Je ne connais pas vraiment ce romancier étasunien dont je lis le chef d’œuvre depuis plusieurs semaines : Et quelque fois j’ai comme une grande idée. Par le film, Vol au-dessus d’un nid de coucou, peut-être avez-vous approché son univers plein d’histoires. Je reprends celle ci-dessous, très courte qui me semble une parabole de l’histoire de la gauche, ce qui sans nul doute étonnerait l’auteur. La gauche pourrait être l’écureuil de l’histoire : elle ne sait pas s’adapter à la nouvelle situation imposée par le capitalisme alors qu’en tant que « gauche » elle aurait dû jouer le rôle inverse, rendre le capitalisme incapable de s’adapter à la situation créée par les progressistes ! Jean-Paul Damaggio
« Pour bien connaître une chose, il faut avoir confiance en tout ce que l'on sait déjà et en l'étendue de ce savoir, quels que soient les horizons vers lesquels il nous entraîne. Autrefois, j'avais un écureuil qui s'appelait Omar et qui vivait dans l'intimité cotonneuse et la pénombre moelleuse de notre vieux canapé vert ; Omar connaissait ce canapé ; il connaissait de l'intérieur ce sur quoi je me contentais de m'asseoir, et avait confiance en son savoir qui lui permettait de ne pas se faire écrabouiller par mon ignorance. Il a survécu jusqu'au jour où une couverture écossaise - que l'on avait étendue là pour camoufler l’usure - le désorienta au point qu'il perdit confiance en sa connaissance intime. Au lieu de s'évertuer à intégrer une couverture à l'organisation de son petit monde, il partit s'installer dans la gouttière à l'arrière de la maison où il mourut noyé à la première averse d'automne, sans doute en maudissant la fameuse couverture : au diable ce monde qui refuse de rester le même ! Qu'il aille au diable! »
Ken Kesey