Rééditer Olympe de Gouges ! ! !
BON DE COMMANDE Editions La Brochure
En 1993, pour le bicentenaire de sa mort, Olympe de Gouges bénéficia de plusieurs rééditions de ses œuvres avec pour le théâtre le travail des Editions Cocagne à Montauban, et pour d’autres publications celui des Editions Indigo Côté-Femmes. Cette dernière maison d’édition publia en particulier en deux tomes tous les écrits politiques (au total 500 pages très denses).
En décidant de reprendre la publication des deux premiers textes qui représentent moins de 20 pages du total, les Editions La Brochure ont souhaité braquer le projecteur sur un moment très précis, l’année 1788, et le faire à partir de plusieurs regards, l’introduction de René Merle et trois commentaires, ceux de Rita Pinot, Geneviève André-Acquier et moi-même.
Au cours de ce travail, et des échanges qu’il suscita, est née l’idée d’ajouter deux documents supplémentaires, des textes de Jean-George Lefranc de Pompignan. C’est Olivier Blanc, l’infatigable défenseur d’Olympe, qui permit ce rapprochement entre Olympe et le frère de son père supposé, Jean Jacques Lefranc de Pompignan. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir de commun entre Olympe et Jean Georges ? René Merle répond de façon magistrale dans l’introduction. Pour ce mot de présentation, je retiens seulement qu’ils s’attaquent ensemble à la question cruciale de l’époque, la crise financière.
Et on découvre alors que les clivages ne sont pas ceux que l’on croyait parfois. Michel Clouscard le démontre de façon précise dans son livre De Rousseau à Sartre : l’affrontement entre Aristocratie et Bourgeoisie n’est pas qu’un affrontement. Le cas anglais démontre d’ailleurs très bien que le maintien des aristocraties n’est pas incompatible avec le développement du capitalisme. Par contre le clivage riches/pauvres reste flagrant.
A braquer le projecteur sur ce travail d’Olympe, j’ai pour ma part découvert avec plaisir, au concret, au jour le jour, que la réflexion sur la Révolution française ne serait jamais achevée. Il s’agit là d’un réconfort révolutionnaire, notion étrange que je présenterai à un autre moment, mais que j’explique ici par ce constat : éditer, pour notre minuscule maison d’édition, ce n’est pas toucher le grand nombre (défi qui a son utilité mais qui est hors de notre portée) mais toucher un point aveugle. Le réconfort révolutionnaire consiste alors à penser qu’on peut révolutionner la pensée, l’action, par un seul geste porté par le plaisir de l’exécuter.
Généralement le discours des révolutionnaires c’est pour dire que tout va si mal qu’il faut changer le monde. Or tout ne va pas si mal quand il existe encore au moins une personne pour proposer des moyens capable de révolutionner le monde !
Les fabricants de réconforts révolutionnaires s’appellent alors, Luis Sepulveda, Vazquez Montalban, Flora Tristan, Gaston Miron et Olympe de Gouges. Léon Cladel tenta aussi cette alliance mais sans y réussir.
29-01-2009 Jean-Paul Damaggio