(sauf exception - pour des infos spéciales sur nos éditions - cet article induit une interruption des articles de ce blog)
Cette fois la déjection pestilentielle est bel et bien lancée : Sarkozy ayant annoncé sa candidature tu dois prendre des vacances ou te mettre à l’abri jusqu’au 21 avril pour prendre enfin le temps de te pencher sur le face à face Vazquez Montalban, Vargas Llosa.
Tu as tous les documents à savoir les deux romans Galindez, et la Fête du Bouc qui en est l’anti-plagiat : Galindez publié en Espagne en 1990 et traduit en France en 1992 puis La Fête du Bouc publié en Espagne en l’an 2000 et traduit en France en 2002. Les relire en 2012 quel bel anniversaire !
- A Tarbes nous avons invité Georges Tyras le plus grand connaisseur de Vazquez Montalban et il ne nous a pas parlé d’un anti-plagiat ! De toute façon ça ne peut pas exister un anti-plagiat !
Maria, celle qui t’interpelle ainsi, porte sur elle une assurance millénaire, une coiffure éphémère, si bien qu’elle n’a jamais eu à chercher ses repères.
- Pour des fins totalement opposées, les deux romanciers dénoncent les atrocités commises par le dictateur Trujillo. Voilà pourquoi, exceptionnellement nous avons un anti-plagiat !
- Tu veux dire que les massacres chers à Trujillo pourraient être justifiables pour l’un et injustifiables pour l’autre ?
- Mais NON, les deux dénoncent férocement et sans concession les turpitudes du personnage…
- Mais alors ils sont d’accord !
Pour le premier roman, Muriel et Norman sont dans un bateau, Norman tombe à l’eau, qui reste-t-il sur le bateau ? Pour le second roman Urania et son père sont dans un bateau, le père tombe à l’eau qui reste-il sur le bateau ? Voilà bien deux histoire totalement parallèles avec Muriel femme avec le peuple et Urania fille de ministre. Mais le face à face n’est pas que social, et là est l’essentiel de la controverse. Muriel en arrive à Trujillo par Galindez mais elle le dit dès le départ : « Je ne veux pas connaître toute la vérité sur l’affaire Galindez, je ne veux connaître qu’une vérité. » Ce qui laisse la porte ouverte à d’autres vérités, et en particulier à celles que découvrent Urania, sauf que les siennes de vérité, ont aussi pour fonction de détruire la vérité chère à Muriel. L’anti-plagiat n’est pas un plagiat pour contrer le livre précédent, mais pour l’effacer ! Une situation très très rare qui mérite donc toute notre attention car elle est significative de luttes sévères qui opposent depuis la nuit des temps deux conceptions de la démocratie.
- Je comprends, dit Maria, que si les deux sont contre l’ignoble dictateur, ils sont pour la démocratie, et ne fait pas le malin, Jean-Paul, Trujillo, Haïti, Saint-Domingue, les USA, j’en connais un bout même si Galindez…
- Tout d’un coup, tu ferais un complexe ! Si je suis venu te voir c’est que je t’estime assez savante pour devenir mon anti-plagiat…
- Mais quelle est cette obsession de l’anti-plagiat ?
- Je te croyais une adepte de la lutte des classes…
- Parce qu’il y aurait un rapport entre l’anti-plagiat et la lutte des classes ? Toi-même, dont je suis soi-disant l’anti-plagiat, tu analyses le monde suivant le principe de la lutte des classes ?
- Si je te dis que Galindez était surtout un nationaliste basque, tu vas croire que la lutte des classes je m’en tape ?
Muriel commence son étude par le Pays Basque tandis qu’Urania commence pas Saint-Domingue mais toutes les deux viennent de Nouveau-York (pour parler français). Le même point de départ pour deux destinations opposées afin de rencontrer le même problème ! Autrefois, on croyait que toutes les routes menaient à Rome ; en fait elles conduisent à la dictature. Bien sûr, tu as déjà cité Muriel et c’est seulement à elle que tu feras référence explicitement, puisque l’autre n’est que la copie (même si c’est l’anti-copie) et nous le savons tous, l’original vaut mieux que la copie. Bien sûr, dix ans après, Vargas Llosa n’a pas directement copié sur Vazquez Montalban car les deux sont de grands écrivains qui fonctionnent avec leur propre imaginaire. C’est seulement à la lecture que tu constates la copie.
Voici la deuxième référence qui va nous servir de guide : « A un moment de ta vie, tu te fixes un code pour toi-même ». Phrase, au départ, aussi énigmatique que le terme d’anti-plagiat mais il faudra toute une étude de 150 pages pour éclaircir la question. Nous sommes dans une controverse dont les éléments ne peuvent sauter aux yeux immédiatement, sinon nous serions inutiles.
- Bref, dis le directement Jean-Paul, en quoi puis-je t’être utile ?
- Pour me rappeler toutes les critiques que tu adresses au PCF, pour me dire si le retard de 1956, quand Thorez a caché aux Français l’existence du rapport clé du XXe congrès du PCUS, est rattrapé ou pas, bref pour défendre l’idée d’un communisme nouveau.
- Tu veux dire que je dois défendre le communisme nouveau de Montalban pour que tu ne te laisses pas trop influencer ou emporter par le libéralisme de Vargas Llosa ? Entre nous, perdre du temps à lire le livre d’un tel fasciste, ça me dépasse…
- Et croire que ton communisme que tu teintes d’écologie quarante ans après Manolo, peut permettre d’en assurer la défense… mais c’est justement ça qui va me plaire chez toi, le fait que le seul code que tu te sois fixé est celui de ta supériorité.
- Détrompe toi, je doute beaucoup mais j’ai en effet un code : ne jamais faire état de mes doutes !
Cher Jean-Paul, je te laisse à tes travaux, plus minutieux que jamais, et promis, nous nous retrouvons le 22 avril quand la France aura voté.
Luis Verdad (faux nom)