C’est à Castelsarrasin le 14 février que des collectifs anti LGV s’étaient donnés rendez-vous pour rencontrer publiquement Madame Barèges (UMP) après la rencontre avec Jean-Michel Baylet (PRG) qui, comme un enfant fâché avait tapé sur la table à Auvillar en disant : « Ne le faîtes pas qu’à moi… ».
Chose promise, chose due, les opposants se présentèrent donc à la réunion où tout d’abord, Valérie Rabassa, maire de Montech, tenta de se glorifier du débat qu’elle a su organiser sur sa commune, où Thierry Deville dénonça ensuite la stratégie de Baylet (avec quelques informations utiles mais sans doute partiales) et où arriva Madame Barèges qui, après quelques mots, donna la parole à un représentant des collectifs invité à venir s’exprimer au micro, puis à d’autres, dans le cadre d’un débat plutôt paisible.
Madame Barèges, maire de Montauban, est moins impliquée dans le dossier que le camp PS-PRG, ce qui explique peut-être un sens de la diplomatie qui fit défaut à son concurrent mais au final le résultat a été le même.
De telles actions ont plusieurs mérites : elles obligent les candidats à se placer sur le terrain des opposants à la ligne et non l’inverse parce qu’elles se passent en public où le paternalisme habituel est moins de saison.
La surprise à Castelsarrasin, Madame Barèges l’a reconnu, ce fut pour elle de rencontrer des collectifs qui ne plaçaient pas la discussion sur le tracé mais sur le fond du problème, la justification ou non de la ligne. A Castelnau d’Estretefonds, à Pompignan où les banderoles sur le bord de la route en appellent à la concertation sur la nature du tracé, tout tourna autour de la question par où faire passer la voie : et quelqu’un indiqua que le long de l’autoroute ça serait le mieux. A Castelsarrasin, Thierry Deville, s’il avait lu les banderoles, n’aurait pas eu à faire un grand écart de plus. Il expliqua d’abord que le tracé pour la partie qui concernait les manifestants (de Benis-Castelsarrasin à Bardigues) est devenu définitif à cause de Jean-Michel Baylet, et quand, ensuite, il a compris que les manifestants en voulaient surtout à la ligne elle-même, il les mit en garde en disant en substance : « Si vous vous battez sur la question de la ligne qui est déjà décidée, vous ne pourrez pas agir sur le tracé qui vous sera imposé ». Est-il oui ou non déjà décidé ce tracé ?
Bref, tous les présents (favorables à Barèges et les manifestants) ont pu découvrir le bien fondé de la stratégie adoptée, qui fait que les citoyens parlaient de politique au sens profond du terme (dire oui ou non à la LGV) quand le personnel politique ne parlait lui que de questions techniques, pour éviter de se prononcer sur le fond ! Le monde à l’envers ! Et discuter sur le fond c’est pouvoir susciter une union plus large, un mouvement plus grand. Les habitants de Beaumont, Moissac, Cahors etc. tout en étant loin de la ligne doivent eux aussi s’interroger sur son coût, sa rentabilité, son rôle à travers le Sud-ouest, sur ce que peut être le développement du Sud-ouest et la mise en valeur de ses richesses propres, avant de chercher le miracle d’une ligne à grande vitesse mais à petit rapport !
D’un côté les citoyens peuvent s’unir davantage et de l’autre le personnel politique ne peut plus user de la querelle politicienne puisque Barèges ou Baylet sont d’accord sur le fond même s’ils s’affrontent sur un point, l’installation de la gare qui, avec Bressols, permet, en terme de logique économique, à la maire de Montauban de marquer un point.
De jour en jour, l’information citoyenne circule, chacun échange des arguments et la colère monte. Le 20 février à 10h Castelsarrasin doit devenir le lieu d’un vaste rassemblement de manifestants où les curieux pourront venir vérifier tout en marchant dans la rue avec les uns et les autres qu’il ne faut pas laisser n’importe quel train nous rouler sur les pieds.
16-02-2010 Jean-Paul Damaggio