Aant que le quotidien ne soit interdit, il lui arriva une fois de parler du Camp de Septfonds où des milliers de réfugiés espagnols de la guerre d'Espagne furent parqués. Un article historique. JPD
L’Humanité 8 août 1939
Et voilà ceux qu’on veut livrer à Franco
Geste émouvant des réfugiés du camp de Septfonds
pour leurs camarades victimes de la terreur franquiste
Le Secours populaire de France et des Colonies vient de recevoir l'émouvante lettre suivante :
« A l'occasion de la commémoration du 3° anniversaire de la rébellion des traîtres et parjures, conduits par Franco, nous avons cru de notre devoir d’organiser parmi nous une souscription, destinée à nos frères qui eurent le malheur de rester sous les griffes de la réaction en Espagne.
Nous n'avons pas la prétention de soulager par notre apport modeste leurs besoins matériels ; nous nous sommes seulement proposés de leur faire connaître que notre esprit de lutte n'est pas amoindri ; que nous partageons leurs souffrances et leurs peines, et que, aidés par la véritable démocratie française et internationale, nous n'aurons pas de repos avant d'avoir vu notre patrie libre du joug qui actuellement la déshonore.
« Nous joignons sept cent cinquante-six francs 63 à titre de première remise.
« Vive le Secours populaire de France ! En avant dans la lutte !
Signé La Commission d'organisation. »
Ainsi, c'est au moment même où le gouvernement français s’apprête à livrer à Franco, sur l’instigation de M. Bonnet, 50 000 réfugiés, que les héroïques soldats de la République affirment leur foi indélébile dans la libération de leur patrie envahie ; et dans la cause invincible de la démocratie.
Quelle réponse et quels exemples !
Quelle réponse pour ceux qui ont cru briser la volonté farouche et la dignité républicaine de ces hommes, qu'un gouvernement français digne de ce nom aurait dû accueillir comme des héros, et qui doivent subir la honte des camps de concentration !
Quelle réponse pour ceux qui, après avoir livré l'or de la République espagnole à Franco, se plaignent de « ne pouvoir garder indéfiniment les réfugiés à la charge de l'Etat français » et s'apprêtent, contrairement à la déclaration de M. Sarraut, à renvoyer en Espagne des victimes toutes désignées, à la terreur des bourreaux franquistes ! Et ceci au moment où Franco prend prétexte des querelles et des attentats terroristes des factions rivales du fascisme espagnol à la solde de l’étranger, pour accabler le valeureux peuple espagnol sous un régime de terreur sauvage et bestiale.
Mais aussi, quel exemple pour nous dans l'abnégation et le sacrifie ! Voilà des hommes qui ont souffert des horreurs de la guerre, qui souffrent encore de mille privations, loin de leurs femmes et de leurs enfante, et qui pensent à ceux qui sont plus malheureux qu'eux-mêmes, à leurs camarades emprisonnés et internés dans les camps de concentration de Franco.
Voila qu'ils trouvent encore le moyen, en troquant les quelques bijoux de famille ou objets qui leur restent, de collecter de l'argent, ramassé sou à sou, dans le but de réconforter leurs frères et soutenir leur lutte !
Cette lettre admirable dicte à tous les Français honnêtes leur devoir : empêcher que ne soit commis le crime du renvoi chez Franco, c'est-à-dire au massacre, de 50.000 républicains traités en « monnaie d'échange» par M. Bonnet. Agir pour que le gouvernement s'engage enfin résolument dans la voie qui a été tracée par les Conférences française et internationale d'aide aux réfugiés espagnols et aux volontaires internationaux et qui conduit à la liquidation rapide des odieux camps de concentration, par l'intégration des réfugiés dans la production et la vie sociale française. Unir, unir sans cesse nos efforts pour aider matériellement et moralement les réfugiés espagnols et les volontaires de la liberté.
Par notre action et notre union, soyons dignes de la foi Indestructible, et de l'esprit de sacrifice des vaillants soldats de la République espagnole !
Emile BUREAU.
Secrétaire du Secours populaire de France et des Colonies.
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