Le livre d’une vie. Le livre d’une lutte. Le livre sans lequel commémorer la guerre 14-18 c’est continuer de s’aveugler ! Dès les premières lignes Verfeuil nous informe qu’il n’est pas son héros. Courtès, l’Apostolat est un nouveau socialiste en 1914 et il a une famille, deux éléments essentiels qui n’ont aucun lien avec Verfeuil qui fut socialiste dès 1904 et n’a jamais eu de famille. Bien sûr des éléments autobiographiques sont présents car comme son héros Verfeuil est contre la guerre et comme son héros il est présent à l’enterrement de Jaurès.
Le livre est achevé le 11 août 1923. Il est publié grâce au journal La Vague en 1926. Un cadeau de ses amis au militant mourant ? Verfeuil, en effet, est tuberculeux et un an après, il meurt dans un sanatorium des Landes, mais il a tenu à se faire enterrer à Montauban.
Le livre contient un récapitulatif des ouvrages de l’auteur :
Fleurs d’Avril, poésies.
Pourquoi nous sommes antimilitaristes.
Le syndicalisme des Fonctionnaires.
A Jean Jaurès, poème.
En préparation
Le Pain quotidien, roman.
Où s’est perdu ce manuscrit ?
Ici voici la préface de Victor Marguerite. En attendant la publication du livre qui est un des plus vieux projets des Editions La Brochure, publication qui risque fort d’être seulement sur internet car trop rares sont ceux qui veulent penser aux pacifistes de 14-18 et au combat qu’ils durent livrer après contre les auteurs du Traité de Versailles, craignant qu’il n’alimente une autre guerre… J-P Damaggio
Préface
Le livre que voici est digne de son titre L'Apostolat.
Roman ? Certes, mais par les à-côtés, peints d'une touche rude et forte, par ces terribles aspects de ce que fut la société bourgeoise durant la guerre, par cette vie, enfin, du héros, le professeur Courtès, l’Apôtre.
Roman d'une foi, et la plus belle de toutes, puisque c’est la religion de la paix qui l'inspire !
Roman d'une désillusion aussi, car toute foi est Passion, et s'achève à l'éternel Jardin des Oliviers.
Courtès, prophète abandonné, connaît comme tout prophète la lapidation, et puis, dans l'affreuse angoisse du doute, l'inévitable sueur de sang.
Mais ce qui donne à cette œuvre sa signification profonde, ce qui en fait la riche substance, c'est la sève historique dont elle bouillonne. Roman vécu, et vivant, mais roman vivant surtout parce que roman historique.
Raoul Verfeuil, avec l'Apostolat, se révèle en effet non seulement un excellent romancier, mais encore, mais surtout un historien véridique et puissant, un historien d'une irréfutable, d'une lumineuse documentation.
L'Histoire ! Quelle œuvre d'imagination l'égale ? Les probes moyens du roman mis au service des Faits, des faits tout illuminés par la sombre lumière de la Vérité, et voilà la divinité formidable qui surgit et s'impose. Voilà l'Histoire, voilà la Vérité en marche !
Il faut louer Raout Verfeuil de la mesure et de l’art avec lesquels il a ressuscité ce passé si proche. Tant d'aveuglements dus à une stupidité congénitale quand ce n'est pas à une sinistre hypocrisie ! Tant de myopies lâchement intéressées ! La masse aux crânes bourrés commence à peine à distinguer les routes par lesquelles on l'a menée, ramenée, maintenue à l'abattoir. Nous sommes trop près, encore le nez dans le mensonge sanglant les yeux butés aux murs de la légende...
Petit à petit pourtant, le jour se lève. Il faut lire, afin de voir plus clair, ces pages émouvantes. Raout Verfeuil, à travers l'apostolat de Courtès, nous y fait toucher du doigt le pourquoi, le comment de ces cinq Années Terribles où la France abdiqua, aux mains des mauvais bergers.
Inférieurs à leur destin sauf peut-être, durant qu'il « faisait la guerre », ce Clemenceau que Verfeuil nous silhouette, monstre complet dans toute la rigueur de son féroce jacobinisme, ne le furent-ils pas tous, les chefs de nos partis politiques, socialistes compris ? Le tableau que l'auteur en trace avec des couleurs qui sentent le frais et montrent le vif, n'est point pour rehausser ces hommes, tous limités à des horizons de personnes. Ces récits que l'on devine autobiographiques ont un accent de sincérité douloureuse, qui ne s'imite pas.
Je ne ferai a Raoul Verneuil qu'une querelle :: la fin de l'Apostolat. Avec elle s'achève le rôle agissant de l'Apôtre. Professeur devenu député, Courtès démissionne. J'allais dire déserte.
Je sais bien que la guerre est pour lui finie. Mais la paix, telle que les saboteurs de Versailles l'ont faite, est comme une autre guerre, qu'il faut aussi gagner. Courtès n'avait pas le droit de renoncer à servir son idéal. Il le voit trahi par certains de ses frères ? Mais c'est la triste loi de la vie. Il se voit lui-même méconnu, rejeté de son propre parti... Après ? Honni à droite, honni à gauche, tel est le sort réservé à tous les indépendants.
Et n'est-ce pas la condition même du progrès, que ce perpétuel mouvement des idées, — ou plutôt ce cheminement incertain des hommes, à la suite des idées ? A mesure qu'un parti vieillit, une partie s'en détache, et reste en arrière. Partie tient bon, au centre. Mais déjà, les jeunes ont poussé plus loin la pointe d'avant garde.
Les Socialistes républicains sont-ils encore des socialistes ? Les unifiés, déjà scindés ne vont-ils pas se scinder à nouveau? De la gauche à la droite la troupe s'égaille, cependant que menant le branle les extrémistes s'élancent, à la conquête de l'Inconnu, à la poursuite de la Chimère…
Je dis que le devoir de Courtès est, malgré la petitesse des camarades de demeurer fidèle à la grandeur de sa pensée, en Continuant à la servir à son rang, quotidiennement. On sait, du reste, que ce ne sont presque jamais ceux qui sèment qui récoltent, et que le véritable héroïsme est bien de continuer à aimer l'Humanité quand on a appris à mépriser la plupart des hommes
Raoul Verfeuil nous doit, avec la vie continuée de Courtès, un autre roman. Point de fin que la mort, à un véritable apostolat.
Les belles pages initiales sur Jaurès l'attestent, L’apostolat n'est une fin qu'en soi. L'apostolat est perpétuel recommencement.
VICTOR MARGUERITTE
Annonce de la publication du livre : Midi Socialiste 15 mars 1926
Vient de paraître
L'Apostolat par Raoul Verfeuil préface de Victor Marguerite
Le livre de la guerre écrit par un combattant de la paix.
"Raoul Verfeuil avec l'Apostolat se révèle non seulement un excellent romancier mais encore mais surtout un historien véridique et puissant ; un historien d'une irréfutable, d'une lumineuse documentation." Victor Marguerite
En vente au "Midi socialiste" 36 rue Roquelaine à Toulouse (chéques postaux 52777) Prix : 8 fr 50 franco.
ci-dessous la dédicace de l'exemplaire que je possède
(j'arrive à la lire : A Madelaigue en toute sympathie)