Cruelle fable mexicaine : « La curiosité n’a pas tué le chat, elle le fit journaliste. C’est alors seulement qu’ils l’assassinèrent. » Ce dessin, vu le cynisme du monde actuel, peut très bien avoir été publié dans un journal peu glorieux en matière de liberté des opinions.
Contrairement à ce que je pensais les kiosques à journaux sont rares dans le Yucatan. J’en avais imaginé un sur le Zocalo de Valladolid par exemple, or il n’y en avait pas. Quand j’ai questionné en fin de soirée une personne pour savoir s’il était possible d’acheter un journal, il m’a été répondu : « non, pas à cette heure-ci ». Dans cette ville je n’ai vu que des vendeurs à la sauvette et une dame avec quelques journaux assise sur un trottoir. Le quotidien le plus lu est Por Esto ! que les habitants achètent le matin. J’ai trouvé mon premier exemplaire dans une boutique qui vendait de tout et où on était entré pour acheter des tortellinas. Il en restait un numéro mais fallait-il encore le savoir.
Le premier journal acheté à Cancun, El Diario de Yucatan, est de format nord-américain et joue dans la gamme des journaux « sérieux ». A ce moment là je ne connaissais pas l’agenda politique de l’Etat de Yucatan à savoir que comme à Mexico le PAN pris le pouvoir en 2001 à Mérida (gouverneur Patron Laviala) pour le perdre au bénéfice du PRI en 2007 (gouverneure Ivonne Ortega). En fait ce journal est celui du PAN tandis que Por Esto ! et celui de AMLO (la gauche du parti de gauche le PRD) et il peut donc critiquer le PRI comme le PAN.
Mon premier hebdo, Proceso était vendu dans un kiosque au marché de l’artisanat de Cancun où il y avait aussi un kiosque sur le Zocalo mais contrairement à ce qu’il m’arriva de découvrir dans quelques villes d’Amérique latine, aucun lecteur ne stationnait devant l’étalage pour lire les divers grands titres. Je ne prétends pas que la presse soit moins lue qu’ailleurs (il doit exister des statistiques sur ce point) ou qu’elle suscite moins d’intérêt. Simplement, chaque pays a là aussi ses coutumes.
J’ai par exemple découvert un journal comme La Verdad seulement en prenant le bus : des vendeurs étant placés au feu rouge dans la banlieue pour caser des exemplaires aux automobilistes.
Bien sûr la ville de Mérida se distingue avec trois kiosques installés sur le Zocalo. L’après-midi les journaux de Mexico sont parfois disponibles et j’ai pu ainsi acheter enfin un exemplaire de La Jornada que je lis depuis longtemps sur internet. Juste avant qu’on n’arrive dans la ville, elle était le lieu d’un grand congrès international de la presse des Amériques. Le Président de la République en personne fit le déplacement et cela donna lieu à quelques débats sur la liberté de la presse au Mexique et dans le monde. Ce organisme international (Société interaméricaine de presse) est en fait aux ordres des USA.
Dans cette ville je me suis laissé aller à acheter, dans une librairie, un autre hebdo, La Revista peninsular qui est à la gloire des autorités.
A Campeche, un petit magasin vendait des journaux et sur le Zocalo deux dames à chaque bout de l’allée la plus fréquentée, proposait quelques titres. L’une en particulier était toute petite et on se demande ce qu’elle pouvait gagner à faire ce travail.
A Tulum enfin, une exception au petit kiosque de la place de la mairie, la publication d’un petit quotidien de la ville sur un beau papier : Expresiones de Tulum, journal écologique, social et culturel.
Je ne dis rien de la presse qu’on trouve partout dans le monde, sur la santé, le sport, les jeux, la télé etc. Il s’agit d’un domaine où les USA donnant le ton depuis longtemps l’uniformité est de saison.
26-11-2010 Jean-Paul Damaggio