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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 12:34

En titre, le slogan des révoltés argentins d’il y a dix ans, doublé d’un référence au discours de Jaurès à Buenos Aires, voilà de quoi nous transporter aussitôt en Amérique latine comme le souhaite depuis des années Jean-Luc Mélechon. Son cri de colère se veut clair, net et précis et il accompagne en livre celui qu’il porte sur les plateaux de télévision. Mon parcours politique n’incite à le lire avec attention, parfois avec plaisir, toujours sous l’angle critique. D’autant que j’admets depuis longtemps que le Nouveau monde annonce l’avenir du Vieux continent ! Je suis donc obligé de noter tout d’abord que Mélenchon en reste encore au terme « américain » pour désigner les USA ! Lui qui soigne son vocabulaire tout au long de son livre (celui de la colère surtout) délaisse le terme étasunien ou nord-américain pour ainsi rappeler qu’à se prendre pour tout un continent, l’Empire ne nous trompe pas ! Il s’agit là de termes classiques en Espagne ou Italie mais pas en France. Pourquoi ?

 

Cette observation de forme me conduit à quelques observations de fond. Mélenchon à une clef pour réactiver la gauche, la révolution citoyenne. Je laisse un instant les Amériques pour lui rappeler que j’ai suivi de près la trajectoire d’un autre socialiste qui a tenté la courageuse aventure de créer un parti : à cette époque là, 1992-1995, les citoyens étaient en mouvement et Jean-Pierre Chevènement crut avoir ainsi trouvé la solution à la crise de la gauche. Entre révolution et mouvement j’ai toujours eu tendance à préférer révolution puis j’ai découvert que la question n’était pas celle du mot mais celle de la direction. A partir des années 80 nous avons eu droit à une révolution conservatrice, et le mouvement s’est fait régression. Suffit-il d’injecter de la citoyenneté à haute dose (et avec le sens généreux que Mélenchon donne au mot) pour donner une suite à la révolution de 1789. Si nous y réussissions en France j’en conviens avec le dirigeant du Parti de gauche, le monde écarquillerait les yeux. D’où l’enjeu considérable de cette recherche. Elle ne peut se faire sans avoir un œil dans le rétroviseur.

 

Dix ans après les révoltes argentines Buenos Aires est dirigé par le plus Berlusconien des Américains, et une nouvelle révolte populaire nous rappelle que la précédente n’a rien réglé. Le système que nous avons en face n’est pas d’un bloc (d’où sa force) aussi tout un mur peu s’effondrer sans rien changer à l’édifice. La caractéristique du cas argentin c’est que depuis toujours le mouvement social fort n’a jamais eu de traduction politique en conséquence l’exemple choisi en titre du livre n’est pas approprié à la stratégie même de Mélenchon qui vise à une prise du pouvoir politique. Mais il y a les trois références (je n’ai pas dit modèles) : Bolivie, Equateur, Venezuela. Les contradictions ne sont pas moindres dans ces pays là qu’en Argentine. Que dire des fortes tendances à l’autonomie régionale chère aux Boliviens (celle version de droite avec Santa Cruz ou celle version de gauche avec les Andes) et qui ne sont pas la tasse de thé de Mélenchon. C’est exact il existe bien une tendance commune à ces trois pays : la constituante. Celle du Venezuela reconnaît parfaitement le droit à l’égalité hommes-femmes mais dix ans après son instauration le droit à l’IVG reste au point mort même dans ce pays… ce qui fait quelques morts ou mortes.

 

S’il avait dû nuancer, Mélenchon aurait fait un livre trop long, trop gros, trop lourd, et donc moins populaire or c’est le peuple qu’il veut toucher. Prenons le paragraphe sur les médias thème oh combien important ! Son constat de la situation est heureux mais la solution bancale : faire élire le président de France Télévision à partir d’une liste d’aptitude fixée par les journalistes. Sans faire plus long comment contourner la question de la publicité et du marketing, pas seulement comme moyen de financement de la télé mais comme forme du message transmis en lien avec l’audimat ? Le mérite de l’appel au vote permettrait un débat national sur le sujet. Peut-être faut-il penser que les monopoles frappés par ailleurs dans leur puissance économique seraient moins portés à investir dans les médias ? J’insiste, le marketing qui peut avoir sa raison d’être pour présenter un nouveau produit, est devenu le cœur du politique car c’est le cœur de la communication. Dites moi qui fabrique votre image (et c’est vrai de DSK au José Bové des présidentielles de 2007) et je vous dirai ce qu’il faut penser ! Après Besancenot, Mélenchon a décidé d’aller sur tous les plateaux télés, est-il sûr qu’il ne joue pas ainsi contre son camp ?

 

Il serait mal venu d’oublier que le livre est en lien avec une future campagne des élections présidentielles et donc en lien avec une lutte interne au Front de gauche pour savoir qui en sera la figure dans cette élection : ou lui ou André Chassaigne qui a proposé son propre livre moins médiatisé. Depuis les années 90 les grands médias ont décidé de choisir les candidats à l’élection présidentielle à la place de partis jugés défaillants. Ce qui est une manière de tuer la politique. Et l’appel aux primaires pour contourner cet obstacle ne fait que le renforcer. En 1980 les médias avaient choisi Rocard mais ce fut Mitterrand avec le succès qu’on sait. Il est arrivé aux médias de choisir le candidat des Verts, José Bové, Ségolène Royal etc. Pour 2012 ils ont choisi DSK… et Mélenchon ainsi ils se donnent une forme d’objectivité. Les circonstances pourraient faire du livre de Mélenchon ce qui est arrivé à, Fraternellement libre, dont je laisse au lecteur le plaisir de découvrir l’auteur. Bonne lecture tout de même pour les deux livres comparés.

27-12-2010 Jean-Paul Damaggio

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 13:44

Un ami me communique et je relaie car il est si rare de faire le bilan des nombreux effets d'annonce :

 
Lors du premier "banquet républicain" organisé par l'ex-ministre J-Louis Borloo; un journaliste de "La Croix" n'a pas fait preuve de charité chrétienne: il a établi le dernier bilan chiffré de la maison à 100.000 € que Borloo avait annoncé en 2005, à grands renforts de pub . Il était alors ministre de l'Emploi et du Logement.
  
 A l'époque il promettait que 20.000 de ces maisons seraient construites par an. Cinq ans plus tard, au lieu de ces 100.000 promises , moins de 600 ont été achetées. En outre leurs prix ont été finalement plus élevés de 30 à 50%. Enfin, la construction de 150 de ces maisons a été gelée en raison de malfaçons...
 
Communiquez, il en restera toujours quelque chose...
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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 13:38

 coup-d-etat.jpg

Martin Malvy vient d’écrire quelques moments de sa vie et il a dû à cette occasion retrouver le livre de François Mitterrand : le Coup d’Etat permane nt. D’où la référence qu’il jugea utile d’en faire à  la dernière séance du Conseil régional Midi-Pyrénées. J’aurais voulu vous mettre la couverture de ce livre en illustration mais dans ma bibliothèque je ne l’ai pas retrouvé. A la place je propose celle du livre de l’historien Maurice Agulhon qui faisant le bilan des coups d’Etat en France évoque bien sûr le livre de Mitterrand.

J’avais 13 ans quand il fut un des rares livres à entrer chez mes parents aux côtés de celui de Victor Hugo : Histoire d’un crime. Les deux livres étaient utilisés en écho au « coup d’Etat » supposé du Général de Gaulle le 13 mai 1958. Je ne sais si c’est ce souvenir qui m’a conduit ensuite à devenir un passionné de ce moment historique que fut le coup d’Etat du 2 décembre 1851, une passion qui m’a aidé à lire toute la fourberie qu’il y avait dans le livre de Mitterrand que j’avais tant apprécié au départ. Le livre paraît bien après les réactions de mai 58 qui pouvaient en effet laisser penser à un coup d’Etat, pour, à l’approche de la campagne des élections présidentielles de 1965, faire de Mitterrand l’homme de la situation. Cette fourberie ne fait plus aucun doute aujourd’hui d’autant qu’elle est devenue double grâce aux découvertes de quelques historiens ! Si j’y reviens, en plus de la circonstance de la citation de Malvy, c’est que la gauche peut réanimer quelques intelligences à partir de cette expérience.

 

Première fourberie

Appeler « coup d’Etat », qui plus est permanent, la politique gaulliste, c’était se donner à bon compte une posture de gauche pouvant flatter les communistes, ce qui, malheureusement, au lieu d’éclairer cette même gauche sur la réalité, jouait avec les mythes de l’histoire. Au moment de l’élection présidentielle De Gaulle avait enfin sorti le pays de l’infâme guerre d’Algérie, que Mitterrand n’avait pas été le dernier à favoriser, quand il était au pouvoir ! Faire passer de Gaulle pour un fasciste permettait de masquer un passé peu glorieux de Mitterrand. L’autre face de cette fourberie consistait à piéger le Parti socialiste auquel, à l’époque, Mitterrand n’appartenait pas, en se distinguant de la tendance qui avait pactisé avec de Gaulle et jouait encore la carte centriste.

Je dis « fourberie » car par la suite nous avons découvert que si quelqu’un sut se plier dans les habits que la Cinquième république avait de plus monarchiques, c’est bien Mitterrand, Giscard à cause de ses origines ayant tenté, accordéon en main, de jouer la version peuple et jeune. Je reconnais tout de même un mérite au futur drapeau de la gauche : il avait compris que la nouvelle Constitution rendait caduque toute stratégie de troisième voie centriste et qu’il lui fallait tout de suite affronter de face le Général comme seul moyen de renaître politiquement, ce qui apparaissait comme courageux vu la notoriété de de Gaulle.

 

Deuxième fourberie

Elle n’apparaitra que beaucoup plus tard quand nous découvrirons les amitiés de Mitterrand avec René Bousquet. En 1958 La Dépêche du Midi fut antigaulliste et appela à voter NON avec le succès que l’on sait (19% seulement) autant par haine de l’ancien résistant de Gaulle que par haine du « futur » dictateur ! A l’époque, Mitterrand, Bousquet, La Dépêche se découvrirent une posture très à gauche pour des raisons plus que louche. Quand l’émotion des premiers jours avait pu laisser la place à la réflexion, Le Coup d’Etat permanent permettait de cacher plusieurs passés au prix d’une analyse politique erronée qui plaça la gauche sur des rails dévastateurs. Si le Général ne vit pas arriver mai 68, la Gauche classique très efficace et méritante sur le plan des luttes sociales, resta à quai quant à la prise en compte des luttes sociétales (pas seulement celles de la jeunesse) pour ensuite user de ces luttes sociétales (surtout au PS) afin de rejeter dans l’ombre les luttes sociales, une machinerie que les divisions de la droite permirent d’arrêter en 1981, repoussant encore plus loin la prise de conscience claire des enjeux nouveaux du capitalisme.

 

Le point de vue de Maurice Agulhon

Pour lui, le 13 mai ne fut pas un coup d’Etat (ce qui n’est pas une critique envers ceux qui le pensèrent au cœur des événements) et il y eut donc encore moins de coup d’Etat permanent. De Gaulle quitta le pouvoir en 1946 sans y être contraint et fit de même en 1969 laissant l’image d’un homme cohérent qui a fait passer ses idées avant tout souci de carrière. Mitterrand a laissé l’image inverse et a conduit, par goût du pouvoir pour le pouvoir, toute la gauche vers une impasse. De Gaulle pensait qu’après lui le déluge. Mitterrand ne le pensait peut-être pas mais c’est l’état dans lequel il a laissé la gauche. Nous constatons en conséquence comment un esprit tactique relativement adroit a pu, comme chez son frère ennemi Georges Marchais, conduire la gauche à gérer un capital plus qu’à inventer son actualité, ceci ne signifiant en aucun cas que l’un ou l’autre aient eue ici ou là quelques mérites. 23-12-2010 Jean-Paul Damaggio

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 22:26

 

Franchement j’ai du mal à y croire. Franchement l’embrouille peut atteindre des sommets himalayens. Ils osent dire que la formation des enseignants a été réformée pour dire qu’elle a été supprimée. Les journalistes répètent en boucle, la réforme, la réforme…

J’en conviens la bricole dans l’éducation nationale ne date pas d’aujourd’hui. Combien sont-ils, à travers les âges, les remplaçants instits lancés dans une classe sans formation ? Mais nous n’en sommes plus là : le bricolage n’est pas la marge mais le fondement du métier. Avec les années 70 débuta la formation continue sur le temps de travail. Nous en sommes à la destruction de tout lieu de formation institutionnelle et franchement j’ai du mal à y croire, franchement le moment m’est douloureux.

Plus douloureux : la réforme entre en application et on peut croire que la suppression de tout lieu de formation s’est faite dans le calme. Les luttes des années passées dans les IUFM furent dramatiques mais bien réelles. Dans les écoles, collèges et lycées le sujet est passé plus inaperçu mais je sais la rage profonde.

Il faut comprendre : non seulement nous sommes en plein bricolage mais ce bricolage est entre les mains des seuls inspecteurs donc de l’autorité. Les professeurs d’école normale puis d’IUFM avaient une légitimité, et le lieu professionnel de formation était un lieu de débat.

Là aussi, je ne prétends pas qu’hier tout était rose et merveilleux. Bien souvent des enseignants doutaient du bien fondé de la formation mais même par ce doute entrait la réflexion, la recherche, le plaisir d’enseigner.

Et j’insiste, mon passé d’instit m’a conduit vers une certaine forme de bricolage permanent mais nous allons tomber dans le bavardage. La formation initiale avec un tuteur, et la formation continue avec un inspecteur, pour tous les niveaux d’enseignement !!! Jamais j’aurais cru possible une telle régression, une telle normalisation des esprits.

Je vais me pencher rapidement sur l’écriture d’un petit livre au sujet de l’école normale pour tenter d’y passer ma hargne teintée de désespoir.

Un petit clin d’œil à l’ami Dominique Cagneau que La Dépêche vient d’interroger sur son sentiment de nouveau retraité à l’âge de 55 ans. Ses propos sont exactement les miens et je me console en me disant que nous sommes des milliers mais que la rébellion n’est pas pour le moment à notre portée.

1-09-2010 Jean-Paul Damaggio

 

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 14:56

roms-copie-1.jpg

Comme chacun sait l’actualité est là à présent pour effacer l’actualité, si bien qu’il m’est arrivé d’entendre que la stratégie anti-roms de Sarkozy serait une copie de celle de Berlusconi. Donc rafraîchissons-nous la mémoire courte.

En décembre 2002 comme l’indique cette Une de l’Humanité, les Roms furent pendant un mois au cœur de l’actualité avec expulsions à la clef. Nous étions après l’élection présidentielle qui avait vu la réélection brillante de Jacques Chirac et son Ministre de l’Intérieur pensait déjà à 2007 d’autant que l’UMP en cours de constitution allait être dirigée par Alain Juppé. Or il n’y avait pas pire ennemi que Juppé pour arrêter la montée en puissance de Sarkozy, le ministre en question, qui du haut de son ministère se lança dans l’opération contre les Roms.

Se rafraîchir la mémoire c’est se souvenir qu’avant 2002 Jospin était premier ministre et que le camp de Choisy-le-Roi que Sarkozy se décida à « nettoyer » n’était pas né avec le retour de la droite au pouvoir. Le maire communiste de la ville avait tout tenté pour faire comprendre, que, malgré tous les efforts de sa commune, ce camp était une poudrière, un bidonville. Il se félicita que Jean-Claude Gayssot ait pu lui obtenir une rencontre avec Jospin. Mais en vain ! Donc Sarkozy arriva et face à une gauche incapable de proposer des solutions humanitaires, il envoya ses sbires. Déjà à l’époque Daniel Davisse le maire de Choisy attirait l’attention sur la différence entre « gens du voyage » et « roms », déjà à l’époque Henriette Asseo, Alain Reyniers et d’autres invitaient à la réflexion, à l’analyse. Mais voilà, aujourd’hui Villepin commence à devenir dangereux dans la course à 2012. Tristesse pour les roms, et tristesse pour nos médias qui jouent le rôle du pouvoir. 27-08-2010 JP Damaggio

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 21:16

  brochure-sur-manif.jpg

On trouve sur ce blog une catégorie « grève de 2003 » et nous aurions pu rééditer le journal de cette grève pour rappeler quelques souvenirs. Mais les syndicalistes pas plus que les politiques n’aiment regarder dans le rétroviseur, surtout après une bataille perdue ! D’autant plus que tout le monde sait très bien que cette bataille était déjà perdue en son origine ! Je sais on va m’accuser d’être défaitiste… or je dis pas qu'il faut baisser les bras mais travailler

Ce qu’il est possible de faire c’est de comparer les mots d’ordre. En 2003 nous en étions encore à demander les 37 ans et demi d’annuités qui sont passés à 40. Cette fois la revendication concerne le début de l’âge de la retraite qui de 60 va passer à 62. Le déplacement de la revendication n’est pas seulement une riposte au type d’attaque enregistré. Le gouvernement aurait pu demander 42 ans d’annuités mais il a tiré les leçons de 2003 (ce que les syndicalistes n’ont pas fait). L’idée de 2003 était de réduire les pensions pour inciter les personnes à prolonger elles-mêmes leur temps de travail, donc l’âge du départ à la retraite devenait secondaire. Même avec des retraites moindres la grande majorité est partie à la retraite dès qu’elle l’a pu ! Sans compter que dans le privé, les licenciements des ouvriers et ouvrières âgés n’a pas baissé. Donc les caisses de retraite avaient à payer dès les 60 ans, pour la plupart des personnes !

Quel nouveau phénomène va engendrer cette obligation de travailler plus longtemps de manière obligatoire ?

Cette fois ce sont les Caisses de la Sécurité sociale qui vont souffrir. Globalement la vieillesse est source de maladies. Si la personne malade est au travail, elle coûte double à la Sécu : la maladie et les compensations salariales. Si la personne est à la retraite, la sécu paie les soins et la caisse de retraite paie la retraite (moindre que le salaire). C’est vra      i, la majorité n’étant pas malade, elle va continuer de cotiser mais le travail des anciens laisse tant de jeunes au chômage ! Bref, face aux problèmes, on a l’impression que les autorités jouent au jeu des chaises musicales. On déplace la question sans la résoudre car la résoudre suppose de s’attaquer au cœur du système, la répartition des richesses, aussi bien concernant les salaires des actifs, que les droits à la retraite des inactifs.

Quant aux moyens d’action ils conduisirent à une victoire partielle en 1995, que la gauche arrivée au pouvoir en 1998 n’a pas rendu totale, en maintenant la loi Balladur qui créait une division entre public et privé. La grève a été dure, longue avec les cheminots en fer de lance…

28-06-2010 Jean-Paul Damaggio

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 19:46

 

Le PG 82 a organisé le 18 juin, dans une ferme proche de Montauban une belle rencontre autour des questions agricoles. Les derniers débats départementaux autour de ce sujet auxquels il m’est arrivé de participer avaient eu lieu aux Journées de Larrazet au moment de la sortie du livre sur le paysan Renaud Jean. Cette fois la politique était au cœur du sujet et en toile de fond et j’ai pu ainsi vérifier que je suis totalement d’accord avec les propositions du PG sur le sujet. C’est à travers toute l’histoire que j’étudie l’évolution de la France agricole et comme l’ont répété les orateurs, nous sommes à tournant. La dégringolade est connue mais de même que la France industrielle est passée à la trappe, la France agricole risque de tourner définitivement une page de son histoire. Si hier l’exode rural pouvait s’expliquer par l’appel suscité par le développement industriel, aujourd’hui que peuvent devenir les paysans perdus ?

Malheureusement nous sommes aussi à un tournant de l’histoire politique et là je ne suis pas sûr que la conscience de cette réalité frappe autant l’esprit des militants du PG qui, sous prétexte de la nouveauté de ce parti, pensent que le volontarisme a encore droit de cité. Je m’explique. Faire des propositions pour le moment où le Front de Gauche sera au pouvoir fait sourire n’importe quel citoyen un peu au fait de la réalité du rapport des forces politiques. A la signature du programme commun on pouvait espérer qu’il entre dans les faits avec un PCF à plus de 20% et un PS au même niveau ou presque. Aujourd’hui, parmi les orateurs à la tribune il y avait surtout des militants de la Confédération paysanne, un syndicat qui va fêter ses vingt ans en Tarn et Garonne, vingt ans de luttes qui n’ont pas pu empêcher la poursuite de la casse de l’agriculture paysanne. C’est vrai, l’agriculture bio est sortie de l’ombre pour atteindre les rayons des supermarchés, c’est vrai des expériences pratiques peuvent susciter l’optimisme de certains, malheureusement du point de vue macro-économique la mort de l’agriculture française est à l’ordre du jour. J’ai appris une semaine après que la SAFER du Tarn et Garonne a décidé d’intervenir dans une vente pour arrêter un cumulard et confier 25 hectares de très bonne terre à un nouvel agriculteur. Une hirondelle qui fait le printemps ? Je vais suivre la question…

La crise du politique oblige à changer les pratiques politiques. Je refuse depuis toujours l’expression « la politique autrement » qui est aussi creuse que vide. Je préfère des propositions concrètes. A la place d’un beau catalogue qui fait suite à tant de beaux catalogues je pense plus efficace de chercher un point d’action qui fasse levier. Entre les forces en présence très faibles et l’idéal si haut, l’écart est si gigantesque qu’il suscite le découragement des militants. Un intervenant a indiqué comme point-levier, le débat sur l’irrigation. Il est bien sûr conduit par les forces syndicales agricoles mais c’est un point où une force politique peut globaliser l’intervention : l’irrigation met en cause les forces politiques (surtout le Conseil régional) ; elle entraîne un type d’exploitation (le maïs à haute dose) ; sa remise en cause permet donc une remise en cause de la chaîne des phénomènes. Un parti politique qui se donnerait cet objectif (peser sur l’évolution de l’irrigation) changerait ses pratiques. Cette intervention modeste, à la hauteur des forces en présence, peut être présentée ensuite comme un levier. La lutte contre les OGMs est aussi un levier du même ordre mais plus large. Posons la question : qui est président d’Adour-Garonne ?

Il s’agit de lier autrement les luttes à la base et la lutte politique globale. La politique est en crise car les citoyens se sentent plus utiles dans des projets à la base, mais ils savent très bien qu’ils perdent ainsi la vision d’ensemble. La lutte politique démocratique ne peut plus être la présentation d’une belle vision d’ensemble mais ce lien coupé entre les uns et les autres. A écouter les intervenants, tous très brillants, la question n’a pas cessé de me hanter : pourquoi l’expérience qu’ils représentent ne débouche pas sur des avancées ?

J’ai souhaité poser une simple question : depuis QUAND les coopératives paysannes, fruit des luttes paysannes passées, ont-elles abandonné leur statut de coopérative ? Aussitôt des personnes me confirment qu’elles ne sont plus des coopératives mais sans répondre à la question QUAND. Le responsable national de la Confédération paysanne est allé plus loin : si les coopératives ont pu dériver c’est parce que les paysans ont trop fait confiance aux administrateurs, ont trop délégué leur pouvoir et il ne faudrait pas recommencer les mêmes erreurs. Observation levier ! Raisonner à partir de la crise économique de l’agriculture est une chose. Raisonner à partir de l’’expérience des luttes paysannes en est une autre. Demain les géants de la distribution pourront très bien s’emparer d’un réseau d’AMAP comme ils savent vendre du bio. Nous avons en Tarn et Garonne une expérience dans le monde du lait où un industriel espagnol vient s’installer, propose des tarifs alléchants pour attirer des producteurs puis s’en va au bout de quelques années… Voilà des études de cas qui peuvent aider à prendre conscience de la nouvelle réalité. Des études qui me semblent plus mobilisatrices que l’appel à l’union consommateurs-agriculteurs car comme ça a été dit, la majorité des consommateurs ne sont pas différents de celle des agriculteurs : ils baignent dans une idéologie qui les pousse à s’adapter aux règles du système. Si les acheteurs de bio se distinguent un peu, c’est qu’ils en ont les moyens financiers. De plus la reconstruction du politique se fera moins avec les structures partidaires existantes qu’avec une façon nouvelle de se donner des objectifs concrets de lutte politique. Du moins c’est mon sentiment après avoir suivi cette réunion.

22-06-2010 Jean-Paul Damaggio

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 19:39
 

C’est plutôt avec sympathie que je vois vivre les Amis de l’Huma mais comment ne pas être surpris en découvrant sur le quotidien le baratin que Herrero vend généralement aux patrons d’entreprise ce qui amuse souvent le monde réel du rugby. J’offre à la réflexion de chacun cet article en rappelant qu’il m’est arrivé de célébrer le personnage :

http://la-brochure.over-blog.com/article-combien-vaut-herrero-51093049.html

JPD

 
 
Article paru le 9 juin 2010
TRIBUNE & IDÉES
Daniel Herrero : «  Le solidaire,route sacrée de la voie du monde  »
Après Hélène Cixous, Armand Gatti, Bernard Stiegler, Michel Deguy, Roland Gori, Charles Juliet, André Tosel, Daniel Herrero a clos ces conférences qui se poursuivront, toujours en partenariat avec la Maison de la poésie, la saison prochaine.

« Pourquoi Daniel Herrero  ? Parce que Daniel Herrero. » C’est sur ces mots de bienvenue prononcés par Charles Silvestre que s’est conclu, samedi dernier, le cycle initié par les Amis de l’Humanité et la Maison de la poésie qui, toute cette année, a accueilli du beau linge comme on dit autour de l’idée jaurésienne  : l’humanité n’existe point encore ou à peine.

Daniel Herrero qui, tel Poséidon défiant la tempête, s’est planté, face à la salle, pour nous embarquer dans une histoire qu’il connaît par le cœur pour nous conter le rugby. L’ovalie, terre de fraternité et de rudesse  ; terre de conquête (du ballon) et de solidarité humaine  ; terre de tous les possibles, ici de Carmaux à Béziers, de Toulon à Toulouse, de Cardiff à Twickenham, d’Eden Park à l’Ellis Park…

« Je suis ovale, ma mère était ovale avant que je naisse », ainsi commence notre homme dont « le trajet s’est forgé dans la rudesse du monde ». Nous eûmes droit à son tour du monde en deux heures, trente-trois minutes et quinze secondes, un marathon homérique de la planète rugby sans temps mort, sans faute mais avec des mauls impromptus et libertaires, poétiques et philosophiques. Herrero parle et ses mots nous font voyager loin d’ici. La demi-finale entre les Springboks et le pack français en 1995, on y est, on la vit, on la vibre. Mandela a tout compris. Il lui faut la victoire à tout prix. Contre la France. Contre la terrible équipe des All Blacks flanquée d’un ailier extraterrestre. Jonah Lomou sème la zizanie sur le terrain, mais le joueur néo-zélandais n’aura pas raison de l’histoire de la réconciliation de la nation sud-africaine.

De l’Afrique du Sud, retour au pays natal. On apprend que la vieille rancœur qui oppose Narbonne à Béziers date de la croisade des Albigeois  ; qu’à Toulon, c’est aux gars de la marine que l’on doit la passion du rugby dans la ville  ; qu’en 1951, Carmaux soulève le bouclier de Brennus et ces joueurs sont les enfants de Jaurès… « Une passe, c’est un chant, un champ, un objet transitionnel, c’est la main qui offre la balle et au bout de la passe, mieux vaut avoir un ami. Dans la pensée de Jaurès, dans le solide et solidaire, entre le solitaire et le solidaire, être dans l’avec plutôt que dans le contre. » La philosophie du rugby serait-elle jaurésienne sans le savoir  ? Poursuivons le fil de la pensée d’Herrero  : « Être dans le contre, c’est facile. Être dans l’avec, c’est le pacifisme. » Pacifisme, Jaurès, tout ça nous ramène donc au rugby et à ses quatre règles, fondamentales, sinon, « petite, tu n’as rien compris à l’affaire ».

Pour finir, les quatre commandements selon Saint Herrero. Règle n° 1  : 15, le chiffre. Le rugby est le seul sport qui se pratique à 15. Règle n° 2  : la troisième mi-temps, la convivialité. Règle n° 3  : le tas, le rassemblement. Règle n° 4  : la passe en arrière. « Situation accidentogène unique  : tu cours en avant, en face tu as quinze gaillards et tes coéquipiers sont derrière. Ne te retourne jamais, car ils sont là, derrière et solidaires. Et le solidaire, c’est la route sacrée de la voie du monde. »

Marie-José Sirach

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 16:31

Suite aux présidentielles, législatives et européennes, j’en avais déduit que le FN passerait la barre des 10% seulement dans quatre régions bastions. Je n’étais pas seul à le penser puisqu’y compris au FN son dirigeant Louis Aliot, ayant perdu son poste de conseiller municipal à Perpignan, ayant perdu le poste de député européen, a préféré quitter Midi-Pyrénées pour ne pas perdre son poste de conseiller régional… qu’il aurait gardé car il avait les moyens de gagner à son parti les miettes qui lui manquent pour atteindre les 10%.

Les électeurs ont fait mentir le pronostic de l’échec, pour nous rappeler que le vote FN est un vote politique ancré dans le pays. Si on regarde la carte de France de ce vote, depuis le début le pays est coupé en deux suivant une banane qui de Rouen passe par Paris, Lyon pour finir à Montpellier. Cette coupure est-ouest a été mise en lumière par Pascal Buléon dans une étude de l’université de Caen. Elle avait attiré mon attention car, pour ma part, j’étudie depuis longtemps les scores du FN dans mon département[1] qui est au cœur du Sud-Ouest… mais avec des scores correspondants à ceux de l’Est. Le Tarn-et-Garonne pour Midi-Pyrénées comme le Lot-et-Garonne pour l’Aquitaine me paraissent riches d’enseignements, que la nouvelle élection confirme.

 

La parenthèse de la présidentielle

La comparaison la plus sérieuse doit mettre face à face les deux élections régionales et elle fait alors apparaître le résultat de la Présidentielle comme plus circonstanciel que celui du FN ! Sur un plateau télé du dimanche soir, à un moment, Daniel Cohn-Bendit, quand on a donné la parole à Jean-Marie Le Pen puis aussitôt après à sa fille, s’est écrié agacé : « Et vous n’avez pas la petite-fille pour compléter la saga ? » Pour lui, le vote FN reste circonstanciel, proposant de le réduire à un effet Eric Besson et son débat sur l’identité nationale. Depuis 1984 ce vote est présenté comme circonstanciel et l’échec de 2007 croisant l’âge avancé du capitaine, cette circonstance a eu tendance à se présenter comme définitive. C’était surestimer les pouvoirs de Nicolas Sarkozy qui se surestime déjà beaucoup ! Bref, le vote FN démontre que Sarkozy n’est pas le président inévitable des vingt ans qui viennent.

 

La nature du vote FN

Le vote FN rend visible bien d’autres phénomènes comme le choix du « politique » contre le choix du « clientélisme ». Le Pen le rabâche, ses élus ne distribuent pas de subventions, ne font pas du relationnel, et il pourrait le rabâcher mais s’en garde bien, en tant que tel le FN est un parti invisible. Est-ce à dire que ses électeurs votent pour lui sur la base d’un seul thème, le racisme ? Je pense plutôt que ce vote est un complément de l’abstention qu’il réduit d’ailleurs pas mal, à savoir le vote de personnes globalement écœurées par le comportement de la classe politique. Son ancrage dans le paysage électoral (plus que dans le combat social) n’est pas un épiphénomène à traiter à part, pour renvoyer dans le noir, des racistes désespérants. Etant un vote politique, il mérite d’être traité globalement. Le vote écolo dont la nouveauté est concomitante de celle du FN est lui un vote « apolitique » car il fait d’un seul thème (dont je ne sous-estime pas l’importance), la matrice de tout un discours, d’où ensuite l’apparition du vote chasseur éliminé par le mode de scrutin. Les alliances à gauche d’Europe Ecologie ne change pas le fait.

 

La nature des électeurs FN

C’est ici que je reviens à la division Est-Ouest du vote FN, une division qui est aussi très connue des économistes. La mythique opposition Sud-Nord qui alimente le discours de Frèche appartient au passé et le vote FN confirme que le Sud-Est et le Sud-Ouest sont très différents. Au risque de choquer les Provençaux, j’affirme que la présence du père Le Pen en PACA et de sa fille dans le Nord ne sont pas accidentelles et rendent politiquement les habitants de Marseille plus près de ceux de Lille, que de ceux de Toulouse. Sauf que cette division, par sa globalité peut aussi empêcher de penser. Donc voici des résultats du vote FN : Bordeaux, 6,4% ; Gironde 8,6% ; Aquitaine 8,2 %… et Lot-et-Garonne, département de cette région : 13%. Passons en Midi-Pyrénées sur la base du même schéma et toujours pour le vote FN : Toulouse, 8,6% ; Haute-Garonne, 10% ; Midi-Pyrénées, 9,44% ; Tarn-et-Garonne 12,2%.

Les électeurs FN ne sont ni les vestiges de la France rurale et reculée, ni les habitants excédés des grandes métropoles. Le Tarn-et-Garonne est un département historiquement rural, mais sa partie la plus rurale et la plus à droite est celle qui vote le moins FN. L’électorat FN est plutôt celui des vallées du Tarn et de la Garonne, celui des villes moyennes, des zones avec un habitat nouveau, plus jeune et plus bousculé par la vie (je ne néglige pas les différences importantes de résultats à l’intérieur des grandes villes : à Montauban chef lieu du département l’écart peut varier de 10%). L’électorat FN est un électorat d’avenir qui surfe sur les inquiétudes nées de la vie actuelle. Certains s’étonnent en Tarn-et-Garonne quand ils constatent qu’une petite commune très éloignée des problèmes de l’immigration puisse se retrouver avec 50% pour le FN. Ils braquent leur vision du vote FN sur la réalité plutôt que de prendre la réalité pour changer leur vision du vote FN.

 

Le poids de la crise sociale

Pas plus qu’il n’y a d’automatisme entre immigration et vote FN, je ne vois pas d’automatisme entre crise sociale et vote FN. Quand la crise profite au FN ça signifie plutôt que la classe politique refusant de l’affronter de face, ou la niant même, l’électeur alors désespéré  se tourne vers le FN. Je ne veux ainsi ni excuser l’électeur FN (je m’insurge contre ceux qui le réduisent à sa sociologie) ni banaliser son vote. Je tente seulement d’échapper au moralisme des adversaires du concept de lutte des classes. Donc, quand je parle de la classe politique je devrais mettre à part le PCF et aujourd’hui le Front de Gauche, qui historiquement portait le vote des victimes de la dite crise sociale. On a souvent appliqué la mécanique : échec du PCF=victoire du FN. Une autre façon d’évacuer le problème ! En Tarn-et-Garonne le PCF a toujours était très faible et comme on l’a vu le FN est très fort ! Le FN a capté autant d’électeurs radicaux ou socialistes que d’électeurs communistes ceci étant le scrutin de 2010 fait apparaître une nouveauté : la ville la plus FN du département n’est pas Moissac comme c’était le cas depuis 1984, mais Castelsarrasin, une ville très proche, historiquement plus ouvrière, et qui était localement un bastion du PCF, le Front de Gauche continuant d’y faire son meilleur résultat départemental.

 

Conclusion

Le phénomène Sarkozy, maître d’une grande partie des médias, grand chef du débauchage socialiste, vient d’être rappelé aux réalités. Non seulement il n’a pas liquidé le PS mais il se retrouve avec un FN qui lui pourrit la vie, d’autant que par contre, l’expérience MoDem a du plomb dans l’aile. Il pensait que l’écologie serait au PS, ce que le FN a été à la droite et là aussi échec complet sur toute la ligne. Il va pouvoir faire la leçon à Borloo, à Besson et à quelques autres lieutenants, car bien sûr, il est au-dessus de cette mêlée régionale, mais le fait est là : sa victoire personnelle en 2012 n’est pas acquise… mais je doute qu’au vu de la victoire du PS, nous allions vers des politiques capables d’arrêter le vote FN.

Il me semble que la réflexion de Claude Julien du Monde Diplomatique en date d’avril 1990 garde toute son actualité : « Le parti politique est l’indispensable outil d’une démocratie. Mais, à oublier les finalités de l’outil, les hommes politiques le discréditent et finiront par le briser entre leurs mains. Alors, le champ sera largement ouvert aux simplificateurs, aux démagogues, aux fanatiques qui sauront canaliser les déceptions des citoyens. Tel est le sens de la progression du Front national, qui en mars, a même atteint 30% des voix dans un fief de la gauche aussi symbolique que la Seine St Denis. Bientôt, il sera sans doute trop tard pour convoquer les pleureuses au chevet d’une démocratie anesthésiées, agonisant sans douleur. »

16-03-2010 Jean-Paul Damaggio



[1] Vingt ans de lutte contre le FN, 1984-2004, Editions La Brochure, 60 pages, 5 euros. Sur le blog de nos éditions : http://la-brochure.over-blog.com vous trouverez des infos sur les résultats du Tarn et Garonne.

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 10:26

 

Une quarantaine de personnes dans la salle de la Maison du Peuple à Montauban. Daniel Bensaïd est à la même tribune que Gilbert Wasserman. C’est une réunion politique autour des élections législatives de 1993 à l’invitation du journal Point Gauche !. Ce sera mon seul contact direct avec ce militant LCR bien connu dans la région toulousaine. Je venais de lire son livre sur Jeanne d’Arc et en guise de présentation, je lui ai demandé s’il était judicieux de l’évoquer. J’ai vite compris, et encore plus pendant la soirée, qu’il ne fallait pas confondre les genres. Ce n’était pas Daniel Bensaïd qui était venu à Montauban mais la voix de la LCR dont il était l’humble porteur. J’avais lu avec plaisir les trois derniers livres de l’écrivain dont son Walter Benjamin, sentinelle messianique, j’ai été déçu par l’homme politique. Je n’ai pas été plus enthousiasmé par Gilbert Wasserman, qui, au contraire de Bensaïd, n’était là que pour sa propre voix qu’il cherchait à tout prix à adapter à l’auditoire.

 

Etrange n’est-ce pas, cette passion de Bensaïd, pour Jeanne d’Arc ? Son livre avait été publié chez Gallimard, collection « au vif du sujet » où il avait déjà publié Moi, la Révolution, collection dirigée par… Edwy Plenel. Le philosophe et écrivain sortira de l’ombre surtout à grâce à Plenel, cet ancien de la LCR qui jouera longtemps un rôle clef au Monde. Vérification supplémentaire de l’importance du réseau de relations pour accéder à la publication (avec Benjamin il s’agissait d’un autre type de réseau). Cette collection publiera aussi le premier livre de Pascale Froment, Je te tue, la même Pascale Froment qui, par contre, laissera de son passage à Montauban, à un des débats organisés aussi par le journal Point Gauche !, un souvenir impérissable.

 

Mais revenons à Jeanne de guerre lasse où Bensaïd se laisse aller à entendre la voix de Jeanne d’Arc pendant vingt trois jours. Il y case toute son érudition en commençant par une référence à Jeanne d’Arc citée par le Péruvien José Carlos Mariatégui. Si un éditeur me demandait un livre sur ce marxiste incomparable, sûr, je me régalerai à l’écrire car de Lima à Rome en passant par Paris je connais peu d’auteurs aussi attachant ! Mais voilà, il n’a rien pour lui : pensez un philosophe… marxiste… et en plus péruvien ! Bref, rien de sérieux !

Bensaïd cite d’autres références plus classiques, de René Char à Clovis Hugues, en passant par Michelet ou Joseph Delteil, toute la superbe famille des amoureux de la belle Jeanne. Mais au fil des pages la grande idée de départ s’essouffle : Jeanne devient un fantôme quand elle paraît si vivante aux premières pages.

 

A présent cette question : pourquoi, cette division des rôles entre l’homme politique et l’écrivain ? Pourquoi cette coupure affichée comme une double vie ? Pour bannir dans la pratique cette détestable tradition française de l’intellectuel de gauche qui joue de sa notoriété pour dire la bonne parole ? Il s’agit sans doute d’une conception de l’organisation politique où l’homme est effacé par la dite organisation, conception permettant de se différencier de la politique réduite à une lutte d’égocentriques. Entre Gilbert Wasserman et Daniel Bensaïd les idées étaient à ce moment là très proches mais pas leur conception de la lutte. Aussi, à l’heure de sa mort, Bensaïd pouvait se dire : « j’ai eu raison, mon organisation a tenu la route et la tiendra encore longtemps », tandis qu’à l’heure de sa mort Wasserman pouvait constater, qu’à suivre trop les vents incertains de l’histoire, il était plus que jamais dans le labyrinthe de ses échecs.

 

Après le débat de Montauban, je ne sais s’il y a un lien de cause à effet, mais j’ai cessé d’acheter des livres de cet auteur me contentant de le lire de nombreuses fois dans quelques revues. Sa disparition est sans doute double : pour le NPA qui perd un guide, pour les intellectuels qui perdent une voix originale.

14-01-2010 Jean-Paul Damaggio

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