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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 20:47

 castelsarrrasin.jpg

 

Le coup d’Etat de 1851 reste le moment mal aimé des historiens. En Tarn-et-Garonne, sur l’Histoire de Montauban publié chez Privat, rédigé sous la direction d’un historien de référence, Daniel Ligou nous lisons (mais pas sous sa plume) : « Le coup d’Etat du 2 décembre est, dans l’ensemble, bien accepté en Tarn-et-Garonne. Sauf à Moissac on ne trouve guère trace de résistance. »

A travers quelques documents officiels voyons les suites du coup d’Etat à Castelsarrasin, suites qui démontrent la résistance qui s’est produite et qui est présentée sur la brochure ci-dessus (25 pages, 5 euros).

 

1 ) 15-12-1851 : Une nouvelle municipalité.

Après le coup d’Etat les municipalités républicaines passent sous contrôle du gouvernement. Avec la nouvelle constitution tous les maires seront nommés par le pouvoir. Castelsarrasin ce n’est pas seulement le maire qui est remplacé mais tout le conseil municipal comme le démontre l’arrêt ci-joint.

Sous-Préfecture de Castelsarrasin

«Au nom du peuple français nous Préfet du Tarn-et-Garonne en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés arrêtons :

Art I : Le Conseil municipal de Castelsarrasin est dissous ; les membres du Conseil qui remplissent les fonctions de maire et d'adjoints sont révoqués.

Art 2 : Il est créé un Commission municipale pour remplacer la municipalité et le Conseil municipal de Castelsarrasin. Cette Commission se compose de M. Boé Louis Anselme docteur en médecine faisant fonction de maire, Guiringaud Félix avoué, et Issanjoux pharmacien, Grabié Théodore notaire. Redon de Lapoujade chevalier de la légion d'honneur, Carrère Dupux, Isidore juge au tribunal civil, Beffre aîné négociant, Maury Guillaume avocat, Ailhes Joseph sellier carossier, Pasquin Alpinien briquetier, Sarrau Jean Jacques négociant, Garrigues Antoine employé à la conservation des hypothèques, Bachala Pierre fils aîné propriétaire agriculteur comme Fauré et Macabiau.»

 

2 ) Parmi les insurgés de 1851 l’avocat Constans.

28 - 05 -1852 : Constans doit vendre son étude

Suite à la condamnation dont il est victime Isidore Constans lègue le 28 mai 1852 son étude au frère aussi le sous-préfet écrit au préfet :

« Cette vente est évidemment simulée. Les frères Constans n'ont point d'intérêts distincts, leur fortune sont indivisibles, ils font ménage commun. Si elle était approuvée par le Garde des sceaux l'arrondissement resterait placé sous une influence corruptrice et hostile au gouvernement que les honnêtes gens croyaient détruites après les condamnations prononcées. Les décisions du gouvernement et de la justice qui a déjà frappé disciplinairement M Contans, deviendraient un objet de risée. Les fonctionnaires publics qui ont lutté contre la propagande anarchique des frères Constans perdraient toute autorité morale sur la population.» En 1855 Constans aîné vit du côté de Fronton « les opinions ont conservé dit-on toute leur exhaltation »

 

3 ) 27 - 08 -1852 : Arrive la clémence conditionnée.

S’il y a clémence c’est qu’il y a eu des condamnés.

Lettre du sous-préfet à Monsieur le Maire,

« A l’occasion de la fête du 15 août, Monsieur le Prince-Président vient d'adoucir la peine de quelques condamnés politiques du Tarn-et-Garonne. Voici la liste des condamnés qui appartiennent à votre commune et la désignation de leur nouvelle peine :

Constans, ex-avoué, expulsion qui devient internement dans la Dordogne.(gracié le 29 octobre 1852)

Monié Eloi Jean, éloignement momentané, qui devient internement dans le département du Lot.

(Il sera gracié le 23 mars 1853. Une fille mariée avec Louis Adolphe Noël qui s'installa à Toulouse).

Bayrou Henri, internement, à Poitiers changé en surveillance à Castelsarrasin.

Bergé Roch, internement à Angers, changé en surveillance à Castelsarrasin.»

 

4 ) 18 - 12 - 1852 : L'Empire et son plébiscite.

Même à ce moment là des républicains se manifestent…

Lettre du sous-préfet au préfet

Monsieur le Préfet,

L'impression produite par la publication des manifestes du parti sera très favorable au vote pour le rétablissement de l'Empire. Les horribles doctrines de la démagogie exposées avec un cynisme (sic) épouvantable ont soulevé une indignation générale dans la ville de Castelsarrasin et ont ouvert les yeux de beaucoup d'honnêtes gens trop disposés peut-être à oublier les dangers passés et à se reposer dans une dangereuse sécurité.

Quelques cultivateurs venus aujourd'hui au marché en ont pris connaissance et ont manifesté une vive irritation contre les démagogues qui voudraient disent-ils, les ruiner, et se sont montrés très disposés à agir dans leur commune pour grossir le nombre des votants dimanche prochain. Il serait bien désirable que ces manifestes fussent insérés dans le moniteur des communes et affiché dans toutes les campagnes avant le vote.

Les démagogues de Castelsarrasin sont visiblement honteux des sanglantes folies de leurs chefs. Les plus compromis gardent un silence absolu, les moins exaltés se prononcent contre les proclamations des réfugiés.

Pour l'immense majorité de la population la protestation du Comte de Chambord a passé inaperçue l’attention publique étant surtout attirée par les proclamations démagogiques. Cette protestation n'excite dans le public ni haine, ni sympathie, elle n'exercera aucune influence sur les résultats du scrutin. Les légitimistes affectent de n'en pas parler en public. Dans l'intimité, ils reconnaissent que cet acte ne nuira pas au rétablissement de l’Empire et que son insertion au Moniteur est une mesure très habile de la part du gouvernement parce qu'elle leur ôte la possibilité de contester plus tard la valeur du vote populaire. Ils se plaignent seulement du rapprochement dans les colonnes du Moniteur des manifestes odieux de la démagogie et de la protestation du prince. Cette publication les a un peu découragés - ils n'agissent ni pour ni contre le rétablissement de l'empire et ne conseillent pas l'abstention. Ils font comme s'ils ignoraient que dans trois jours la France va se prononcer sur la plus haute question qui puisse être soumise à la décision d'un grand peuple. Les nouvelles que je reçois de tous les points de l'arrondissement sont toutes excellentes bien que les paysans soient très fatigués de tant de votes successifs. J'espère que la majorité sera aussi forte qu'au 24 décembre 1851: quelques personnes croient qu'elle sera supérieure ; je n'ai pas la même confiance mais je ne crains pas de diminution notable.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet» l'assurance de mes sentiments respectueux.

Comte de Callac»

Le Sous-Préfet était à la fois astucieux et pessimiste. Astucieux pour vouloir utiliser les idées républicaines contre elles-mêmes, et pessimiste car les résultats du plébiscite seront bien meilleurs que ceux de décembre 1851. Après avoir inventé la clémence conditionnée (il fallait signer une lettre de soumission pour jouir de la grâce), le journal contrôlé (c'est le Moniteur, journal officiel et presque unique), les hommes surveillés, les candidatures officielles, les fonctionnaires aux ordres, les manifestations interdites, Louis Bonaparte pouvait vérifier, suivant l'expression prononcée plus tard, que «l'opinion ça se travaille». Et avec quels résultats ! C'est vrai, l'Empire durera seulement 20 ans mais les habitudes créées ont-elles toutes disparues ?

 

5 ) Et encore la surveillance en 1855

En 1855, voici le tableau des hommes du parti républicain surveillés d'après les papiers officiels :

Mességué Eugène 41 ans cordonnier : expulsé en Belgique.

Constans Roch Isidore 56 ans avoué : gracié à Castelsarrasin.

Leygue Armand 50 ans propriétaire : expulsé dans le Piémont.

Monié Jean Eloi 45 ans propriétaire : expulsé en Belgique puis présent à Castelsarrasin.

Flamens Pierre 30 ans avocat : expulsé en Belgique.

Bergé Roch 56 ans praticien interné à Angers.

Il rentra à Castelsarrasin le 7 septembre 1853 et est marqué «décédé» en 1855. Il a eu trois fils et une fille Marie Bergé mariée avec M. Foxonnet.

Bayrou Henry 26 ans vétérinaire interné à Poitiers. Il sera à nouveau arrêté le 24-02-1858, écroué à la prison de Castelsarrasin puis transféré à celle de Montauban où il sera libéré le 18 mars de la même année.

Bordes Jean Maffre 53 ans, maître d'hôtel, surveillance à Castelsarrasin.

Fénié Pierre 19 ans Chiffonnier, un mois de prison le 15 janvier 1852 pour des cris séditieux.

Avec condamnations en 1854-1855 de Boris Jean, Castéra Michel et Garry Marcelin.

On constate que trois républicains restent éloignés du pays, mais un autre dossier indique Pierre Flamens rentré à Castelsarrasin en 1853.

juin 2001 Jean-Paul Damaggio

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