Sabotage OOlympique dans La Stampa en 1992
Daniel Vazquez Sallés pense que son père n’aurait pas dû entraîner Carvalho – du moins comme il l’a fait – dans les Olympiades de Barcelone en 1992. Il indique en même temps que ce n’est pas le point de vue de celui qu’il appelle son frère, le grand connaisseur de Carvalho et Montalban, George Tyras. Je pense que les deux ont raison, George Tyras en tant qu’admirateur comme moi, du style subnormal que Manolo utilisa à nouveau en cette circonstance ; Daniel en tant qu’admirateur d’un Carvalho adepte du travail bien fait.
J’ai lu Sabotage Olympique, voici vingt ans, mais je l’ai d’abord lu en feuilleton, à la fois dans El Païs et dans La Stampa. Il s’agissait en fait d’une commande de ces deux grands quotidiens qui, pour attirer de manière originale des lecteurs qui suivaient les Jeux Olympiques, proposèrent ce feuilleton à l’écrivain catalan qui accepta le défi : pendant dix-sept jours faire se croiser l’actualité des jeux et une enquête farfelue de Pepe. Le résultat n’est pas grandiose mais marque sans nul doute un tournant.
En 1992, Pepe a perdu Charo, Bromure et il envoie Biscuter à Paris. Il est seul, il va mal et à partir de ce moment là, il ne pourra plus être un détective combattif car il sait qu’il sera uniquement manipulé par des forces qui le dominent. De son côté, Manolo ne va pas fort, à cause des jeux bien sûr, à cause de sa Barcelone perdue, à cause d’une guerre en Irak, à cause de son cœur qui donne des signes de fatigue, à cause sans doute de bien d’autres choses comme le cas Samaranch (« le premier Franquiste à devenir un catalan universel »).
Permettre à Pepe de se hisser dans la cour des grands du sport, n’est-ce pas le mettre au sommet de la popularité possible ? De toute façon, Manolo a toujours aimé de tels défis.
Il adopte en conséquence le style de sa jeunesse, le style subnormal et il emporte le lecteur dans un délire sidérant. De toute façon que retient Carvalho à la fin : « En faisant le bilan de sa contribution aux jeux Olympiques, Carvalho reconnut qu’il n’avait modifié en rien le rôle habituel et le scénario traditionnel, interprété cette fois par Samaranch et ses sponsors, visant à maintenir la tension entre le sol et le sous-sol olympique. »
Rosa Mora, dans El Pais du 21 novembre 1993 publie un bel article au sujet de la transformation du feuilleton en livre car en effet le livre est publié un an après que les dieux de l’Olympe aient quitté Barcelone pour se préparer à aller à Atlanta. Un livre d’humour et mauvaise humeur ?
Et puis, il faut le reconnaître : « Comment prendre au sérieux un pays qui s’appelle la C.E.I. après s’être appelé l’URSS ? » Comment, vous ne souvenez pas de la Communauté des Etats Indépendants qui pourtant eurent le plus de médailles à Barcelone ? Elle existe encore la C.E.I. ?
Dans ce livre ce que je retiens, c’est que pour la première fois Carvalho-Manolo acceptent de donner la parole par écrit à Biscuter qui envoie une lettre de Paris. Pour cette seule lettre le livre méritait d’être écrit. Jean-Paul Damaggio