J’avais 9 ans, Ma mère me tenait par la main, elle parlait, nous revenions à travers les décombres du centre d’Orléans, mon père tenait le Populaire et L’Humanité, c’était peu de temps après la Libération .De gaulle avait parlé place du Martroy. Mon père parlait des juifs, juif, je ne savais pas ce que cela voulait dire. « Qu’est ce que les juifs….On est juifs nous ? »
« Ton père…c’est compliqué… »
C’est toujours compliqué bien que plus de soixante ans soit passés.
Si je pose la question dans l’assistance quelques voix me répondront : « C’est le fils d’une juive, c’est une race, c’est un peuple, ce sont des cultures, ce sont des israélites, juifs et israéliens »
Le cardinal Lustiger a dit : « Je suis Juif et Chrétien ».
Le grand Rabbin Sitruk a répondu : « On ne peut être Juif et Chrétien », Krasuki à Christine Clerc qui lui demandait : « Depuis quand êtes vous Français ? » « Depuis ma sortie des camps.» Qui saura si c’est le Résistant, le juif, le marxiste qui répondait ? Pourquoi était il tout ça ? Fabius accusé d’avoir « une tête pas catholique » répond « Je fut baptisé, c’était après la guerre, je suis agnostique, mais puisque l’on me traite de juif, je l’assume.»
Marek Halter dit : « est juif celui qui se sent juif ».
Les Allemands ne faisaient pas de détail eux, les gendarmes français non plus.
Le Parlement d’Israël débattit longuement : « Qui est juif ? » En désespoir de cause, il décida de faire une loi sur le « droit au retour » et non sur la judaïté. Ce fut une loi qui déterminait le nombre de grands parents juifs exigés, mais c’était un nombre variable en fonction de la pression discriminatoire dans le pays d’origine.
D’où viennent-ils ces juifs ?
La Bible est leur livre d’histoire. Il fut replanté des essences sur des lieux disparus cités, elles se sont plu et voila nous dit on une preuve.
Les recherches de toutes disciplines, Histoire, Archéologie, Sciences Humaines diverses mettent en doute plus ou moins partiellement ces idées reçues, déjà Sigmund Freud dans Moïse et le monothéisme émettait des hypothèses faisant de Moïse l’initiateur d’un virage imprégné du monothéisme d’Akhenaton. Les historiens récents rétrécissent la durée sur laquelle s’étale ce livre.
Le Coran est la parole de Dieu révélé à Mahomet, la Bible n’est que l’histoire des juifs, écrite, réécrite, avec des traditions parfois venues d’ailleurs et même réinjectées pour unir des tribus diverses, justifier des rois, des cohésions, bâtir un peuple, une nation, une organisation politique, semée de faits réels ou légendaires :Traversée du désert, séjour en Egypte, plaies d’Egypte.
Il est vrai que l’idée de monothéisme courait dans l’air, que des tribus l’adoptaient. Le Dieu de Jethro était-il celui des juifs ? Ces tribus s’unirent.
Le sacrifice d’Abraham n’est que l’application symbolique et fondatrice de la fin des sacrifices humains, on retrouve le même symbole avec Ismaël au lieu de son demi-frère et dans le Christ sauveur sacrifié en place de tous les hommes.
Juifs, bédouins ou autres tribus ? Un de mes amis Clément Harari disait l’histoire juive la plus courte est celle d’un juif qui rencontre un autre arabe……
Les juifs est-ce grosso modo des gens qui viennent du moyen orient ? Des tribus errantes de la péninsule arabique proches de l’Egypte qui ensuite se sont répandues et unifiées ?
Pauwels (qui n’est pas mon maître à penser, en général) dit « Les juifs sont un ensemble de peuples sémites et arménoïdes dont la cohésion s’est faite au cours des siècles par la religion et dans la période moderne en fonction de la pression exercée sur eux par leur environnement. »
Il fait ainsi appel à la thèse que reprend Arthur Koestler dans la Treizième tribu et qui relate l’histoire du royaume Kazar converti au judaïsme qui exista jusque vers le 12éme siècle et dont une partie de la population se serait installée plus tard en Pologne créant une classe artisanale et commerçante. Il est vrai que ce royaume exista, les preuves en sont des relations et lettres écrites, on n’en discute que l’importance numérique.
Les juifs d’Afrique du Nord (à l’exception des juifs alsaciens venus après 1870) seraient essentiellement des tribus converties après le 7éme siècle par les juifs des comptoirs établis sur les côtes dès avant notre ère.
Ceux que l'on peut côtoyer en France, quelles sont leurs histoires ?
Avant l'ère chrétienne des comptoirs juifs s'établissaient autour de la Méditerrannée.
Les thèses de « nouveaux historiens israéliens en font remonter l'origine bien avant la dispersion de 80 après JC thèse généralement admise jusqu'à présent. Marseille fut certainement l'un de ces foyers. Marseille ville phénicienne (libanaise),pourquoi pas juive ?
Les lieux attribués par des traditions parfois réinjectées sont mises en doute par des archéologues et des historiens israéliens, le lieu du temple de Salomon, lui-même, pas la structure des vestiges disposés semblablement ont été trouvés, mais ce n'est pas le lieu de ce texte.
Sautons les siècles
A la veille de la Révolution, ils sont cinquante mille environ en France.
Ils sont différents:
Ceux du Comtat Venessin, les descendants des juifs des papes en Avignon, intégrés, pas assimilés, les Crémieux, les Milhaud.
Ceux d'Aquitaine et de Bayonne, descendants des juifs Portugais ou Espagnols, Marannes, à moitié convertis ou toujours juifs, intégrés bien qu'en communautés, parmi eux d'après Edgar Morin (Nahum vidal qui a gardé son nom de résistant), des historiens et divers intellectuels : Montaigne et La Boétie.
Ceux d'Alsace et Lorraine, maquignons et préteurs aux paysans, avec les abus et les services, appelés parfois juifs allemands. Cetelem et autres cartes revolvings prêtent à 18%, ou en tout cas 0,10 en dessous du seuil légal d'usure sans que l'on traite Cetelem d'usurier.
Les Parisiens, un mouvement d'urbanisation et d'instruction se continuera tout les 18 et 19 ème siècle, de plus en plus citoyens éclairés des Lumières, les juifs se fixent dans les grandes villes.
En 1939, ils étaient deux cents cinquante mille dont les juifs miséreux, juifs artisans, juifs ouvriers venus de l'est qui nous donnèrent les Ferrat, Krasuki, Francis Lemarque et juifs bourgeois comme les Servan Shreiber, Moscovici ,et bien d'autres dont deux générations après, les enfants des survivants peuplent nos écoles, magasins, universités, hôpitaux, élevés mais souvent oublieux du marxisme de leurs parents, pas de l'amour de la République. Les Juifs intégrés, Bourgeois, intellectuels ne croyaient pas être pourchassés, seuls le seraient les étrangers.
La fin de la guerre d'Algérie vit refluer les juifs, plus religieux, issus de l'ancienne colonie, et ceux y vivant depuis la perte de l'Alsace et de la Lorraine en 1870.
J'avais 32 ans à la guerre des Six jours, j'étais fier et admiratif. Les juifs n'étaient pas ces moutons que certains décrivaient allant à l'abattoir des camps, ils se défendaient étaient un peuple debout. De plus, l'expédition de Suez, j'étais du bon côté ! En France, c'était Pineau un socialiste, le décideur !
Salauds de sionistes, t'as vu les Juifs et les Palestiniens.......
J'entends de tous cotés des juifs anti-arabes qui mélangent France et Israël, des militants pro palestiniens qui mélangent israéliens, juifs et sionistes, des militants qui vous ramènent à Moïse à la loi du talion etc. etc. qui ne voient les Israéliens que comme les victimes des islamistes ou les juifs, pas loin des nazis, sans connaître l'histoire des 400 dernières années. Qui oublient qu'il y eut plusieurs sionismes et plusieurs stratégies ou idéologies de l'état d'Israël. Calmons-nous ! Qu’est ce qu'un pays démocratique ? Quel est le pays à direction socialiste qui fit 600 000 morts dans une de ses provinces et dont les citoyens croyaient qu'ils étaient en démocratie !...... La France en Algérie !
Sionisme et intellectuels
Théodore Herzl, qui écrivit « L’Etat Juif » était un élégant correspondant d'un journal autrichien à Paris, plus proche d’Offenbach, Meyer et Halévy que de réflexions philosophiques ou talmudiques de la pensée juive. Il est raconté que l'arrivée à Paris de miséreux rescapés de pogroms en Russie le détermina à écrire ce livre dont le retentissement devint une cause de l'histoire du Moyen Orient. De ce jour, jusqu'à sa mort, il n'eut plus de cesse de chercher un havre pour les juifs. Mais au début, il n'envisageait pas la Palestine obligatoirement, tenta d'avoir une part de Madagascar, puis sollicita des autorités turques, quelque chose au Moyen Orient et mourut épuisé sans avoir réussi.
Des tentatives de structures plutôt socialistes se faisaient, avant goût des Kibboutz.
La plupart des intellectuels juifs s'opposaient au sionisme. Les luttes de l'affaire Dreyfus s'appuyaient sur la volonté universaliste et républicaine de la plupart des juifs de France et la volonté que le judaïsme ne soit qu'une religion comme les autres, ni une communauté, ni une culture surtout pas étrangère. Le citoyen juif n'était qu'un citoyen Français.
Proust qui comparait sa judéitude à l'homosexualité disait que l'une et l'autre étaient privées et ne devaient être brandies comme des drapeaux.
Julien Benda dénonce dans la trahison des clercs tout les nationalismes y compris le sionisme.
Seuls chez les intellectuels français Barrès, Maurras, Céline y voient un premier moyen de se débarrasser de la peste juive.
Pétain et la Shoa firent découvrir à tous ces Français juifs, ce qu'ils étaient pour l'extérieur. Beaucoup transmirent à leurs enfants un sac vide. Certains de ceux-ci cherchèrent ce qu'est la judaïté, ils en firent leur propre mythe, sans s'apercevoir qu’Israël vivait sa vie.
Tandis que les guerres se succédaient avec les états de la région, Israël changeait.
L'arrivée de juifs Orientaux, Sépharades, religieux qui servaient à l'élite Eskenaze de prolétariat et votaient à droite rendaient plus difficile encore une paix avec le Peuple Palestinien qui avec Arafat s'était constitué en Nation.
La corruption des deux entités rendait leur destin suicidaire. L'arrivée des juifs russes tendit encore la situation. Le Hamas dans la bande de Gaza était une force fasciste totalitaire et rétrograde. La répression elle relevait du crime de guerre.
Pour moi mes racines et le fait que l'on ne peut arracher ses racines juives sans être ensanglanté me donnait l'envie de croire en tous les espoirs de paix sans me laisser aller ,à écouter de part et d'autres des arguments et des amalgames trop passionnels.
Après la vision d'un film d'une israélienne mettant gravement en cause l'armée israélienne(Tsahal) je lui posais la question : « Comment en est on arrivé là après toute les cultures juives. » Elle répondit vivement : « Nous sommes un peuple comme les autres, c'est assez du peuple élu ! » J'avais recherché, et je m'étais trouvé des racines culturelles élues, eux, ils sont devenus ce qu'ils sont, le meilleur et le pire.
Conclusion :
Perec a écrit : « Quelque part je suis étranger par rapport à quelque chose de moi-même Quelque part je suis différent, mais non pas différent des autres mais différent des miens.
Je ne parle pas la langue que mes parents parlèrent.
Je ne partage aucun des souvenirs qu'ils purent avoir.
Quelque chose qui était eux, qui faisait qu'ils étaient eux, leur histoire, leur culture, leur espoir ne m'a pas été transmis. Je n'ai pas le sentiment d'avoir oublié. Mais celui de n'avoir jamais pu apprendre. » Max Biro