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Elsa Osorio

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Elsa Osorio, un pied à Madrid et l'autre à Buenos Aires sera au Marathon des mots à Toulouse aussi voici un entretien avec elle au sujet de son dernier livre dont vous avez ci-dessus la couverture de la version française et celle de la version espagnole. JP D

 

Votre ami, l’écrivain Juan José Hernandez vous a parlé pour la première fois de Mika, cette héroïque Argentine qui avait commandé un bataillon pendant la guerre d’Espagne, en 1986. Vous avez achevé « La Capitana » plus de 15 ans après. Pourquoi avoir tant tardé pour en faire un personnage de roman ?

Elsa Osorio : Que j'ai choisi un roman et pas un essai ne veut pas dire que je pouvais imaginer ce que je voulais ... Je raconte de faits historiques. Sachant que beaucoup de gens y ont perdu la vie, je ne pouvais pas me permettre de raconter ces événements sans avoir de solides bases historiques. Un exemple : beaucoup disent que le POUM [le Partido Obrero de Unificación Marxista, une organisation révolutionnaire espagnole qui a pris part à la guerre] a été exclu de la guerre d’Espagne parce qu’ils étaient trotskistes alors que, pendant mes recherches, j’ai pu lire un article contre le POUM écrit par Trostski et des articles d'un dirigeant du POUM contre la position que Trotski a pris pendant la guerre d'Espagne. J’ai dû beaucoup lire pour pouvoir comprendre la place complexe du POUM durant cette époque et faire de nombreuses recherches personnelles..

Vous décrivez avec de fascinants détails les lieux où Mika a vécu, notamment la Patagonie, où Mika et Hipolito, son compagnon, ont tenté de venir en aide aux ouvriers agricoles réprimés. Avez-vous parcouru vous aussi tous ces endroits ?

Elsa Osorio : Le paysage de la Patagonie m'a beaucoup touché, c’est cette idée d'espace infini que je tente de rendre présent dans mon roman. J'ai parcouru tous les endroits où Mika a vécu : j ai marché sur ses traces à Paris, j'ai visité les mansardes où, avec son compagnon, ils logeaient, j'ai parcouru les rues de Berlin en tentant de découvrir ce qu'ils avaient vécu là. J'ai passé des heures dans le café qui fait face à la "Bulow Platz", aujourd'hui "Rosa Luxembourg Platz", où les nazis défilaient devant le siège du PC. Je lisais les notes qu'ils ont pris et j ai pu ressentir profondément leur angoisse, leur désillusion et leur désespoir.

Le nom de notre cher Juan Carlos Cáceres apparaît à un détour du récit. Qu’écoutiez-vous pour retrouver les émotions de Mika ?

Elsa Osorio : Je parle du musicien Juan Carlos Cáceres mais je ne l’ai pas connu. C'est Guillermo Nuñez, un musicien qui jouait avec Cáceres, qui m'a raconté beaucoup de choses sur la vie de Mika. Ils sont devenus très amis, et son récit, émouvant, m'a permis de visualiser une Mika de 70 ans, vivante, pleine d’énergie, d’humour, et sage.

Justement, bien qu’âgée, Mika a montré aux étudiants parisiens comment dresser les barricades de mai 68. Si elle était encore vivante, elle s’indignerait avec les Espagnols et les Grecs et occuperait Wall Street avec les New Yorkais ?

Elsa Osorio : Je crois que oui. Elle était toujours où il fallait être, cohérente..

Y a-t-il d’autres personnages historiques que vous aimeriez – si, comme les chats, vous aviez neuf vies – faire revivre dans un roman ?

Elsa Osorio : Franchement, non, car je préfère travailler sur des personnages de fiction. Mais dans le cas de Mika, j’ai choisi de travailler sur une personne réelle, car je trouvais que la vie héroïque de cette femme était injustement oubliée. Je devais faire connaitre son nom.

Finalement, Mika fait partie de cette génération de militants qui n’ont pu empêcher ni le nazisme ni le franquisme. Quelle leçon en tirez-vous ?

Elsa Osorio : Beaucoup de leçons. La plus importante : que la gauche perd plus de temps à se confronter à ses proches qu'à voir ses vrais ennemis. Par exemple, en Allemagne, les élections de novembre 1932 montrent que le PC et le PS auraient obtenu ensemble la moitié des voix aux élections, ce qui leur aurait permis d’empêcher la victoire du nazisme. Mais, pour les communistes, l'ennemi sacré était la démocratie, et, pour les socialistes, le communisme. Et voila ! Ils sont devenus la chair au canon de la deuxième guerre mondiale ...

 

Propos recueillis par François Mauger

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