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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 21:04

L’ami Yves Vidaillac ayant eu besoin de récupérer cet article ancien, je saisis l’occasion pour le mettre sur la toile car 13 ans après il conserve tout son utilité.

 

Maurice Rajaud, un Caylusien meurt dans les Brigades internationales

 

Il y a 60 ans, le Front populaire, mais aussi le début de la guerre civile en Espagne. Les pays occidentaux décident de rester en dehors du conflit (sauf l’Italie et l’Allemagne bien sûr). Dès octobre 1936, de nombreux volontaires – plus de 40 000 en deux ans – venus de toute l’Europe, parfois de plus loin, excédés par la montée du fascisme et du nazisme affluent vers l’Espagne pour lutter contre  les troupes franquistes aux côtés des républicains espagnols. Répondant à l’appel du Secours Rouge lié à l’Internationale communiste –il devient à ce moment-là le Secours populaire) ils vont constituer les brigades internationales qui laisseront un lourd tribut dans ce conflit : plus de 10 000 tombèrent au champ d’honneur et bien peu en sortirent indemnes.

Parmi ceux-ci, un Caylusien Maurice Rajaud qu’une fougue juvénile et un engagement politique amenèrent à franchir les Pyrénées. Aîné d’une famille de 6 enfants dont 2 décédèrent en bas-âge, il naquit à Moissac en mars 1911, où son père était conducteur de calèches. La guerre de 14-18, que le père fera en Syrie, amènera les Rajaud à Caylus près de la famille maternelle où ils resteront. A son retour du front, ne rechignant pas à la besogne, le père fera divers travaux allant de fossoyeur à facteur. Certains membres de la famille vivent toujours dans la région, notamment son frère Robert qui, entouré des siens, nous a reçu dans sa demeure de Saint Projet et a accepté aimablement de faire un plongeon dans le passé.

C’est donc à Caylus qu’allait grandir le jeune Maurice, se faisant remarquer très tôt, autant par sa générosité, son courage, que par son tempérament impulsif ou son engagement politique.

Généreux dans son mode de vie : très vaillant quand il fallait gagner un peu d’argent, il partageait alors son salaire avec d’autres jusqu’à épuisement de ses économies, le conduisant ensuite à se remettre au travail.

Généreux dans les actes, n’hésitant pas à aider ses amis face à l’injustice même si cela devait lui attirer des ennuis par la suite.

Courageux, au point de braver à l’armée, qu’il fit à Carcassonne, ses supérieurs, pour dire son point de vue haut et fort, et voler au secours de ses camarades, ou pour refuser des galons de caporal sous prétexte que « ses épaules n’étaient pas de taille à supporter les galons. »

Courageux quelques années auparavant, quand au péril de sa vie, il n’hésita pas, au milieu des explosions de bouteilles de gaz, à aller sauver un chauffeur de camion accidenté malgré les injonctions des témoins (le pauvre, c’était le lendemain de son mariage). Cet acte lui vaudra une récompense de la fondation Carnegie.

Impulsif et provocateur, il n’hésitait pas à faire le coup de poing avec ceux qui lui tentaient tête : autant dans la vie de tous les jours que dans les bals ou flanqué de son foulard rouge signe de son engagement politique ; il savait réclamer aux orchestres souvent de façon « convaincante », de jouer l’Internationale.

Acquis au communisme, il était un lecteur de sa presse.

Puis c’est le Front Populaire. Son frère se souvient encore avec émotion des premiers congés payés touchés en 37 alors qu’il était à l’armée. « La somme était faible, mais c’était déjà ça »dit-il. La guerre civile éclate en Espagne. Poussé par son tempérament et son idéal politique, Maurice décide de voler au secours de la jeune république espagnole. Il va à Montauban chercher son passeport et dès le 3 septembre 1936 – jour de foire à Caylus se rappelle Robert – il prend l’autobus de Villefranche pour ne jamais revenir. Quelques jours plus tard, un télégramme vient apprendre aux siens que Maurice a été tué sur le Front de Huesca, le 13 septembre 1936. Son corps repose encor aux côtés d’autres brigadistes dans cette terre d’Espagne pour laquelle il s’était mis au service de la liberté. Une stèle sur laquelle son nom figure en bonne place rappelle au monde son courage.

A l’heure où 60 ans après, l’Espagne honore enfin les survivants de ces brigades en leur accordant symboliquement la nationalité espagnole et que le gouvernement français envisage de leur accorder le titre d’anciens combattants, l’idée pourrait être lancée qu’une rue de la cité caylusienne porte le nom de Maurice Rajaud. Une façon de rendre hommage à l’altruisme des cet homme et de donner un exemple aux jeunes générations, à l’heure où la xénophobie, le racisme et le fascisme ressurgissent de manière inquiétante. Yves Vidaillac

Point Gauche ! n°27 novembre-décembre 1996

Note J-P D :

Par une note prise sur internet on découvre Maurice Rajaud dans une liste de militants libertaires présents en Espagne pendant la guerre civile :

Berry, David. "French Anarchist Volunteers in Spain, 1936-39 : Contribution to a Collective Biography of the French Anarchist Movement" - Appendix 1 -
List of French libertarians present in Spain during the civil war and of French volunteers with the anarchist militias

 

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