Nous avons déjà parlé de ce livre dont nous pensions qu’il n’avait pas eu d’édition en français mais non, voici donc, en 1831, l’avertissement de l’éditeur qui donne ainsi une approche du texte sur lequel nous reviendrons. JPD
AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR
C'est à Londres que le général Ducoudray-Holstein publia d'abord sous le titre de Mémoires, son Histoire de Bolivar. Le succès de cet ouvrage s'explique par l'intérêt même du sujet et par la position toute particulière de l’auteur, témoin oculaire et presque toujours acteur lui-même, dans les événements qu'il raconte.
L'Introduction générale qui précède le récit des faits prouve suffisamment que le général Ducoudray-Holstein possède toutes les connaissances spéciales si nécessaires à l'historien : géographie, statistique, économie politique, éducation, mœurs, coutumes, législation, agriculture, commerce, industrie, etc. ; il a tout étudié, tout approfondi, et ses aperçus, souvent aussi neufs que justes, attestent un rare talent d'observation.
Il a compris que pour juger avec plus d'impartialité les révolutions de l'Amérique espagnole, il était important de connaître aussi la mère-patrie, et l'on voit à la manière dont il apprécie les rapports de la vieille Espagne avec ses colonies, que cette, étude préliminaire n'a pas manqué à ses travaux.
Obligé de se mettre lui-même en scène dans son récit, l'AUTEUR de l'Histoire de Bolivar entre dans une foule de détails, qui donnent à son témoignage une autorité irrécusable.
Les chefs colombiens et les officiers étrangers qui viennent offrir le service de leur épée à la cause des Amériques sont tous ses collègues, ses camarades, ses amis. Il combat avec eux sur le champ de bataille, on les retrouve dans les conseils avec les chefs politiques. Ses relations avec ceux-ci ne sont ni moins fréquentes ni moins particulières. Son dévouement à la cause nationale, son caractère honorable et franc, lui obtiennent la confiance de tous ; c'est de leur bouche, dans les entretiens particuliers du bivouac, qu'il apprend d'eux les événements de leur vie, et tout ce qui complète la partie officielle ou publique de l'Histoire de Bolivar.
Voilà ce qui a mis le général Ducoudray à même de nous donner des portraits si ressemblants, si pleins de vie : c'est grâce à lui que nous apprenons ce que furent Piar, Bibas, Zea, etc. Ce que sont, ce que peuvent devenir encore Paez, Montilla et d'autres, dont les noms ont retenti en Europe.
C'est principalement sur Bolivar que la situation de M. Ducoudray-Holstein auprès du Libérateur lui a donné le moyen de révéler une foule de faits qui font de son livre la biographie ou plutôt les mémoires de ce personnage célèbre, en même temps que l'histoire politique et militaire de la Colombie.
Mais c'est ici que les lecteurs seront surpris peut -être que le général Ducoudray-Holstein ne peigne pas toujours sous des couleurs favorables ce grand homme que l'Europe libérale avait déjà placé de son vivant à côté de Washington. L'auteur expose lui-même avec franchise les motifs de sa sévérité
Des renseignements qui nous ont été transmis depuis la mort de Bolivar nous ont permis de modifier quelques ‑ uns de ces jugements, qui nous paraissaient empreints de partialité ; mais en respectant plus, souvent encore cette partialité même, afin de conserver à l'Histoire de Bolivar cette forme de mémoires qui en fait le principal mérite, et que le goût public préfère aujourd'hui à une froide impartialité.