Nous le savons à présent, la gauche unie part à la conquête de la présidence. Jean-Michel Baylet n’aura pas besoin de faire jouer ses talents personnels pour emporter la victoire. Mais derrière cette façade unie que de cadavres….
Les radicaux
Le groupe RDSE où le PRG côtoyait des radicaux de droite vient de changer de président : le Tarn-et-Garonnais Yvon Collin ayant perdu le soutien du Tarn-et-Garonnais J-M Baylet a été remplace par Jacques Mezard. Un mini-phénomène ? Pas tout à fait car dans le même temps les Verts auraient obtenu que le seuil pour créer un groupe soit abaissé de 15 à 10 pour exister de manière autonome. En conséquence bien d’autres groupes de dix vont se constituer et en particulier au centre… Avoir un groupe c’est accéder à des moyens d’existence considérables… Yvon Collin qui a choisi depuis longtemps de soutenir François Hollande va-t-il compenser sa perte de présidence de groupe par un poste de vice-président du Sénat ?
Ce que le lecteur doit savoir c’est qu’Yvon Collin peut se consacrer totalement à cette assemblée car il n’a aucune autre responsabilité et dans trois ans, il lui faudra se recycler.
Les Verts
Les 10 sénateurs, avec les moyens dont ils vont disposer, seront à même de mieux s’imposer à EEVL. Leur victoire donne sans doute des ailes à une autre dizaine de prétendants pour l’autre moitié du Sénat à renouveler en 2014. Ils vont sans nul doute apporter une souffle nouveau à la vieille institution. Jusqu’à quel point ?
Le Front de gauche
Le mode de scrutin aurait permis son apparition dans les départements où le renouvellement était à la proportionnelle mais je ne connais pas de cas où PCF et PG furent sur les mêmes listes. Sur son blog Jean-Luc Mélenchon parle de « La mise en quarantaine de mes amis du Parti de Gauche par le PS et Europe Ecologie Les Verts ». Par respect sans doute pour son allié PCF il n’a pas mis ce parti dans le même sac or si on prend le cas très instructif des Hauts de Seine, c’est le PCF qui a préféré aller avec la gauche plurielle plutôt qu’avec la liste animée par le PG, assurant ainsi la victoire de sa sénatrice sortante mais faisant battre la sénatrice sortante du PG ! Sur L’Humanité avant les élections nous avons lu :
« Le Parti de gauche (PG) a finalement décidé de présenter une liste dissidente dans les Hauts-de-Seine sur les six qu’il menaçait de déposer pour les sénatoriales en Île-de-France. Il demandait au PS et à Europe Écologie-les Verts la 4e place sur la liste d’union dans les Hauts-de-Seine. Ses partenaires avaient accédé à sa demande. Mais, selon François Delapierre, la liste n’a pas été modifiée et le PG a déposé la sienne. » Pour le dire autrement, le PG a accepté de se sacrifier…
Conséquence : L’Humanité du 27 septembre indique : « Le Front de Gauche n’atteint pas son objectif d’élire deux candidats du PG dans le Puy de Dôme et dans le Lot et Garonne. » Deux objectifs qu’il était totalement impossible d’atteindre vu le mode de scrutin et les circonstances mais il fallait faire croire que face aux deux sénateurs perdus, il y avait possibilité de deux autres victoires.
En conséquence quand je lis Eric Coquerel sur le même numéro de L’Huma je suis effaré : « Dans cette élection il faut noter les bons résultats du Front de gauche en nombre de voix, malgré un mode de scrutin qui favorise le bipartisme. Ainsi, les candidats du Parti de gauche, sur les quelques départements où ils se présentaient au nom du Front de gauche obtiennent des scores importants : plus de 16% dans le Puy de Dôme ou dans le Lot, 11% dans les Hautes-Pyrénées. Et les résultats des candidats communistes sont aussi bons. »
Pour évoquer les résultats la déontologie c’est de comparer d’une élection sur l’autre, et sur l’ensemble des cas, non sur les meilleurs cas. C’est parce que je considère que le Parti de gauche est une belle aventure que je pointe du doigt une façon d’analyser la réalité qui me révolte. Elle me rappelle le PCF dont les grands dirigeants ont toujours annoncé après les élections que les résultats étaient bons… quand tout le monde voyait qu’ils étaient mauvais.
A la fin de l’article Eric Coquerel reconnaît que la perte des deux sénateurs du PG « ce n’est pas bon pour la démocratie. » sans qu’on sache comment éviter le phénomène à l’avenir. Que le PG « souffre du bon vouloir du PS » n’a rien d’original ni pour aujourd’hui, ni pour demain.
Le PS justement
Je me souviens d’analystes qui disaient en 2007 que cette nouvelle défaite signait la fin du PS. Sarkozy avec l’ouverture y a peut-être cru. C’était là une analyse totalement erronée et même si en 2012 le PS perd encore, il sera demain encore là. Aujourd’hui le problème justement c’est quand les commentateurs confondent « victoire du PS » et « victoire de la gauche ». La gauche n’a de réalité que par sa diversité que par le dialogue ou l’affrontement entre les composantes. Pour une fois je peux me retrouver d’accord avec Jean-Michel Baylet quand il s’insurge contre l’hégémonie du PS. De l’autre côté de l’échiquier de la gauche, faire comme si l’extrême-gauche était absente c’est là aussi se couper quelques doigts. L’hégémonie du PS, nous le vérifions dans les villes et départements où elle est totale, conduit à des querelles de clans, à des immobilismes, à une autre forme de décès de la politique. Le PS peut répondre qu’il accorde aux Verts une large place et prouve ainsi son refus de l’hégémonie. A voir.
29-09-2011 Jean-Paul Damaggio