Aujourd’hui j’ai suivi en observateur l’assemblée générale de l’association présidée par Martin Malvy président du Conseil régional Midi-Pyrénées Le TGV Vite ! où j’ai croisé une vieille connaissance qui a accepté, en tant que défenseur de la LGV, de m’en faire le compte-rendu. Il a été rapide et succinct et en voici donc le texte. JPD
J’appartiens au monde de l’entreprise, plutôt en charge d’affaires de marketing (1), et sachant que le groupe de travail économique sur l’arrivée de la LGV avait étudié la question, je me suis rendu à l’AG de l’association TGV vite ! Marketing ? Quand, par exemple, pour l’autoroute Montauban-Cahors, il a fallu chercher un signe distinctif à l’aire de repos, capable de mieux vendre notre région, j’ai pensé à un pigeonnier que je connaissais bien. Les propriétaires n’ont pas voulu le vendre, et on a dû le reconstruire de toute pièce, alors que depuis, le vieux est presque totalement tombé. Malheureusement, à la réunion de l’association Le TGV vite ! où M. Empociello a été parmi les premiers à s’installer, c’est d’autres points qui furent abordés.
La parole la plus sensée de la matinée a été prononcée par Martin Malvy quand, en réponse à une question, il a rappelé que depuis toujours la bataille pour les voies de communication est la bataille décisive du développement économique. Il aurait pu ajouter que depuis toujours cette bataille a dû affronter les opposants classiques, incapables d’anticiper sur le futur. Si on avait écouté les opposants au chemin de fer de 1850 où en serions-nous ? J’en conviens, il y a voie de communication et voie de communication. Un Montalbanais a eu raison de signaler que c’est bien beau 3 h de Paris à Toulouse, mais quand il faut mettre une heure pour aller de l’entrée de Toulouse à la salle de réunion de l’Hôtel du Conseil régional, comme en ce lundi matin, il y a un problème quelque part. Pierre Cohen a répondu que le problème provient du retard de Toulouse en matière de transport en commun. Dont acte.
Je suis surtout tourné vers l’Espagne - dans le match France-Mexique je soutiens le Mexique avec mon ami Néstor de Buen (2) que je connais depuis que, gamins, nous avons dû fuir la Catalogne – aussi je reconnais que j’ai eu une mauvaise surprise. Dans la réunion, alors que, cent fois, la ligne Toulouse-Narbonne a été évoquée, j’ai découvert sur les documents offerts, une carte avec un grand point d’interrogation sur la question ! Mais que fait le Conseil régional du Languedoc-Roussillon ? Il rénove la ligne existante entre Perpignan et Montpellier pour 150 millions d’euros plutôt que de construire une LGV ! Et la ligne nouvelle qui contourne Nîmes et Montpellier n’apparaît pas clairement comme une LGV !
Bien sûr, il y a des intérêts contradictoires, même dans une réunion aussi consensuelle. A un moment, chacun cherchant l’événement phare qui pourrait faire de Toulouse une référence mondiale, quelqu’un a parlé de Jazz in Marciac, petite ville du Gers qui n’a pas eu besoin de la LGV pour imposer sa marque dans le monde de la musique. Les voies de communication sont essentielles mais elles ne font pas tout !
De l’exposé de François Delay que j’ai suivi avec attention, je suis obligé de retenir aussi une contradiction : grâce à la LGV l’emploi tertiaire à Sablé sur Sarthe a augmenté de 45% et l’emploi tertiaire ça me connaît, mais comment négliger le fait que c’est la ville chère au premier ministre, qui est avant tout le président du Conseil général de la Sarthe (premier ministre ça passe, président de Conseil général ça dure !).
Quant au tourisme, c’est bien sûr aussi une affaire d’image et j’ai jugé utile la proposition de Martine Offroy la présidente de la cinémathèque : il faudrait des parcours thématiques avec un parcours art roman, un autre gastronomique, ce qui semble une transposition du parcours impressionniste de sa chère Normandie. Nous n’avons pas eu les peintres impressionnistes mais nous avons tant de merveilles à mettre en valeur ! Par exemple, un stand unique de la région Midi-Pyrénées au salon de l’Agriculture, ça serait un fort effet d’image qui compenserait avantageusement le déficit d’image du Tarn-et-Garonne par exemple.
Voilà, c’est vrai, la LGV va se faire et il faut s’y préparer pour que toutes nos qualités et nos richesses locales en bénéficient. Bien sûr quelques esprits ronchons pensent que la ligne POLT risque d’en souffrir. Mais Malvy l’a répété : ça c’est de la compétence de la SNCF qui ne fait pas assez, mais Orléans est déjà prêt de Paris, Limoges n’est pas une grande ville alors pour le moment Cahors pourra bénéficier de la ligne en venant à Montauban. Là quelqu’un fit observer de façon maladroite dans un tel contexte, que le prix du billet pour les gens de Cahors allait être plus cher. Faisons la LGV puis on verra bien le prix du billet !
François Delay parlant de la conséquence sur les aéroports, reconnaissant que par exemple qu’à Marseille la LGV a fait chuter de 20% le trafic aérien (certains disent 40% !), a précisé que le trafic « ré-augmente ensuite avec de nouvelles offres ». « Nouvelle offre » c’est tout de même mieux que « prix du billet ».
Je ne peux conclure sans dire un mot d’un dossier que j’aurais eu du mal à comprendre sans la lecture de votre blog. En introduction Martin Malvy a déclaré qu’il y avait du retard car depuis 8 h 30 se tenait une réunion avec le représentant du gouvernement sur le sujet de la convention de financement de Bordeaux-Tours. Espérait-il annoncer que l’obstacle était levé ? Il a reconnu au contraire que rien n’était réglé et que dans quelques jours il rencontrerait le ministre. Je suis totalement d’accord avec Martin Malvy la région de ne peut pas payer pour Bordeaux-Tours si ensuite on ne nous fait pas Bordeaux-Toulouse ! Pierre Izard a voulu se faire solennel : « Si nous manquons ce rendez-vous, le rendez-vous ne sera jamais rattrapé. »
Les difficultés pourraient être bouclées d’ici octobre 2010. Espérons que toute cette activité n’aura pas été en vain et que la crise économique évoquée par la dernière question (comme pour boucler la boucle) ne guillotinera pas notre chère voie moderne vers le futur.
J’espère vous avoir convaincu que l’heure n’est plus aux querelles mais que tous nous devons tirer dans le même sens, celui de la vitesse, afin de ne pas passer à côté du progrès.
12-06-2010 La mauvaise herbe du jour.
(1) J'indique aux lecteurs qu'on ne peut vendre la LGV de la même façon à Toulouse qu'à Cahors et que la question se travaille.
(2) Chroniqueur mexicain.