C’est plutôt avec sympathie que je vois vivre les Amis de l’Huma mais comment ne pas être surpris en découvrant sur le quotidien le baratin que Herrero vend généralement aux patrons d’entreprise ce qui amuse souvent le monde réel du rugby. J’offre à la réflexion de chacun cet article en rappelant qu’il m’est arrivé de célébrer le personnage :
http://la-brochure.over-blog.com/article-combien-vaut-herrero-51093049.html
JPD
« Pourquoi Daniel Herrero ? Parce que Daniel Herrero. » C’est sur ces mots de bienvenue prononcés par Charles Silvestre que s’est conclu, samedi dernier, le cycle initié par les Amis de l’Humanité et la Maison de la poésie qui, toute cette année, a accueilli du beau linge comme on dit autour de l’idée jaurésienne : l’humanité n’existe point encore ou à peine.
Daniel Herrero qui, tel Poséidon défiant la tempête, s’est planté, face à la salle, pour nous embarquer dans une histoire qu’il connaît par le cœur pour nous conter le rugby. L’ovalie, terre de fraternité et de rudesse ; terre de conquête (du ballon) et de solidarité humaine ; terre de tous les possibles, ici de Carmaux à Béziers, de Toulon à Toulouse, de Cardiff à Twickenham, d’Eden Park à l’Ellis Park…
« Je suis ovale, ma mère était ovale avant que je naisse », ainsi commence notre homme dont « le trajet s’est forgé dans la rudesse du monde ». Nous eûmes droit à son tour du monde en deux heures, trente-trois minutes et quinze secondes, un marathon homérique de la planète rugby sans temps mort, sans faute mais avec des mauls impromptus et libertaires, poétiques et philosophiques. Herrero parle et ses mots nous font voyager loin d’ici. La demi-finale entre les Springboks et le pack français en 1995, on y est, on la vit, on la vibre. Mandela a tout compris. Il lui faut la victoire à tout prix. Contre la France. Contre la terrible équipe des All Blacks flanquée d’un ailier extraterrestre. Jonah Lomou sème la zizanie sur le terrain, mais le joueur néo-zélandais n’aura pas raison de l’histoire de la réconciliation de la nation sud-africaine.
De l’Afrique du Sud, retour au pays natal. On apprend que la vieille rancœur qui oppose Narbonne à Béziers date de la croisade des Albigeois ; qu’à Toulon, c’est aux gars de la marine que l’on doit la passion du rugby dans la ville ; qu’en 1951, Carmaux soulève le bouclier de Brennus et ces joueurs sont les enfants de Jaurès… « Une passe, c’est un chant, un champ, un objet transitionnel, c’est la main qui offre la balle et au bout de la passe, mieux vaut avoir un ami. Dans la pensée de Jaurès, dans le solide et solidaire, entre le solitaire et le solidaire, être dans l’avec plutôt que dans le contre. » La philosophie du rugby serait-elle jaurésienne sans le savoir ? Poursuivons le fil de la pensée d’Herrero : « Être dans le contre, c’est facile. Être dans l’avec, c’est le pacifisme. » Pacifisme, Jaurès, tout ça nous ramène donc au rugby et à ses quatre règles, fondamentales, sinon, « petite, tu n’as rien compris à l’affaire ».
Pour finir, les quatre commandements selon Saint Herrero. Règle n° 1 : 15, le chiffre. Le rugby est le seul sport qui se pratique à 15. Règle n° 2 : la troisième mi-temps, la convivialité. Règle n° 3 : le tas, le rassemblement. Règle n° 4 : la passe en arrière. « Situation accidentogène unique : tu cours en avant, en face tu as quinze gaillards et tes coéquipiers sont derrière. Ne te retourne jamais, car ils sont là, derrière et solidaires. Et le solidaire, c’est la route sacrée de la voie du monde. »
Marie-José Sirach