Une amie m'a fait passer cette information sans en connaître la source. Elle fait un bilan que j'ai pu moi-même vérifier à plusieurs occasions et qu'en conséquence je reprends. JPD
Les intellectuels tarn-et-garonnais s'engageaient
En ces jours anniversaires de la parution du «J'accuse...» d'Emile ZOLA, peut-être est-il bon de rappeler- même d'une manière trop succincte que, dans notre département comme dans toute la France, les débats furent parfois vifs entre «dreyfusards» et antidreyfusards» (au premier rang desquels deux journaux : «La Croix» et le «Ralliement»)
Et que, dans le combat contre la condamnation de Dreyfus -certes minoritaires dans les premières années - s'engagèrent des intellectuels tarn-et-garonnais.
Quelques noms seulement.
Et d'abord ceux de deux personnalités qui jouèrent un rôle important au plan national :
Jean-Pierre MANAU (1822-1908) avocat moissagais, arrêté et proscrit après le coup d'état du 2 Décembre 1851, amnistié et de nouveau arrêté en 1858. Après l'avènement de la IIIème République, il connaît une promotion rapide et est nommé Procureur Général de la Cour de Cassation en 1893. En Octobre 1898, il rédige en tant que tel un vigoureux réquisitoire en faveur de la révision du procès DREYFUS : cette dernière est désormais en route. MANAU soutiendra également publiquement Emile ZOLA après «J'accuse...»
Jean-Pierre BERGOUGNAN (1854-...). Castelsarrasinois, il est d' abord avocat à Moissac (dont il fut conseiller municipal) avant de devenir journaliste, d'abord en Tarn-et-Garonne puis à Paris (rédacteur au journal «Le Temps») Président du Syndicat National de la presse judiciaire, il mène fermement campagne en 1898 pour la révision du procès DREYFUS et la défense de ZOLA.
Dans notre département, quelques grandes figures également :
-Emile POUVILLON (1840-1906) (1). Le célèbre écrivain n'hésite pas, en Mars 1898, à souscrire pour offrir une médaille d'or à Emile ZOLA... ce qui entraîne de violentes polémiques et de profondes dissensions au sein de l’Académie de Montauban, dont il démissionne.
-Camille DELTHIL (1834-1902). Ecrivain, poète, le futur Sénateur du Tarn-et- Garonne défend sans faille, dans son hebdomadaire «La Feuille Villageoise», la nécessité de la révision du procès DREYFUS et ne ménage pas son soutien à Emile ZOLA et à Emile POUVILLON
-Edouard RABAUD (1838 - 1919). Pasteur, professeur à la faculté de Théologie Protestante, il soutient publiquement, avec les membres du Consistoire (dont il est Président) et ses étudiants les positions de ZOLA.
-Madame Adèle - Athénaïs MICHELET (1826 - 1899). La veuve de l’illustre historien (dont «La Croix» osera dire qu'il «.., a surtout écrit avec une âme allemande...») n'hésite pas à signer en 1898 une pétition contre la mise en jugement du lieutenant-colonel PICQUART (qui a découvert les faux dans le dossier DREYFUS).
-Ce sera aussi le cas du doyen de la faculté de Théologie Charles BRUSTON (1838 - 1937), un des plus grands hébraïstes de France.
-Et pour terminer cette liste, forcément incomplète, citons Albert MATHIEZ (1874 - 1932). En 1899, le futur célèbre historien, alors professeur au Lycée Ingres, prend l'initiative d'une adresse protestant contre une manifestation anti-dreyfusarde de Juin 1899 à Auteuil. L'adresse est signée par 30 professeurs parmi lesquels, Emile CHENIN, futur Prix Goncourt sous le nom d' Emile MOSELLY.
A. MATHIEZ fut déplacé.
D'autres noms seraient à citer parmi les intellectuels qui, lucidement et courageusement, prirent, il y a cent ans, la défense des droits et des libertés, et se prononcèrent contre l'intolérance et l'antisémitisme. Leur combat se poursuit.
Note JPD : Les polémiques furent très dures à son sujet car venant de la droite il étairt dénoncé comme traître.