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Une partie de la salle bien pleine.
(ce compte-rendu est le premier de trois autres en préparation )
Le collectif Val de Garonne Lomagne avec quelques affiches en petit format, avec des tracts modestes et surtout avec beaucoup de bonne volonté a permis la tenue de deux réunions en Tarn et Garonne en ce 28 février. Il s’agissait de se faire l’écho de l’étude alternative commandée par les élus de l’association ALT LGV qui regroupe surtout des élus du Lot et Garonne avec deux du Tarn et Garonne et certains de Sud Gironde. Une des réunions s’est tenue à la mairie de Caumont surtout en direction des élus car ils son les décideurs (voir autre compte-rendu) mais qui fonctionne, et l’autre à la salle des fêtes de Lacourt Saint Pierre en direction des citoyens pour développer la réflexion générale.
Pour les trois élus du Lot et Garonne (Girardi, Faucon-Lambert et Pontereau) la tâche n’était pas simple car il s’agissait de convertir une étude technique de deux bureaux d’études en exposé simple, clair pouvant toucher un large public. On a vu la diffculté avec une première question venue de la salle sur le type de signalisation. Or, ce point qui apparaît sans intérêt pour les usagers, l’est profondément quand on sait les problèmes sur la ligne Montauban-Agen qui n’est pas saturée, mais qui ne permet pas facilement à un train de passer d’une ligne sur une autre pour quelques instants, face à la rencontre d’un problème (en fait des travaux). La question venait d’Aurélie Corbineau de TEG82 qui se faisait ainsi l’écho des revendications d’usagers de cette ligne (voir sur ce blog) qui voient leur temps de trajet s’allonger, pour se rendre à leur travail. Toute l’étude alternative consiste justement à porter l’effort d’abord sur la ligne existante et à y installer les moyens les plus performants en matière de cadencement.
L’étude démontre en effet que la ligne n’est pas saturée contrairement à ce qui a été dit par RFF – qui reconnaît à présent son mensonge – mais grâce à cette question dite « technique » se faisant l’écho de problèmes concrets, chacun a pu comprendre que la saturation n’est pas fonction seulement du nombre de trains, mais surtout des conditions dans lesquelles ils circulent. On a donc un tronçon Montauban-Toulouse qui est le plus saturé mais qui fonctionne mieux que la partie moins saturée mais mal équipée.
Quand on rentre dans le concret les questions ne peuvent pas être simples.
A l’écoute de la présentation de l’étude (toute personne qui souhaite l’avoir, peut nous la demander) une question plus générale est venue : "mais comment expliquer que les grands élus ne soient pas convaincus par l’évidence de votre raisonnement ?" Globalement la réponse est triple : en face, RFF et Vinci font une énorme propagande pour leurs intérêts ; on a plutôt confiance en la parole d’en haut donc par capillarité les autres élus suivent ; la démocratie est de plus en plus malade. J’ajoute qu’ils surfent sur la popularité du train alors que y compris Guillaume Pépy arrive à dire l’essentiel : trop de TGV peut tuer le rail !
Parmi les arguments essentiels des PRO-LGV, il y a le report des voyageurs de l’avion sur le rail grâce au temps gagné avec la LGV, évoqué par une autre personne. Là on peut pointer une limite normale de l’étude commanditée surtout à partir du Lot et Garonne. Nous l’avons déjà fait observer, le rapport à la LGV n’est pas le même à Toulouse, Moissac, Agen ou Langon. Une étude basée sur le Lot et Garonne se penche plus sur le cas de la gare d’Agen que sur celle de Montauban et n’apporte rien sur la ligne existante le POLT. Donc sur le report de l’avion sur le rail, la réponse donnée est la suivante : pour qu’il se fasse, il faut en effet que le train direct Toulouse-Paris fasse 3h 08, or il s’agit là d’un propos commercial qui vend un produit théorique ; dans les faits, au mieux ce sera 3h 42 et là le report se fait beaucoup moins. Nous savons que l’augmentation du nombre de voyageurs est gonflée mais la réponse mériterait une étude plus minutieuse car à Marseille ce report s’est fait en partie pour un délai proche de 3 h 42 et pendant un temps, avant que n'arrive les "bas coûts".
Mais revenons sur la question du temps de parcours qui plaît tant aux élus.
L’étude rappelle que de Toulouse à Saint Jory comme à l’entrée de Toulouse, la vitesse restera la vitesse ordinaire. Elle rappelle que la LGV c’est 50 km en plus si on tient compte de la proposition de contournements à Moissac et Port-Sainte-Marie (là aussi c’est du temps gagné). Comme l’étude se base sur les données de RFF elle rappelle que pour atteindre 320 km il faut 24 km e pour ensuite freiner à l’approche de la gare, il en fait 12, donc entre Toulouse et Montauban pas de grande vitesse. Autant de facteurs qui font que de toute façon même avec le chiffre de RFF (1 h pour Toulouse-Bordeaux alors qu’il y a à peine un peu plus de 200 km) il faut différencier la vitesse moyenne et la pointe à 320 très rare et cette différence devient autre quand il s’agit de faire arrêter les trains. Voilà pourquoi même avec des trains qui roulent nettement moins vite (des pointes à 220 et non à 320) il y a 6 minutes de différence entre Toulouse et Bordeaux si le train s’arrête à Agen et Montauban., 6 minutes pour une dépense de 6 milliards en plus.
Quoi, 6 milliards en plus ? se scandalise RFF ! Là aussi il faut manier les données globalement : il y a le coût d’une nouvelle ligne, mais cette nouvelle ligne ne dispensera pas de continuer à aménager la ligne existante donc il faut ajouter les deux dépenses, et il faut les ajouter aussi pour l’entretien : entretenir deux lignes c’est forcément plus cher qu’en entretenir une sauf à laisser mourir l’actuelle ou la confier aux régions. D’ailleurs de plus en plus d’élus élèvent la voix pour dire : on ne peut plus payer. D’où une référence à une autre question : ne pas vouloir payer est une bonne chose, comprendre que cette LGV est nuisible pour tous en est une meilleure ! Et pour moi ce point est capital.
L’exemple du Gers a bien sûr été évoqué comme le cas du Lot et Garonne. Dans ce dernier département Camani dit clairement : « je suis pour la LGV mais je ne veux plus la payer » et c’est le même discours de Martin dans le Gers mais en pire à mes yeux car il a décidé en mai 2011 qu’il signait une convention qui lui liait les mains et moins d’un an après il annonce de manière tonitruante qu’il ne veut plus payer Bordeaux-Tours car il n’a pas l’argent. Y a-t-il eu depuis un tremblement de terre à Auch ? Donc comme Camani il ne remet pas en cause la LGV mais seulement son paiement, sauf que Camani ne remet en cause que le paiement futur de Bordeaux-Toulouse. En Lot et Garonne les opposants au paiement de Bordeaux-Tours avaient failli l’emporter et ils vont remettre la question sur le tapis : pour économiser tout de suite c’est Bordeaux-Tours qu’il ne faut pas payer. Girardi, vice-président du Conseil général, favorable à la LGV Bordeaux-Tours mais pas à son paiement ne craint pas d’aller devant le tribunal administratif, si RFF qui collecte l’argent le décide, car il pense qu’on ne peut pas obliger un élu à payer contre la décision majoritaire des élus. Voilà pour moi une question à creuser de toute urgence, si on veut avancer car j’ai en tête le cas de la mairie de Castres qui a voulu reprendre l’eau en régie et qui, en reniant sa signature au bas d’un document, a été fortement condamné à payer une grosse amende pour dissuader d’autres communes de faire de même. Bref, le débat continue sur des tas de chantiers et démontre parfaitement le propos final de Faucon-Lambert : le cas de la LGV Bordeaux-Toulouse est un révélateur majeur de la vie politique actuelle. Il m’a permis de vérifier (ce qui fera l’objet d’un autre article) que les élus intelligents, sérieux, constructifs, audacieux et courageux sont dans TOUS les partis et qu’inversement les élus suivistes, ignorants, dilettantes sont aussi dans TOUS les partis. JPD