Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 15:58

La parole à Marcelle Davet

 

Carte d’identité : Marcelle Davet née à Saint-Antonin -1886) et décédée à Saint Antonin (1968) poétesse et romancière ayant eu ses plus grands succès entre 1930 et 1950.

 

 

Elle est née en 1886, et je la croise d’abord à l’âge de 15 ans quand elle vit à Verfeil sur Seye dans un château qui est en fait un très beau bâtiment qu’on appelle le château de Ravaille bien qu’il n’ait que peu de rapports avec un château. Il a été construit par son grand-père, un riche propriétaire. En 1901 quand elle a 15 ans ce grand-père Armand est toujours parmi eux, tout comme sa femme qui, avec ses 66 ans, a dix ans de moins que lui.

Pour Marcelle, pas question d’aller à l’école, au collège ou au lycée. Une préceptrice pour sa sœur et elle et qui s’appelle Jeanne Bernadou fait presque partie de la famille.

Son père originaire du Rouergue n’a pas repris le simple métier de propriétaire. Il est devenu médecin et s’est marié avec une femme de onze ans de moins que lui originaire de Lomagne, une fille Salat, famille importante à Lavit qui se prénomme.

La belle Nelly, bien que plus jeune que son mari le laisse veuf, dès 1900.

Dans la maison, en plus de l’institutrice, il y a un cocher qui sert de domestique, une cuisinière et une femme de chambre. Les domestiques étaient nombreux. De tous les voisins Marcelle note la présence du fils du meunier, Escaffre Baptiste qui lui n’a plus de père depuis longtemps. Il y a le meunier de Lavernière avec des enfants de son âge, Monsieur Cadilhac, mais quelle famille nombreuse ! C’est sûr, l’aînée Rachel de 17 ans peut s’occuper de Elie le petit dernier qui a un an ! Quelle vie pour Marie, la femme du meunier !

 

Pas d’école, pas de grande foire, pas de grande fête, Marcelle vit loin du bruit sans savoir si c’est bien ainsi. Détachée des tâches quotidiennes elle peut rêver toute à son aise et son rêve récurrent a un nom très connu, l’amour. A Verfeil, d’où peut venir le prince charmant ? Elle brode sur toutes les hypothèses possibles et pense surtout à la ville voisine de Saint-Antonin Noble-Val où elle est née, Rue droite, le nom d’une rue qui n’a pourtant rien de droit. Saint-Antonin exerce sur son imagination toute son influence en tant que ville de légende et ville d’histoire. Peut-on être ville plus encaissée dans une vallée ?

 

Grâce à son père médecin, elle connaît tous les malheurs qui peuvent arriver aux jeunes femmes et les récits le soir au coin du feu viennent parfois ternir le monde de bonté qu’elle dresse devant elle. Faudra-t-il en revenir à la réalité ? L’institutrice est un peu comme une seconde mère et avec Madeleine sa sœur, qui a un an de plus qu’elle, nous la harcelons de question.

 

Pour le moment ce qui est le plus cher dans cet univers fait de simplicité, c’est sa chambre et tout ce qu’elle contient. Déjà elle aime écrire et de là vient tout le reste. Elle a montré quelques poésies à Jeanne qui l’encourage. Mais une jeune fille comme elle, a-t-elle le droit d’écrire ?

 

L’heure du mariage viendra. Soucieuse de son indépendance, elle n’avait pas envie de convoler en de justes noces. La légende dit, d’après le beau livre de Michel Ferrer Abécédaire du Nobel-Val, qu’elle avait plusieurs prétendants et que ne sachant choisir elle inscrit les noms sur divers papiers qui se retrouvèrent dans un chapeau et du chapeau est sorti Guillaume Dutemps, notaire à Saint-Antonin.

 

Voilà comment Marcelle Davet est devenue Marcelle Dutemps mais elle passa à la postérité avec son nom de jeune fille qu’elle conserva pour publier sa longue série de livres. JPD

 

 

Texte de Michel Ferrer

 

La respectable Madame Davet

 

            Elle n’écrivait pas toujours ni tout le temps. Elle sortait parfois en ville, pour faire une course, ou peut-être se rendre chez une amie.

            Un jour que j’étais avec ma mère sur la Place des Tilleuls, elle passa près de nous pour regagner sa maison, quelque cent mètres plus loin. Car elle préférait passer par la petite porte ouvrant sur le chemin de Santou que par la grande, « l’officielle », donnant sur la route de Caylus. Cette dernière porte était, il est vrai, celle des clients de son époux, Guillaume Dutemps, notaire. Car « Marcelle Davet » était son nom de jeune fille, son nom d’écrivain. Dutemps, c’était pour l’état civil.

            Je ne la connaissais pas. Ma mère lui adressa un bonjour respectueux auquel la vieille dame répondit avec une sympathique obligeance.

            Quand la petite et fluette femme se fut éloignée, ma mère me dit :

            C’est Marcelle Davet. Elle écrit des livres.

            A cette époque, dans une ville comme Saint-Antonin, tout ce qui comptait était, dans le désordre, curé, instituteur, notaire, maire et gendarme sans doute. L’écrivain rentrait bien évidemment dans le rang des notables. Et ce avec une aura où le mystère ajoutait un peu de grandeur.

            Un jour - peut-être deux, d’ailleurs - j’eus le bonheur d’entrer dans le jardin de Marcelle Davet. J’avais quelque amitié avec Jean-François, son petit-fils, un peu plus âgé que moi. Nous faisions de la balançoire sous un grand portique de bois peint en blanc où pendaient, en plus des balançoires, des cordes à nœuds et des cordes lisses. A ma connaissance, cet équipement était unique à Saint-Antonin, et j’ai toujours pensé, plus tard, que Jean-François Dutemps était devenu professeur de gymnastique à cause de ce portique.

            Marcelle Davet, l’écrivain respecté, la femme du notaire respectable nous regardait…

            C’est pourquoi, à l’âge de douze ans, quand j’écrivis mon premier poème sur un coin de la table de la salle à manger, j’eus une pensée pour Marcelle Davet, comme d’ailleurs pour Pierre Bayrou, les deux écrivains de ma ville natale.

            « Ecrivains ! Pourquoi pas moi ? ».

            C’est ce que je m’étais dit en gribouillant mes premiers vers. C’était osé, très osé. Et pourtant, c’est à la suite de cette interrogation sans fondement et sans véritable ambition que j’ai noirci de ma sale et illisible écriture des cahiers et des cahiers… et que j’ai publié un, puis deux, puis trois livres. J’avais dans l’idée de devenir écrivain. Terrible ambition ! On connaît la suite aujourd’hui. Si je ne suis pas parvenu à être écrivain, je suis tout de même parvenu à être un littérateur moitié rimailleur, moitié écrivassier. Merci Marcelle Davet.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Etrange, alors que je cherchais des informations sur la romancière Marcelle Davet, je tombe sur ce texte...Je l'ai connue en villégiature à saint Julien Chapteuil, où elle passait quelques jours de vacances avec son petit fils Jean François.Elle nous avait fait l'amitié de nous inviter chez elle et elle avait écrit un roman " L'inconnue du Mont Meygal" qui s'inspire des membres de ma famille..Laurie
Répondre
É
merci pour cette information qui va plaire aux amis de Marcelle Davet qui existent toujours car un femme et une famille de cet ordre c'est rare. jean-paul damaggio

Présentation

  • : Le blog des Editions la Brochure editions.labrochure@nordnet.fr
  • : Rendre compte de livres publiés et de commentaires à propos de ces livres
  • Contact

Activités de La Brochure

 

La pub sur ce blog n'est bien sûr en aucun cas de mon fait. Le seul bénéficiare financier est l'hébergeur. En conséquence ce blog va servir exclusivement aux productions de La Brochure. Pour les autres infos se reporter sur un autre blog :

 VIE DE LA BROCHURE

 

BON DE COMMANDE EXPRESS en cliquant ICI      

___________________________________________________________

 Les Editions La Brochure publient des livres, des rééditions, des présentations de livres. Ils peuvent être commandés à notre adresse ou demandés dans toutes les librairies (voir liste avec lesquelles nous avons travaillé  ici      ) :

Editions La Brochure, 124 route de Lavit, 82210 ANGEVILLE

Téléphone : 05 63 95 95 30

Adresse mèl :                          editions.labrochure@nordnet.fr

Catalogue de nos éditions :                                       catalogue

Catalogue 2011 :                                                                   ici

Présentation des livres :                                          livres édités

Bon de commande :                                             bon de commande

Nos livres sont disponibles chez tous les libraires

indépendants en dépôt ou sur commande

 

Nouveau blog RENAUD JEAN et LIVRES GRATUITS

Vous pouvez nous demander de recevoir la lettre trimestrielle que nous publions et nous aider avec les 10 euros de la cotisation à notre association. Merci de nous écrire pour toute information. Les Editions La Brochure.      

Articles sur la LGV: seulement sur cet autre blog:

Alternative LGV 82     

 

 

Nouveautés de 2013

 Elections municipales à Montauban (1904-2008) ICI :

Moissac 1935, Cayla assassiné : ICI

Tant de sang ouvrier dans le nitrate chilien ICI  

Révolution/contre-révolution le cas du 10 mai 1790 à Montauban ICI

 ADÍOS GUERRILLERO  ici

J’ai vu mourir sa LGV ici

Derniers titres :

Portraits de 101 femmes pour 20 euros. ici

Karl Marx, sur Bolivar ici

Ducoudray-Holstein Histoire de Bolivar ici

Jean-Pierre Frutos, Refondation de l’école ici

Jean Jaurès : Articles de 1906 dans La Dépêche et dans l’Humanité ici

Recherche