Une fois de plus, des membres du Collectif Val de Garonne Lomagne (4) ont décidé de suivre un diaporama présenté par RFF et la SNCF avec la caution du vice-président transport de la région Midi-Pyrénées qui travaille depuis des mois sur le document à l’honneur (le représentant de l’Etat n’a eu rien à dire). Résultat sans surprise : de la propagande à haute dose. On découvre un univers lisse, beau, dopé par une obsession, la qualité d’un service qui n’a plus à être public. Alors pourquoi faire le déplacement ?
Le cadencement
Cette fois l’originalité tenait au fait que ce n’était pas une information LGV mais une information globale sur le rail, et nous souhaitions écouter aussi les réflexions des usagers du TER par exemple… qui étaient finalement peu présents, l’information sur ce débat ayant été sans doute peu diffusée. Il faut dire qu’à 18 h 30 généralement les occupations ne manquent pas.
Nous avons noté la juste réclamation de la responsable de TEG 82 : « Pour dialoguer de manière valable il faudrait envoyer en pièce jointe, en même temps que l’annonce d’une telle réunion, les documents en discussion. » C’est le B.A.BA de la démocratie que dans la salle, les huiles à la tribune ne maîtrisent pas encore. Il a même été précisé par le responsable SNCF que les nouveaux projets horaires ne peuvent être distribués sur papier pour le moment. En plus de cette préoccupation de principe, des interventions sont venues d’usagers du Lot et Garonne concernant la liaison TER Agen-Toulouse (en fait le problème est venu d’une suppression d’un train intercités). Il a été remarqué l’absence de coordination entre les TER des deux régions. Sur toutes les questions, les autorités enregistrent. D’un côté la suffisance : on présente un diaporama merveilleux et sans tâche. De l’autre la modestie : on enregistre les observations. Au total qui décide ?
La question centrale était celle du cadencement qui partout est un outil au double avantage : une gestion simplifiée, et des usagers plus au fait des horaires. La Belgique et l’Allemagne ont sur ce point des siècles d’avance. Mais cadencement suppose plus de trains sinon ça devient un carcan. Un employé du commerce note que les horaires TER Toulouse-Montauban sont plus calqués sur un travail allant de 8 h à 18 h que sur celui du commerce allant de 10 h à 20 h. Une autre personne note la présence d’un seul TER direct Toulouse-Montauban qui va donc avoir le plus de succès. C’est sûr, l’organisation n’est pas une mince affaire…
Ceci étant, pour nous, adversaires de la LGV, nous avons pu découvrir tout d’un coup que la rénovation des lignes existantes était la priorité, et c’est doux à entendre, sauf qu’on appelle priorité là où l’investissement est de 13 milliards de 2008 à 2015, quand les LGV c’est plutôt 100 milliards pour une période allant de 2010 à 2020, et avec d’un côté 6240 km de voies alors qu’il y a de l’autre seulement 2000 km de voie. Faites le calcul de la dépense au kilomètre et vous aurez une idée de la priorité…
Autre question : les arrêts vont être rétablis sur Gourdon, Souillac, Caussade mais les abonnements de travail vont-ils pouvoir fonctionner sur le TEOZ ? Le Conseil régional y travaille….
Observations sur le cadencement
Pour sa réalisation il faut s’appuyer sur des nœuds donc, nous avons Bordeaux-Toulouse-Narbonne mais pas Montauban. Ce point est significatif : le croisement de deux lignes nationales Bordeaux-Sète et le POLT est devenu anecdotique car en effet avec la LGV Bordeaux-Toulouse, ils vont pouvoir déclasser la ligne POLT. Cette question a des conséquences simples : pour aller de Caussade à Castelsarrasin la correspondance à Montauban est le cadet des soucis du cadencement…. Le nœud est à Toulouse ! Les aberrations ne sont pas pour demain car déjà dernièrement, le samedi 25 juin pour aller de Castelsarrasin à Toulouse l’ordinateur proposait d’aller à Agen prendre une correspondance pour un TEOZ qui ne s’arrêtait pas à Montauban !
Le maire de Castelnau d’Estretefonds avait fait le déplacement observant avec satisfaction que sa gare était conservée comme gare pivot mais il a demandé à ce que « l’accueil de vente animé » soit maintenu dans une gare rénovée. Nous ne connaissions pas la formule pour évoquer un guichet avec un employé mais elle est très belle… accueil de vente animé.
Pour Saint Jory il a été évoqué la consultation annoncée du 29 août au 29 septembre sur la mise à quatre voix entre cette ville et Matabiau.
Et ajoutons le problème du parking SNCF de Montauban évoqué par Annie Bonnefont élu EELV. Tous les partenaires étant présents, c’était en effet le moment. Réponse toujours évasive là comme sur le reste : le terrain est propriété de RFF et de la SNCF donc doit-il être vendu pour un parking municipal ? mais tout parking sur Montauban est soumis aux règles de la privatisation des parkings donc comment le rendre gratuit en particulier aux usagers du train ? Pour que la région aide au financement, il faudrait qu’il soit gratuit. RFF et la SNCF ne pourraient-ils organiser eux-mêmes ce parking gratuit puisque c’est pour leur bénéfice ? Le dossier traîne depuis 2001 et il risque de traîner encore, même si l’adjoint à la maire a assuré que ça serait réglé avant les prochaines municipales. A cette occasion nous avons appris que la Région Midi-Pyrénées pour avoir participé au-delà de ses compétences à la dépense sur la rénovation des voies a droit à une petite bonification sur le montant des péages.
Et la LGV dans tout ça ?
Même si elle était présente dans le diaporama d’introduction et sur le dépliant distribué elle a semblé loin des préoccupations des présents. Nous avons donc rappelé quelques éléments.
a) Jamais on ne présente les coûts d’une LGV qui ne sont là que pour accroître l’attractivité du rail alors qu’en augmentant massivement le prix des billets elles jouent plutôt un rôle dissuasif…
b) Comme il n’a pas été question du fret, que dire de la ligne fret Castelsarrasin-Beaumont : est-elle rénovée en vue d’une base travaux ?
c) Sur la ligne vers l’Ariège largement rénovée avec l’argent public de la Région, en tant que fret elle ne sert qu’à un opérateur privé ; le Talc de Luzenac a été obligé de faire appel à un opérateur privé, une façon de rappeler que la privatisation du rail va bon train dans le silence le plus absolu.
En guise de réponse : rien sur le fait que le prix d’une LGV soit absent des tableaux de présentation (le vice-président aux transports n’en dira pas un mot non plus). Pour la ligne Castelsarrasin-Beaumont, elle est en effet en cours de rénovation avec une dépense de deux millions et demi d’euros, le responsable présent de RFF précisant même qu’il est à l’origine de la relance de cette voie. En vue de l’installation d’une base travaux ? La discussion sur les bases travaux de la LGV sont pour octobre-novembre, rien n’est décidé et le secteur de Bénis étant inondable, il n’est pas possible d’établir un lien entre rénovation et LGV. En revenant à la charge, le responsable de RFF reconnaît qu’il n’y a qu’un autre endroit possible, au sud-est de Montauban, or la première fois que j’ai entendu parler de la question « base travaux » c’était à Bressols. Pour RFF, Monsieur Castan avait répondu : « pas question d’installer la base travaux dans ce secteur. ». Une fois de plus, nous vérifions que les informations, sur des décisions prises de longue date, sont distillées petit à petit à dose homéopathique pour gérer les colères programmées. Il est clair qu’à l’annonce de l’implantation de la base travaux certaines personnes vont être étonnées de voir tomber sur leur tête une partie du chantier LGV.
Quant à la privatisation, nous le savions déjà, elle est un bien ! Le responsable de RFF apporte même un faux argument : avant le contrat avec l’opérateur OCR, le transport du talc se faisait par camion, donc le passage sur rail est un progrès et comme il faut que la concurrence joue…
Avant le contrat OCR, la voie ferrée était en travaux, donc seuls les camions étaient possibles. Et avant les travaux le contrat était avec la SNCF (du moins d’après nos informations). De toute façon il est surprenant de constater que la question de la privatisation (y compris des TER) passe à l’as.
5-07-2011 Jean-Paul Damaggio
P.S. Un tract modeste et rapide a été distribué par le collectif, histoire de rappeler notre existence (vu le peu de monde à la réunion le reliquat a été mis sur les voitures du parking de la gare). Et enfin, sans le souci de répercuter l’information, de telles réunions sont plus que pesantes. Il m’apparaît évident qu’en septembre le collectif devra trouver les moyens de passer à des actions plus visibles.