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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 17:34

Réflexions sur violences et liberté

 

1 ) Un gamin de 13 ans poignarde sa prof. Y compris parmi ceux qui pensent qu’utiliser une arme, ce n’est pas une bonne chose, combien sont-ils dans la société à penser que si, tout de même, un gamin en est arrivé à cette extrémité, c’est que la prof avait dû lui en faire baver !

Je repense à des vieilles discussions avec des amis d’il y a trois quatre ans et à tant d’autres ! Car la violence symbolique est parfois pire dit-on que la violence physique !

2 ) En 1925 un ancien socialiste prend le pouvoir en Italie et exerce des violences énormes sur les communistes avec un appui populaire largement partagé car, si le Duce en passait par là c’est qu’il devait avoir de bonnes raisons.

3 ) Un de ces communistes chassés d’Italie en 1925 aida de toutes ses forces la Résistance mais sans jamais pouvoir commettre un seul acte de violence, y compris le vol d’un vélo pour ses frères de lutte. Il put seulement fournir de la nourriture, des planques etc.

4 ) En juin 1968 en France, après un mouvement populaire très puissant dont tout le monde s’accorde à penser que s’il n’a pas abouti à la Révolution, il a obtenu pour le peuple un certain nombre d’acquis, le peuple vote pour De Gaulle alors qu’électoralement, en 67 il avait déjà été fortement contesté et qu’en 69 il est chassé. Certains parlèrent de la grande peur des bien pensants, titre d’un roman de Georges Bernanos qui fait référence à des violences autrement plus graves, la guerre d’Espagne.

5 ) Longtemps j’ai été parmi ceux qui admettaient que les démocraties formelles de la France étaient formelles par rapport à la démocratie fondamentale de l’URSS où il s’agissait, pour le peuple, d’accéder aisément à l’essentiel, le travail, la santé, l’éducation. Si bien que Max Biro revenant de Hongrie témoigne que pour ses amis hongrois, sept ans après la chute du communisme, le recul de sept années de l’espérance de vie, c’est le prix de la liberté contre celui de la sécurité.

6 ) Indiquant sur La Sociale les propos de Benchicou au sujet des Algériens qui immigrent vers la France pour la liberté plus que pour le pain, aussitôt un lecteur me répond qu’il faut être gonflé de parler de liberté en France quand on revient à l’ère des lettres de cachet, terme qui convient à ma théorie du « capitalisme féodal », mais peu à l’analyse de la réalité globale.

 

Amalgame de situations très diverses ? Questions qui nous renvoient au débat sur « l’utopie » que constitue la non-violence ? J’ose prétendre que toutes les violences ne sont pas de même nature mais que celle qui s'attaque au corps et cent fois pire que celle qui s'attaque à  l'esprit (même si les deux sont dififciles à séparer surtout pour les violences physiques), et pas seulement en terme quantitatif. J’ose prétendre que la violence n’est pas seulement le fait de la domination ou la riposte à la domination. J’ose prétendre que la violence n’est pas couplée avec la peur mais avec la liberté et sa conception.

La violence que le capitalisme féodal nous invite à refuser c’est celle du raisonnement. En sciences physiques, l’expérience vient au secours de la violence du raisonnement mais en mathématiques les adversaires de la raison s’en donnent à cœur joie. Il s’agirait d’une science alambiquée que les mathématiciens, par un langage hermétique, rendraient inaccessibles et qui devient par cet effet une violence extrême chez ceux à qui il manque « la bosse des maths » (je pense à des réflexions entendues à Beaumont de Lomagne pendant la Fête des maths). Le capitalisme féodal voudrait rendre ludique toute éducation pour tuer toute éducation. Le stratagème est génial ! L’éducation étant la remise en cause constante de ce que l’on sait, elle déchire autant qu'elle peut ensuite réjouir. L'éduction, ce n’est pas ce que l’on grave sur l’esprit dit malléable de l’enfant, mais ce qu’il faut lui arracher pour le sortir de la nuit première. Comment admettre que ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la terre quand l’expérience « prouve » le contraire ?

Pour les mathématiques, les manipulateurs de paradoxes vont jouer sur tous les tableaux : la science serait à la fois ridicule par son inutilité, et maîtresse de nos sociétés !

Pourquoi en finir avec la géométrie en classe de seconde ? Jules Vallès exprime très bien comment la géométrie lui donna des maths, une figure plus humaine, et comment ainsi il accéda au raisonnement. Et accéder au raisonnement c’est accéder à des outils majeurs de la liberté, cette liberté qui est la hantise du capitalisme féodal. Quand Noël Arnaud déclara à Paul Eluard que pour une bonne diffusion, il devait changer le titre de son poème pour celui de Liberté, il a eu mille fois raisons. Non, la liberté n’est pas une valeur formelle pour matérialistes qui jugent plus important de penser au pain qu’aux roses ! Et que les idéalistes pensant aux roses en oubliant le pain, j’en conviens ce n’est pas mieux !

Mais c’est seulement en philosophie qu’on oppose matérialistes et idéalistes. Dans la vie il faut composer et il n’y a aucune quantité de pain connue qui soit le minimum vital pour accéder aux roses, tout comme il n’existe pas un nombre de roses idéal pour oublier parfois un flagrant manque de pain. Prenons la question de l’immigration clandestine. Vient-elle d’abord des pays les plus pauvres ? N’y a-t-il pas une pauvreté telle, qu’elle empêche même de penser à l’immigration ? Et concrètement si vous avez dans le monde une diaspora (pour les Maliens plus que pour les Guinéens par exemple), n’est-il pas plus simple d’immigrer ?

Sans, ici, pousser plus loin ces réflexions, je prétends que le développement planétaire du capitalisme tient au fait, avec ses tares, qu’il a accepté de multiplier les libertés, même si les libertés ne peuvent se réduire à l'histoire du capitalisme. La liberté c’est échapper aux lois inamovibles du travail du paysan, de la famille ou du village natal, d’une religion qui enferme, de traditions qui corsètent etc. Des centaines de contraintes ont dû sauter pour laisser place à des nouvelles qu’il va falloir faire sauter car le combat pour la liberté reste la matrice du combat social et démocratique, la preuve nous étant fournie en permanence par les femmes qui ne cessent pas de lutter pour leur émancipation.

19-05-2009 Jean-Paul Damaggio

 

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