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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 17:03

L’été laisse parfois le temps de mettre un peu d’ordre dans sa vie. Quelques coïncidences viennent de me permettre de ranger correctement ces quatre italiens aux multiples points communs. Le premier tient-il à leur jeunesse passée au Parti socialistes italien ? Et le deuxième à la même fin, l’assassinat ?

Ils auraient pu être dans l’ordre chronologique si le fondateur du parti fasciste, en 1921, n’avait pas contribué directement ou indirectement à la mort des trois autres.

Giacomo Matteotti, né en 1885 meurt à l’âge de 34 ans.

Antonio Gramsci, né en 1891 meurt à l’âge de 46 ans.

Carlo Rosselli, né e 1899 meurt à l’âge de 38 ans.

Benito Mussolini né en 1883, meurt à l’âge de 62 ans.

Quatre hommes pour l’Italie et pour une grande histoire et d’immenses trajectoires. Le drame, d’où le succès mondial en littérature, du roman, c’est quand on arrête le temps. Pour aucun de ces quatre le temps ne s’est posé, disons plutôt qu’il les a emportés et que donc, il ne peuvent être jugés ni, sur une photo, une date ou un écrit. Ils sont la trajectoire à laquelle nous n’échappons pas.

 

Parlons comme la droite ?

Oui, Mussolini que je retrouve dans le roman Canal Mussolini, venait du socialisme et ajoutons même du socialisme de gauche. Arrivant au pouvoir, il fait assassiner un homme exclu comme lui du Parti socialiste italien, mais pour être un socialiste de droite ! Giacomo Matteotti est obligé de créer un nouveau parti en 1922, le Parti socialiste unifié (PSU), parti que rejoindra ensuite, et un temps bref, le socialiste atypique que sera Carlo Rosselli. Pour sa part Gramsci quittera le PSI en 1921 pour créer le Parti communiste. Au départ les antifascistes ont cru que le phénomène fasciste était en relation avec les caractéristiques de l’Italie puis est arrivé Hitler. Alors la réflexion a dû s’élargir.

 

Parlons comme la mort ?

Gramsci que je retrouve dans le livre Guerre de mouvement et guerre de position est enseigné dans les universités du monde entier mais peu en France. Marxiste bien connu, il a été obligé d’être marxiste face au fascisme. Alors il a continué le Marx du 18 Brumaire et est passé du césarisme au fascisme à travers le bonapartisme. Le césarisme serait alors un équilibre aux deux faces (la réactionnaire et la progressiste) entre pouvoirs opposés incapables de gagner. L’un, Napoléon 1er pouvant pencher vers les soutiens à la révolution et l’autre Napoléon III pouvant pencher vers les soutiens à la contre-révolution. Et le fascisme dans tout ça ? Il met à l’ordre du jour cette question : et la liberté camarade ? Et la liberté y compris en URSS ?

 

Parlons comme la vie ?

Rosselli, je le trouve dans le livre Socialisme libéral et autant que son compatriote Gramsci il est oublié en France. Sa critique très radicale du marxisme, à partir de l’analyse du marxisme, évoluera entre 1930 et 1937 comme évoluera la position des partis communistes qui le traitèrent de valet du capitalisme avant de le compter parmi les meilleurs antifascistes. Tous doivent beaucoup… à Mussolini qui a obligé à revoir les hiérarchies établies !

 

Parlons comme l’Italie ?

Le fascisme est-il né en Italie ? Ou l’Italie a-t-il seulement été le pays capable de donner un nom à ce phénomène inhérent à la vie sociale dans un univers en quête de démocratie ? Pour moi, le fascisme est né politiquement avec le coup d’Etat du futur Napoléon III en 1851. Le fascisme n’est possible que quand la démocratie est à l’ordre du jour, car il en est la face noire. Mussolini a célébré la victoire de Lénine, comme Lénine vieillissant a célébré la victoire de Mussolini en 1922. Le fascisme n’est porté par aucun parti : il est de tous les partis ! Croire comme au départ, qu’il est transitoire, passager, c’est croire que la démocratie elle-même est passagère ! Or, il n’y a de démocratie possible que par la lutte en faveur de la démocratie (toute démocratie figée est perdue d’avance) donc le fascisme trouve là (dans cette lutte pour la démocratie) l’aliment de sa perpétuation.

 

Parlons comme le monde ?

Les quatre italiens que je mets dans l’ordre, représentent tous les cas de figure de l’intelligence politique avec Machiavel en toile de fond. Entre tous, les ponts ne manquent pas. Rosselli et Gramsci ? Tout les oppose, pourtant un homme les tient ensemble : Pierro Sraffa, et la guerre d’Espagne, où Rosselli retrouve l’expérience de l’Ordine nuovo cher au Gramsci de 1920. Le plus grand ami de Rosselli était un Sarde comme Gramsci. Matteotti et Mussolini ? Tout les oppose pourtant ils ont rêvé l’Italie nouvelle et nous dirons que la conjoncture a favorisé l’une plus que l’autre. Matteotti et Rosselli ? Alors il faut aller voir du côté de Mazzini cet autre Italien européen que j’ai découvert la première fois en lisant Mary-Lafon.

 

Le fascisme n’est pas aussi simple que l’extrême-droite !

Au moment même où je découvrais que les assassins d’extrême-droite (la Gagoule) de Rosselli s’étaient divisés sous l’Occupation, les uns se donnant cœurs et âmes aux Nazis, et les autres entrant dans la Résistance par esprit anti-allemand, René Merle faisant l’inventaire de lectures autour de l’an 1940 observait également que des membres de l’extrême-droite (rare c’est vrai) avaient pu rejoindre les maquis. En 2012 en France, je sens un fascisme rampant là où on l’attend le moins, autant que là où on l’attend le plus. Lire les trois livres que je viens de mentionner me permet de mieux comprendre que les classifications politiques établies ne sont plus que l’ombre de lumières perdues. Jean-Paul Damaggio

Livres :

Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position, Textes choisis et présentés par Razmig Keucheyan, La Fabrique, 2011

Carlo Rosselli, Socialisme libéral, traduction et présentation de Serge Audier, Au Bord de l’eau, 2009

Antonio Pennacchi, Canal Mussolini, roman, Liana Levi, 2010

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