Cladel fêté à Montauban
Je retrouve avec une certaine émotion cet article du Gaulois du 8 août 1894. Presque un siècle après je me suis penché longuement sur ce moment d’histoire quand j’ai écrit le livre Qui a tué Léon Cladel ? car le buste a ensuite été déplacé au Musée Ingres, et la peinture ayant elle disparu. Par ces quelques mots on voit revivre une époque où la démocratie allait de l’avant. J-P Damaggio
Hier a eu lieu, à Montauban, l'inauguration du monument élevé, par ses compatriotes, à la mémoire de Léon Cladel. Ce monument, dû à M. Bourdelle, consiste en une stèle en marbre de Carrare bleu turquin, surmontée du buste en bronze de l'écrivain.
Cladel est représenté dans une attitude méditative, qui lui était familière, surtout dans les dernières années de sa vie, une large houppelande jetée sur ses épaules où flottent ses longs cheveux.
Un certain nombre d'amis de Léon Cladel étaient venus de Paris MM. François Coppée, de l'Académie française ; Catulle Mendès, Armand Sylvestre, Clovis Hugues, François Fabié, Maurice Rollinat, etc.
La cérémonie a gardé un caractère privé et littéraire, le gouvernement ayant borné sa participation à l'érection du monument, en donnant une subvention de 1,500 francs au comité, et en rendant un décret autorisant l'érection du monument sur une place publique de Montauban.
Au moment où le voile traditionnel est tombé, les deux sociétés chorales de la ville ont exécuté une cantate sur le Midi, écrite expressément pour la circonstance, sur des paroles de M. A. Quercy, par M. Paul Vidal, grand prix de Rome.
Puis MM. Armand Silvestre, Emile Pouvillon, président du comité, ont prononcé des discours. M. Adrien Hébrard, président du syndicat de la presse parisienne, avait chargé M. Lapauze de remettre en son nom à la ville de Montauban un portrait de Cladel, par Guth.
M. Aicard, président de la Société des Gens de lettres, et M. Zola ne sont pas venus.