J’étais, dans mon hamac, en train de lire Sabotage olympique de Vazquez Montalban, quand Marie-France m’a alerté : Slimane Azem est en Une de Télérama. Luc Desbenoit a fait un bel article estival. Le film de Samia Chala et le travail de Mouss et Hakim est à l’honneur. C’est génial. Le parcours des retrouvailles affichées entre Moissac et le chanteur kabyle est parfaitement émouvant. Je retiens deux moments fabuleux : « Kader Selam né à Moissac en 1974 aurait pu découvrir très vite la notoriété d’Azem. Il lui aurait suffi d’en parler à sa mère, venue d’Algérie avec son mari, un ouvrier agricole aujourd’hui décédé. Elle savait. Forcément. "Je n’y ai même pas pensé. Mais quad j’ai compris l’immense talent de ce monsieur, j’ai vraiment eu l’impression d’être tombé sur un trésor enfoui. "»
Slimane Azem est mort en 1983, Kader avait presque dix ans mais il ne savait pas.
Autre moment fabuleux, quand Jean-Paul Nunzi est interrogé. Maire depuis 1983 : « C'est dire s’il connaît ses Moissagais. Et pourtant, il n’en revient pas : la veille, il a découvert les résultats stupéfiants du second tour des élections législatives. Le Front national recueille 44% des voix ! » « Je suis navré de voir désormais des jeunes filles éduquées, que je connais depuis toutes petites, être mariées de force avec un cousin analphabète du bled. Avant je célébrais beaucoup de mariages mixtes…» Slimane, que s’est-il passé ? C’est la première fois que je lis Jean-Paul Nunzi affirmant ce massacre : le mariage forcé…
Peut-être, et pourtant je suis un piètre puriste, une observation sur un mot : l’exil ! « Un adolescent arraché à sa terre en 1937 [il avait 19 ans] pour subvenir aux besoins de sa famille, l’exil, ses déboires en France… » En 1937, l’Algérie c’est la France et en fait, le voyage d’Alger à Paris, c’est au mieux une immigration intérieure. Le temps de l’exil viendra plus tard… au moment de l’indépendance quand l’Algérie refusera à Slimane le droit de revenir dans son pays. Contre son gré, Azem passera du statut d’émigré à celui d’exilé et cette originalité témoigne des pires malentendus entre les deux pays, malentendus qui s’aggravent quand on se souvient du cas Kabyle.
Il m’est arrivé d’écrire une brochure sur Slimane Azem où j’aurais aimé rassembler la mémoire locale sur le chanteur qui, de Montauban à Moissac, a encore d'anciennes connaissances. Je me suis contenté d’une présentation basique et, même si elle a eu peu de succès, je garde le témoignage de cette personne, amie du chanteur, qui dernièrement me disait son émotion en la lisant. Je souhaitais rompre les barrières entre d’un côté l’univers kabyle où Slimane est en effet très célébré, et celui du quotidien local où il est très oublié. J’y célèbre un journaliste de La Dépêche sans que le journal ai jugé utile de présenter la brochure, et quant à la Maison de la Presse, elle n’a pas eu besoin de la caser dans un coin caché du magasin…
Slimane Azem est sur les rayons des disquaires, un CD vient se sortir et qui reprend tes chansons les plus célèbres alors vive la poésie. JPD
Quelques liens parmi d'autres :
http://la-brochure.over-blog.com/article-24402771.html
http://la-brochure.over-blog.com/article-21495457.html
http://la-brochure.over-blog.com/article-20240686.html
http://la-brochure.over-blog.com/article-slimane-moissac-le-peuple-en-chansons-42554544.html