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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 17:56

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Le texte de Mariategui sur Bourdelle Bourdelle, Mariategui, Gramsci est difficile à suivre, m’a-t-on fait observer. Voici quelques explications pour aider à le comprendre.

Il est extrait d’un recueil qui fait le bilan de la pensée esthétique du marxiste péruvien. Mariategui pense d’abord que l’artiste est d’abord lié à son époque. Celle de son temps (les années 1910-1930) se caractérisent par la victoire de la Bourgeoisie qui en imposant sa loi fait surgir le besoin de révolution sociale. En conséquence les artistes sont pris entre trois feux :

Ils acceptent la tendance dominante et réduisent la valeur de leur art à sa valeur monétaire. Sauf que dans ce cas l’artiste se nie lui-même.

Face à la Bourgeoisie qui rend l’art frivole, l’artiste est tenté par un retour au rêve aristocrate, quand la classe dominante savait la valeur de l’art, une valeur certes pour une minorité mais une valeur artistique. C’est alors le choix de la décadence.

Face à la Bourgeoisie,  l’artiste peut devenir celui de son époque quand il se place aux côtés de la révolution sociale, ce qui ne se réduit pas à un engagement politique mais ce qui s’appuie sur une invention esthétique.

Mariategui n’est pas un dogmatique en conséquence il sait très bien que les trois tendances cohabitent chez chaque individu (position originale). En conséquence le critique d’art a pour fonction de déterminer chez chacun ce qui porte vers la décadence, vers le mercantilisme ou vers la révolution. La première précaution : ne pas croire que tout art nouveau est révolutionnaire ou même que tout art nouveau est vraiment nouveau. La deuxième précaution : ne pas croire que le travail du critique est facile.

Pour Mariategui, avec la Bourgeoisie, l’art est atomisé aussi face à cet état des choses avec la révolution il peut retrouver son unité. La crise de l’atomisation annonce le besoin de reconstruction, besoin qui s’apparente à une foi. « Marchar sin una fe es patiner sur place. » « Marcher sans une foi, c’est patiner sur place (en français dans le texte). » Pourquoi les futuristes russes ont adhéré au communisme et ceux d’Italie au fascisme ? Car l’artiste est pris par son époque. Et pour son époque l’heure est au surréalisme mais il ne le définit pas selon les critères d’André Breton. Parmi les surréalistes il classe : Luigi Pirandello, Waldo Frank, le Roumain Panait Istrati, le Russe Boris Pilniak. L’art révolutionnaire, celui de son temps, se sert de la fiction pour faire découvrir la réalité. Ainsi, les artistes se lancent à la découverte de nouveaux horizons, et Mariategui cite avec passion le cas du Jeanne d’Arc de Joseph Delteil.

 

Et Bourdelle alors ?

Mariategui pense que Rodin, même s’il n’a pas totalement réussi, a tenté de dire la réalité par des moyens nouveaux, par des tentatives originales, alors que Bourdelle pourtant venu après lui, a pensé qu’il lui suffisait d’additionner les arts du passé pour faire œuvre. La question n’est pas celle de leur talent technique, que Mariategui salue autant chez l’un que chez l’autre, mais leur capacité à exprimer pleinement ce qu’ils portent en eux afin, ainsi, de défier l’histoire. Rodin tente d’être lui-même mais qui est Bourdelle ?

1 – « Une bourgeoisie décadente et épuisée, qui a honte dans sa sénilité de ses aventures et bravoures de jeunesse, ne pardonne pas à Rodin son génie osé, sa rupture de la tradition, sa recherche désespérée d’une voie propre. » Rodin est montré comme allant au-delà de son époque.

2 – « Il [Bourdelle] crée avec des éléments de musée.  Tout cela reflète le goût d’une époque décadente et érudite, amoureuse successivement de tous les styles. La responsabilité de l’artiste en résulte atténuée par la versatilité des modes de son temps. » Bourdelle est donc en deçà de son époque. Il se noie dans son érudition.

 

Donc la critique se trompe quand elle défend Bourdelle contre Rodin.

 

Et pourquoi cette situation ? Car l’artiste de son époque, pour Mariategui, est celui qui a la foi en lui-même autant qu’en l’humanité. Parce que la révolution est là, l’art peut nous y conduire par des chemins qui ne sont pas tracés à l’avance et de ce fait difficile à percevoir.

JPD

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