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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 21:18

Renaud JeanChapeau aux « Amis de Renaud Jean » 

Renaud Jean et Clochemerle

Clochemerle, c’est le titre d’un roman dont je présenterais à l’occasion le contenu. Il fut si représentatif de la vie française qu’il est entré dans le langage commun. Pour moi, ce n’est pas un mot que j’écris avec dédain car Clochemerle c’est la vie elle-même tant que cette vie ne bloque pas les initiatives car ans ce cas elle se change en mort. Visiblement les « Amis de Renaud Jean » ont quelques mérites à avoir lancé leur association : soit on leur reproche de se servir de Renaud Jean comme un masque pour cacher quelques projets inavoués et en même temps on leur indique que ce masque, c’est une galère !

Voyons les faits : après plusieurs mois d’efforts l’association propose une assemblée générale où la parole est libre, le débat largement ouvert aux diverses opinions avec un témoignage important sur lequel je ne reviens pas. Renaud Jean, pour ceux qui veulent le faire parler, aurait été fier de cette soirée. Il a lui aussi beaucoup aimé Clochemerle et toutes les querelles qui vont avec mais il ne s’y est pas enfermé. Son ouverture au monde, ce fut la défense des paysans.

 

Renaud Jean et les paysans

Parmi les papiers qu’il a laissé aux archives il y a tout le dossier sur la FNSEA, un dossier oublié car la réflexion, jusqu’à présent, porta plus sur le communiste que sur le syndicaliste paysan. En activant un travail de mémoire, les « Amis de Renaud Jean » vont permettre de saisir l’ensemble de la personnalité de ce lutteur mémorable. Une façon de comprendre que jusqu’en 1961, date de sa mort, l’histoire paysanne semblait continue, alors qu’avec les années 60, nous assistons à une rupture colossale. Les maires qui lui succédèrent eurent à faire face à des questions totalement nouvelles, donc je considère que l’étude du cas de Renaud Jean devrait permettre de mieux réfléchir au changement de monde. L’invention de la machine à vendanger pourrait être le repère de la rupture. Hubert Delpont avait par ailleurs montré comment les luttes pour le statut du fermage et du métayage ont conduit à l’unification du monde paysan autour de « l’exploitant agricole », unité que Renaud Jena appelé de ses vœux mais qui ne signifiait pas pour autant que les intérêts des agriculteurs bretons ou du Sud-Ouest étaient les mêmes que ceux de la Beauce.

 

Renaud Jean et Samazan

En naissant à Samazan, les « Amis de Renaud Jean » peuvent faire jouer la carte fondamentale du personnage, son « université » personne : l’impact de sa commune. L’association n’est pas l’œuvre d’universitaires qui se servent de Renaud Jean dans le cadre d’un plan de carrière (je pense à Stéphane Beaumont) mais l’œuvre de citoyens qui vont aider les chercheurs de la  France entière à mieux percer le mystère de ce communiste exemplaire.

 

Renaud Jean un homme hors du commun

Quand j’ai découvert les lettres à sa femme, j’ai considéré que je ne pouvais pas évoquer Renaud Jean sous la forme d’un traditionnel livre d’histoire. Publier les lettres seules (d’ailleurs elles ne sont évoqués qu’une seule fois dans le livre de Max Lagarrigue) ça aurait donné un livre froid. J’ai donc couplé des extraits de lettres avec des documents complémentaires. Par exemple : Renaud Jean se plaint d’être plus mal traité en prison que ne l’étaient les prisonniers de 1851-1852. Je suis alors allé chercher des documents sur la révolte de décembre 1851 à Samazan et comme je m’y attendais j’ai trouvé là un moment phénoménal de l’histoire locale, que Renaud Jena avait toujours en mémoire car son histoire n’a jamais été seulement la sienne mais celle de toute une communauté (je vais donner le passage dans un prochain article). Les « Amis de Renaud Jean » c’est l’occasion, non seulement de parler du premier député communiste de France mais de tout un univers. Pensez à l’autre député communiste de 1936, R. Philippot. N’oubliez jamais que Renaud Jean a été libéré le 11 juin 1941 non sur la base d’un traitement de faveur mais avec les autres détenus qui comme lui étaient des mutilés de la guerre 14-18 (dont le frère de Jacques Duclos). Dix jours après, jamais il n’aurait été libéré vu les débuts d la guerre entre l’Allemagne et l’URSS et, en pensant au parcours de Philippot qui avait été en prison comme lui, il sait que le 22 juin il serait parti pour les camps sans jamais revenir. Penser à la mort de ce camarade des premiers jours a dû être un calvaire pour Renaud Jean.

 

Renaud Jean et l’avenir

Pour ma part, grâce au travail démocratique lancé les « Amis de Renaud Jean » je vais me mettre au travail sur deux points : présenter un livre sur les municipales et les législatives à Samazan en 1935-1936, et étudier la question de la naissance de la FNSEA.

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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 21:53

Montauban-Privatisations (VI): le cas de Castres

 

Montauban, 26 mai, 17 h 30, Suite du feuilleton dont vous trouverez à cette adresse (http://la-brochure.over-blog.com/categorie-10923635.html ) les épisodes précédents. La parole est donnée, par le comité de défense des services publics, à deux animateurs de la lutte contre la privatisation de l’eau à Castres : "Comité de défense des usagers de l'eau à Castres".

Rappel de faits : En 1989 une droite musclée en la personne de M. Limouzy gagne la municipalité de Castres et décide d’offrir la gestion de l’eau à la Lyonnaise des eaux.

1992 : quelques personnes veulent réagir mais c’est surtout en 1995 avec le retour de la gauche au pouvoir que la lutte va s’amplifier.

1995 : La gauche, élue dans le cadre d’une triangulaire, avait promis de remunicipaliser la gestion de l’eau et au départ elle accepte d’aider le collectif de lutte contre la privatisation. Malheureusement, malgré ce collectif, elle ne tient pas sa promesse !

2001 : Le collectif ayant pu accéder aux dossiers entre 95 et 98 a porté plainte devant le tribunal administratif. C’est au moment du retour d’une droite musclée à la tête de la mairie que le Tribunal administratif donne raison au collectif qui après des études minutieuses dénonce les malversations de la multinationales.

2002 : La multinationale fait pression sur la mairie par diverses menaces pour empêcher tout retour à la régie.

2004 : Le maire UMP fatigué que la multinationale le prenne « pour un con » décide le retour en régie. Depuis 2004 les procès n’ont pas manqué de la part de la multinationale pour dénoncer la rupture de contrat mais la mairie a toujours gagné. Le maire a trouvé un vice de forme : le contrat n’avait pas été signé par la préfecture.

 

Disons  le franchement, à Castres, l’essentiel a été une bataille d’expert et non une bataille de l’opinion. C’est la victoire au Tribunal administratif qui a fait basculer le rapport de force car elle démontrait que la multinationale avait non seulement escroqué les usagers mais aussi la mairie elle-même !

 

Bien sûr le témoignage des amis de Castres a été important pour faire prendre conscience qu’avec la privatisation ce sera plus cher pour l’usager avec moins de service, ce que disait Mme Barèges elle-même il y a peu de temps, car c’est une vérité largement reconnue. La Lyonnaise se dispensait de traiter les boues générées par le traitement des eaux usées alors que la régie actuelle de Montauban a pu mettre en place une transformation en compost qui bénéficie gratuitement à ceux qui le demandent. La Lyonnaise se dispensait de nettoyer les avaloirs des eaux de pluie qui étaient tous bouchés. Des petits détails qui donnent de la chair à un débat technique et qui aident à la réflexion de tous.

Alors pourquoi la privatisation ? De l’incompétence municipale ?

Désolé mais Mme Barèges a démontré depuis le début de sa gestion qu’elle savait où elle mettait les pieds, sachant reculer quand l’erreur devenait manifeste (l’affaire du centre commercial culturel en centre-ville) et sachant aller au bout de ses projets quand elle le souhaitait. Les amis de Castres ont noté que les élus craignaient les multinationales jusqu’à se mettre à plat ventre devant elles (il y aurait eu le lien hier avec le financement des partis). Je crains que Mme Barèges ne soit pas idiote (pas plus que Sarkozy) et qu’il faut chercher ailleurs les raisons de la privatisation.

 

Comme l’ont expliqué les acteurs du collectif de Castres, la privatisation de la gestion de l’eau n’est qu’une facette d’un problème plus large, et à Castres ce fut la construction de L’Archipel à savoir une piscine et une patinoire. Mme Barèges ne s’en cache pas : elle veut un grand complexe aquatique à Chambord pour remplacer Nautica et renouveler la piscine actuelle. Tout comme la privatisation des parkings (intervenue également à Castres) a obligé la municipalité à confier l’ensemble des parkings au délégataire (avec création d’un parking privé en plus sur Le Plateau), la privatisation de la gestion de l’eau induit d’autres cadeaux. Monsieur Mouchard a évoqué l’arrivée éventuelle de sociétés immobilières qui construiraient peut-être un hôtel 5 étoiles autour du futur parc aquatique. N’entrons pas dans les supputations : l’état des projets officiels suffit.

 

Donc le prix de l’eau va augmenter et c’est peut-être par ce moyen qu’on peut mobiliser l’opinion. Sauf que, la réunion l’a démontré, peu de gens connaissent le prix de l’eau, la facture étant le plus souvent annuelle et incluse dans les frais incompressibles. L’eau c’est nettement moins cher qu’internet par exemple. A Castres le mètre cube tourne aujourd’hui, pour l’eau elle-même autour de 0,86 euros tandis qu’à Montauban elle tourne autour de 1,10 euros. Si on ajoute le montant de l’assainissement on arrive dans les deux cas autour de 2,10 euros vu qu’à Castres ils doivent rattraper les fais de traitement de tonnes de boues (à Montauban c’est quatre millions de boues qui sont traitées chaque année).

De plus quelqu’un a fait remarquer qu’il y avait eu des investissements considérables de la municipalité sur l’eau, ce qui est tout benef pour l’entreprise qui prend la suite. Et il se trouve qu’à Castres le phénomène avait été le même.

Les amis de Castres, devenus des experts, ont d’ailleurs fait observer que le budget de l’eau est une part du budget annexe et qu’il ne peut en aucun cas interférer avec le budget général de la commune. Si sur le budget annexe, il n’y a pas les moyens de réaliser les investissements alors il peut y avoir un emprunt sur le budget général mais en bout de course le budget de l’eau (donc les versements des usagers) doit rembourser l’emprunt. C’est d’ailleurs avec les questions d’emprunt que la Lyonnaise est tombée à Castres. Et pour entrer dans le détail, il y a aussi la gestion des dettes. Que dira le contrat de privatisation à ce sujet ?

 

Et la remunicipalisation de l’eau ? Le côté agréable des intervenants de Castres, ce fut leur refus de la langue de bois. D’une part ils ont fait la démonstration que le courage paye et qu’une multinationale avance des arguments bidons : elle peut acheter moins cher du matériel car elle est puissante ? Faux preuve à l’appui ; elle peut mutualiser ses moyens ? Faux preuve à l’appui etc. Mais au moment de la remunicipalisation ils ont reconnu que dans la privé les salaires étaient plus forts que dans le public (c’est connu mais les fonctionnaires ayant souvent honte de leur statut de « privilégié » n’ose pas le dire) donc il a fallu inventer une prime pour égaliser les salaires. En réponse à une question ils ont indiqué que trois personnes ont été embauchées. Et ils ont précisé que la régi pouvait à l’occasion faire exécuter des travaux à des entreprises privées locales se révélant moins chères que la multinationale (remplacer les éléments en plomb par exemple). Le collectif a à présent un de leurs membres qui siège au Conseil d’administration de la régie et cette présence des usagers est aussi un élément de démocratie qui bénéficie à tous.

 

Une fois de plus, il faut différencier la discussion sur le refus des privatisations (même si elle s’appelle « régie intéressée ») et celle sur les projets alternatifs. Le refus de la privatisation est un refus de principe. Pour les projets alternatifs, les amis de Castres ont évoqué « une régie autonome » qui est en effet la forme qui semble la plus adaptée à la fois aux nécessités techniques et aux nécessités démocratiques. Il aurait été utile que les employés actuels du service de l’eau disent leur point de vue sur cette forme de proposition qui a été adoptée à Castres.

 

Et la lutte ? Elle fut évoquée au détour d’une question : combien ont coûté les actions menées à Castres ? Une affaire exclusivement bénévole, l’action au Tribunal administratif s’étant faite sans référence à un avocat. Il s’est plutôt agi de solidarités diverses. On retrouve le même cas à Quimper et ailleurs. Véolia perd tous ses procès si bien qu’à Condom un accord a été trouvé avec les plaignants avant même le passage devant les tribunaux !

Le prochain rendez-vous c’est donc le quatre juin devant le Conseil municipal à 17 h 30. JPD

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 17:43

Ci- contre le portrait de Benedetti par Rosendo Li dont la capacité à rendre un sourire même caché sous une moustache, m'émerveille, et je le remercie infiniment car j'aime pouvoir mettre un visage sur le nom de los compañeros de mis esperanzas (sur les camarades de mes espérances). En ajoutant des textes de Benedetti chantés dernièrement à un concert monstre à Panama avec Mercedes Sosa en vedette, le portrait serait presque complet.

 


Avec Mario Benedetti, pour saper les empires par la victoire du sourire

(Point Gauche !: novembre 2000)

 

 

Le mercredi 10 octobre 1990 au café de l’Europe à Montauban, tout en sirotant mon Perrier-menthe, je me suis plongé dans la lecture d'El Pais que je découvrais depuis peu de temps. Saisi par l’article d'un certain Mario Benedetti, j'en devinais aussitôt le souffle tout en le lisant péniblement. Un événement marquait l'actualité mais je ne retiens ici que deux « détails» de l’article : le titre qui avait attiré mon attention « Eclipse de la solidarité » ; et une parenthèse au sujet d'un mot perdu «On m'explique que ce terme ne s'use quasiment plus, mais malgré mes efforts énormes (ingentes est le mot, il me fait penser a géant) je ne lui ai pas trouvé de synonyme post-moderne ». Quel était ce mot? Un mot mal élevé, en français aussi, le mot peuple.

En bas de page, Mario était présenté comme écrivain uruguayen aussi j'ai filé à la Bibliothèque municipale en quête d'un de ses livres et, miracle, la Trêve était sur les rayons ! J'écris miracle puisqu'il s'agit presque de la seule traduction française de son oeuvre (deux autres existent mais introuvables).

J'ai dégusté la Trêve puis la vie me fit passer à autre chose.

En Décembre 1996, dans le bazar d'une librairie de Girona, je fus attiré par la photo d'un homme tout sourire sur la couverture d'un livre intitulé : Le trouble-fête Benedetti, la biographie de Mario Paoletti. Tout d'un coup, le souvenir d'octobre 1990 se fit lumière : Benedetti n'était pas seulement l’homme de quelques livres et d'un article mais tout autre chose, un Uruguayen de rêve, un rigolo que l’on voudrait croiser chaque matin sur une antenne radio pour se lever heureux de lutter contre les injustices, un esprit fraternel chargé de poésie, un champion en auto-dérision et un fidèle parmi les fidèles (dans le sens où la fidélité est une liberté). Je l'avoue, je n'ai pas eu alors le temps de lire tout le livre.

Depuis 1996, je l'ai croisé plusieurs fois et par exemple à l’attribution du Prix Miguel de Cervantès de 1999 (15 millions de pesetas dit l’article) quand le célèbre Vargas Llosa, membre du jury, opposa son veto tajantemente (c'est-à-dire catastrophiquement) à toute attribution du don à l’autre Mario, le dit Benedetti. Le Chilien Jorge Edwards fut l’heureux élu, ce qui a du amuser Benedetti qui connaissait la complicité politique unissant Jorge et le Mario péruvien qui gagna ce prix en 1995.

Aujourd'hui, 14 septembre 2000, je découvre que Mario Benedetti, le perpétuel révolté posant avec art le coeur sur sa main, fête en secret ses 80 ans. Que puis-je faire ? Je décide de relire sa biographie pour trouver matière à vous conter une anecdote de sa vie.

Pour fuir la dictature de son pays, il s'était réfugié en Argentine où il découvrit une autre dictature (dans l’article de 1990, il rappelait comment le capital est solidaire du capital, un peu comme les dictatures sont solidaires entre elles). Il fit alors la connaissance de Zelmar Michelini (un compatriote). L'immense sens de l’amitié de cet homme lui rendit l’exil plus doux. Il était étrange au point de convaincre un hôtelier de le recevoir gratuitement ! De bavardages en bavardages un ami journaliste leur apprit, un jour, une bien drôle de nouvelle. Par son métier, il avait approché une liste noire de 2000 noms - liste établie par les escadrons de la mort - 2000 noms dont 200 étrangers et parmi les étrangers, en quelques secondes, il avait eu le temps d'en lire trois : le numéro 1 Zelmar Michelini, le 2 Gutierrez Ruiz et le 7 Mario Benedetti.

Les trois amis ne voulurent pas le croire et plus tard Benedetti dira : « La capacité des hommes à nier la réalité est incroyable. Le journaliste était de confiance, ce qu'il nous expliquait était cohérent, et nous savions que par dizaines les cadavres s'amoncelaient sur les tas d'ordures mais quand quelqu'un n'aime pas ce qu'il voit, il finit par ne pas le voir.

Benedetti décida cependant, au bout d'un moment de quitter l’Argentine, d'émigrer au Pérou où il apprit, qu’après son départ, des policiers le cherchèrent dans sa maison de Buenos Aires. Rapidement, il décida d'avertir ses amis restés dans la ville (« le numéro 7 prévint le 1 et le 2) mais ils y restèrent (Michelini voulait sentir sa fille prisonnière de la dictature en Uruguay).

Puis un soir, à la Havane, où Benedetti était de passage, il apprit la mort atroce de cet ami incroyable (mort « partagée » avec ... Gutierrez Ruiz). La date mérite d’être citée car les brûlures sont le fait d'un instant : le 20 mai 1976.

Benedetti comprit que l’heure de quitter son continent avait sonné. Après ses exils à Buenos Aires, Lima et La Havane, il trouva l’Espagne pour le recevoir.

Le biographe achève ainsi l’évocation de l’épisode :

« Tous nous avons dans le coeur un mort qui n'arrête pas de mourir. Pour Mario, ce mort est Zelmar Michelini, dont le souvenir est toujours uni au poème Masse de César Vallejo :

« Al fin de la batalla

y muero el combatiente, vino hacia él muero

y le dijo : « No mueras, to amo tanto ! »

Pero el cadaver ay ! siguió muriendo.”

Voici pour la traduction de Gérard de Cortanze :

« A la fin de la bataille.

est mort le combattant, un homme s’avança vers lui

et lui dit ; « Ne meurs pas, je t’aime tant ! »

Mais le cadavre continua de mourir. »

 

Ce drame nous conduit donc au Péruvien Vallejo qui, exilé en France, écrivit, au moment de la guerre d’Espagne, son ultime poème (il laissa la vie en 1937). Dans cette même Espagne se cache aujourd’hui Mario Benedetti. Il se cache non plus comme un pourchassé mais parce qu’il n’aime pas les anniversaires. Après sa fête pour ses 75 ans, il a dû rester presque deux mois au lit afin de récupérer sa forme traditionnelle. Il ne veut pas recommencer cette folie.

Si la France l’a si peu traduit, ça ne m'empêche pas de rappeler qu’il est lisible en 19 langues et que son œuvre contient des romans, des poèmes, des contes, du théâtre, des essais, des travaux de critiques littéraires, des chroniques humoristiques, des scénarii cinématographiques et des chansons. Attendez qu'il meure et peut-être ce sera sa fête à ce trouble-fête qui, un jour, s'adressa ainsi a Dieu :

« Dieu. Dieu, depuis l'Inquisition, j'ai mal au foie. ».

Je suis avec toi, brave Mario, à qui les années ne donnent pas un âge mais des livres (70 à ce jour presque une moyenne d'un par an).

Jean-Paul Damaggio

 

P.S. Aujourd’hui le nombre de livres traduits en français est le même qu’hier (La Trève, Printemps dans un miroir brisé, L’Etincelle, Avec et sans nostalgie, Chansons pour notre Amérique). Une seule nouveauté à paraître, un livre n direction de la jeunesse des éditions Esperhuète : Histoire de Paris.

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 12:38

Association Baïse des Usagers de l’Eau.                                                           Herret 32100 Condom   Tel    05 62 28 12 75

  

A.B.U.E                               

 

 

                                                                 M le Sous Préfet                                  19 Mai 2009

           

 

            Nous avons l’honneur de demander lors du contrôle de légalité l’annulation de la délibération N° 11 votée lors du Conseil Municipal du 15 Mai 2009

   

            L’exposé n°   11   : Surconsommations d’eau potable ; Modalités de dégrèvement pour fuites après compteur se trouve en contradiction avec les lois1382 et 1383 du code civil retenues dans le cas de faits similaires (Quimper, fuites du Braden) à ceux constatés à Condom  faits que nous risquons de rencontrer à nouveau dans le futur au vu de la vétusté des réseaux, de l’état des réducteurs de pression  de secteur, de l’absence de réducteurs de pression individuels aux points de distribution, pourtant éventuellement prévus à l’article 4 alinéa 1 du règlement de service, document qui doit être distribué à chaque abonné.

            Contradiction avec les lois 1382 et 1383 du code civil

En effet le fondement de la responsabilité quasi délictuelle de l’article1382 du code civil dispose que « tout fait quelconque de l’homme qui cause a autrui un dommage, oblige celui par la faute de qui il est arrivé, à le réparer »et de l’article 1383 du même code lequel dispose que « chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa  négligence et par son imprudence. »

            Le Tribunal de Quimper dans son jugement du 29 janvier 2009  s’est basé sur ces deux lois pour des faits similaires

            Les règles votées par le Conseil Municipal du 15 mai de Condom viennent en limitation de l’accès au Droit à la réparation du dommage à l’exception de la règle sur l’assainissement qui reconnaît la responsabilité du délégataire.

            La délibération spécifie

« L’usager peut bénéficier du dégrèvement sur sa facture d’eau en cas de consommation anormalement élevée provenant d’une fuite après compteur à l’exclusion :

             Des fuites visibles, des fuites dues à des négligences ou faute du client (défaut d’entretien, de conception de l’installation, inaccessibilité empêchant le relevé du compteur).

            Dans le cas du jugement du TGI de Quimper les fuites visibles et ruptures de canalisations sont intégralement remboursées au motif du défaut d’information avéré et défaut de conseil (page 11 ligne 25 du jugement du TGI)

            A Condom les usagers qui ont posé à leurs frais sur le conseil de leurs plombiers en défaillance du délégataire des réducteurs de pression ont vu les désordres cesser (voir attestation de plombier  en pièce jointe 3)

 

            « Dans le mois qui suit le constat de la fuite, le client doit en informer le Service de l’eau potable (Lyonnaise des eaux) ou la Mairie et formuler une demande de dégrèvement accompagnée de la facture permettant de dater et de localiser la réparation de la fuite »

Un seul relevé de compteur par an rend difficile la procédure proposée, La réduction à un mois du droit au dégrèvement est en fait une prescription des responsabilités du délégataire au même délais ou bien c’est déléguer à l’utilisateur un relevé permanent  de son compteur.

            « Le volume facturé pour la période de relevé concernée sera limitée à trois fois la consommation normale »

Un forfait de consommation obligatoire limite la responsabilité du délégataire.

 Bien qu’une cause similaire soit à la page 15 du règlement de service de la ville de Quimper, le Tribunal est passé outre à cette clause abusive.

            La clause instituant qu’une seule facture peut être dégrevée, C’est une limitation du droit à réparation La clause est donc abusive.

            La limitation à un dégrèvement tous les trois ans est aussi une limitation du droit de l’usager, en effet les « fuites » invisibles sont dans la plupart des cas l’ouverture ou la détérioration des vannes de sécurité (Chauffe eau ou autre appareil ménager) dus à un coup de bélier (accentués par la présence du clapet anti retour) ou une surpression.

            « Ces modalités seront automatiquement appliquées par le délégataire » Il faudrait pour qu’elle soit opposable à l’usager  qu’elles soient un avenant au règlement de service  et que cet avenant ait été distribué à celui-ci. Le vote du 15 mai ne porte pas sur un avenant au règlement de service et n’est pas opposable à l’usager.

                       

            Pour ces raisons multiples nous vous demandons lors du contrôle de légalité d’annuler ces délibérations contraires aux articles1382 et 1383 du code civil.

 

            Nous souhaiterions, Monsieur le Sous Préfet vous rencontrer afin de pouvoir exposer d’une manière plus ample le problème.

 

              Nous vous prions, Monsieur le Sous préfet de bien vouloir recevoir  nos salutations civiques respectueuses.

 

 

Le Président Claude Bontemps                                        Le secrétaire Max Biro

 

 

 

 

 

Nota Bene : Le prélèvement automatique généralement acceptés comme mode de règlement oblige en effet à une action en remboursement. La société Veolia précédent délégataire lors de l’entrevue  du 27 avril avec  notre association a accepté le remboursement ou l’annulation de facture des dossiers que nous avons présentés.

 

 

Pièces jointes

                 1) Délibération N°11 du  Conseil Municipal du 15 mai 2009

                2) Jugement du Tribunal d’Instance de Quimper du 29 Janvier 2009 sur une affaire similaire aux surfacturations de Condom (appelées dans la délibération du Conseil Municipal surconsommations)

                3) Règlement de service de Condom

                4) Extrait du règlement de service de Quimper page 15

              5) Un an de revue de Presse sur le problème des surpressions et coups de bélier, surfacturation

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 12:29

Montauban-Privatisations (VI) : L’affaire de l’eau

 

(Sur ce dessin témoignage de Rosendo Li, à une question sur la privatisation de l’eau que j’avais moi-même posée le 29/06.2001, le dessinateur note la double réponse : celle de Brigitte Barèges « Moi étant de droite, je n’ai pas de préjugés vis-à-vis des privatisations mais en ce qui concerne l’eau, je veux garder la régie. M. Boutonnet est là pour confirmer » et M. Boutonnet d’ajouter : « Oui, chaque fois que l’eau a été privatisée ailleurs, les prix sont devenus plus chers. A Montauban, donc, la gestion de l’eau restera en régie ». Point Gauche ! n°54)

 

La lutte contre la privatisation de l’eau prend en France une forme particulière. Pourquoi ? Jacques Perreux est depuis longtemps en première ligne sur la question et il explique chaque fois la même chose : en 1945 des patrons furent collaborateurs donc leur entreprise furent nationalisées (Renault) tandis que d’autres firent valoir des liens avec la Résistance et furent magnifiés. C’est le cas des deux entreprises en charge de l’eau : Générale des eaux et Lyonnaise des eaux. Cette originalité leur a permis non seulement de s’emparer du marché français mais d’être en pointe à l’échelle internationale. Me Billard à Montauban expliqua très bien, qu’après étude des contrats faits avec la ville de Paris, elle découvrit que ce furent les mêmes contrats imposés en Bolivie, contrats qui suscitèrent la révolte à El Alto et Cochabamba, révolte qui est un des éléments clefs du développement du MAS qui amena la victoire de Moralès.

 

La désindustrialisation de la France fait que les capitaux cherchent leur rentabilité dans le monde des services qui eux ne peuvent être délocalisés. Les deux entreprises de départ sont devenus des géants après diverses opérations et le couple fonctionne à merveille : quand une entreprise a fait trop de mauvais coup dans une commune, elle laisse la place à sa concurrente.

 

Ceci étant, la gestion de l’eau a besoin d’évoluer et dire seulement « service public » ne suffit pas (sur ce point comme sur d’autres). Mme Barèges propose une « régie intéressée » (un autre article fera le point sur les formes de privatisation) et va répéter sans cesse qu’elle ne privatise pas. Sauf que les employés vont cesser d’être salariés de la mairie. Quand ils se sont réunis, l’un d’eux a posé aussitôt la question : « Qui va nous payer ? ». Autour du mot « privatisation » les embrouilles ne manquent pas !

Est-il possible à l’avenir de distinguer une eau de consommation, et l’eau de la chasse d’eau par exemple ? Un investissement trop grand pour de doubles canalisations, un double système ? Faut-il réfléchir à un prix progressif : gratuité jusqu’à un certain point, et beaucoup plus cher ensuite ?

 

C’est cette évolution nécessaire qui devient prétexte de la privatisation alors qu’elle devrait susciter ne réinvention des régies ! Il est évident par exemple que les petites communes ne peuvent se gérer l’eau elles-mêmes mais le regroupement en intercommunalité ne devrait-il pas permettre là aussi le retour vers des régies qui mériteraient une part d’autonomie.

 

Avec la lutte engagée à Montauban nous avons la possibilité de sortir des discours généraux pour engager l’action au plus près des réalités. Et la réalité, ce n’est pas de répéter seulement que l’eau en régie est toujours moins chère pour l’usager, car la réponse est classique même si elle est souvent mensongère : cette économie se retrouve dans les impôts locaux.

 

Il y a eu un audit et un des éléments de la lutte c’est de demander l’accès à l’audit. Personnellement, je pense que le refus de la privatisation et l’organisation de la lutte n’a rien à voir avec la lecture de l’audit. Il s’agit d’une privatisation de principe. Par contre l’audit peut apporter des éléments utiles quant à l’évolution précise de la régie, ce qui est un débat tout à fait différent et il faut éviter de se laisser entraîner dans un débat qui risque d’empêcher la réflexion sur les conditions de la lutte. On mentionne quelques cas de retour à la régie (des hirondelles qui feraient le printemps) et là, l’implication sur la lutte « technique » contre les entreprises privées devient indispensable. Il s’agit de défendre des principes puis quand les principes s’effondrent, il s’agit de montrer les vices du privé… pour en revenir aux principes. 21-05-2009 J-P Damaggio

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 12:24

Montauban-Privatisations (V) : une révolte ordinaire

Le 20 mai à 18h 30, une réunion générale permettait la constitution d’un comité de défense des services publics de Montauban. Afin d’éviter tout risque de politisation récupératrice et dans le but de « rassembler toutes les énergies au-delà des enjeux partisans », l’inter-syndicale en était l’organisatrice, avec la CGT comme animatrice majeure, Nous ne reviendrons pas ici sur les conditions concrètes de la privatisation (http://la-brochure.over-blog.com/categorie-10923635.html mais seulement sur les moyens d’action mis en place. La pétition Son texte est court et clair : « Nous, usagers des services publics de Montauban et de sa Communauté d’Agglomération, nous opposons à la privatisation des services publics de l’eau, de l’assainissement, de la collecte des déchets, de la piscines que veut imposer Brigitte Barèges. Nous nous prononçons pour le maintien et la modernisation des services publics. Nous exigeons qu’avant toute décision, la population soit consultée par l’organisation d’un référendum d’initiative locale. » Cette pétition peut être signée très largement comme l’a démontré une participante qui a fait signer les habitants de sa rue. Le référendum Cette question se veut la pièce maîtresse de la riposte car si 7500 électeurs et électrices de Montauban la signent, les élus d’opposition peuvent imposer le point à l’ordre du jour du Conseil municipal. Les prises de parole ayant été essentiellement de responsables politiques, pétition et référendum leur permettent de jouer le premier rôle, situation naturelle quand nous savons que la décision est fondamentalement politique. Il s’agit donc de gagner « la bataille de l’opinion » et le cas de Castres a été mis en avant, sauf qu’à ma connaissance c’est surtout la bataille d’experts contre les surfacturations qui a décidé le maire à changer d’avis (voir articles). A Montauban nous avons une maire qui va dans le sens contraire de celui de Castres, plusieurs personnes ayant rappelé qu’elle est décidée, dans ce cas la bataille de l’opinion, toujours indispensable, ne sera pas suffisante, pas plus que les deux autres actions en perspective. Elles ont été suffisantes pour faire reculer Mme Barèges sur quelques points comme la facturation des heures d’études pour les enfants des écoles, mais pas sur le thème des privatisations, un dossier très ficelé et de longue haleine. La question peut être mise à l’ordre du jour du Conseil municipal, elle ne se changera PAS en référendum. Je n’ai pas osé la question : « Qui pense sérieusement, dans la salle, que nous aurons un référendum ? ». J’ai été cent fois d’accord avec la pétition lancée pour demander à Chirac un référendum sur le TCE car, par souvenir du gaullisme, ce dernier pouvait être tenté par l’opération. J’ai été totalement contre la pétition lancée pour demander la même chose à Sarkozy car, n’ayant aucune chance d’aboutir, elle risquait de ridiculiser l’opposition au petit frère du TCE. C’est ce qui s’est produit avec, en dernier recours, une manifestation à Versailles peu représentative des victorieux du NON. Sur la question des privatisations de l’eau, malgré une opinion défavorable, à 70% l’eau est privatisée par des municipalités de toutes tendances politiques. Combien de municipalités de gauche en TetG travaillent en régie ? Le drame est là : la fracture entre l’opinion et la classe politique. Fracture qui provient de l’idée générale que ce qui est bien, c’est la baisse de l’impôt pour la baisse du nombre de fonctionnaires. Là par contre la bataille de l’opinion n’est pas gagnée. Les fonctionnaires continuent de passer pour des nantis ! La manif et le débat du 26 mai Que la manif du 26 mai se termine devant les Ateliers municipaux, qu’elle soit suivie d’un débat avec un acteur des luttes de Castres, c’est là aussi une bonne chose. Tout comme l’idée d’une forte pression sur le Conseil municipal du 4 juin. Tout ceci constitue une réponse ordinaire à une attaque extra-ordinaire contre les services publics. La grève ? Les responsables syndicaux ont délimité deux champs d’action : les salariés qui doivent « garder la maîtrise de leur lutte » et le comité de défense, ce dernier pouvant seul faire plier Mme Barèges car il peut mobiliser toute la population. Etrange conception de la solidarité ! La formule « garder la maîtrise de la lutte pour les salariés » était par avance une réponse à la proposition que j’avais faite dès le 14 mai et que la majorité des personnes présentes avaient eu en main. Elles n’ont donc pas étonné par mon intervention reprenant l’idée : les éboueurs ont une force de frappe particulière, ils ne peuvent faire grève pour des raisons financières, avec la solidarité financière (1000 personnes donnant 50 euros) ils peuvent tenir une grève d’un mois dans le cadre d’un bras de fer avec la mairie. Les réponses qui m’ont été apportées ne m’ont pas convaincu. « Pour le moment les salariés n’en sont pas là » : c’est vrai surtout si les organisations syndicales refusent de lancer la réflexion globale sur ce moyen d’action ! J’étais présent à la réunion des salariés et j’ai bien entendu une responsable lancer d’abord l’appel : « Dîtes-nous ce que vous voulez ». Une personne a posé la question de la grève. Réponse juste : « Une grève ça se construit ». Mais qui veut discuter ensuite hors des sentiers battus pour la construire ? « Ils ne veulent pas d’une grève qui risque d’être impopulaire ». De deux choses l’une, ou on gagne la bataille de l’opinion et la grève non seulement sera populaire mais suscitera l’admiration, ou on ne gagne pas cette bataille et alors la pétition devient dérisoire (sauf pour la classe politique qui pense gagner les prochaines élections). C’est à voix basse que quelqu’un dans la salle s’est fait cette réflexion : et si avec la pétition, dont les élus ont souhaité une mise en conformité avec la règle électorale (elle l’est déjà avec la référence à l’adresse), on ajoutait une colonne : oui ou non à une solidarité financière pour une éventuelle grève des éboueurs ? En effet, rien n’indique que cette forme d’action soit la bonne mais au moins sa mise en discussion pourrait permettre de tester le rapport de force mieux que la révolte ordinaire. D’autres idées existent mais les personnes n’osent les formuler. Observations annexes En assistant aux deux réunions, celle des salariés et celle du comité, j’ai vérifié que deux mondes se côtoient très peu. Ceux qui pensent que les classes sociales n’existent plus devraient pouvoir visionner les deux débats : celui du 13 mai et celui du 20 mai. Ils seraient surpris. D’un côté une réunion populaire et de l’autre une réunion de la petite et moyenne bourgeoisie (à laquelle j’appartiens). D’un côté une réunion où les réflexions fusent dans tous les sens, où les réalités sont perceptibles directement ; de l’autre une réunion très classique, très « bon élève », très tribune. Je n’ai pas été surpris qu’à la première réunion, la classe politique ait été presque totalement absente (seul un responsable du PCF) peut-être parce qu’il était évident qu’il s’agissait seulement d’écouter. Quand j’entends « que les salariés gardent la maîtrise de leur lutte » j’applaudis des deux mains mais pour les salariés qu’elle est la lutte proposée ? Faire en sorte que les négociations ouvertes sur la transformation de leur statut se fassent collectivement et non individuellement. Quand un salarié a demandé : « Mais alors, il y a déjà des convocations individuelles, faut-il refuser d’y aller ? » Je ne connais pas la réponse syndicale. Quand je mentionne le rappel des luttes de 1995, je ne parle pas d’un souvenir personnel, mais d’une réflexion entendue à cette réunion. Bref, pourquoi à la réunion du comité, le seuls salariés à s’être exprimés sont des responsables syndicaux ? Car juste avant ils avaient été présents au rassemblement de la mairie et que lé réunion en plus c’était beaucoup ? A force de perdre des batailles avec les méthodes ordinaires, ceux qui détiennent le pouvoir du « travail », bien qu’ils soient les plus motivés, sont les plus dubitatifs devant la façon de magnifier « les usagers ». Inventer la révolte, c’est admettre qu’il faut LES DEUX, alors qu’autrefois le point de vue de l’usager était totalement oublié, mais c’est admettre ensuite qu’il faut trouver les moyens d’établir un PONT pour organiser la rencontre entre deux mondes, le peuple qui ne se sent plus représenté, et les représentants qui ne connaissent plus le peuple. La lutte devant durer, peut-être aurons-nous l’occasion de revenir sur le sujet ? 21-05-2009 J-P Damaggio

Nota : Comme je suis un adepte de la transparence je précise que dix personnes très variées m’ont envoyé un message pour soutenir ma proposition dont certaines étaient présentes à la réunion, l’une d’elle est intervenue pour souhaiter que l’idée ne se perde pas en cours et de route et pour demander d’autres assemblées générales. Je les en remercie. A suivre.

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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 17:57

CONTRIBUTION  La porte de Boussad  Mohamed Benchicou

(cet article est repris du Soir d'Algérie qu'il est utile de consulter régulièrement : une revue de presse hebdomadaire peut vous être envoyée, s'adresser à la brochure)

 
L’avouerai-je ? Je n’ai pas sursauté à la mauvaise nouvelle. La librairie des Beaux- Arts de Boussad Ouadi risque de fermer ses portes. Non, je n’ai pas sursauté. J’ai toujours associé Boussad Ouadi à une porte fermée. Etrange. Etrange ? Je ne sais pas. Je revois les photos. Celle-là d’abord. Boussad au Salon du livre d’Alger. Devant son stand sauvagement scellé avec des planches et des clous. Il venait d’exposer Les geôles d’Alger, mon livre que personne ne voulait éditer. Lui, avait osé. Il reçut mon manuscrit alors qu’il veillait son père mourant, son père, le vôtre, le mien, un homme qui s’était saigné pour instruire ses neuf enfants et dont le seul luxe, le luxe maudit, était cette cigarette qui allait l’emporter. Boussad en parlait avec dévotion. «Il m’a laissé deux ou trois clés pour la vie.» Il lut donc le récit de mes deux années à la prison d’El-Harrach, le récit de nos calvaires présents, alors qu’il veillait ce père agonisant, son père, le vôtre, personnage de nos calvaires anciens, orphelin dès la petite enfance, fils unique sauvé de la misère par un oncle instituteur, devenu ouvrier ébéniste, puis technicien en tout genre chez un riche juif algérois qui possédait les cinémas d’Alger. Le Plaza et le Marignan de Bab-El- Oued, le Colisée et le Versailles. Encore des portes fermées. Boussad lut ce récit, comme il le dit lui-même, en des moments dérobés à l’atmosphère de deuil et de tristesse et me répondit tard dans la nuit. «J’ai trouvé beaucoup de réconfort dans la lecture de ton texte. Mon père était un homme de bien, qui m’a beaucoup appris et je ne savais comment le remercier. Je crois que ton texte me permettra de le faire, car il résume, au fond, tout ce que je sais de la vie : faire son devoir vis-à-vis de sa conscience d’abord et des valeurs morales qu’on place au-dessus de tout, même au péril de sa vie. Que vaut une vie hors la dignité et le respect de soi ; être solidaire des autres, des plus faibles, être de son temps, en harmonie avec la nature, la société et ses mœurs, dans la mesure, la générosité et l’effort. Ton témoignage m’a beaucoup ému et je serai honoré de le publier, quoi qu’il en coûte.» C’est ainsi qu’est né un livre. Tard dans la nuit. D’une solitude. Tard dans la nuit, la nuit, ses portes sombres qui verrouillent les vieux tunnels noirs de nos pères, les portes sacrées des ténèbres, les portes du mensonge, de l'hypocrisie, de l'ignorance, de l'aliénation et de la servitude. Boussad s’était retrouvé seul, avec les clés de son père, devant ces portes massives, seul, de cette solitude qui accompagne, dans mon pays, les fous, les femmes et les traqueurs de lumière. Ils sont, comme ça, quelques-uns dans ce territoire pourtant dominé par l’éclat de la verroterie, ils sont une poignée d’hommes et de femmes, de femmes surtout, à rêver du même voyage, de père en fils, depuis des siècles, à la recherche d’une lumière improbable. C’est l’idée de la lumière qui leur est indispensable. Ils sont comme les oiseaux de Farid al din Attar, ils sont partis un jour à la recherche du Simorg l’oiseau mythique, l’oiseau fabulé, si beau que nul ne peut le regarder. Pour voir le Simorg, ils traversent le temps avec des élans fous, ainsi que les oiseaux rassemblés par la huppe, avec des élans fous mais aussi avec des reculs épouvantés, dans les paysages redoutables et intimes de l’humanité. Ils savent que nombre d’entre eux disparaîtront, comme les oiseaux de Farid al din Attar, submergés par les océans, dévorés par la soif, anéantis par le soleil ou les bêtes sauvages, certains s’entre-tueront tandis que d’autres abandonneront la route. Ils savent tout cela, mais ils préfèrent ce risque millénaire à l’insoutenable indifférence à la lumière. Ils sont une poignée qui rêvent du même voyage, de père en fils. Ils n’ont jamais oublié le visage du père, nos hameaux nus, nos cordillères éternelles et ces contrées perdues où bat le cœur de la nation. Ce sont les descendants de cette race impérissable de gens humbles de ma terre, ces hommes aux visages brûlés par les épreuves, ces femmes au regard résolu et dans lequel Dieu avait déposé l’expression d’un demi-siècle d’abandon et de ténacité, ces gens que j’avais trouvés devant la porte de la prison, ce 14 juin 2006. A quoi pensait donc Boussad sur cette photo, au Salon du livre d’Alger, devant son stand sauvagement scellé avec des planches et des clous ? Nous étions le 31 octobre 2007. Bouteflika venait de donner le coup d’envoi du 12e Salon du livre d’Alger. Les geôles d’Alger est exposé à côté de La Dignité humaine d’Ali Yahia Abdenour. Le chef de l’Etat avait à peine quitté l’enceinte de la Foire que les cerbères avaient déboulé sur le stand des éditions INAS, tel un commando de la Gestapo, éventrent les cartons à la recherche du livre Les geôles d’Alger, ordonnent de retirer les affiches montrant l’ouvrage, enjoignent au personnel de quitter les lieux puis, comme dans un mauvais sketch, osent le geste carnavalesque : ils murent le stand à l’aide de grandes planches ! C’étaient les cerbères d’un régime qui a peur d'un livre, c'est-à-dire d'une déraisonnable petite lumière qui viendrait à s'aventurer dans les opacités du pouvoir. Et laisser des traces. Ah, les traces ! Que peut un gouvernement contre une poignée de traqueurs qui rêvent, de père en fils, depuis des siècles, d’ouvrir ces portes par l'arme de la démesure, la littérature, le livre, les mots ? Ecrire. Écrire pour moi, pour ma terre, pour porter la sagesse, l’histoire et la mémoire de mille douleurs, de mille histoires, de mille combats, de mille rêves. Ecrire pour laisser des traces, autres que les traces du désert de l’homme, autres que les traces de nos égarements, laisser de nos traces une sagesse ressuscitée, peut-être un patrimoine et, qui sait, une mémoire ! Peut-être Naguib Mahfouz avait-il raison : «L’écriture est maîtresse : elle agit sur la culture et sur les civilisations. » A quoi pensait Boussad devant cette porte fermée ? Et devant celle-là, Boussad devant le siège du journal Le Matin. Encore une porte fermée. Conférence de presse. La veille, les vigiles avaient proposé un marché : rouvrir le stand sans «le livre de Benchicou». Boussad avait refusé. Les journalistes étaient obsédés par une question : pourquoi se battre pour un livre dans une guerre inégale ? «Pour l’avenir, avait répondu Boussad. Si on se tait, c’est le quitus à la République bananière.» Quelqu’un avait demandé : «Qu’allez-vous faire ?» Boussad avait répondu : «Jeter le livre au milieu du peuple». Au milieu de tant d’arrogance, il avait pris une décision qui ne lui ressemblait pas, celle d’organiser, partout, des rencontres avec le public, à commencer par sa librairie du centre d’Alger. «Vous ne risquez rien ?» Rien qui ne soit plus irrémédiable que le silence. Les traqueurs du Simorg savent que nombre d’entre eux disparaîtront, mais ils préfèrent ce risque millénaire à l’insoutenable indifférence à la lumière. L’histoire de ces vigiles des ténèbres qui décrétèrent blasphème tout réverbère sur ce peuple dépossédé de tout, s’était terminée, ce jour-là, par une fronde du peuple dépossédé. Oui, tout cela s’était terminé par cette autre photo qui donnait raison aux fous et aux rêveurs. J’allais l’oublier celle-là, cette photo d’une foule fière et bigarrée, attendant devant la porte encore fermée de la librairie, sous le regard confus des policiers armés de solides talkies-walkies et chargés de l’impossible mission de museler un livre. Ils étaient là, mères de famille qui revenaient du marché, vieux lecteurs du journal, étudiants aux cheveux gominés, belles jeunes filles au regard de feu, des chômeurs, beaucoup de chômeurs, des cadres, des provinciaux venus pour la circonstance… Ils étaient là, à s’impatienter, sous les yeux résignés des flics, décidés à empêcher la censure d’un livre édité pour eux. Une fois de plus, ils avaient surgi du fond de leur solitude, pour tendre leur main coriace où se lisait l’espérance de la terre dans ses lignes et ses rides. A Boussad, il me semblait les entendre lui dire ces simples mots : « On ne s’est jamais vus, mais il y a longtemps qu’on se connaît, mon frère.» Boussad avait ouvert la porte et la séance avait duré cinq heures : jusqu’à épuisement du stock ! Devant une masse si inflexible d’hommes et de femmes décidés à aller à la rencontre d’un livre, les policiers avaient rebroussé chemin et Les geôles d’Alger, interdit au Salon d’Alger, vint au monde. Alors oui, j’ai toujours associé Boussad Ouadi à une porte fermée et je verrai toujours devant la librairie des Beaux-Arts planer une ombre, l’ombre du père, l’ombre des mères de famille qui revenaient du marché et celle des étudiants aux cheveux gominés, l’ombre des belles jeunes filles au regard de feu et des chômeurs résolus ; je verrai tous ces regards et je me souviendrai de Boussad, alors, comme le poète afghan, de tant de visages brûlés par le soleil, de tant d’hommes désespérés qui rentrent avec une brassée de faim, de quelque chose qui ressemble aux pleurs, de quelque chose qui ressemble au sang, de quelque chose qui ressemble à Alger, je me souviendrai que je dois écrire.   

Mohamed Benchicou     

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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 17:51

Jeudi 15 mai : Voyage à Rodez

 

1 ) En guise de réveil, la radio annonce la persistance des grèves d’enseignants accompagnées d’autres plus dramatiques, les grèves des transports. Pour qui l’aurait oublié, l’économie commande ! Une perte de chiffre d’affaires sur une journée, c’est une catastrophe. Dans une autre société, ça pourrait au contraire être la joie d’une moment sans travail !

 

2 ) Etant un des grévistes, je pars vers Rodez participer au comité d’accueil prévu pour Luc Ferry, pendant que ma compagne ira discuter avec les collègues de son lycée occupé. Voyage agréable qui me fait rencontrer à Rodez, un ami du Tarn avec qui nous partons en quête d’un sandwich.

 

3 ) Le rassemblement est coloré et le pique-nique donne un air de convivialité. Toujours l’occasion de discussions fructueuses car le temps de grève c’est comme un temps gagné deux fois : des heures en moins données au travail, et des heures en plus données au plaisir de la vie. Mais, c’est vrai, il y a un coût !

 

4 ) La manif s’engage vers la cathédrale de Rodez. Là les organisateurs veulent faire allonger tout le monde sur la place mais sans succès. Devant, des manifestants tarnais venus en vélo donnent un rythme rapide. Les banderoles artisanales ou professionnelles flottent très nombreuses devant le lieu ultime de la manif, la mairie, où arrive Luc Ferry. La télé montre ce qu’elle veut (et parfois mieux que le témoin) tandis que moi j’observe ce qui me chante. Les enfants aiment beaucoup le dessin que je promène.

 

5 ) Le critère d’observation c’est le nombre et la détermination. La chorale du Tarn-et-Garonne se distingue par ses chansons bien rodées. La manif devient comme une habitude, comme une façon d’exister, mais il me faut déjà rentrer car une autre réunion m’attend à Montauban.

 

6 ) Après la réunion du journal Point Gauche ! avec ma compagne nous devions aller à un débat sur l’Algérie mais, elle m’informe qu’il y a AG des grévistes à Montauban. Heureusement, elle l’avait notée sur Internet car, n’ayant pas fait le voyage en bus à Rodez, je n’en savais rien.

 

7 ) Même à prendre un repas rapide, nous sommes en retard à l’AG réunie dans la salle Sellier archi pleine (à la Maison du Peuple). Ayant participé à toutes les AG,  j’avais juste envie aujourd’hui d’écouter pour connaître la suite du mouvement. Non que je doute un seul instant du résultat : dans une réunion de personnes motivées, le vote sera toujours la reconduction de la grève. Ne confondons pas une AG de cheminots rassemblant TOUT le personnel et où le vote à une autre dimension et les AG de grévistes. Dans un précédent mouvement de grève, je me souviens, de la dernière AG : 25 personnes votèrent la reconduite de la grève. Un vote sans suite.

 

8 ) Deux interventions me réveillèrent un peu. D’abord, celle d’un ami précisant que la question n’est pas l’argent que l’on perd dans la grève, mais de mener la bagarre. Il m’apprend alors que la CFDT vient de signer sur les retraites et il précise que se battre, et avoir des syndicats qui signent par derrière …. Cet instant sera une image à jamais gravée dans ma tête. Un peu comme un éclair. Non que la nouvelle m’ait surpris (je l’ai annoncée dès janvier) mais l’apprendre ainsi !

 

9 ) Puis intervention d’une instit qui, en sachant qu’elle risquait de choquer, indiqua que pour gagner, il fallait insister sur les retraites. Elle précisa même : « Si je fais grève c’est pour les retraites ». Pour elle, faire céder le pouvoir, ça passe par le lien à établir avec les autres professions. Elle voulait connaître la nature des contacts avec les autres confédérations. Son intervention nous fit sortir du débat épineux sur les piquets de grève, pour un débat sur le fond, un débat que j’attendais depuis le début.

Un intervenant, donnant son expérience de la Seine Saint-Denis, indiqua que les dirigeants firent ce que la base demandait. Un autre précisa que dans les rapports avec les parents « il n’était absolument pas question de parler des retraites » et pour mettre tout le monde d’accord il proposa 38,5 pour tous, le public et le privé faisant chacun un effort vers l’autre.

 

10 ) Dans ces conditions j’ai souhaité apporter de l’eau au moulin en indiquant que les questions techniques peuvent se régler dans les collectifs de base et par téléphone, pour permettre en AG, la discussion sur les objectifs généraux. Une grève reconductible suppose des motifs plus précis qu’une grève de 24 h surtout si on veut que, de la base, ils remontent vers le sommet : en Seine-St-Denis c’était un nombre de postes, les toubibs c’était 20 Euros la consultation... Pour nous, ça pourrait être par exemple 37,5 ans pour tous, la réintégration des MI-SE, le rétablissement des emplois-jeunes. Simple cas de figure, l’essentiel étant de se positionner.

 

11 ) Le « président » de séance indiqua que le Collectif de grève avait donné les objectifs. Je traduis de mémoire : la décentralisation, et la défense des retraites ce qui, ajouta-t-il, « dans l’esprit du collectif signifie les 37,5 annuités pour tous ». Je préfère parfois la lettre à l’esprit surtout dans une grève dure. Résultat, la question est renvoyée à une commission et un débat pour le lundi. Quand on évoque des questions de piquet de grève, c’est pas une commission, mais définir les objectifs oui, d’autant que quelqu’un indiqua : « Mais nous savons bien pourquoi nous nous battons ! ». Quelqu’un d’autre précisa qu’on pourrait ajouter l’assurance-maladie, l’emploi etc. Et que des contacts existaient avec les impôts, les hospitaliers et les PTT.

12 ) L’AG fut si riche, même si nous l’avons quitté après le vote sur la reconduction (je me suis abstenu car reconduire, oui, mais jusqu’à l’obtention de quelle satisfaction ?) que je vais dépasser les 12 points ordinaires de ce journal quotidien. Un autre problème a été soulevé visible dans le vocabulaire de ce journal : le collectif de la grève est-il un comité de grève ? Ce collectif que j’ai vu fonctionner une seule fois, pour cause d’emploi du temps, est auto-désigné suivant les disponibilités, et est surtout instit, ce qui peut se lire avec les entêtes d’organisations syndicales pour s’informer : SE et SNUipp. Il devrait plutôt y avoir le sigle FSU. C’est logique car les grévistes des lycées et collèges ont souvent beaucoup à faire sur leur établissement. Ce collectif est différent d’un comité où il pourrait y avoir des représentants de chaque secteur. Un tel comité n’étant pas contradictoire avec son ouverture à ceux qui le souhaitent. Ce collectif a le mérite de convoquer des AG quotidiennes et permet la diffusion d’infos et d’actions.

 

13 ) Ce qui me conduit à une autre intervention d’une prof rappelant que nous étions les plus motivés et qu’il fallait penser aussi aux absents. Vieux débat, celui-ci aussi, auquel la réponse : « les absents ont toujours torts » permet de laisser pour compte leur torts. J’aurai pu ne pas être à cette AG, ne le sachant pas, ayant un enfant à garder, ou des doutes sur son efficacité. L’intervenante évoqua ce problème au sujet des examens : comment ne pas penser à ceux qui vont les faire passer ? J’ai été invité à voter pour ou contre le passage des examens alors que je ne suis pas directement concerné. Et qui plus est, la question ne se posera plus si le 12 juin tout le monde est en classe !

 

14 ) Mais ne soyons pas pessimistes. Et pensons à cette personne qui lança le débat car, à envoyer les convocations pour le bac, elle est directement concernée dès à présent. Dans un tel débat, chacun se trouvant à des places différentes, on est obligé de sortir des sentiers battus. C’est ainsi que l’employée de l’IA indiqua en direction du responsable du SE qu’elle n’apprécia pas qu’il vienne dans la manif  lui demander la disquette du mouvement ! Voilà qu’était enfin expliqué les rapides capacités d’interventions pratiques du SE. Le SNUipp n’osa jamais demander une telle disquette. Mais laissons ces questions pour la suivante plus phénoménale.

 

15 ) Et les parents ? Un débat devient permanent : il faut le soutien des parents pour gagner. Je ne connais pas les parents en général. Je vais donc vous conter une histoire de ma campagne. Un chauffeur de bus de 30 ans environ ramenait les élèves de Beaumont vers Lavit. Après la descente des gamins il découvrit un des fauteuils saccagés. Le lendemain, il déclara, je ne vais démarrer qu’avoir avoir appris le nom du coupable. Au bout d’un moment, des élèves sont venus dire que le coupable était absent. Le chauffeur put en déduire à qui il devrait s’adresser le lendemain. Par avance le coupable est venu s’excuser et le chauffeur lui demanda alors de pouvoir rencontrer ses parents. Le soir même, ils se rencontrèrent et la mère demanda au chauffeur ! « comment avez-vous appris que mon fils était le coupable ? » Le chauffeur répondit : par les autres élèves et alors la mère se tourna vers eux en disant : « Bravo, vous ne savez donc pas qu’il n’est pas beau de dénoncer son copain ? ».

 

16 ) Cette histoire est secondaire pour le sujet qui nous occupe : quelle place pour les parents dans l’école ? Pourquoi faut-il leur répéter, comme je l’ai encore entendu à l’AG : mais nos revendications ne sont pas corporatives ? Pour dire, nous ne demandons rien pour nous. J’ai découvert que quelqu’un pensait que sur les retraites nous nous battions pour NOS retraites. Bref, les confusions sont multiples. Cette question des parents étaient en lien avec la question des examens. J’ai bien aimé l’observation du représentant de Moissac : « On vote quelque chose sans le discuter d’abord ». Bref l’assemblée se détermine en faveur du passage des examens.

 

17 ) Un lycéen est intervenu : il demandait l’aide d’adultes pour un piquet de grève pour le lendemain. Il n’aura pas de réponse.

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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 17:49

Mercredi 14 mai : la grève se généralise dans l’Education

 

1 ) Plus que jamais c’est l’heure de suivre les infos locales et nationales, professionnelles et interprofessionnelles, syndicales et non syndicales etc. Parmi toutes ces infos, le tri s’impose. La question majeure est de savoir qui va continuer la grève. Localement La Dépêche indique ce que je savais dès lundi soir : la grève reconduite aux impôts, peut-être à la gare et dans les écoles. Et ailleurs ? A midi la télé montre des images du blocage maintenu à la RATP. Sur France 3 le reportage donne même la température à l’intérieur d’une AG : les responsables syndicaux FO et CGT annoncent que la reconduite de la grève, ce n’est pas le moment puisqu’ailleurs c’est calme et résultat, l’AG reconduit la grève avec des responsables qui s’y rallient.

 

2 ) Pour l’Education nationale La Dépêche rend compte du développement du mouvement sur le caussadais alors qu’au collectif montalbanais peu de discussions portèrent sur ce secteur. Une manifestation locale y est annoncée pour le lundi 19 à 18h30 ce qui pourra permettre à tous de participer. Première manif de cet ordre qui sera un test à sa façon. Après les réunions d’information voici donc la décentralisation des manifestations.

 

3 ) Sur Internet, j’ai un écho de la réunion de Moissac de la veille. Une collègue en sort motivée pour susciter la même chose sur le calme secteur de Valence d’Agen. Elle constate en effet une bonne écoute de la part des parents, bonne écoute qui va jusqu’à susciter des piquets de grève dans des écoles rurales. Encore une innovation qu’il faudra analyser sur le tas à Saint-Nicolas par exemple.

 

4 ) Côté information je suis satisfait par l’appel de l’AG des grévistes du Tarn car il pointe avec précision des objectifs à atteindre. Je pense que c’est un des premiers du genre.

 

5 ) Les piquets de grève ont bien fonctionné à Castelsarrasin et Moissac si bien qu’à Castelsarrasin la majorité des présents décide de les reconduire. Il y avait pourtant le besoin d’avoir du monde pour la manif de Rodez, et, renouveler cette forme d’action, ça risque d’être contre-productif. Le barrage n’était pas du même type qu’à Bourdelle puisque les élèves purent rentrer. Il s’agissait d’être dissuasif pour l’entrée du personnel.

 

6 ) Sur les objectifs de la grève, ma compagne dans son compte-rendu de sa participation au piquet de grève et à l’AG qui suivit, constate que son souhait d’un slogan moins vague que « pour l’avenir de vos enfants » a été mieux entendu.

 

7 ) L’après-midi la petite réunion de constitution du syndicat SUD éducation en TetG a permis un bel échange et la mise en place de décisions pratiques. Il y aura à la rentrée un syndicat « SUD éduc », comme disent les initiés, au service de ceux qui veulent y participer.

 

8 ) L’idée n’est plus celle d’un grand syndicat rassemblant beaucoup de salariés (malheureusement cette époque est achevée) ; un petit regroupement permettra à chacun d’y agir librement tout en participant à la construction d’une action collective. Incontestablement la tâche est un peu folle car beaucoup de collègues, parmi les plus jeunes, ont surtout besoin du syndicat pour régler des questions pratiques et personnelles en lien avec le mouvement, les promotions, les stages etc. L’administration néglige ce rôle.

 

9 ) Un fait encourageant : dans d’autres départements, en quelques mois, des militants réussirent à bâtir de vraies structures, preuve que SUD éducation a le vent en poupe.

 

10 ) L’analyse du mouvement, faite au cours de cette mini-réunion, démontre que les non-syndiqués y prennent une grande part. Une preuve de la crise du syndicalisme et le fait que des enseignants préfèrent s’activer fortement sur le court terme plutôt que de « s’enraciner » dans une structure pour affronter les problèmes au quotidien. Obliger les responsables syndicaux à une rotation des responsabilités permettrait peut-être une meilleure rencontre entre les deux cultures, celle du sprinter et celle du coureur de fond.

 

11 ) Mais laissons à plus tard des réflexions qui risquent d’énerver ceux qui sont sur le terrain jusqu’au cou, mobilisés à 100 à l’heure pour emporter le morceau. Je pense à mon ami Claude Rossignol à Castres.

 

12 ) Je décide de compléter ma pancarte pour la manif de Rodez, une manif qui sera surtout celle du personnel de l’Education nationale. Je vais y installer une face contre la décentralisation-privatisation avec le même dessin mais en changeant les bulles.

 

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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 17:46

1 ) Tout commence par l’AG des enseignants qui décide de reconduire la grève jusqu’à samedi. Je constate une participation équivalente à celle du mardi précédent. Les premières interventions dénotent une importante volonté d’action puisque pour le lendemain 3 lycées préparent un blocage :  Castelsarrasin, Moissac, Capou.

 

2 ) Pour le même jour, le mercredi, une distribution de tracts est prévue au plus grand carrefour de la zone industrielle à Montauban. L’action part dans tous les sens puisque j’apprendrai dans la manif de l’après-midi que sur le secteur de Caussade, il y aura aussi des piquets de grève vers les collèges de Nègrepelisse et Saint-Antonin.

 

3 ) L’AG se centrera sur la poursuite du programme d’action élaboré par le Comité de grève : le jeudi manif à Rodez, le vendredi blocage de l’Inspection Académique (IA) (aujourd’hui environ 30% du personnel y est en grève – un chiffre que l’IA a du mal à calculer !) et nouvelle AG pour décider de la suite. Si les chiffres de la participation à la grève sont très importants pour aujourd’hui (dès 10h l’IA sait que 82% du Premier degré est en grève !) par contre, rien pour les journées non nationales. Dans les collèges la grève serait très suivie.

 

4 ) Le responsable du secteur de Moissac indiquera qu’à l’AG une instit présenta un dossier sur la question des retraites et qu’en effet, il faudrait penser aussi à ce sujet (peut-être pour le débat le soir même à Moissac avec les parents ? ). Quelqu’un interviendra au sujet du Lycée Michelet pour préciser que ça bouge aussi.

 

5 ) A l’heure du repas, aux informations, le responsable national de la CGT menace le gouvernement d’une grève reconductible début juin après la grande manif du 25 mai. Une fois de plus nous entrons dans la grande programmation de la révolte ! Par ailleurs. Les sondages indiquent un bon soutien populaire à la grève d’aujourd’hui.


6 ) A l’heure de la manif
, j’y suis avec mon panneau personnalisé. Lieu de retrouvailles et de bonnes discussions. Le mardi précédent les enseignants furent 650 dans la rue et aujourd’hui nous sommes 5000. Puis-je en déduire que chez les enseignants la coordination des deux luttes, décentralisation et retraite, est plus vitale que jamais ? Dans le mouvement syndical j’ai dénonceé très tôt la privatisation rampante qu’on appelle poliment décentralisation, donc je ne sous-estime pas cette revendication, mais pour battre Raffarin, le rapport de force interprofessionnel est indispensable comme il l’est pour sortir de notre corporatisme. Un échec du pouvoir sur les retraites entraînerait une mise à mal de la décentralisation : l’inverse je n’y crois pas.

 

7 ) La manif  est une manif monstre qui remet dans l’air l’esprit de 95. Avec bien sûr les petites guerres entre organisations syndicales. Cette fois-ci, en guise de banderole unique la CGT des Cheminots a mis la sienne, qui mène le train. Ces querelles apparaîtront au grand jour au moment de l’AG interprofessionnelle dotée d’une bonne sono.

 

8 ) Pour cette AG il devait y avoir de rapides prises de position des dirigeants pour laisser la parole aux secteurs en lutte. En fait, le responsable de la CGT me laissa le temps d’aller déposer ma pellicule photo achevée, à 800 m de la manif, et de revenir, avant d’achever ses propos. Viendra le tour de la CFTC, puis le responsable de l’UNSA indiquera que la manif sur l’emploi prévue pour le samedi matin a été annulée pour cause d’absence de Sarkozy. Peu après, le responsable de la FSU mit au voix le maintien de cette manifestation, obtenant l’adhésion de la foule. Moment étrange car le responsable de la FSU avait toujours évoqué l’unité comme une religion.

 

9 ) Ce matin les enseignants, à leur AG, avaient programmé pour ce fameux samedi, une chaîne humaine autour du marché. Ce sera plus qu’une chaîne car nous allons assister à une nouvelle manifestation monstre. Une observation : il est bien de fédérer les revendications (la manif se centrera sur la défense de l’emploi) mais à condition de ne pas perdre de vue le but final.

 

10 ) Ce but final a été rappelé à la tribune par le responsable du G10 Solidaires : faire céder le gouvernement ce qui passe par l’appel à la grève reconductible dès aujourd’hui sinon le calendrier risque de nous piéger. Ce but final a été rappelé par deux membres du collectif de grève des enseignants : arriver aux 40 ans, ce sera l’échec, donc il appartient aux gens en lutte de contrôler les éventuelles négociations. Une question reste entière dans l’éducation : pourquoi, l’appel à la reconduction de la grève par tous, possible à Montauban, reste impossible nationalement ? En effet, je n’ai pas connaissance que la FSU ou l’UNSA à Paris appellent à cette grève reconductible que la CGT projette pour Juin. Il est vrai, le responsable de la CGT rappela que les organisations syndicales vont se rencontrer demain pour décider de la suite. Alors tous à l’écoute des infos !

 

11 ) Pour être concret, en plus des enseignants, seul le responsable CGT du secteur santé de l’hôpital est intervenu pour rendre compte de son secteur. Il indiqua que la lutte allait se poursuivre sous diverses formes sans employer le terme poursuite de la grève. Et les cheminots ? Et les PTT ? Et la DDE ? et tant d’autres ? Je reste sur ma faim. Après cette belle journée, si le prochain rendez-vous c’est le 25 mai, espérons que d’ici là les enseignants auront gagné sur la décentralisation : ça mettra du baume au cœur.

 

12 ) Aujourd’hui 13 mai, en Autriche, manifs monstres contre le projet de retraites et en Allemagne mouvement social important sur les mêmes sujets. Nos gouvernants ont vendu presque tous les bijoux de famille sous prétexte de privatisation : il leur reste à vendre les droits sociaux et en dernier ressort pour Raffarin, la Tour Eiffel. J’ai beaucoup économisé pour pouvoir l’ajouter au jour J, mais voilà, avec les retraites qu’on me prépare, elle va me passer sous le nez. Quelle tristesse !

 

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