Voilà que l’actualité me pousse à nouveau vers mon sujet favori, l’intercommunalité. C’est un message qui s’est mis à pleuvoir sur mon ordinateur qui m’a obligé à prendre la plume. A Anduze une association a organisé une grande manifestation le 21 janvier (date historique) pour défendre son intercommunalité, manifestation que la police a fait dégénérer en combat de rue. Pourquoi autant de violence ?
Pour comprendre il faut d’abord se tourner vers la ville d’Alès. Très longtemps fief communiste, d’où me venait quand j’étais gamin des cadeaux annuels à noël car il y avait là un médecin juif communiste sauvé pendant la guerre par mon grand-père, la ville à partir de 1989, avec l’aide du PS voit la mise en place d’une nouvelle municipalité à laquelle appartenait Max Roustan. En 1993, contre toute attente, cet homme est élu député grâce à la grande vague de droite, mais tout en s’affirmant apolitique. En 1995 il devient maire d’Alès et depuis a toujours été réélu à ce poste et il reste député avec l’étiquette UMP.
Il a donc été à la création de l’intercommunalité qui a permis la création d’une puissante communauté d’agglomération. Or dans le cadre de la nouvelle loi sur les collectivités territoriales, comme je l’ai déjà expliqué dans un article Révélations sur l’intercommunalité , les autorités veulent organiser des fusions pour arriver à des ensemble plus vastes. C’est donc tout naturellement que le projet a été lancé d’absorber la communauté des communes très proche, celle d’Anduze, haut lieu aussi de luttes communistes. Il semble que la commune d’Anduze soit tentée par le projet qui permet de doubler la dotation générale de fonctionnement mais si Anduze fait éclater son intercommunalité, les survivants seront trop petits pour avoir le droit à l’existence.
Sur le cite de la mairie d’Anduze nous lisons :
CÉRÉMONIE DES VŒUX DE SAINT-SÉBASTIEN D'AIGREFEUILLE
« Bonifacio Iglesias, maire d'Anduze, et les membres du Bureau Municipal font savoir, suite aux violences perpétrées lors de la manifestation du vendredi 21 janvier à la gare d'Anduze, manifestation organisée par l'association ARDIECE et Alain Beaud président de la 2C2A, qu'ils n'assisteront pas à la cérémonie des vœux de Saint-Sébastien d'Aigrefeuille. »
Une association est donc née pour défendre l’intégrité de la communauté des communes avec l’appui de tous les petits maires autour d’Anduze et l’appui de la population. Le site d’ARDIECE
Comme l’explique très bien l’association la question n’est pas politique (disons politicienne) les habitants et petits maires veulent seulement défendre un mode de fonctionnement rural face à la gloutonne communauté d’agglomération.
« Le projet de territoire de la population d’Anduze et des communes de la CCAA a fait le choix d’une stratégie largement liée à la ruralité et à la citoyenneté. De nombreux projets sont en cours de réalisation et nous avons la conviction que la fusion les remettrait en cause car incompatibles avec le mode de fonctionnement d’une agglo. Ce projet de territoire prévoit un avenir de solidarité intercommunale dans le cadre des avant pays à vocation rurale ce qui n’empêchera pas la CCAA d’entretenir une étroite collaboration avec ses voisins Grands-Alésiens, pour cela nous faisons confiance au président Alain Beaud. »
L’originalité de la manifestation fait qu’il y a eu beaucoup d’élus de tous bords ce qui donne à la revendication plus de poids. Or, il ne faudrait pas que cette riposte fasse tâche d’huile dans le Gard ou ailleurs. La riposte policière totalement folle annonce sans doute des tensions qui vont surgir avec la mise en application par les préfets de la carte intercommunale. Derrière la question il y a le découpage des circonscriptions des conseillers territoriaux et tant d’autres enjeux.
1-02-2011 Jean-Paul Damaggio