La couverture comme le dos de couverture étaient prêts : avec les portraits dessinés par Jean Brun représentants les dirigeants intercommunaux du Tarn et Garonne où sur les trois femmes il n’en reste que deux. Le dictionnaire annoncé restera dans les cartons bien que le sujet soit toujours plus d’actualité.
La mutation de la France qui passe des communes, départements et nations, aux Intercommunalités, Régions et à l’Europe, se fait dans l’indifférence générale. Il m’arrive le plus souvent de traiter des sujets peu en vogue mais pour faire connaître des dossiers qui, même s’ils ne passionnent que 50 personnes, ont leur raison d’être.
L’intercommunalité devrait attirer l’attention de la grande masse des citoyens or depuis que j’y travaille, dans tous les secteurs de l’opinion, le sujet est laissé aux technocrates et je ne suis pas de taille à secouer cette immense léthargie.
Chez Syros, en l’an 2000 Gérard Logié a publié L’intercommunalité au service du projet de territoire et je serais curieux des savoir la leçon qu’il tire de cette publication dix ans après.
Marie-Christine Bernard-Gélabert avait tenté chez LGDJ une publication plus modeste à l’adresse de professionnels, intitulée : l’intercommunalité. En 2001 c’était la troisième édition pour tenter d’aider à démêler un maquis féodal. Qu’en dire aujourd’hui ?
Pourquoi cet état des lieux ?
Cette évolution tue les repères habituels des citoyens car la force de l’habitude est bien connue. Il a fallu des décennies avant que les départements ne s’imposent dans la France du XIX ème siècle. Donc en matière d’élections municipales, cantonales, législatives, chacun savait à quoi s’en tenir.
Avec les nouvelles institutions non seulement les repères sont perdus mais la classe politique dominante fait tout pour accroître le désarroi pendant que les forces de gauche comme le PCF pensent qu’en s’accrochant au passé on sauve la situation.
Alors qu’il faudrait à la fois être offensif quant à la construction de la mutation de la France et doublement démocrate, on assiste aux ballets de toutes les hypocrisies, chacun allant à reculons… vers le futur.
Le PS aura démontré sur ce point tout son double langage : il ne veut pas heurter les habitudes de face donc il aura introduit en douce des réformes, que la droite qui n’osait pas agir s’est empressé de développer.
Or dans cette affaire, c’est l’avenir démocratique du pays qui se joue !
Observez bien la répétition du phénomène : pour le Parlement européen, le Conseil régional comme les Conseils communautaires les pouvoirs ont d’abord installé une classe politique cooptée, puis au bout d’une dizaine d’années, quand les rouages anti-démocratiques étaient bien huilés, l’élection est devenue au suffrage universel direct. L’exemple le plus pathétique est le premier, celui du Parlement européen, un organisme totalement formel face au pouvoir de la commission de Bruxelles, mais élu de la façon la plus démocratique : avec listes nationales pour un scrutin à la proportionnelle. Idem pour le Conseil régional. D’abord les conseillers régionaux avaient été choisis par les conseillers généraux puis en 1986, par des listes départementales avec scrutin à la proportionnelle pour que les citoyens les désignent directement. Depuis il y a eu quelques reculs sur ces modes de scrutin, mais aucune évolution positive quant à la visibilité citoyenne de ces institutions.
Ensuite il est facile de constater que les citoyens montrent peu d’intérêts pour des institutions dont ils sont écartés ! Y compris des conseillers régionaux élus se perdent dans le fonctionnement de la maison !
Deux cents après la révolution française, il était temps de faire évoluer les structures, mais pas de les faire évoluer de façon « honteuse », en catimini, dans les couloirs des préfectures, et avec l’argumentation bateau (nous sommes le pays européen avec beaucoup trop de communes). Construire les structures d’un pays devrait donner lieu au plus vaste débat public possible. Mon découragement sur ce plan vient de l’écart immense entre l’ampleur de la tâche et les moyens disponibles. Quand je me bats pour Léon Cladel ou Renaud Jean si je touche 100 personnes ce n’est pas dérangeant car la question n’est pas cruciale. Pour l’intercommunalité, le phénomène est global politiquement, socialement, économiquement alors… 4-08-2011 Jean-Paul Damaggio