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Par éditions la brochure
Voici un poème de Guillevic extrait du numéor de Commune du 1939. Il fait suite aux derneirs écrits de Machado. Je crains que ce soit la seule référence de ce blog à Guillevic. JPD.
POÈME DIALOGUÉ A LA MÉMOIRE DE CEUX D'ESPAGNE
A ANDRÉ MALRAUX.
— Le vent, le froid, les drapeaux, la nuit,
Le froid, les balles, les drapeaux, la suie,
Crachats rapides entre les cris.
— On attend cette nuit dans les cours et les aires
La mort de la menace et la venue des fruits.
— Tu sais — ceux qui chantaient quand la ville brûlait,
Ceux qui mangeaient de l'herbe aux rebords des fossés,
Ceux qui tombaient en tas en marchant vers les balles.
— La fatigue est venue aux paupières des femmes,
Elles n'accoucheront avant la mort de l'aube
Que si le puits s'emplit des sueurs de l'étable,
Que si ta main presse ma hanche.
— Mais dans la nuit,
La marche interminable au bûcher.
— Ton sang demande à s'épancher.
Je nie souviens : dans le pré vert où tu marchais,
Le cri impitoyable du coucou
Me rappelait ton cou si chaud
Où le sang ne se plaisait plus.
— Soleil mangeur de chair,
Rives criant de faim,
Cri des volailles égorgées —
Font se dresser les arbres aux bords des marécages
Ou les poissons s'écaillent sur la vase assoiffée...
Sang qui rumines en toi
La naissance de plus qu'écaille sèche, sable chaud,
Préserve intacte la dureté du ventre.
GUILLEVIC.
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