Cet ami de Cladel signait Jean-Bernard et je pensais qu'il s'appelait Jean-Bernard Passeriau. C'est Fabrice Michaux qui m'envoie ce document que je m'empresse de mettre sur le blog. JPD
Jean-Bernard Passerieu (1857-1936)
D’après un article du Dictionnaire Universel illustré, paru en 1885.
Avocat publiciste (c'est-à-dire spécialiste de droit public), né à Toulouse le 16 décembre 1857, fit ses études au lycée et à la Faculté de droit de sa ville natale. Il débuta tout jeune dans le journalisme dès 1875 (il avait à peine dix-huit ans) et fonda une revue littéraire, l’Union littéraire, qui existe encore mais dont il a cédé depuis longtemps la direction.
En 1877, sous le gouvernement du 16 mai[1], il lutta contre le ministère de Broglie et fut condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse quatre fois à la prison et à l’amende.
S’étant fait inscrire comme avocat, ses débuts furent difficiles et ce n’est que venu à Paris qu’il plaida de célèbres procès politiques à côté de Georges Laguerre[2], depuis député ; c’est ainsi qu’il prit part comme défenseur au fameux procès des anarchistes de Lyon qui en son temps connut un si grand retentissement[3]. Remarquons que A. Bonthoux, qui avait inventé la fameuse aiguille empoisonnée pour tuer les bourgeois, a été le seul ouvrier anarchiste acquitté à Lyon et que ce fut après une très belle et très émouvante plaidoirie du jeune avocat devant le jury du Rhône.
A Paris il a aussi plaidé souvent pour les anarchistes et a été longtemps l’avocat du journal de Lissagaray, la Bataille, qu’il a assisté plus de vingt fois devant le tribunal ou la cour de Paris.
En 1888, il revient à Toulouse après un séjour à Alger où il a exercé la profession d’avocat durant une courte période[4].
M. Jean-Bernard (Passerieu) a plaidé surtout de nombreux procès contre les prêtres. Parmi les plus connus nous pouvons citer celui contre M. l’évêque de Rodez qui avait intenté un procès devant la cour d’assises de l’Aveyron au Milhau républicain qui l’avait accusé d’avoir eu des relations avec sa servante. Le journal fut acquitté après une plaidoirie de Jean Bernard. Viennent ensuite : le procès contre Mgr Boscredon à Montauban à qui une Italienne se disant la maîtresse du prélat réclamait 40,000 francs qu’elle lui avait prêtées ; le procès intenté à M. Goupy devant les assises de la Mayenne par un prêtre que M. Goupy, directeur du Petit Mayennais, avait accusé d’avoir baptisé ses enfants en secret malgré sa défense expresse. C’est durant les débats de cette affaire que la salle entraînée par un beau mouvement d’éloquence du jeune avocat se prit à applaudir avec enthousiasme et le président dut faire évacuer la salle. Enfin c’est M. Jean-Bernard (Passerieu) qui a été chargé des intérêts de M. de Saint-André, qui accusait deux prêtres et leurs parentes d’avoir empoisonné sa mère, Mme de Saint-André, et de lui avoir dérobé une somme de 80,000 francs. Au cours du procès, l’un des deux ecclésiastiques, curé de la Coharette (Lot), est mort et des bruits de suicide n’ont cessé de courir dans le public.
M. Jean-Bernard (Passerieu) s’est aussi fait une spécialité des procès de propriété littéraire et de théâtre ; il a même publié une série d’articles dans le Monde artiste (Jurisprudence théâtrale) qui ont été recueillis en volume et qui sous la forme aimable de la causerie courante donnent des solutions de toutes les difficultés de droit qui peuvent se présenter pour les acteurs dans le cours de leur carrière.
M. Jean-Bernard est un conférencier qui a obtenu de nombreux succès dans toutes les grandes villes de province et à Paris il donne au boulevard des Capucines des Chroniques parlées qui alternent avec les Feuilletons parlés de notre confrère Henri de Lapommeraye.
Comme auteur dramatique il a composé diverses pièces jouées sur différents théâtres : l’Amour espagnol (1 acte en vers) ; l’Œuvre de Molière (à-propos, 1 acte en vers) ; Un Truc (comédie, 1 acte en prose) ; les Fils de 93 (drame, 5 actes en prose) ; la Tante du major (vaudeville, 1 acte) ; Molière à Toulouse (comédie, 1 acte en vers). En outre, une pièce en collaboration avec M. Jules Claretie, le Troisième dessous, tirée du roman du célèbre auteur, attend son tour dans les cartons de l’Odéon.
Comme romancier, il a publié, en dehors de nombreuses nouvelles, des romans qui s’appellent : le Révérend père Paillasse, les Deux amours du corsaire, le Curé de Croix-Damville, l’Honorable Mistrass, le Sergent Denis, le Citoyen Cojet.
M. Jean-Bernard a été rédacteur de nombreux journaux ; il est passé par le Voltaire, avec Aurélien Scholl, l’Évenement, la République radicale.
Il est également l’auteur d’un ouvrage qui apparaît en marge de ses activités : le Manuel pratique et juridique des architectes et des entrepreneurs en matière de travaux publics et du bâtiment, édité chez Marchal et Billard (Paris) en 1892. C’est dans la République radicale qu’il a publié les Lundis révolutionnaires où il raconte semaine par semaine les petits faits de la Révolution française. Le premier volume est précédé d’une belle préface de Léon Cladel. M. Jean-Bernard a du reste écrit la préface d’un livre du célèbre auteur des Va-nu-pieds ; nous voulons parler de la préface de Pierre Patient qui n’a pas moins de 6,000 lignes et où M. Jean-Bernard affirme ses idées socialistes et la solidarité de la littérature vraie avec la République sociale.
L’œuvre de Jean-Bernard Passerieu
365 pensées. Paris : E. Figuière, (s.d.)
Les Dos Voutés et Larme à l'œil. 1889 Paris : Dentu, 1889
Histoire anecdotique de la Révolution française, avec une préface de E. Hamel 1891 Paris : G. Maurice, 1891
Les Lundis révolutionnaires, Histoire anecdotique de la Révolution française, avec une préface de Jules Claretie, 1789. 1884 Paris : Librairie française, (1884)
Les Lundis révolutionnaires, histoire anecdotique de la Révolution Française, avec une préface de Clovis Hugues, 1793.Paris : Serin, (s.d.)
Les Lundis révolutionnaires, histoire anecdotique de la Révolution française, avec une préface de Jules Simon. 1792. 1887, Paris : Librairie française, (1887)
Les Lundis révolutionnaires. Histoire anecdotique de la Révolution française, I, 1789, avec une préface de Léon Cladel. Paris : G. Maurice, (s.d.)
Les Lundis révolutionnaires. Histoire anecdotique de la Révolution française, II,1790, avec une préface de Léon Cladel. Paris : G. Maurice, (s.d.)
Les Lundis révolutionnaires. Histoire anecdotique de la Révolution française, III, 1791, avec une préface de Léon Cladel. Paris : G. Maurice, (s.d.)
Manuel pratique et juridique des architectes et des entrepreneurs en matière de travaux publics et du bâtiment. 1892 Paris : Marchal et Billard, 1892
Le Procès de Rennes. 1899. Impressions d'un spectateur. 1900 Paris : A. Lemerre, 1900
Quelques poésies de Robespierre. 1890 Paris : G. Maurice, 1890
Histoire générale et anecdotique de la Guerre de 1914, 1915, Paris ; et Nancy : Berger-Levrault, 1915
La Vie de Paris, 1913 – 1914, 1914 - 1915 , Paris : A. Lemerre, 1914-1915
La Vie de Paris, 1900 – 1935, Paris : A. Lemerre [puis] E. Figuière, 1900-1935
La Vie de Paris. 1898, avec un préface de Charles Tardieu, 1899, Paris : E. Lemerre, 1899
La Vie de Paris. 1899, avec une préface de Marie-Louise Néron, 1900, Paris : A. Lemerre, 1900
La Vie de Paris, 1903, 1904, Paris : A. Lemerre, 1904
La Vie de Paris, 1904, 1905, Paris : A. Lemerre, 1905
La Vie de Paris, 1905, 1906, Paris : Alphonse Lemerre, 1906
La Vie de Paris, 1906, 1907, Paris : A. Lemerre, 1907
La Vie de Paris, 1908, 1909, Paris : A. Lemerre, 1909
La Vie de Paris, 1910, 1911, Paris : Alphonse Lemerre, 1911
La Vie de Paris, 1916, 1917, Paris : A. Lemerre, 1917
La Vie de Paris, 1917-1928, 1918 – 1929, Paris : A. Lemerre, 1918-1929
La Vie de Paris, 1930, 1931, Paris : A. Lemerre, 1931
Cladel, Léon-Alpinien, Pierre Patient, avec une préface de Jean-Bernard Passerieu, 1883
Paris : H. Oriol, 1883
[2] Georges Laguerre (1856-1912), avocat et homme politique français boulangiste. Collaborateur à La Justice, le journal de Clemenceau, il fut député du Vaucluse (1883-1889) et (1910-1912) et de la Seine (1889-1893). Il comptait parmi les boulangistes députés du « groupe ouvrier » de 1885. Il termine ensuite sa carrière dans les rangs du Parti républicain-socialiste, héritier des Socialistes indépendants.
[3] Voir http://rebellyon.info/Declaration-des-66-Anarchistes-au.html et http://rebellyon.info/Toussaint-Bordat-un-acharne-contre.html.
[4] L’information est extraite du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Larousse.