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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 12:58

A partir de 1986 j’ai inscrit mon action dans un univers que j’ai appelé « sous-réaliste » et depuis je n’ai pas cessé de travailler le même champ. Avec la publication d’éléments de « mémoires sous-réalistes » autour du cas Benedetto, voici un éclairage sur cette sous-culture.

Qu’on le veuille ou non toute intervention humaine est frappée du sceau du réalisme. Non que nous soyons tous des réalistes, mais notre condition humaine – ce qui signifie ici notre conscience – fait que réalisme est le pivot autour duquel tout tourne. Les utopistes sont des réalistes qui ne veulent pas céder mais pour se faire entendre parfois ils se désignent comme utopistes réalistes. Les fatalistes sont des réalistes qui se plient sans chercher plus loin à la réalité qu’ils croient connaître. Leurs adversaires les plus déterminés sont les scientifiques qui au contraire prouvent au quotidien que la réalité est un au-delà du visible, du sensible et de l’évidence. Les religieux usent depuis toujours du discours scientifique pour dire que cet au-delà est divin mais souffrent encore plus de cette même science qui remet en cause leurs dogmes inévitables.

Sur le plan culturel le XXe siècle s’est distingué par l’affrontement entre surréalisme et réalisme socialiste et l’écrivain au cœur de la tempête est incontestablement l’écrivain Louis Aragon dont encore dernièrement Jean d’Ormesson faisait un immense éloge bien que politiquement opposé à l’homme.

Surréalisme et réalisme socialiste sont les deux jumeaux d’une mère bien triste, la première guerre mondiale. Les horreurs de cette guerre qui furent malheureusement relativisées par la suivante donnèrent lieu à la Révolution d’Octobre et à la Révolution Surréaliste (par dada interposé).

Les deux révolutions étaient sœurs car basées sur l’idée d’un futur plus beau que le présent, et vu les horreurs des tranchées, il valait mieux se soigner ainsi, d’autant que c’était relativement facile car le progrès était « naturellement »le sens de l’histoire.

En résumé : par le rêve prenant le pouvoir sur la réalité, cette réalité finirait par son conformer aux rêves !

Dans le rêve de réalisme socialiste Maïakovski a très vite vu que le politique allait donner au rêve des couleurs bureaucratiques. Le surréalisme n’apportant pas une alternative à cette situation, les deux sœurs grandirent suivant leurs propres ambitions.

 

J’appelle sous-réalisme l’idée que l’avenir se situe autant au cœur de notre passé, que dans les rêves fous qui font imaginer techniquement un TGV allant de Paris à New York en quarante-cinq minutes.

Cette attitude n’a rien d’original car je sais très bien qu’ils sont des milliers à n’avoir pour tout rêve que celui de la reconstruction de leur enfance. Les hommes n’ont pu s’intéresser à leur préhistoire que bien après l’étude de leur histoire. Les recherches sur l’origine de la planète ne pouvaient pas être leurs premières recherches mais seront toujours les dernières. Les plus grandes avancées de l’homme sont celles qui le poussent le plus loin en arrière dans l’histoire de l’univers (il y eu d’abord son historie locale puis planétaire, ensuite celle de la galaxie jusqu’au moment du big bang).

Après l’histoire il y a la géographie et en la matière le sous-réalisme consiste à privilégier ce qui est sous-terrain : la racine de l’arbre à son feuillage, l’économie des hommes à leur culture. Une part moderne du réalisme s’appelle la soumission à ce qu’on appelle les lois économiques rendues parfois « naturelles » par quelques sophistes. Et pour échapper à ce réalisme qui n’est pas que du fatalisme, des esprits en appellent au droit du rêve que cyniquement je pourrais traduire par cette phrase trop connue : « l’argent ne fait pas le bonheur ».

Le propre du réalisme socialiste c’était que l’économie était le pilier de l’histoire humaine mais cette économie était toute entière entre les mains d’une caste politique… donc ce n’était pas l’économie.

Le sous-réalisme ne réduit pas le culturel à l’économique mais refuse toute idée d’un culturel autonome de l’économique (et je ne le dis pas parce qu’aujourd’hui la culture est plus que jamais un vaste marché). Au contraire, le culturel est l’outil qui peut percer le primat de l’économique au-delà de ses apparences.

Il m’est arrivé d’analyser en profondeur la crise du PCF. J’y ai vu apparaître les rénovateurs, les reconstructeurs puis les refondateurs c’est-à-dire que plus la crise s’approfondissait plus les critiques devenaient surréalistes. On ne reconstruit pas les fondations d’une maison. Si les fondations sont mauvaises alors il ne reste qu’une seule solution : construire une nouvelle maison avec des fondations d’un autre type. Le sous-réalisme court inévitablement à travers l’histoire mais tout aussi inévitablement, il est masqué : il est plus vital de se confronter aux réalités d’une maison, qu’aux invisibles fondations !

Dernièrement j’ai rencontré chez moi un journaliste-photographe doté d’un appareil photo extraordinaire dont je ne connaissais même pas l’existence, un appareil à mes yeux profondément sous-réaliste. Il représente une alliance entre l’appareil argentique et l’appareil numérique. L’artiste peut vérifier sur son écran numérique le cliché, il peut ensuite faire un tirage argentique. Le passé est respecté au même titre que le futur sauf que tout le monde le sait, les photos argentiques qui viennent du passé sont là pour durer beaucoup plus que les tirages de photos numériques. Avec de vieilles photos, même de petit format, on a une qualité difficile à retrouver aujourd’hui.

En tant que telle, la photo donne la priorité à l’apparence, mais il appartient à l’artiste de faire surgir les sous-bassement qui deviennent de plus en plus visible… avec le temps. Pour moi, la photo est l’art qui défie le temps radicalement, à condition que dans cent ans elle puisse avoir la force qu’elle avait au départ. Dans une société du jetable, si la photo passe aussi vite qu’elle arrive alors elle se tue elle-même. Le photographe m’indiqua : « les photos auxquelles je tiens, j’en fais un tirage argentique ». Et alors l’image ira très au-delà de l’éphémère. Naturellement, ce travail est techniquement « cher ». Si on en mesure l’intérêt artistique le prix en devient dérisoire.

Le sous-réalisme c’est ça : un effort très cher car il en coûte beaucoup de gratter les apparences mais la valeur du résultat vient aussitôt relativiser ce prix. Le capitalisme ne peut pas être sous-réaliste.

12-09- 2010 Jean-Paul Damaggio

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