Finalement hier en lisant le journal, j’ai été poussé vers Carabayllo, une des premiers bidonvilles de Lima qui est devenu une ville à part entière. Par rapport au nouveaux « Pueblos Jovenes » Carabayllo a toutes les infrastructures nécessaires : écoles, stades, marché, mairie etc. Les rues sont goudronnées et c’est par l’axe de l’avenue Túpac Amaru qu’on accède au centre ville grâce à une vague incessante de bus brinquebalants. Côté Lima historique, le rendez-vous pour se rendre sur les lieux, est la Place du 2 mai.
Là, dans le bus, pas question d’attendre un beau panneau indiquant « Carabayllo » ; il faut suivre le nombre de kilomètres. A 8,5 on est à Comas. De toute façon, pour les ignorants, il suffit de demander aux habitués qui se font un plaisir de dire où il faut descendre. Les ponts au-dessus de la route sont également une indication.
J’ai fait le déplacement car sous l’impulsion du maire Rafael Álvarez il a été décidé que les enfants feraient la ronde la plus grande du monde pour l’inscrire dans le livre des records « Guiness ». Le rendez-vous est au stade Ricardo Palma du nom d’un personnage que j’aime bien.
La foule est bien sûr au rendez-vous : autour des enfants tout le monde aime se rassembler. C’est un peu le bazar pour arriver à la fameuse ronde. Des tas de vendeurs d’aliments aussi divers que variés mettaient à la disposition de chacun de quoi manger et de quoi boire.
Je n’ai pas attendu la fin de la festivité pour passer un moment au marché et rentrer par le bus. Dans ce coin, les habitants vont plus souvent à l’aéroport qu’au centre ville ! Les uns ont des parents aux USA, d’autres en Espagne ou en France. Les taxis sont souvent des véhicules en fin de course dont les chauffeurs tentent autant à rendre service qu’à se rémunérer. Ils circulent toujours de manière illégale car qui viendrait ici leur demander des papiers. Aussi, quand ils doivent partir vers l’aéroport ils flippent un peu…
Je n’ai pas cherché à écouter les conversations mais franchement j’ai eu la sensation que l’élection n’est pas la première préoccupation. Dans ce quartier, globalement, les gens sont pour Humala mais ils souhaitent surtout avoir de quoi vivre !
Je suis revenu au centre ville et aujourd’hui je n’ai pas regretté d’avoir retenu ce point de chute. Par nostalgie je suis passé à la gare située juste à côté du Palais du gouvernement. Et là, surprise inouïe, surprise totale, surprise grandiose. A présent ne partez à Lima qu’après avoir vérifié si, à la gare, un train touristique est prévu. Un voyage est prévu pour le samedi 28 mai à 7 h du matin, rendez-vous pour 350 soles à la gare des Desamparados pour aller jusqu’à Huancayo. Retour le 30 à 7 h du soir juste assez tôt pour aller prendre l’avion du retour (en espérant qu’il n’y ait pas de retard mais l’avion c’st tout de même le lendemain à 17 h ). Cette voie ferrée la plus haute du monde permet un contact inouïe avec la nature avec « los rios profundos » chers à Arguedas même si ses Andes personnelles étaient plus au sud. Mais bon je ne vais pas vous raconter le voyage avant l’heure.
Pour ne pas oublier les élections je note que mon quotidien favori publie un appel en faveur d’Humala de TOUS les écrivains notoires du pays. Le premier est Alfredo Bryce Echenique et le suivant Vargas Llosa qui accepta sans doute de jouer les modestes. Je prends juste les noms des dix suivants : Miguel Gutiérrez Correa, Abelardo Oquendo Cueto, Rodolfo Hinostroza, Fernando Iwasaki, Daniel Alarcón, Santiago Roncagliolo, Diego Trelles Paz, Gabriela Wiener Bravo, Roger Santiváñez, Carlos López Degregori. Alfredo Pita est beaucoup plus loin dans la liste.
Dans le déchaînement des révélations qui se succèdent, des papiers déclassés de la CIA révèlent que Kadafi aida le MRTA, le groupe qui prit les otages de l’Ambassade du Japon. Certains en profitent pour rappeler que l’économiste Hernando de Soto, à présent avec Keiko, a longtemps travaillé dans une fondation de Kadafi. Les amitiés internationales jouent des tours étranges : Humala est copain avec le Brésil, Correa d’Equateur n’est pas copain avec le Brésil donc il soutient Keiko… Bref, les dessous des cartes… 26-05-2011 JPD