Cette année, dans ma serre, la mâche a poussé toute seule. Au printemps j’avais laissé quelques pieds monter en graine et la nature a fait le reste.
J’ai ainsi repensé à la mâche de mon enfance que j’allais cueillir dans un champ près de l’Aveyron, mâche sauvage dont j’ai perdu le goût pendant des années puisqu’elle n’existait pas dans le commerce.
Grâce à des petits malins du secteur de Nantes, on est passé de la mâche sauvage à la mâche cultivée présente sur les rayons des supermarchés et donc dans mon assiette.
Avec cette mâche sauvage née en 2013, je reviens donc cinquante ans en arrière et le droit à la nostalgie ne signifiant pas le droit au regret, je pense au monde qui a tant changé. Il m’est arrivé, dans des champs d’Angeville de récupérer la dite mâche mais à présent les cultures succédant si vite aux cultures, les champs laissés en repos son rares.
Cueillir gamin la dite mâche, c’était se payer le luxe d’un rôle social à part entière car les parents n’avaient pas le temps de se livrer à cette acticité. Le plat en était donc meilleur ! Et le rêve, jamais oublié, que des gamins pourraient très tôt avoir un rôle social authentique, me tien à cœur, mais de cette époque qui change j’en retiens surtout la stratégie qui nous infantilise tous et toujours plus.
Oui, ils m’amusent ceux qui craignent le risque d’une mort toujours prématurée de l’enfance chez les enfants ! « Laissez-les donc vivre leur l’enfance ! » Epoque sans doute de l’insouciance ? De la croyance en ce père noël de saison ? Noël, c’était pour moi de ramener de la mâche sur la table de la cuisine !
Les enfants ont besoin de parents comme souvent les parents ont besoin des enfants mais tous sont des personnes à part entière. La caractéristique de l’infantilisme ambiant c’est l’appel permanent à ce sauveur suprême qui va nous dispenser de la fatigue de vivre !
Si chacun osait faire par lui-même ce qu’il a les capacités de faire, alors nous serions en révolution ! Jean-Paul Damaggio