Voici deux articles du Populaire, quotidien qui deviendra celui du PS après la scission, qui donnent un aperçu de la mutation de ce parti avant et après la scission de 1920. JPD
Le Populaire 12 mai 1918 :
CARNET d'un commis - voyageur en socialisme
DANS LE TARN-ET-GARONNE
Une petite fédération que la guerre a arrêtée dans son développement. Un département rural, dans lequel la bataille électorale d'avril 1914 avait éveillé de nombreuses sympathies. Depuis la guerre, il semble qu'on se soit un peu endormi, là-bas. On s'est contenté de maintenir les sections déjà vieilles : la plupart des groupes nouveaux ont disparu et il ne reste guère qu'une centaine de camarades organisés à travers tout le département.
De bons militants, d'ailleurs, instruits des choses du Parti. Des minoritaires de la première heure, informés, persévérants, irréductibles. C'est le pays de notre ami Verfeuil : comment n'y serait-on point internationaliste et lutte de classe ?
Je n'y ai tenu que deux réunions : l'une publique à Beaumont-de-Lomagne, l'autre privée, à Montauban. Oserai-je dire à nos amis de Beaumont que je ne conçois pas comme eux la propagande en ce moment ? Il ne s'agit pas de faire des réunions à grand orchestre, où l'on convoque plus spécialement les notabilités du chef-lieu : juge de paix en tête. Un public nombreux et mêlé s'y presse, qui écoute plus ou moins distraitement un discours quelconque, que le propagandiste d'ailleurs s'efforce de faire quelconque dans l'impossibilité où il se trouve de serrer de près les questions... Puis la séance est levée, chacun s'en va dormir là-dessus. Autant en emporte le vent.
Combien est préférable la petite réunion intime, à laquelle ne sont invités que les sympathiques ! On tâche d'en amener une douzaine, deux douzaines. Le permanent les renseigne sur la vie du Parti et la politique internationale, il cherche à les y intéresser, il s'efforce de leur montrer l'importance de telle ou telle action et surtout il s'attache à les entraîner dans l'action. Il est bien rare qu'à l'issue d'une réunion semblable, on ne puisse constituer une section ou recruter des adhérents nouveaux au Parti.
Voilà une propagande utile ; c'est la seule, à mon sens, qui dans les circonstances actuelles puisse donner des résultats. Nos camarades de Montauban l'avaient du reste compris. Ils étaient une cinquantaine de militants ou d'invités à la réunion organisée par le groupe, qui fut de tous points excellente. Les camarades un peu éloignés du centre n'ont pas besoin de discours : ils cherchent surtout à savoir. Que fait-on, là-bas, à Paris ? Que dit-on ? Que pense-t-on ? Comment le Parti envisage-t-il les derniers événements diplomatiques, militaires, intérieurs ? Voilà les questions qui se pressent à leurs lèvres. Une longue harangue sur la Société des Nations les intéresse médiocrement. Ils veulent être renseignés. N'est-ce pas au propagandiste de les renseigner, de mettre au point les critiques, d'éclairer l'action du Parti à la lumière des faits quotidiens, de mieux armer, somme toute, pour les discussions de chaque jour les hommes de bonne volonté qui dans la lointaine province essayent de faire rayonner autour d'eux la pensée socialiste ?
Quoi qu'il en soit, il y aurait beaucoup à faire dans le Tarn-et-Garonne. A Castelsarrasin d'importantes usines métallurgiques se sont créées depuis la guerre. Il y a là un très important contingent d'ouvriers : on n'y trouve encore ni syndicat, ni groupe socialiste. Cependant, c'est le propre fief de Verfeuil... Si notre camarade ne veut pas être décrété d'accusation qu'il se dépêche donc d'aller faire un tour à Castelsarrasin : même dans les plus importantes communes rurales de l'arrondissement, il est possible malgré la guerre, d'organiser des sections nouvelles ou de reconstituer celles que la mobilisation a mises en sommeil. Les paysans commencent à comprendre que les adversaires du socialisme les ont soumis depuis des années à un bourrage de crânes intensif et imprudent. Ils nous sont moins hostiles ; beaucoup même parmi les vieux républicains des pays ruraux deviennent de plus en plus sympathiques à notre Parti. C'est un état d'esprit nouveau dont il nous faut savoir profiter, dans l'intérêt de notre recrutement actuel et aussi pour préparer l'avenir. Louis-Oscar FROSSARD.
Le Populaire 1921 (la date exacte m'échappe)
DANS LE TARN-ET-GARONNE
Dans cette petite fédération (300-cartes), les communistes aussi font du bluff. À deux reprises ils ont, dans l'Humanité, fait passer des communiqués erronés. Il est faux que toutes les sections aient adhéré au Communisme puisque déjà, dans toutes les sections, nous avons groupé le tiers des cotisants de 1920 et puisque nous avons la majorité de Castelsarrasin, Moissac et Saint-Nicolas. A Montauban, nous sommes partagés. Le secrétaire fédéral communiste, qui émarge pour 20.000 francs au budget de l'Etat affirme que nous sommes tous des demi-bourgeois, et qu'aucun ouvrier n'est avec nous. Les demi-bourgeois prouveront sous peu à ce quart de révolutionnaire que l'élément ouvrier est représenté à la S. F. I. O.
Notre propagande active continue et nos espoirs se réalisent. Les camarades se réjouissent, de la prochaine venue de Couteaux, député du Nord. Le bureau fédéral est constitué comme suit : L. Deilles, secrétaire ; Richard : trésorier.
Le siège de la Fédération est au Cercle Socialiste, 7, place du Coq.
Parmi les élus sont adhérents : Barrière, Deslandes, Desquines, conseillers municipaux à Montauban ; Vignols, adjoint au maire à Bessens ; Gibily, conseiller municipal à Lavit.
Voicvi les articles de l'Huma auxquels il est fait référfence :
L'Humanité Montauban 23 janvier 1921
Au congrès du Tarn et Garonne, malgré la campagne de quelques dissidents montalbanais, tous les groupes acceptent les conditions de Tours et la discipline de parti sauf Castelsarrasin, avec ses douze adhérents qui reste dans l'expectative. Les délégués du départements sont enthousiastes. On fait de nouvelles adhésions : de nouveaux groupes sont constitués. Le congrès a désigné son bureau : Monsarrat, Gros, Vidal, Tesseyre, Coignon, Terrieux, conseiller municipal, Dr Dandrieu conseiller municipal. Le congrès s'est séparé au chant de l'Internationale. Lacerissie
L'Humanité 16 mai 1921 Congrès fédéral
Le congrès dans son étude des statuts du parti a pris diverses résolutions concernant : les engagements, les candidats aux élections, la représentation des élus au comité directeur et l'étendue de l'autorité interfédérale à donner à notre organisation.
Les citoyens Coignpn, Portal furent désignés comme délégués titulaires et Vernochet comme délégué suppléant. Le nombre de cartes distribués au 31 mars était de 260.
Les groupes de Montauban, Valence, Verdun, Laguépie étaient représentés : c'était fait excuser : Beaumont, Moissac, Verfeil etc. Le Congrès présidé par le citoyen Courdy de Valence fut d'une belle tenue. L