Overblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Rendre compte de livres publiés et de commentaires à propos de ces livres

Publicité

Razoua et le monde arabe

« Arabe et Gascon » disait-on de lui : son nom est la forme arabe du mot razzia. Aussi dans la Revue du monde musulman Décembre 1922 il a droit à une biographie reprise pour l’essentiel des préfaces à son livre sur les Grands Jours de la République. JPD

 

 

Eugène Razoua.

 

Né à Beaumont-de-Lomagne le 16 juillet 183o, Eugène Razoua était parent du comte de Raousset-Boulbon, et, descendant sans doute de quelque famille de Sarrasins d'Espagne établi en Gascogne, il portait, ainsi que ses probables ancêtres, un nom africain. Elève du petit séminaire de Moissac, dirigé alors par un prêtre qui, lecteur assidu de Lamennais, rêvait la réconciliation du catholicisme et de la démocratie, Razoua, vers sa quinzième année, s'échappa de cet établissement pour s'embarquer sur un navire de commerce qui partait pour le Pérou ; il raconte lui-même, dans ses Aventures de terre de mer, les péripéties de son voyage dans l'Amérique du Sud.

Rentré en France à vingt ans, Eugène Razoua s'engage au 5ème chasseurs à cheval, à Vendôme, d'où il fut bientôt détaché à l'École de Saumur. Son attitude au 2 décembre le fait envoyer en disgrâce au 3éme spahis et il parcourt l'Algérie, de Guelma à Souk-Ahras et à Bône, fréquentant le plus possible les indigènes, dont il parle couramment la langue et qui lui inspirent une vive sympathie. « Ils sont mes frères, disait-il, et je leur prouverai bien, parbleu que je les aime »

Nul, autant que lui ne déplore les injustices dont ils sont victimes forcé de se battre contre eux, il fait preuve de la plus grande bravoure, mais déplore de les avoir pour ennemis. Sous-officier à 24 ans, il est proposé pour la médaille militaire après une action d'éclat mais ne l'obtient que neuf ans plus tard, en 1863 ; le colonel Guérin de Waldenbach, qui, passé du 5ème chasseurs au 3ème spahis, était resté son chef, lui promet l’épaulette dans un avenir prochain mais Razoua est las de la vie militaire.

Il vient à Paris en 1864, et sur la recommandation de Tony RevilIon, Aurélien Scholl le prend au Nain Jaune, dont il est directeur, comme comptable d'abord, comme rédacteur ensuite. Il publie, dans cet organe et dans la Vie Parisienne, ses Souvenirs d'un spahis, réunis ensuite en volume.

 Les Grands jours de la République, réunis également en volume, eurent plusieurs éditions, parurent d'abord dans la Revue Politique et le Réveil, que venait de fonder Ch. Delescluze dont Razoua fut, dès la première heure, le collaborateur et l'ami dévoué.

Razoua inculpé de complot en 1870, après six mois de détention préventive, est acquitté par la Haute Cour de Blois. La guerre éclate; il est élu chef du 60ème bataillon de la garde nationale, qui, au 3 octobre, marche sur l'Hôtel de Ville. Cassé de son grade pour ce fait, Razoua est réélu. L'élection ayant été annulée, le bataillon refuse de remplacer son ancien chef qui, devenu simple garde, alla aux tranchées avec les bataillons de marche.

 

Élu à l'Assemblée Nationale le 8 février, Razoua vote pour la continuation de la guerre. Au 18 mars, il donne sa démission de député, et prend le parti de la Commune qui le nomme lieutenant-colonel commandant de l'École Militaire et président de la Cour martiale. La Commune vaincue, Razoua trouva un asile à Paris chez un homme de cœur qui, sans partager ses idées, estimait son caractère et son courage. Un autre de nos amis, un ancien officier de l'Empire, voulut l'accompagner lui-même jusqu'à la frontière (i).

 

Le 2  juin 1871, Razoua arrivait à Genève. Le Gouvernement français réclama bientôt son extradition sous l'inculpation d'assassinat, de pillage, de séquestration de personnes et d'incendie; mais, la preuve de ces allégations n'ayant pas été faite, la demande d'extradition fut rejetée. Remis en liberté après une nouvelle captivité de six semaines, Razoua, qui avait été, en France, condamné à mort par contumace, reprit sa carrière de journaliste, collaborant à l'Emancipation de Toulouse, aux Droits de l'Homme, au Radical au Mot d'Ordre, à la Marseillaise, et publiant, en outre, des nouvelles et des romans. Son arrestation l'avait rendu populaire en Suisse, et il resta à Genève, où il mourut subitement le 29 juin 1878.

 

«  Qui de nous, dit son biographe, Arthur Arnould, ne se rappelle, ne se rappellera toujours sa physionomie si caractéristique, au type arabe. Il avait évidemment du sang sarrazin dans les veines. Tout le disait, notamment sa faculté contemplative et l'horreur du mouvement physique inutile. Il fut bon et dévoué, mieux que cela, simple dans la bonté, simple dans le dévouement, simple dans la vie, simple dans l'héroïsme, simple dans cette lente agonie, épreuve des caractères, qu'on appelle l'exil. »

 

(i) Le sauveur de Razoua était M. Sylvère d'Ezpeleta; voir MAXIME VUILLAUME, Mes cahiers rouges au temps de la Commune, p. 395-397.

 

Cette bio de Razoua est dans le dossier sur LA COMMUNE DE PARIS (1871) ET L'ORIENT, le numéro de la revue étant consacré au Bolchévisme et l’islam.

 

Voici le début du dossier :

Au commencement de1921 mourait à Paris le délégué à la Justice de la Commune, dont il était resté le seul survivant, Eugène Protot. Son rôle politique est connu, mais on sait beaucoup moins que Protot était un orientaliste, diplômé de l’Ecole des langues orientales pour l'arabe et le persan, langues dont la connaissance l'aida à vivre pendant ses dernières années, et auxquelles il aurait voulu pouvoir consacrer plus de temps. On ignore de même, ou on a oublié, que parmi les hommes de 1871 se trouvait un linguiste émérite, le général La Cécilia, mort en Égypte, pays ses études de prédilection l'avaient amené des combattants d'Afrique, de Crimée et du Caucase, comme le général Cluseret, le romancier Hector France, Razoua, un parent et émule du comte de Raousset-Boulbon, et le général Dombrowski le commandant en chef de la garde siamoise, qu'il avait organisée à l'européenne: Ganier d'Abin ; des chefs de l'insurrection crétoise Flourens et Cipriani ; un journaliste qui, après avoir combattu dans l'armée turque, Cluseret demandait lui-même à servir en 1878, alla mourir au Soudan, il était devenu ministre du Mahdi : Olivier Pain, et l'auteur de remarquables travaux sur la musique arabe : Francisco Salvador-Daniel. Le colonel Rossel, délégué à la Guerre, avait étudié le sanscrit et l'hébreu il avait pour officier d'ordonnance un prince Bagration qui descendait des rois de Géorgie.

 

Quelques noms de Communards amis des arabes :

Anys-el-Bittar

Général Napoléon la Cécilia

Eugène Protot

Colonel Louis-Nathaniel Rossel

Colonel Augustin Avril de la haute Garonne (Revel)

Prince Bagration (Russe)

Colonel Amilcare Cipriani

Publicité
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article