Il n'avait pas vingt ans quand il publia son livre de poèmes. Le critique du journal Les Temps nouveaux en fait ici une critique. Il n'a pas tort mais le souci artistique a toujours été second chez l'auteur dont l'impatience était plutôt politique. Nous rappelons les liens internet à trois poèmes pour que le lecteur se fasse une idée. Jean-Paul Damaggio
Les Temps nouveaux 18 mai 1907 (ex-journal la Révolte)
LES POÈTES Il y a quelque immodestie à livrer son effigie au public quand elle accompagne un aussi modeste essai de vers que les Fleurs d'Avril(1) de M. Raoul Verfeuil. M. Raoul Verfeuil, dont la physionomie est évidemment celle d'un adolescent, aurait dû réserver pour le volume qu'il publiera, peut-être, dans dix ans, la reproduction du bas-relief qui illustre, aujourd'hui, son mince recueil de poésies et, jusqu'à un certain point, l'excuse. Si les poètes attendent parfois trop longtemps avant de pouvoir faire éditer leurs œuvres, il est vrai qu'ils ne laissent pas, de temps en temps, de prendre leur revanche, en jetant prématurément dans la cohue littéraire, le résultat de leurs toutes premières inspirations. Je n'aime pas, en général, les enfants prodiges. Je m'en méfie, même quand ils s'appellent Victor Hugo, et je crois que, plus la culture scientifique conquerra le monde, plus je serai justifié de m'en méfier. Aussi bien, comme dit une vieille chanson : Le mois de mai ne porte pas de mûres. Les vers de M. Raoul Verfeuil le prouveraient, si on en doutait. Ils sont, ces vers, ni meilleurs ni pires que ceux que nous avons tous faits, sur les bancs du collège ou ailleurs, entre quinze et dix-huit ans, mais que nous avons soigneusement déchirés ou brûlés, un peu plus tard. C'est assez dire qu'ils manquent de fond. Comme forme, ils permettent d'espérer du talent de leur auteur, mais on ne saurait caractériser quelle espèce de talent. Avouer cela, c'est déclarer que la facilité même dont ils témoignent est impersonnelle, et c'est répéter ce que je disais plus haut : que M. Verfeuil a par trop mis d'empressement à se vouloir faire connaître.
Les liens :
Ballade en l'honneur des gueux