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Comme promis voici mon dernier message lié au Pérou (avant le final attendu pour lundi prochain).
Je ne peux éviter de rendre compte de luttes sociales qui ont d’ailleurs donné lieu en France, à un communiqué du Parti de Gauche. Partout dans le monde grèves, manifestations, pétitions, délégations font le quotidien de millions de gens mais les médias ne connaissent que ce qui est… médiatique ! Au Pérou depuis vingt jours il s’agit d’une révolte de paysans dans la région de Puno. Je ne suis jamais allé dans ce soin du pays pourtant incontournable pour les touristes depuis que voici, cent ans déjà, un étasunien y a découvert le Macchu Picchu.
La grève et la massive mobilisation concerne le refus d’une concession minière ! Dans cette région au chômage important des mines sont découvertes régulièrement mais les gens savent que l’emploi qui va avec est celui d’une exploitation féroce et d’un massacre de l’environnement. La révolte a débuté par de la casse et aussitôt beaucoup se sont demandés si elle n’avait pas des fins politiques en cette période de l’entre deux tours. L’électorat est manifestement acquis à Ollanta qui a appelé au calme car si le scrutin y est interdit pour cause d’insécurité, ça peut faire basculer le résultat final qui s’annonce tous les jours plus serré.
Keiko Fujimori n’ayant aucun appui ne peut fomenter aucune diversion. Donc chacun en est revenu à une simple réalité : depuis longtemps il existe une bataille larvée. Si elle a éclaté à présent, et si la police a répondu sévèrement, Alan Garcia le président est peut-être celui qui veut ainsi jouer la carte Fujimori !
Mais laissons là les combines pour en rester aux faits. Depuis des années dans les régions de Cajamarca, Cusco, Piura (il y a 11 projets en tout) des militants se lèvent pour protéger leur territoire au nom de valeur écologistes.
A Puno comme partout les médias ont besoin d’un nom pour symboliser la révolte : le président del Front de Défense de l’environnement de la zone sud de Puno, Walter Aduviri (sur la photo). Les uns vont dire qu’il n’a que des ambitions politiques et les autres qu’il a compris l’enjeu des magouilles qui se concoctent à Lima. Il assure qu’il n’y aura pas d’élections dans la juridiction tant qu’il n’y aura pas un moratoire d’un an avant tout signature. Il n’est pas un paysan mais est devenu un enseignant de l’Université andine et est un opposant politique au maire actuel de Puno dans un parti local, Racines.
Je ne peux éviter non plus de rendre compte du débat télévisé électoral que tout le monde pensait décisif et qui se termina par un match nul, un match cependant très dur, très tendu. J’ai étudié à travers les pays et les âges cette focalisation sur le débat télé dans une brochure sur le marketing politique de Kennedy à Obama. Tout le monde sait que c’est avec Kennedy que débuta cet affrontement télé qui lui fit gagner l’élection. Comme tout produit étasunien il a gagné d’abord le reste des Amériques avant de s’imposer dans quelques pays d’Europe dont la France qui a une élection présidentielle facilement transposable sur un plateau télé.
J’ai suivi le débat dans le hall de l’hôtel de Huancayo ce qui m’a permis de suivre les réactions de téléspectateurs très partagés et très tendus. La présence d’une femme imposait une anomalie finale : allaient-ils se serrer la main à la fin ou se faire la bise ? Après une hésitation réciproque la bise est venue. En fait comme dans tout match de ce genre l’essentiel consiste à attaquer l’adversaire plus qu’à défendre sa politique. De mon point de vue, Ollanta a trop rappelé que Keiko est la fille de son père. Mais nous verrons bien les résultats électoraux.
Le chauffeur de taxi qui m’a ramené à l’aéroport donnait franchement Ollanta gagnant. « Si le Pérou recommence une ère Fujimori, m’a-t-il dit, le monde est alors prêt à plonger dans les bras de toutes les mafias. Le Paraguay va suivre, puis l’Argentine et le Mexique. »
Pendant mon séjour j’ai noté quelques infos mexicaines : le chef des Zetas, un des groupes les plus imposants du crime organisé, aurait été arrêté au Guatemala. Bon route.
1-06-2011 Jean-Paul Damaggio